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Isabelle était encore perdue dans ses pensées, les images des œuvres d'art qu'elle avait observées dans les livres flottaient encore dans son esprit, lui offrant une évasion bienvenue de la monotonie de sa vie quotidienne. Elle imaginait les couleurs vives, les formes audacieuses, et les idées novatrices qui prendraient vie lors de l'exposition à Zamar. Mais son dilemme restait toujours aussi complexe, et aucune solution ne semblait s'imposer d'elle-même.
Soudain, un léger coup se fit entendre à la porte. Isabelle sursauta, réalisant avec un effroi croissant qu'elle avait complètement perdu la notion du temps. Avant qu'elle ne puisse réagir, la porte s'ouvrit doucement, laissant apparaître la silhouette d'une servante. Le visage de la jeune femme était empreint de respect, mais aussi d'une certaine urgence.
« Mademoiselle Isabelle, vos parents vous attendent pour le gala. Ils sont déjà dans le hall, » dit-elle d'une voix douce mais pressante.
Le cœur d'Isabelle s'emballa. Comment avait-elle pu oublier ce gala si important pour sa famille ? Elle se leva précipitamment, les pensées tourbillonnant dans son esprit. Son père ne lui pardonnerait pas ce retard. Elle devait se dépêcher.
Sans perdre une seconde, Isabelle se précipita vers sa garde-robe, jetant un regard rapide à l'horloge qui confirmait ses craintes. Le temps jouait contre elle. Elle attrapa la robe de soirée qu'elle avait préparée plus tôt dans la journée, une élégante création en satin vert émeraude qui reflétait la lumière à chaque mouvement. Avec des gestes nerveux, elle enfila la robe, ajusta rapidement sa coiffure, et appliqua une touche de rouge à lèvres avant de se tourner vers le miroir. Son reflet lui renvoya l'image d'une jeune femme élégante et gracieuse, mais elle se sentait loin de l'assurance que son apparence renvoyait.
Une fois prête, elle se hâta de rejoindre ses parents dans le hall d'entrée. Ils l'attendaient, sa mère Élise dans une magnifique robe en soie ivoire, et son père Charles, impeccable dans son smoking noir. Le regard sévère de ce dernier la fit frissonner, mais il ne dit rien, se contentant d'un hochement de tête pour indiquer qu'il était temps de partir.
Le trajet jusqu'au gala se déroula dans un silence presque solennel, seulement interrompu par les bruits de la ville qui défilaient autour de leur voiture. Isabelle se sentait de plus en plus oppressée à mesure qu'ils approchaient du lieu de la réception. Le gala était l'événement social de la saison, et toute la haute société était attendue. Pour Isabelle, cela signifiait des conversations superficielles, des sourires de façade, et une pression constante pour répondre aux attentes de son père.
Ils arrivèrent enfin au grand hôtel où le gala avait lieu, un bâtiment majestueux illuminé de mille feux, donnant à la soirée une atmosphère féérique. À l'intérieur, la grande salle de bal était somptueusement décorée, avec des lustres en cristal étincelants suspendus au-dessus de la foule. Les invités, habillés de leurs plus beaux atours, déambulaient parmi les tables ornées de fleurs fraîches et de chandeliers d'argent, créant un tableau de richesse et d'opulence.
Isabelle suivit ses parents, échangeant des salutations avec les personnes qu'ils croisaient. Elle souriait et hocha la tête aux remarques polies qui lui étaient adressées, mais son esprit était ailleurs, encore captivé par l'invitation mystérieuse qu'elle avait trouvée plus tôt. Les voix autour d'elle semblaient lointaines, comme un murmure indistinct, tandis qu'elle tentait de jouer le rôle que sa famille attendait d'elle.
Même Antoine, ne parvenait pas à capter pleinement son attention. Il était poli, charmant, et lui parlait avec enthousiasme des derniers événements mondains, mais Isabelle ne pouvait s'empêcher de se sentir vide à ses côtés. Ses réponses étaient automatiques, ses sourires forcés. Chaque instant passé dans cette salle semblait la détacher un peu plus de ce monde auquel elle était censée appartenir.
Le gala lui parut interminable. Les discours, les rires, les toasts à répétition... Tout cela la laissait indifférente, comme si elle était une spectatrice dans sa propre vie. Ses pensées revenaient sans cesse à cette invitation à l'exposition, à cette possibilité de découvrir un univers où elle pourrait enfin s'épanouir.
Lorsque la soirée toucha enfin à sa fin, Isabelle se sentit soulagée de pouvoir rentrer. Ses parents la rejoignirent à la voiture, et ils prirent la route du manoir dans un silence tout aussi pesant qu'à l'aller. Le trajet se déroula dans l'obscurité, les lumières de la ville disparaissant peu à peu pour laisser place aux ombres des grands arbres bordant la route.
Arrivée chez elle, Isabelle se hâta de monter dans sa chambre. Elle se changea rapidement, troquant sa robe de gala contre une simple chemise de nuit. Le poids de la soirée, de ses attentes non exprimées et de ses doutes accumulés, l'écrasa soudainement alors qu'elle se laissait tomber sur son lit.
Le regard fixé au plafond, elle repensa encore à l'invitation à l'exposition d'art. Les questions tourmentaient son esprit : devait-elle y aller, défier les attentes de son père, et embrasser une passion qui semblait si loin de sa réalité quotidienne ? Ou devait-elle renoncer à ce rêve pour ne pas perturber l'équilibre déjà fragile de sa vie ?
Les pensées tourbillonnèrent dans son esprit jusqu'à ce que la fatigue l'emporte enfin. Isabelle décida de dormir. Elle savait que le lendemain, elle devrait probablement affronter les attentes de son père et continuer à jouer le rôle qu'on attendait d'elle, mais elle espérait également que le temps lui permettrait de trouver une solution, ou du moins de se préparer à faire le choix difficile qu'elle devait affronter.
Elle éteignit la lumière, se coucha, et tenta de vider son esprit. Les images de l'exposition, des œuvres d'art et des artistes qui allaient les créer dansaient dans sa tête, offrant un contraste frappant avec les obligations et les responsabilités qui l'attendaient. Isabelle s'endormit finalement, mais son esprit restait agité, bercé par l'espoir et l'appréhension de ce que l'avenir pourrait lui réserver.