Chapitre 5 Chapitre 5

Après une pause rapide pour prendre un café, elle se dirigea vers la salle de réunion pour une nouvelle rencontre avec l'équipe de communication. En entrant, elle remarqua un nouveau visage parmi le groupe. Un homme grand, aux cheveux légèrement grisonnants mais aux traits charmants. Il semblait tout à fait à l'aise, parlant avec assurance avec les autres membres de l'équipe, une lueur d'intelligence dans ses yeux.

Curieuse, Élise s'assit à sa place, mais ne put s'empêcher de jeter des regards dans sa direction. L'homme finit par se tourner vers elle et lui sourit.

« Bonjour, je suis Gabriel. Je viens de rejoindre l'équipe en tant que directeur de la communication. Vous devez être Élise, n'est-ce pas ? J'ai entendu parler de vous. »

Élise hocha la tête, légèrement surprise par son ton amical. « Oui, c'est bien moi. Enchantée de vous rencontrer. »

La réunion commença rapidement, et bien que tout se déroule sans encombre, Élise remarqua que Gabriel lui jetait occasionnellement des coups d'œil. Chaque fois que leurs regards se croisaient, elle sentait une étrange énergie, comme s'il cherchait à lui dire quelque chose. Cela la mit mal à l'aise, mais elle décida de ne pas s'en formaliser. Peut-être qu'elle devenait simplement paranoïaque à cause du stress.

Lorsque la réunion prit fin, elle rassembla ses affaires et se leva pour quitter la pièce. Mais à peine avait-elle franchi la porte que Gabriel l'interpella.

« Élise, un instant, s'il vous plaît. » Il s'approcha d'elle, ses pas silencieux malgré sa stature imposante. « J'aimerais discuter avec vous de quelque chose. En privé, si possible. »

Élise sentit une pointe d'appréhension monter en elle, mais elle acquiesça. « D'accord. Allons dans mon bureau. »

Une fois installés dans la petite pièce, elle referma la porte derrière eux. Gabriel s'assit tranquillement, observant les lieux avant de poser son regard sur elle. Il semblait réfléchir à la meilleure façon d'amorcer la conversation.

« Je ne veux pas paraître indiscret », commença-t-il en entrecroisant ses doigts, « mais je crois que vous traversez une période... compliquée. »

Élise fronça les sourcils, surprise par sa remarque. « Comment ça ? »

Il sourit doucement, mais il y avait une gravité dans son regard. « Je sais pour votre mariage. »

Les mots la frappèrent comme une gifle. Elle s'assit lentement en face de lui, son cœur battant la chamade. « Mon mariage ? »

Gabriel hocha la tête. « Oui. Le mariage que vous avez contracté pour respecter la dernière volonté de votre grand-père. » Il se pencha légèrement en avant, parlant d'une voix plus basse. « Je sais que vous n'avez jamais rencontré votre mari. Et je pense que vous méritez de connaître la vérité. »

Élise resta silencieuse un moment, tentant de reprendre ses esprits. Comment pouvait-il être au courant de quelque chose d'aussi intime ? Elle n'avait parlé à presque personne de cette union précipitée, certainement pas à quelqu'un qu'elle venait de rencontrer.

« Comment savez-vous tout cela ? » demanda-t-elle, la méfiance se glissant dans sa voix.

« J'ai travaillé pour le Groupe Ascendance pendant des années, avant même que je ne sois réaffecté à un autre département. J'ai aussi côtoyé beaucoup de personnes puissantes, des gens qui ne laissent jamais filtrer beaucoup d'informations sur eux. » Il marqua une pause, observant sa réaction avant de poursuivre. « Votre mari... Il n'est peut-être pas exactement l'inconnu que vous pensez qu'il est. »

Élise sentit un frisson parcourir son échine. « Qu'est-ce que vous insinuez ? »

Gabriel baissa les yeux un instant, hésitant à poursuivre. « Je pense qu'il est plus proche que vous ne le croyez. Peut-être même au sein de cette entreprise. »

Ces mots résonnèrent dans la tête d'Élise. Elle cligna des yeux, essayant de comprendre ce qu'il voulait dire. Elle avait toujours pensé que son mariage n'était qu'une formalité, une obligation sans âme. L'idée que son mari puisse être quelqu'un qu'elle croisait quotidiennement au travail était inimaginable.

« Non... Ce n'est pas possible », murmura-t-elle, presque pour elle-même.

« Je comprends que cela soit difficile à croire », reprit Gabriel avec une douceur presque réconfortante. « Mais je vous suggère de vous poser des questions. Pourquoi n'a-t-il jamais cherché à vous rencontrer ? Pourquoi ce silence, puis cette soudaine demande de divorce après tout ce temps ? »

Élise se leva brusquement, son esprit envahi de doutes et de confusion. « Non. Je ne veux pas entendre ça. Vous devez vous tromper. »

Gabriel resta calme, mais ses yeux montraient une certaine compassion. « Je ne dis pas cela pour vous perturber, Élise. Je vous dis cela parce que je crois que vous méritez de savoir la vérité. Et si vous cherchez des réponses, je suis certain qu'elles finiront par émerger. »

Elle resta silencieuse un instant, ses pensées se bousculant dans sa tête. L'idée qu'un homme puisse dissimuler son identité d'une manière aussi calculée la terrifiait. Mais au fond d'elle, elle savait que Gabriel avait peut-être raison. Les pièces du puzzle commençaient à se mettre en place : l'attitude distante de son mari, son silence, puis cette décision soudaine de tout rompre sans explication. Et pourquoi lui envoyer une demande de divorce maintenant, alors qu'elle venait de reprendre le contrôle de sa vie ? Trop de questions restaient sans réponse.

Elle fixa Gabriel, qui restait assis, la patience incarnée. « Qu'attendez-vous de moi ? Que je le confronte ? »

Gabriel secoua la tête doucement. « Je ne vous demande rien. Mais je pense qu'il est temps pour vous de découvrir qui il est réellement. Cela pourrait tout changer. »

Élise sentit une boule se former dans sa gorge. Elle avait l'impression que le sol s'effondrait sous ses pieds. Qui était cet homme avec qui elle avait partagé un contrat de mariage sans le connaître ? Et si, comme Gabriel le laissait entendre, il faisait partie du Groupe Ascendance... était-il quelqu'un qu'elle côtoyait chaque jour ?

Le visage d'Adrien traversa son esprit. Non... Ce ne pouvait pas être lui. Trop de choses ne collaient pas. Mais alors, qui ? Elle se tourna vers Gabriel une dernière fois.

« Merci », murmura-t-elle, ne sachant pas vraiment pourquoi elle le remerciait.

Gabriel se leva doucement, comme s'il comprenait qu'elle avait besoin de temps pour digérer tout cela. « Prenez soin de vous, Élise. Et si vous avez besoin de parler, je suis là. »

Il quitta le bureau, laissant Élise seule avec ses pensées tourmentées. La pièce semblait plus froide, plus silencieuse qu'avant. Elle se dirigea vers la fenêtre, regardant les gratte-ciel de la ville s'étendre à l'infini. Le ciel était lourd, presque menaçant. Un orage approchait, et elle ne savait pas si elle était prête à affronter les tempêtes à venir.

Les révélations de Gabriel avaient allumé une flamme d'incertitude dans son esprit. Elle sentait que quelque chose d'énorme se préparait, quelque chose qui allait bouleverser sa vie de manière irréversible. Mais pour le moment, elle n'avait qu'une seule certitude : elle ne pourrait pas continuer à avancer sans découvrir la vérité.

Alors qu'Élise s'installe à son bureau ce matin-là, une étrange sensation d'appréhension pèse sur elle. Depuis la conversation avec Gabriel la veille, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ses paroles, au fait que son mari pourrait être quelqu'un qu'elle croise tous les jours. L'idée la rendait nerveuse, et un million de scénarios tourbillonnaient dans sa tête. Qui était-il réellement  ? Et pourquoi ne pas lui avoir révélé son identité  ? Ce mystère l'oppressait de plus en plus.

Adrien entra dans son bureau sans frapper, interrompant le flux de ses pensées. Il portait son éternel costume trois pièces, impeccable comme toujours, mais aujourd'hui, il semblait légèrement plus détendu. Une lueur espiègle brillait dans ses yeux lorsqu'il s'approcha de son bureau.

« Élise, je voulais te remercier encore une fois pour ce que tu as fait à l'entrepôt. Je sais que la situation était tendue, mais tu as géré ça avec beaucoup de professionnalisme. »

Sa voix avait cette intonation chaleureuse, presque familière, qui la déstabilisait à chaque fois. Ces derniers jours, elle avait remarqué qu'il faisait de plus en plus d'efforts pour la féliciter ou l'inviter à des déjeuners d'affaires, créant une proximité qu'elle ne savait pas comment interpréter.

« Merci, Adrien », répondit-elle, essayant de rester détachée malgré l'étrange tension qui flottait entre eux.

Il s'adossa contre son bureau, les bras croisés, un léger sourire au coin des lèvres. « Ça te dirait de déjeuner ensemble aujourd'hui ? Juste toi et moi. Je pense qu'on pourrait parler de quelques idées pour les futures campagnes. »

Élise hésita. Ce genre d'invitations devenait de plus en plus fréquent, et elle commençait à douter des véritables intentions d'Adrien. Était-ce vraiment un déjeuner de travail, ou cherchait-il à se rapprocher d'elle pour d'autres raisons  ? Son cœur battait plus fort, mêlant une étrange excitation à une confusion grandissante.

« D'accord, pourquoi pas », finit-elle par répondre, tentant de cacher ses doutes derrière un sourire poli. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il savait quelque chose qu'elle ignorait.

Le déjeuner se déroula dans un restaurant chic du centre-ville. Adrien semblait détendu, mais Élise sentait une tension sourde dans l'air. Il l'observait d'une manière différente, comme s'il cherchait à la percer à jour, à deviner ce qu'elle pensait. Entre deux bouchées, il se pencha légèrement vers elle, ses yeux s'attardant sur les siens plus longtemps que d'habitude.

« Je ne t'ai jamais vraiment posé cette question, mais... Comment te sens-tu à Ascendance ? » Sa voix était douce, presque trop personnelle pour une simple discussion de travail.

Élise, qui jusqu'à présent était restée sur la défensive, fut surprise par la tournure de la conversation. « Eh bien, je trouve que l'entreprise est fascinante, avec beaucoup d'opportunités. Mais... c'est parfois difficile de se faire une place. Je veux dire, il y a tellement de mystères ici. »