Chapitre 9 Rapprochement familial

Isabelle se tenait devant le miroir, ajustant une dernière fois son collier avant de quitter sa chambre. Elle avait opté pour une robe élégante en soie bleu nuit, espérant que son apparence impeccable serait un palliatif aux tensions sous-jacentes qui marquaient sa relation avec Antoine. Ce soir-là, ils devaient assister ensemble à un dîner organisé par les Doumdanem, une occasion de renforcer les liens familiaux et de maintenir les apparences.

Le salon était décoré avec soin : des fleurs fraîches sur les tables, des bougies allumées, et des serviettes en lin pliées avec précision. La maison semblait vivante de couleurs et de chaleur, mais cette ambiance chaleureuse contrastait fortement avec le sentiment de froideur qui régnait entre Isabelle et Antoine.

Antoine était déjà arrivé lorsqu'elle descendit les escaliers. Il était vêtu d'un costume sombre, parfaitement ajusté, qui accentuait sa stature élégante. Il se tenait près de la cheminée, une coupe de champagne à la main, et parlait avec un invité. En apercevant Isabelle, il esquissa un sourire poli mais distant.

« Bonsoir, Isabelle, » dit-il en posant son verre et en se dirigeant vers elle. Son sourire était bienveillant, mais ses yeux manquaient de chaleur. « Tu es radieuse ce soir. »

« Merci, Antoine, » répondit-elle en souriant, mais son sourire se fit un peu forcé. « Je suis contente que tu sois déjà là. »

Il la conduisit à la table où se trouvaient les autres invités. En chemin, ils échangèrent des politesses superficielles, parlant de choses anodines comme la météo ou les derniers événements politiques. Leur conversation était polie mais dépourvue de véritable connexion. Isabelle sentait un gouffre entre eux, un espace qu'aucun des deux ne semblait vraiment vouloir combler.

À table, les discussions allaient bon train. Les membres de la famille Doumdanem se mêlaient avec aisance aux autres invités, échangeant des anecdotes et des nouvelles. Antoine, bien qu'assis à côté d'Isabelle, semblait plus intéressé par les conversations des autres que par celle qu'il avait à côté de lui.

« Comment s'est passée ta journée, Antoine ? » demanda Isabelle, tentant de percer le mur de retenue qui semblait les séparer.

« Très bien, merci, » répondit-il distraitement, jetant un coup d'œil à son assiette. « J'ai eu quelques réunions intéressantes. Et toi, comment te prépares-tu pour l'exposition dont nous avons parlé ? »

Isabelle hésita un instant, sentant que cette question n'était qu'un moyen de faire la conversation plutôt qu'une véritable curiosité. « Je m'y prépare en essayant de comprendre ce que je veux vraiment accomplir. J'espère que ça sera bien accueilli. »

« Je suis sûr que ce sera le cas, » répondit Antoine, son ton manquant de véritable enthousiasme. Il sourit poliment mais ses yeux restaient indifférents. « Les gens semblent apprécier ton travail. »

La conversation continua sur des sujets variés, mais Isabelle ne pouvait se défaire de l'impression que chaque échange était un écho d'une relation qui manquait de profondeur. Antoine était un homme charmant et compétent, mais il semblait souvent distant, ses réponses brèves et ses gestes calculés. Il participait aux conversations sans véritable engagement, comme s'il jouait un rôle qu'il avait appris à jouer mais sans véritablement y croire.

À la fin du repas, alors que les invités se dirigeaient vers le salon pour le dessert et les boissons, Isabelle sentit une vague de frustration monter en elle. Elle avait essayé de briser la glace, d'engager des conversations plus personnelles, mais chaque tentative semblait se heurter à un mur d'indifférence ou de désintérêt.

Elle se retrouva seule un moment, observant Antoine qui discutait avec des amis de la famille. Il semblait dans son élément, plaisantant et riant, mais toujours avec cette distance émotionnelle qui la mettait mal à l'aise. Elle se demanda comment ils avaient pu croire que cette relation pouvait fonctionner. Les moments qu'ils partageaient étaient empreints de formalité et de politesse, mais il manquait le désir et la complicité essentiels à une véritable connexion.

Lorsqu'Isabelle rejoignit Antoine pour prendre un verre, elle décida de faire un effort pour comprendre ses sentiments. « Antoine, peux-tu m'expliquer ce que tu ressentirais si nous parlions de nos projets pour l'avenir, plus en détail ? »

Il la regarda avec une expression neutre, semblant peser ses mots avant de répondre. « Je pense que nous avons déjà une bonne idée de ce que nous voulons. Il est important de rester pragmatique et de ne pas trop se perdre dans les rêves. »

Isabelle sentit un pincement au cœur en entendant ces mots. Les rêves et les aspirations qui avaient toujours été une partie essentielle de son identité semblaient être réduits à des considérations secondaires dans cette relation. Le contraste entre sa vision de la vie et celle d'Antoine devenait de plus en plus apparent.

Le reste de la soirée se passa en douceur, mais Isabelle ne pouvait s'empêcher de se sentir de plus en plus détachée. Chaque sourire, chaque regard, chaque mot échangé semblait souligner le fossé grandissant entre eux. Alors que les invités prenaient congé et que la maison se vidait peu à peu, Isabelle se retrouva dans le silence de son foyer, son esprit tourmenté par les questions sans réponse.

Elle se demanda si la vie qu'elle menait actuellement n'était pas simplement une façade, un confort superficiel qui cachait un profond vide émotionnel. Sa rencontre avec Krist avait révélé une vérité troublante : elle aspirait à quelque chose de plus, à une connexion authentique et passionnée qu'elle ne trouvait pas avec Antoine.

Alors qu'elle se préparait pour la nuit, Isabelle réfléchit à ce qu'elle devait faire pour résoudre ce conflit intérieur. Les choix qui s'offraient à elle étaient désormais plus clairs, mais ils étaient également empreints de complexité. Elle savait qu'elle devait affronter ses véritables désirs et affronter les réalités de sa vie actuelle. Ce n'était qu'en faisant face à cette vérité qu'elle pourrait espérer trouver un véritable épanouissement.