Chapitre 5 Chapitre 5

« Peut-être que oui, » répondit-elle sans détourner les yeux. « Peut-être que je vois quelque chose que les autres ne voient pas. »

Il émit un léger rire, sans joie. « Tu crois me comprendre parce que tu as partagé ma vie pendant quelques semaines ? Ne te fais pas d'illusions. Ce que tu vois n'est qu'une petite partie de ce que je suis. »

« Alors montre-moi. » Sa voix était presque un murmure, mais elle savait qu'il l'entendait. « Montre-moi ce que tu caches derrière ce masque. »

Adam la fixa longuement, et pendant un instant, elle crut voir une étincelle de vulnérabilité dans ses yeux, comme s'il envisageait de lui révéler quelque chose. Mais aussi rapidement que cela était apparu, cette étincelle disparut.

« Tu ne voudrais pas savoir, » dit-il d'une voix basse, presque menaçante.

Le silence retomba dans la voiture, lourd et chargé de non-dits. Éléna se recroquevilla légèrement contre la portière, sentant l'intensité de l'échange retomber. Elle savait qu'elle venait de franchir une limite, mais elle n'était pas sûre de savoir où cela la mènerait. Une chose était claire cependant : elle n'allait pas reculer.

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Le lendemain, Éléna se retrouva plongée dans le monde d'Adam de manière encore plus directe. Ils avaient une série de réunions avec des partenaires commerciaux, et pour la première fois, il lui demanda de l'accompagner.

« Tu veux que je sois là ? » s'étonna-t-elle lorsqu'il lui annonça la nouvelle.

« Si tu veux être à mes côtés, tu devras apprendre à gérer ce monde, » répliqua-t-il simplement.

Elle s'était donc préparée, revêtant une tenue sobre mais élégante, déterminée à montrer qu'elle n'était pas juste un accessoire décoratif à son bras. Lors des premières réunions, elle resta en retrait, observant attentivement les dynamiques entre Adam et ses interlocuteurs. Mais à mesure que la journée avançait, elle se surprit à intervenir, posant des questions subtiles, apportant des observations qui, bien que discrètes, semblaient capter l'attention.

À un moment donné, lors d'une pause entre deux réunions, un des associés d'Adam, un homme plus âgé aux cheveux grisonnants, se tourna vers elle, un sourire en coin. « Je dois dire, Madame, vous avez l'air d'avoir l'esprit affûté. Est-ce que vous avez déjà travaillé dans ce domaine ? »

Éléna sourit légèrement, sentant le regard d'Adam sur elle. « Disons simplement que j'apprends vite. »

L'homme la fixa un moment, puis hocha la tête avec un sourire satisfait. « Je n'en doute pas une seconde. »

Plus tard, alors qu'ils quittaient la salle de réunion, Adam lui jeta un coup d'œil en coin. « Pas mal, » dit-il simplement.

Éléna haussa les épaules, mais elle sentit une chaleur envahir sa poitrine. « Je ne fais que commencer. »

Adam ne répondit pas, mais elle sentit qu'il l'observait avec une nouvelle curiosité. Peut-être qu'il commençait à la voir autrement. Peut-être qu'il réalisait que, malgré tout ce qu'il pensait savoir, Éléna était bien plus qu'une simple épouse de convenance.

Éléna feuilletait nerveusement les documents qu'elle avait trouvés dans le bureau d'Adam, ses doigts tremblants parcourant les lignes serrées des contrats. Son cœur battait à tout rompre, comme si chaque mot qu'elle lisait serrait un peu plus l'étau autour de sa poitrine. Ce mariage... Tout n'avait été qu'un stratagème, une manœuvre purement financière. Le contrat stipulait clairement que leur union était un moyen pour Adam de conclure un accord majeur avec une multinationale, l'image d'un homme marié et stable étant cruciale pour les actionnaires.

Elle lâcha brusquement les papiers, comme si leur simple toucher la brûlait. Tout prenait enfin sens. Leur mariage précipité, l'apparente indifférence d'Adam, et même cette distance froide qu'il maintenait avec elle. Elle n'était qu'une pièce dans son jeu, un pion dans une transaction bien plus vaste que leur relation personnelle.

Alors que la colère montait en elle, la porte du bureau s'ouvrit brusquement. Adam entra, jetant un coup d'œil rapide à Éléna avant de poser son attaché-case sur le bureau. Son visage ne montrait aucune émotion, comme à son habitude.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il d'un ton sec, ses yeux se posant sur les documents éparpillés devant elle. Un éclat de compréhension traversa son regard.

Éléna se redressa lentement, plantant son regard dans le sien. « C'était donc ça ? Tout ce mariage, cette mascarade... Ce n'était qu'une manœuvre pour renforcer ton entreprise, pour rassurer tes investisseurs. Je n'étais qu'un pion dans ton plan. »

Adam ne répondit pas immédiatement. Il semblait peser ses mots, comme s'il essayait de trouver la réponse parfaite, celle qui ne le trahirait pas. Finalement, il croisa les bras, ses traits toujours aussi impassibles.

« Si tu as trouvé ces documents, tu sais déjà tout, » dit-il calmement.

Éléna eut un rire amer, secouant la tête. « Alors c'est vrai ? Rien de tout cela n'a de sens pour toi ? Nous... ce mariage... je ne suis qu'un outil pour toi ? »

Adam se contenta de la fixer, imperturbable. « C'est plus compliqué que cela, Éléna. »

« Vraiment ? » Son ton monta légèrement. « Explique-moi alors. Explique-moi comment tu peux justifier de me traiter comme une marchandise, comme un simple élément dans ta stratégie d'entreprise. »

Il s'avança légèrement, son regard perçant le sien. « C'est un monde de requins, Éléna. Si je ne fais pas tout pour protéger ce que j'ai construit, je perdrai tout. Ce mariage... c'était une solution pour stabiliser ma position. »

Ses mots étaient tranchants, mais ils étaient prononcés avec une telle froideur qu'ils n'en devenaient que plus douloureux pour elle. Éléna sentit ses yeux se remplir de larmes, mais elle refusa de les laisser couler. Pas devant lui.

« Et moi ? » murmura-t-elle. « Je ne compte pas, n'est-ce pas ? Je suis juste une façade pour ton petit empire. »

Adam détourna les yeux un instant, comme s'il pesait une autre réponse. « Ce n'est pas aussi simple. »

Éléna éclata de rire, sans joie, les bras croisés sur sa poitrine. « Ce n'est jamais aussi simple, n'est-ce pas ? » Elle le regarda avec un mélange de défi et de désespoir. « Mais tu sais quoi ? Je ne suis pas un pion, Adam. Je ne suis pas une marionnette dans ton jeu d'échecs d'entreprise. »

Il s'approcha d'elle, doucement mais fermement, réduisant la distance entre eux. « Je ne te vois pas comme ça. » Sa voix avait baissé d'un ton, devenant plus douce, presque persuasive. « Je t'ai choisie pour une raison. »

Éléna sentit son cœur battre plus fort alors qu'il se rapprochait. « Quelle raison, Adam ? Pour me manipuler ? »

Il ne répondit pas immédiatement, mais son regard se fit plus intense. Ses yeux semblaient percer les siens, comme s'il cherchait à lui faire comprendre quelque chose qu'il ne pouvait pas exprimer avec des mots. Puis, sans prévenir, il leva une main pour lui caresser doucement la joue. Le contact la fit frissonner, même si elle savait qu'elle devait résister.

« C'est plus que ça, » murmura-t-il, son pouce traçant un léger arc sur sa peau.

« Tu dis ça maintenant, après que je découvre tout, » répondit-elle, tentant de cacher l'effet que son geste avait sur elle. Elle recula légèrement, mais il la suivit, ses doigts effleurant toujours son visage.

« Je ne suis pas quelqu'un de simple, Éléna. Je ne fonctionne pas comme les autres. Je ne montre pas mes émotions facilement. » Il fit une pause, ses yeux toujours rivés aux siens. « Mais ça ne veut pas dire que je ne ressens rien. »

Éléna ferma les yeux un instant, luttant contre les émotions contradictoires qui la submergeaient. « Tu veux que je te croie ? Après tout ce que j'ai découvert ? »

Il ne répondit pas immédiatement. Le silence qui suivit était lourd, chargé de tout ce qui n'était pas dit entre eux. Puis, il baissa la main, reculant légèrement, reprenant son masque de contrôle.

« Ce mariage devait être une alliance stratégique, c'est vrai, » admit-il. « Mais ce n'est pas la seule chose qui compte maintenant. »

Éléna le regarda, cherchant la moindre trace de sincérité dans ses paroles. Mais comme toujours, Adam était impénétrable, ses émotions soigneusement cachées derrière ce mur qu'il avait érigé depuis des années.

« Je ne te fais pas confiance, Adam, » dit-elle finalement, sa voix tremblante mais déterminée. « Et je ne sais pas si je pourrai jamais te faire confiance. »

Il ne répondit pas, se contentant de la fixer. La distance entre eux n'était pas seulement physique, elle était émotionnelle, palpable. Pourtant, quelque chose les liait, quelque chose qu'Éléna ne pouvait pas encore définir. Elle se détourna finalement, prenant une profonde inspiration.

« Je ne peux pas continuer comme ça, » murmura-t-elle. « Je ne peux pas vivre dans un mensonge. »

Adam resta silencieux, observant Éléna alors qu'elle quittait la pièce, ses pas résonnant dans le couloir vide. Elle sentit son cœur se serrer, mais elle refusa de pleurer. Pas maintenant. Pas devant lui.