L'euphorie du soir, la peur de la nuit, ça retourne l'estomac. Il n'y a aucun bruit, à part peut-être les sons de la chaudière, ou le lave-vaisselle qui tourne. Les voisins ferment leur volets, éteignent leur lumières, et profitent de la télévision, ou d'un sommeil bien mérité.
Hyunjin ne préférait pas rentré chez lui, pas tout de suite. Il aimait le soir, quand personne n'était dehors, ou seulement les fêtards qui dansaient tard dans la nuit, et les amants d'une nuit qui ne pouvaient s'aimer au-delà du lever du soleil. Les lampadaires faisaient leur travail d'éclaireurs des rues, les feux rouges, oranges, verts, continuaient de tourner comme s'il était midi.
Pourtant, Hyunjin était belle et bien seul dans cette rue, vide de toute vie. Seul ses écouteurs lui tenaient compagnie, et chantaient au creux de son oreille sa chanson préférée. L'esprit de Hyunjin pensait beaucoup. Il ne savait pas arrêter, son cerveau tournait sans cesse, sans arrêt, et il ne savait pas mettre pause. Il pensait à la vie, à ses sentiments qui ne cessaient de grandir, de briller et de gronder leur intensité. Il pensait à plein de choses à la fois, sans même qu'il ne puisse s'en rendre compte. Et son coeur gonflait de tellement d'émotions.
Hyunjin était un garçon aux millions de rêves, à l'espoir infinie de vivre. Oh, il était malade d'imagination, et son esprit allait bien au delà de toutes les frontière de l'Univers, au delà de toutes les conventions sociales et toutes ces choses qu'il était soumis à faire, comme s'abaisser pour dire "bonjour", aller à l'école, ou paraitre souriant alors qu'il n'en a pas envie.
L'entourage d'Hyunjin parlait d'argent, de mariage, d'enfants et de métier stable. Alors que lui voulait être amoureux, amoureux à en perdre la raison et partir voyager, par les mers, les océans. Poser ses pieds en Amérique, en Afrique et en Europe, il voulait voler jusqu'en Australie et se balader main dans la main avec l'amour de sa vie dans les rues françaises. Il voulait embrasser cette personne sur une barque traversant Venise, et danser toute la nuit dans un bar joyeux et plein de vie à Munich. Il voulait demander son amour en mariage le jour de Noël dans les immenses avenue de Manhattan, et s'envoler le lendemain vers Rio. Il voyait déjà les couchers de soleil qu'il verrait à Tokyo, et le sable des plages qu'il sentirait sous ses pieds dans les Caraïbes, ou en Sicile. Il se voyait déjà aller voir une pièce de Molière avec à son bras la plus belle des personnes, et chanter avec une comédie musicale à Broadway. Il se voyait prendre en photo la personne qu'il aimait devant la Statue de la liberté, un sourire merveilleux aux lèvres. Il se voyait dormir dans un de ces hôtels bas prix à Madrid, attendant le lendemain pour aller courir dans les rues de Reykjavik. Il se voyait plonger dans les fonds des océans, et faire le tour de la mer Méditerranée en bateau. Il se voyait avancer silencieusement dans la savane, dans le simple but de prendre en photo le plus beau des lions. Il se voyait visiter le grand aquarium de Lisbonne et dormir dans une petite cabane sur la plage en Thaïlande. Il se voyait serrer la main de pleins de gens aux coutumes et à la peau différente, il se voyait chanter et danser son bonheur au creux des bras de la personne qu'il avait choisit. Il entendait déjà les musiques traditionnelles de chacun des pays, et les langues toutes aussi belles les unes que les autres et celles qu'il essayerait d'apprendre. Il voyait et sentait déjà le bonheur que cette vie lui procurerait, et la joie trônerait sur leur visages. Il rêvait, rêvait, rêvait, qu'est-ce qu'il rêvait. Il voulait une autre vie que celle qui lui était proposé. Il voulait tant de choses. Et il n'avait que dix-sept ans.
Hyunjin était sujet à l'insomnie, il vivait la nuit alors que le monde vivait le jour. Mais vivre la nuit ne voulait pas dire sortir, et boire comme un trou. Il marchait simplement dans les rues. Sans but précis le plus souvent, et parfois il buvait un verre et il rentrait. Il attendait seulement le lendemain. Il adorait la musique, et sa playlist prenait beaucoup de place dans sa vie. Il aimait dire que ces chansons, qu'il ajoutait au fil de ses découvertes, au fil de ses coup de coeur, c'était son identité. C'était tout lui. Sa mère lui disait que c'était une façon poétique de voir les chose. Son fils était un romantique, un rêveur, et elle était fière de l'avoir.
Et puis, Hwang Hyunjin était amoureux. Il était fou amoureux, il n'avait d'yeux que pour lui, et seulement lui. Le garçon que personne n'avait jamais remarqué dans sa classe, celui qui ne s'installait jamais au fond, ni devant, mais toujours au cinquième rang. Il avait les cheveux blonds tiré d'une décoloration joliment faite et un style bien à lui. Il avait un grand talent pour le dessin, et qu'est-ce qu'il pouvait être beau. Sa peau était halée, ses yeux noisettes en amende étaient le miroir de son esprit rêveur et intelligent. Très intelligent. Son petit nez un peu retroussé était parsemé de tâches de rousseur semblable à ses étoiles, et ses lèvres formaient un coeur qui faisait appel à la tentation. Ses mains, petites, il rêvait de les tenir et les serrer tout contre son coeur. Il avait une voix grave, elle contrastait avec son apparence enfantine, et qu'est-ce qu'elle lui allait bien. Et Hyunjin ne pouvait pas le quitter des yeux une seule seconde. La première fois qu'il l'avait vu, il était déjà amoureux avant même d'y avoir pensé, avant même que son coeur est le temps de battre. Il l'avait aimé dès les premières secondes, ce garçon, qui ne parlait pas souvent, mais qui avait une personnalité si imposante. Il n'avait jamais ressentit quelque chose d'aussi profond, d'aussi encré en lui. Il ne voulait pas que cela parte, c'était si bon. Hwang Hyunjin était tombé complétement fou amoureux de Lee Felix. Et il tentait de vivre avec malgré tout. Il ne pouvait s'imaginer quelqu'un d'autre que lui à Paris, c'était de Felix dont il était amoureux. Il débordait d'amour pour lui, mais aucune personne ne savait cela. Parce que c'était son secret, son bonheur, son espérance. Et même si Felix le rejetait un jour, il l'aimerait toujours comme ce n'était pas permis. Il était amoureux, il l'aimait. Et même Amour n'était pas le mot adéquat. Mais il n'avait pas encore trouvé de mot plus fort.
"Lee Felix, aime moi, quelques minutes, seulement, mais aime moi, je t'en pris."