Le Mari Inconnu
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Chapitre 2 Chapitre 2

« Exactement. »

Élise sentit sa gorge se serrer. Parler de cela à voix haute rendait la situation encore plus absurde. Elle était mariée à un homme dont elle ne connaissait même pas le visage, et voilà qu'il lui demandait de rompre ce mariage comme on résilie un abonnement.

Claire poussa un long soupir. « Bon, qu'est-ce que tu comptes faire ? »

« Je ne sais pas encore, » avoua Élise. « Une partie de moi veut simplement signer les papiers et passer à autre chose. Mais l'autre... l'autre partie a besoin de comprendre. Je ne peux pas juste laisser ça comme ça, Claire. »

« Tu veux une confrontation, c'est ça ? Tu veux enfin le voir en face, lui demander pourquoi il t'a ignorée pendant tout ce temps ? »

« Oui. » La réponse était claire dans son esprit. Elle ne voulait plus vivre dans cette ambiguïté. Elle devait savoir qui il était, pourquoi il avait accepté ce mariage sans jamais s'y impliquer, et pourquoi il voulait y mettre fin sans même lui accorder un mot en personne.

« Je te soutiens, Élise, mais fais attention à toi. Ce genre de situation peut être... compliqué, tu vois ce que je veux dire. »

Élise hocha la tête même si Claire ne pouvait pas la voir. Elle comprenait les inquiétudes de son amie, mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait plus rester passive. Ce mariage avait été imposé à tous les deux, mais elle méritait des réponses.

« Je vais demander à le rencontrer, » dit-elle enfin. « Et s'il refuse... alors je saurai à quoi m'en tenir. »

Après avoir raccroché, Élise resta assise, fixant son téléphone. Elle savait que la prochaine étape serait cruciale. Elle devait lui écrire, lui dire qu'elle refusait de signer le divorce sans une rencontre. Elle voulait l'affronter, face à face, comprendre pourquoi il avait choisi cette voie. Même si cela signifiait se heurter à une indifférence glaciale.

Sa décision prise, elle ouvrit l'application de messagerie et commença à taper, chaque mot pesant lourdement sur ses épaules.

« Si tu veux divorcer, très bien. Mais pas avant que nous nous soyons rencontrés en personne. J'ai besoin de réponses, et je ne signerai rien tant que cela n'aura pas eu lieu. »

Elle hésita un instant avant d'appuyer sur « envoyer ». Le message parti, elle lâcha un long soupir, sentant une étrange libération s'emparer d'elle. La balle était maintenant dans son camp.

La nuit était tombée sur Marécourt, plongeant la ville dans un calme presque surnaturel. Élise se leva et se dirigea vers la fenêtre. Au loin, les lumières des bateaux de pêche scintillaient sur l'horizon sombre. Cette ville, avec tous ses souvenirs et ses fantômes, semblait toujours aussi mystique, comme si elle portait en elle les réponses que cherchait Élise.

Un bruit léger la sortit de ses pensées. Son téléphone vibrait de nouveau sur la table. Elle s'en approcha, le cœur battant plus fort. Le message était de lui.

« D'accord. Rencontrons-nous. Demain, 15h, au café de la jetée. »

Élise resta figée, relisant le message plusieurs fois. Ce qu'elle avait demandé, ce qu'elle avait redouté, allait enfin arriver. Mais alors que l'excitation et l'appréhension se mélangeaient en elle, une nouvelle vague de questions l'envahit. Qui était cet homme ? Que voulait-il vraiment ?

Le rendez-vous était fixé, mais les réponses, elles, semblaient encore si lointaines.

Le café de la jetée était baigné par la lumière douce du soleil d'après-midi. Le vent léger soufflait depuis l'océan, transportant avec lui l'odeur salée des vagues. Élise, assise à une table près de la fenêtre, observait l'horizon, son cœur battant à un rythme irrégulier. Le rendez-vous fixé par son mari pour discuter du divorce approchait, et elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander à quoi il ressemblait, quel genre d'homme il était.

Elle regarda sa montre pour la troisième fois en cinq minutes. 14h55. Encore cinq minutes avant que l'inconnu ne fasse son apparition. Était-il ponctuel ? Serait-il aussi froid et détaché en personne que dans ses messages ? Tant de questions tournaient dans son esprit, et elle se détestait un peu de leur accorder autant d'importance.

Les minutes s'écoulaient lentement, presque douloureusement, jusqu'à ce qu'enfin, un homme entre dans le café. Élise le reconnut immédiatement. Il portait un costume sombre parfaitement taillé, et son allure élégante dégageait une certaine assurance. Ses cheveux, d'un brun profond, étaient légèrement décoiffés par le vent, mais ce qui attira immédiatement l'attention d'Élise, c'étaient ses yeux : un bleu perçant, presque glacé. Il scanna la pièce du regard, puis s'avança vers elle sans hésitation.

« Élise, je présume ? » Sa voix était grave, posée, comme elle l'avait imaginé.

Elle hocha la tête, l'observant s'asseoir en face d'elle. Aucun sourire, aucune chaleur dans son regard. Ils étaient des étrangers, et il n'avait aucun intérêt à changer cela.

« Je m'appelle Léonard. » Il croisa ses bras sur la table et la fixa, son regard aussi tranchant que l'air frais qui venait de l'extérieur. « Je suppose que tu as des questions. »

Élise resta silencieuse un moment, déconcertée par la froideur de son ton. Elle s'était préparée à cette rencontre, mais maintenant qu'il était là, en face d'elle, une rage sourde montait en elle. Comment pouvait-il être aussi détaché, aussi indifférent après un an de silence  ?

Elle prit une profonde inspiration. « Oui, j'ai des questions, mais je suppose que je n'aurai pas toutes les réponses que je veux. »

Léonard haussa un sourcil. « Je suis là pour discuter du divorce, pas pour évoquer des détails inutiles. Nous avons tous les deux signé cet accord pour des raisons familiales. Il n'y a pas grand-chose à ajouter. »

Élise serra les poings sous la table. « Inutiles ? Tu me dis que nos vies – que ce mariage – ne sont qu'un détail insignifiant ? » Sa voix tremblait légèrement, mais elle essaya de garder son calme.

Il la fixa, imperturbable. « Ce mariage n'a jamais été réel pour moi, Élise. C'était une obligation. Rien de plus. Je suis désolé si tu espérais autre chose. »

Les mots la frappèrent comme une claque. « Une obligation... » murmura-t-elle, sentant sa colère grandir. « Tu m'as laissée dans le silence pendant un an, sans même essayer de me rencontrer, et tu oses dire que tout cela n'a jamais compté ? »

Léonard haussa légèrement les épaules. « Nous savions tous les deux à quoi nous nous engagions. Je n'ai jamais voulu de cette union, tout comme toi, je présume. »

« Alors pourquoi ne pas avoir annulé dès le début ? Pourquoi attendre un an avant de me demander le divorce ? »

Il posa ses mains sur la table et la fixa droit dans les yeux. « Les choses étaient compliquées. Mon entreprise, ma famille... Il y avait des priorités. Mais maintenant, c'est le bon moment pour nous séparer proprement. »

Élise le fixa, incapable de croire qu'il pouvait parler avec une telle froideur. Cet homme avait réussi à réduire tout ce qu'ils avaient vécu – même si cela n'était qu'un mariage sur papier – à un simple inconvénient qu'il était maintenant prêt à effacer de sa vie. Elle se sentait insultée, humiliée même. Mais elle savait que rester en colère ne changerait rien. S'il voulait ce divorce, elle n'allait pas se battre pour le retenir.

« Très bien, Léonard, » dit-elle enfin, sa voix plus calme. « Si tu veux divorcer, je vais signer les papiers. Mais je ne sortirai pas de cette situation comme une victime. »

Léonard arqua un sourcil, intrigué. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Elle croisa les bras, retrouvant un peu de son assurance. « Je vais reprendre ma vie en main. Je ne vais plus être celle qui attend dans l'ombre pendant que toi, tu vis ta vie. Je postule pour un poste au Groupe Ascendance. Je vais y réussir, et je n'aurai pas besoin de toi ni de ce mariage pour me définir. »

Un éclat de surprise traversa son regard, mais il se reprit rapidement. « Le Groupe Ascendance ? C'est un objectif ambitieux. » Il s'appuya contre le dossier de sa chaise, semblant légèrement impressionné, bien qu'il tentât de le dissimuler. « Mais tu es consciente qu'il s'agit d'une compétition féroce ? Ils ne prennent que les meilleurs. »

« Je le sais, » répliqua-t-elle fermement. « Et je suis prête à me battre pour ce poste. Je ne resterai plus la femme passive que j'étais. »

Léonard l'observa en silence, comme s'il la découvrait pour la première fois. « Très bien, » dit-il enfin, se levant de sa chaise. « Si c'est ce que tu veux, je ne vais pas t'en empêcher. Fais ce que tu dois faire, et moi aussi. » Il sortit une enveloppe de sa veste et la posa sur la table. « Voici les documents pour le divorce. Fais-moi savoir quand tu les auras signés. »

Élise fixa l'enveloppe pendant quelques secondes, puis releva les yeux vers lui. « Je les signerai. Mais tu peux être sûr d'une chose, Léonard. Ce n'est pas la dernière fois que tu entendras parler de moi. »

Un sourire discret apparut sur les lèvres de Léonard, un sourire presque imperceptible. « J'en suis certain, Élise. J'en suis certain. » Puis, sans un mot de plus, il tourna les talons et quitta le café.

            
            

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