Chapitre 3 L'Insoutenable légèreté du désir

Le week-end s'était écoulé lentement, presque trop lentement pour Élise. Ses pensées étaient devenues un tourbillon incessant d'images et de mots. Chaque soir, avant de s'endormir, elle revivait ces instants où le professeur Delaunay l'avait regardée, l'avait interpellée devant toute la classe. C'était comme si une porte interdite s'était entrouverte, mais elle savait qu'il restait encore de nombreux obstacles à franchir.

Le lundi matin, Élise décida de se rendre à l'université un peu plus tôt, espérant peut-être croiser le professeur dans un couloir désert, ou dans un café du campus. Elle savait qu'elle n'était pas la seule à fantasmer sur lui, mais elle avait cette étrange sensation qu'un lien particulier s'était créé entre eux. Un lien qu'elle était déterminée à explorer, malgré les risques.

En arrivant sur le campus, elle se dirigea vers l'un des cafés préférés des professeurs. Alors qu'elle s'asseyait à une table près de la fenêtre, elle aperçut Delaunay entrer, un dossier sous le bras, cherchant une place libre. Son cœur s'emballa. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle espérait, mais lorsqu'il se dirigea dans sa direction, elle sentit un mélange de panique et d'excitation monter en elle.

« Mademoiselle Élise, » dit-il doucement en s'approchant. « Vous permettez ? »

Elle hocha la tête, tentant de dissimuler sa nervosité. Il s'assit en face d'elle, posant son dossier sur la table. Pendant un instant, le silence s'installa, seulement troublé par le brouhaha des autres clients autour d'eux.

« Vous êtes ici pour travailler ? » demanda-t-il en désignant son ordinateur portable.

« Oui... enfin, je préparais quelques recherches pour le prochain cours », répondit-elle, le cœur battant.

« Intéressant », dit-il en feuilletant distraitement son dossier. « J'ai remarqué que vous avez un esprit particulièrement affûté. Vous posez des questions pertinentes. » Il leva les yeux vers elle. « C'est rare chez les étudiants. »

Élise sentit un frisson parcourir son échine. Il la regardait avec cette intensité qu'elle avait déjà perçue en classe. Chaque mot qu'il prononçait semblait chargé de sous-entendus qu'elle avait du mal à interpréter. Était-ce un compliment sincère ? Ou y avait-il autre chose ?

Elle se mordit légèrement la lèvre avant de répondre : « Je suis passionnée par la matière... et vous êtes un excellent professeur. » Elle baissa les yeux, troublée par sa propre audace.

Le professeur Delaunay sourit, un sourire presque imperceptible, comme s'il avait compris l'implication cachée derrière ses paroles.

« Vous savez », commença-t-il doucement, « l'enseignement est parfois plus complexe qu'il n'y paraît. Il y a des règles, des lignes que nous devons tracer... pour éviter des complications. » Ses yeux s'assombrirent légèrement, comme s'il mesurait chaque mot.

Élise sentit son estomac se nouer. Elle comprenait où il voulait en venir. Il faisait allusion à cette frontière qu'ils ne devaient pas franchir. Mais pourquoi lui en parlait-il ? Était-ce une mise en garde ? Ou un aveu déguisé ?

« Je comprends, » murmura-t-elle, bien qu'au fond d'elle, elle ne le voulait pas.

Leur conversation fut interrompue par une vibration sur la table. Delaunay regarda son téléphone, ses sourcils se fronçant légèrement.

« Je dois y aller, » dit-il en se levant. « Mais je vous verrai en cours cet après-midi. »

Il s'éloigna rapidement, la laissant seule avec ses pensées tumultueuses. Alors qu'elle le regardait sortir du café, Élise se rendit compte qu'elle était à la fois plus proche et plus éloignée de lui qu'elle ne l'avait jamais été. Leur conversation avait confirmé que quelque chose se passait entre eux, mais cela avait aussi souligné les risques et les conséquences possibles. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir en savoir plus, d'aller plus loin.

L'après-midi venu, le cours se déroula dans une ambiance électrique. Élise avait du mal à se concentrer sur le contenu. Ses pensées revenaient sans cesse à leur échange du matin. Le professeur, quant à lui, semblait avoir repris son attitude distante et professionnelle, mais elle pouvait déceler une légère tension dans ses gestes.

À la fin du cours, alors que les étudiants commençaient à quitter la salle, Élise se leva pour ranger ses affaires. Mais avant qu'elle n'ait pu sortir, Delaunay l'appela.

« Élise. Un instant. »

Elle se figea, sa respiration s'accélérant. Elle se retourna et le vit approcher, son regard indéchiffrable.

« À propos de ce que nous avons discuté ce matin... » Il s'arrêta, cherchant visiblement ses mots. « Il est important de comprendre que certaines choses ne doivent pas être mal interprétées. Ce que nous partageons en classe, c'est purement académique. »

Mais sa voix tremblait légèrement, et ses yeux disaient autre chose. Il y avait un sous-texte, un aveu qu'il n'osait pas formuler.

« Je comprends, » répondit-elle, même si elle savait que cela n'était pas totalement vrai.

Il hocha la tête, puis s'éloigna, laissant Élise encore plus troublée qu'auparavant. Ce jeu de non-dits, cette tension qui grandissait entre eux devenait insupportable. Mais elle savait, au fond d'elle, que cela ne faisait que commencer.

            
            

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