Nouvelle Vie
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Chapitre 3 Chapitre 3.

Je me trouvais dans un champ, les herbes étaient hautes, de

couleur blé et vert, ce qui était magnifique à regarder. Il y avait

aussi un grand soleil et le vent soulevait mes cheveux. En baissant

les yeux, je vis que je portais une robe blanche avec des manches en

dentelle et que j'étais pieds nus, mes cheveux étaient attachés en un

chignon désordonné qui bougeait avec le vent. Mon regard se porta

vers une silhouette face à moi et mon visage s'illumina en voyant

mon père qui me souriait. Je lui rendis son sourire. En m'approchant de lui,

il me prit dans ses bras, je ressentis une grande joie en cet instant.

- Bonjour, Léa, dit-il doucement.

- Bonjour, papa, comment tu vas ?

- Je vais bien, vous êtes dans une nouvelle ville maintenant ?

- Oui, dans le Colorado. Mais, pour être honnête, tout

commence mal. Des humains sont au courant pour notre secret,

j'ai peur de devoir encore partir, si le danger revient, confessai-je

inquiète.

- Écoute-moi, Léa ! Surtout, ne partez pas d'ici quoiqu'il arrive,

ta mère espérait avoir de l'aide ici et elle l'a trouvée, restez, tu vas

voir, la vie te plaira.

Voyant mon regard interrogateur, il ajouta :

- Mes amies sont là pour vous, ma fille, je veille sur vous, ne

l'oublie pas.

- Tu me manques, papa, dis-je en le prenant dans mes bras.

D'un coup, mon père disparut, le champ aussi et j'entendis le

bruit d'un réveil.

Je me réveillai en clignant plusieurs fois des yeux pour me

rendre compte de l'endroit où je me trouvais. Mon réveil

afficha six heures, donc je sortis de mon lit et me mis en

tenue de sport. Un legging noir avec un haut bleu, j'attachai

mes cheveux et pris le plateau que maman m'avait apporté la

vieille. Je le mis dans le lave-vaisselle et sortis par-derrière. Je

courus jusqu'à la forêt et, une fois dedans, activai la vitesse

au-dessus. Je vis un petit coin de lumière et une grande

branche était au sol à côté de son tronc. Je m'approchai

doucement et soufflai le mot « air » après m'être agenouillée

près de la branche. Levant la main à plat vers le haut, la

branche en question se leva doucement pour se recoller à

l'arbre, puis je posai mon autre main sur l'arbre faisant de

petits ronds et prononçai cette fois « terre » et les racines se

raccrochèrent à la branche. Je reculai pour admirer l'arbre

avec un sourire sur le visage. À la base, cet arbre était blessé,

mais plus maintenant. Étant un félin, je suis très proche de la

nature et ma nature de panthères-garous me donne les

pouvoirs des éléments. Seulement, nous ne les avons pas

comme ça, non, nous devons les sentir, les analyser et les

contrôler.

- Comment tu as fait ?

Je savais que c'était Théo, mais il était accompagné d'Ugo.

Je me tournai vers eux en soupirant et en haussant les

épaules.

- Je ne peux plus rien faire sans que tu m'espionnes

maintenant.

- Dis-moi juste comment tu as eu ce pouvoir.

- Il est en moi depuis ma naissance, tu ne pourras pas

avoir ce don.

- Il te vient de ton père ?

- Exact.

- Je pris le chemin pour retourner chez moi, mais Théo se

mit vite devant moi.

- Laisse-moi passer, je ne veux pas arriver en retard pour

mon premier jour.

- On a appris que tu es dans le même lycée que nous, dit

soudain Ugo.

Tiens, ça me donne une idée. Je le regardai avec un petit

sourire.

- Dans ce cas, Ugo, je peux te demander un service ?

- Oui... oui, dit-il surpris.

- Tiens ton copain éloigné de moi, montrant Théo du

doigt.

Le copain en question se tendit à me requête, ne

comprenant sûrement pas pourquoi.

- D'accord.

Il hocha la tête, acceptant de m'aider.

- Merci.

Je partis à la même vitesse que tout à l'heure et rentrai chez

moi. Heureusement que Théo n'avait pas parlé de ce qu'il

s'était passé hier, à moins qu'Ugo ne fût déjà au courant.

J'espérais que non. Quand j'arrivai à la porte d'entrée, elle

n'était plus fermée à clef, signe que maman ou Leila était

debout. Cela faisait partie de nos méthodes de sécurité pour

savoir si tout se passait bien. Je rentrai et allai dans la cuisine

manger, puis vis maman et Leila déjà en train de déjeuner.

- Bonjour, bien dormi ? dis-je en m'installant à table.

- Oui, ça va, mais je suis un peu stressée, dit Leila la tête

dans son bol. Ça craint, je devrais y être habituée depuis le

temps.

- Ça ira, ne t'inquiète pas.

- Vous irez ensemble le matin comme vous commencez à

la même heure, nous prévint maman.

- D'accord, nous dîmes en chœur.

- On se dit huit heures vingt devant la porte ? demanda

Leila.

Je hochai la tête, rangeai mon bol et montai dans ma

chambre, puis filai dans ma salle de bains. Je mis mes affaires

de sport au sale puis entrai dans la douche, je mis l'eau

chaude, car ça me faisait un bien fou et ça me réveillait

instantanément. J'avais mis de la musique pendant ma

douche et en sortis après être propre de la tête aux pieds.

Enroulée dans une grande serviette, j'allai dans ma penderie

et me pris un ensemble adéquat pour la rentrée. Comme il

faisait très bon dehors, je ne cherchai pas compliqué.

Un haut à bretelles blanc avec un gilet bleu nuit à dentelles sur les

manches 3/4, un short en jean de couleur bleu clair et ma

paire de tennis blanche aussi. Je coiffai mes cheveux bruns

d'une simple tresse sur le côté et me maquillai les yeux pour

les souligner. Je préparai mes affaires et regardai l'heure :

huit heures quinze. Avant de partir, j'ouvris un peu ma

fenêtre et regardai la maison en face, plus particulièrement la

chambre en face de la mienne, et vis Théo. Il me regarda

aussi à ce moment-là. Je partis de ma chambre et allai

rejoindre Leila devant la porte.

- T'es prête ? lui demandai-je.

- Oui, on peut y aller.

- À ce soir, dit maman en souriant.

On sortit de la maison et prit la route du collège. Leila était

stressée, ça se sentait. Je passai mon bras sur ses épaules, les

pressant un peu pour lui apporter mon soutien.

- Tout va bien se passer.

- Oui, je sais, mais je n'y peux rien si je stresse.

- Rien ne peut t'arriver !

- Attends, arrête-toi.

Leila s'était arrêtée net, donc j'en fis autant. Elle faisait une

drôle de tête, je me demandais ce qu'elle avait vu ou entendu,

car ça me faisait bizarre de la voir sur ses gardes alors que

nous n'étions pas sur le point de nous battre et que, surtout,

nous étions en pleine journée dans une rue déserte.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je en cherchant

l'endroit où elle regardait.

- Tu n'entends pas ?

- Non, quoi ?

- Un appel au secours. Ce sont des animaux, me dit-elle

en me regardant dans les yeux.

- Où ça ?

Moi et Leila sommes de grandes protectrices des animaux,

ça nous est insupportable de voir un animal innocent souffrir,

de plus, nous aussi sommes des animaux. Je me concentrai et

ouvris mon esprit au moindre son, puis j'entendis un faible

couinement, de plusieurs chiens. On se regarda avec des

yeux meurtriers.

- On doit faire quelque chose, me dit ma sœur.

- Je suis d'accord, mais quoi ?

- Faire quoi ? dit une voix familière.

On se tourna vers la voix et je ne fus pas surprise de voir

Théo avec ses copains. Je soupirai, puis Leila leur raconta

vite fait la situation. Pierre ne voulut pas croire ce qu'il se

passait, donc on montra la maison à Théo pour qu'il se

concentre et confirme nos dires. Lucas proposa d'en parler

aux filles de leur bande, ce que je trouvai être une bonne idée,

mieux valait être plusieurs sur ce coup-là. Mais Leila ne

voulait pas attendre et y aller maintenant.

- Leila, écoute, Lucas a raison, à plusieurs, ça sera mieux,

d'autant plus que nous ne savons pas combien ils sont, que

ce soit des chiens ou des personnes.

- D'accord, mais il faut les aider, Léa, me supplia-t-elle.

Je me mis face à elle, tenant ses mains dans les miennes,

faisant des cercles avec mes pouces sur le dos de ses mains

en la regardant dans les yeux.

- Bien sûr que nous allons les aider, je t'emmène au

collège et on prévoit de faire un tour ce soir pour voir ce qu'il

en est. D'accord ?

Leila hocha la tête, on prit le chemin du collège et on essaya

de trouver un moyen pour les sortir de là. Leila partit assez

stressée, mais elle respira un bon coup en marchant vers le

collège, donc on prit le chemin du lycée. Je vis les garçons me

dépasser et Théo me fit ralentir en me prenant le bras. Je

craignais de savoir ce qu'il allait me dire.

- Je pense que tu sais de quoi je veux te parler, me dit-il.

- Oui, j'en ai une petite idée, dis-je en hochant la tête.

- Je ne sais pas ce qui m'a pris de t'embrasser hier, mais,

depuis que je t'ai vue samedi, je n'arrête pas de penser à toi.

- Tu dois être juste surpris de voir une panthère autre que

ta famille.

- Ouais, c'est peut-être ça.

- Écoute, Théo, je t'aime bien, mais ça s'arrête là, tu as

Alice, et même si elle est humaine, je n'ai rien contre elle. Ce

baiser, c'était une grave erreur. Et comme personne n'est au

courant, on le garde pour nous.

- Ugo est au courant. Il vit mon regard. Ne t'inquiète pas,

il ne dira rien. Marché conclu, on garde ça pour nous ?

Il me tendit sa main et je la serrai en disant « marché

conclu », mais l'enlevai trois secondes après ayant encore

senti ce coup électrique dans le corps. On se regarda une

nouvelle fois dans les yeux sachant que nous l'avions senti

tous les deux. Je rejoignis les autres et finis la route en silence.

Avant de passer le grand portail, je m'arrêtai en les regardant.

- On se sépare là.

- Tu ne veux pas venir avec nous ? me dit Pierre.

- Non, je préfère rester seule.

Je partis de mon côté et eux du leur.

J'allai à mon casier et déposai quelques affaires.

Puis j'allai dans la cour rejoindre ma classe en repérant Théo

et les autres, puis me mis derrière la file. Les filles me firent

un geste de la main que je leur rendis, puis Alice vint vers

moi en souriant.

- Salut, tu vas bien ? me sourit-elle.

- Oui et toi ?

- Ça va. Dis, tu ne veux pas venir avec nous ? montrant

son groupe.

- Non merci, j'aime bien être seule, dis-je en secouant la

tête.

- D'accord, comme tu veux.

Elle repartit avec les autres. Je la regardai discrètement en

la détaillant. Elle était gentille, grande et blonde, mais je ne

voulais pas qu'un autre humain soit au courant de notre

secret et, par-dessus tout, je ne voulais pas être près de Théo.

Des professeurs arrivèrent et firent l'appel. Et devinez la

meilleure, Théo et toute sa bande étaient dans ma classe.

Quelle chance ! Non, ça me faisait grave chier ! Une fois tout

le monde dans la salle, tout se passa très vite pour les

emplois du temps et nous commençâmes avec Histoire.

Le cours passa vite, mes pensées étaient ailleurs, je repensais

aux couinements que j'avais entendus et ça me faisait mal au

cœur. Le bruit des chaises me réveilla, la salle se vida, donc je

devais avoir deux heures de langue française. Tout le monde

dit bonjour au prof, puis prit sa place. J'allai au fond et

écoutai. Comme j'adorais le français, je restai attentive.

- Bien, je vous connais tous, sauf la nouvelle. Léa, c'est ça ?

me dit le prof.

- Oui, monsieur, lui souris-je.

- Ça te dérange si je te pose quelques questions ?

- Non, allez-y.

- Attention, il parle très vite, me prévint Lucas.

Je sentis toute la classe nous regarder, heureusement que je

parlais français, sinon je me collerais une méga honte.

- Quel âge as-tu ?... Tu as des frères et sœurs ?... Décris-toi un

peu.

- Alors, j'ai dix-huit ans, j'ai une petite sœur et il n'y a pas

grand-chose à dire, j'adore manger, ma famille est très importante

pour moi, voilà.

- Je retire ce que j'ai dit, dit Lucas en riant.

- Bien, commençons le cours.

Le cours passa à une allure folle, le prof était rigolo, donc

les deux heures défilèrent, laissant place à la pause déjeuner.

J'avais mon plateau en main et m'assis donc à une table libre

et commençai à manger mon steak frites quand deux garçons

se mirent devant moi. Je levai la tête et attendis que l'un

d'eux parle.

- Salut, dit le blond.

- Salut.

- On t'a vue ce matin, t'es nouvelle, dit cette fois le brun.

- Au moins, je ne suis pas transparente, c'est déjà ça.

J'arrêtai de manger et posai mon dos sur le dossier de ma

chaise et croisai les bras en les regardant tour à tour. Bon, ils

me veulent quoi les deux gugusses, là ? J'ai horreur d'être

dérangée pendant mon repas. Et à voir leurs têtes d'abrutis

finis, ça ne m'annonce rien de bien.

- Pourquoi tu es toute seule ? me demanda le brun.

- J'aime la solitude.

À ma surprise, ils prirent une chaise et s'assirent en face de

moi. Oh, je ne le sens pas, ça. Ne pouvant cacher mon soupir

exaspéré, je le fis assez fort, leur faisant comprendre qu'ils

me faisaient littéralement chier. Mais ils ne semblaient rien

comprendre.

- Vous pouvez me dire ce que vous faites ? demandai-je

calmement.

- Tu es seule, donc on te tient compagnie, me sourit le

blond.

- Ce n'est pas la peine.

- On insiste.

Ils devenaient lourds, donc je me levai et allai ailleurs, mais,

peine perdue, ils me suivirent et se rassirent.

- Je veux être seule, vous êtes bouchés ou quoi ?

- Tu sais, tu es très belle, tu voudrais sortir avec moi ? me

dit le blond.

- Change ta technique de drague, elle est naze. Son copain

rigola. Tu vois, je ne suis pas la seule à le dire, alors du vent.

- Tu ne veux pas un peu de compagnie ? On est deux et

toi toute seule, tu pourrais prendre du bon temps avec nous,

me proposa le brun.

- Je vous ai dit gentiment de me laisser, mais,

apparemment, ça ne suffit pas.

Le blond avança sa main vers mon visage, mais je l'arrêtai

d'un coup sec. Il voulut enlever sa main, mais je commençai

à serrer et lui à faire la grimace.

- Je ne le répéterai pas, dégagez.

- Tu te prends pour qui ?

- Regardez-moi bien.

Ils s'approchèrent un peu et je fis changer mes yeux de

couleur, du marron au rouge rubis. Ils furent choqués et

partirent en courant. Je rigolai jusqu'à ce que les filles, sauf

Alice, viennent.

- Tu leur as fait quoi ? me demanda Maria en souriant.

- J'ai juste changé mes yeux de couleur et ils sont partis en

courant. Ah, les mecs !

Avec mes yeux, je les invitai à s'asseoir et elles prirent place.

- On a une question, dit Célia timide d'aborder le sujet.

- À propos des chiens ? demandai-je.

Je vis leur regard surpris, ce qui confirma mon intuition sur

le sujet, ce qui me fit sourire. Je repris mon repas

tranquillement.

- Je vous ai entendues en parler en cours, leur expliquai-je.

- Ah oui, c'est vrai, Théo nous fait ce coup-là tout le temps,

dit Maria avec un petit sourire.

- Bref, je connais les personnes qui vivent dans cette

maison et ils sont gentils, reprit Andréa.

- Je veux bien te croire, mais sache qu'on porte tous un

masque et que, derrière, la personne est parfois pire, dis-je en

baissant les yeux vers mon assiette.

- Tu le dis comme si ça t'était déjà arrivé.

Et encore, Maria était loin de la vérité. Elles me regardèrent

bizarrement, je retournai sur le sujet important.

- Ma sœur tient énormément aux animaux, tout comme

moi. On veut faire tout notre possible pour les sortir de là.

- Si tout ça est vrai, on veut vous aider. On est peut-être

humains et sans pouvoir, mais on ne peut pas laisser passer

ça, dit Célia énervée.

- J'avoue que je suis surprise, dis-je en souriant.

- De quoi ? demanda Andréa.

- Vous savez ce que je suis et vous ne me connaissez pas,

j'ai dû vous faire peur quand on s'est rencontrées, toutefois,

vous voulez nous aider.

- Tu sais, on est tous différents, et, au fond, on sait que tu

n'es pas méchante, me dit Célia.

- Je peux vous demander quelque chose ?

Elles hochèrent la tête, me signifiant de parler. Je voulais

avoir leurs opinions.

- Voilà, c'est peut-être moi, mais Théo ne devrait pas sortir

avec Alice. Étant une panthère, il éprouve des sentiments

différents, contrairement à ceux des humains.

- On sait, il pique une crise pour un rien des fois. C'est sûr

que ce n'est pas l'idéal, mais l'amour est plus fort que tout.

- Vous êtes quatre couples heureux, c'est normal que tu

voies ça comme ça.

- Tu n'y crois pas ? demanda Andréa.

Je secouai la tête en riant amèrement, préférant ne pas

m'étendre sur le sujet.

- Ça veut dire que tu n'as pas de copain ? dit Célia

perplexe.

- Je n'en ai pas, mais, rassurez-vous, vos copains ne

m'intéressent pas, dis-je indifférente.

- Tu lis dans les pensées ? me questionna Maria.

- Non, c'est juste pas difficile à deviner, lui répondant

avec un sourire en coin.

- Tu viens ? Ne dis pas non, on veut apprendre à te

connaître, alors tu n'as pas le choix, dit Maria sérieusement.

- D'accord.

Je me levai en riant.

Je posai mon plateau sur une roulette qui partait en cuisine

et on partit marcher dans le lycée. Elles étaient gentilles bien

que je fusse brutale avec elles au début, papa avait raison, on

allait être bien ici. On alla sur le toit. Je m'arrêtai avant de

passer la porte, les regardant bizarrement, car, normalement,

le toit était interdit, mais elles me dirent que c'était un peu

comme leur coin détente, pour ne pas se faire emmerder par

d'autres élèves. Quand j'entrai, je me stoppai une deuxième

fois, ce n'était pas un toit, mais un salon leur truc. Il y avait

un canapé, une table, un meuble et un placard bien disposés,

le tout sous une serre, et on alla s'asseoir autour de la table.

Elles me regardaient attentivement en me détaillant.

- Vous me faites peur à me regarder comme ça.

- Désolée, dit Célia.

- Théo a des pouvoirs, tu en as aussi ? demanda Andréa.

- Oui, j'ai l'eau, la terre et l'air, le feu, je n'en parle pas, j'en

ai peur, je peux faire apparaître un bouclier pour me

protéger, puis j'ai mon pouvoir de guérison, énumérai-je.

- De guérison ? dirent-elles ensemble.

- Oui, mon papa avait le pouvoir de guérison et nous l'a

transmis.

- Si on est blessés, tu nous soigneras ? fit Maria.

- Bien sûr, dis-je en hochant la tête, ce qui les fit sourire.

La cloche sonna sur mon affirmation et on retourna en

cours, qui était philosophie pendant deux heures. Ce n'était

pas ma matière préférée, mais bon. Cette fois, je m'assis à

côté de Célia. Je voyais bien les gars sourire dans leur coin,

surtout Théo, Alice n'était pas là. Ce qui n'inquiéta personne.

Je dois être honnête, la philo, c'est super chiant, donc je finis

par m'endormir sur ma table. Heureusement que la personne

devant moi était grande, sinon j'aurais été grillée. Mon rêve

se passait ici, avec une vie sans problème, et c'était bien. Je

sentis qu'on me bouscula, donc je levai les yeux et vis Célia

de près.

- Ne te mets pas trop près, Pierre va être jaloux.

- Il est à côté, dit-elle.

- Tu es dure à réveiller, ria Pierre.

- J'ai le sommeil lourd, marmonnai-je en levant la tête et

en m'étirant discrètement.

- On a vu ça. En plus, tu ronfles, dit Théo avec des yeux

rieurs.

- Menteur, lui dis-je en lui lançant un regard amusé.

- Il ne sait pas mentir, fit Andréa.

- Dites, les cours sont finis, on y va ? fit remarquer Ugo.

On prit la direction de la sortie, puis la route pour aller

chez nous. Ils devaient sûrement aller chez Théo, car ils

étaient tous là.

- Bon, c'est quoi le plan pour ce soir ? nous demanda

Lucas.

- Avec Leila, on a prévu de voir la maison de près.

- On avait prévu de venir, dit Théo.

- Très bien, donc, que proposez-vous ?

- Allons chez moi pour faire un plan, proposa-t-il.

- Tu as déjà établi un plan ?

- Non.

- Pas grave, Leila va t'apprendre, je vais la prévenir qu'elle

nous rejoint chez toi.

Je m'arrêtai deux secondes le temps de pouvoir envoyer un

texto à Leila, et on arriva chez Théo. Sa mère était surprise de

tous nous voir, on lui fit un topo, donc elle sortit faire des

courses, nous laissant. Théo apporta un tableau blanc avec

un crayon Velleda en restant devant, et les autres s'assirent

autour de la table et je restai debout en regardant Théo. Je

rigolai en le voyant faire, comme si on était en pleine réunion

d'infiltration, en voulant noter toutes nos idées et autres. Oh

là là, il regarde trop de films lui.

- Bien alors, que faisons-nous ? commença-t-il.

- J'avais une idée, mais on va devoir changer un peu vu le

nombre, dis-je en regardant tout le monde.

- Dis quand même, proposa Théo prêt à écrire.

J'exposai mon plan qui était de faire jouer Leila comme

diversion le temps que je m'occupe des animaux. Je leur dis

qu'ils se trouvaient à la cave, c'était le seul endroit où ils

pouvaient être retenus, et comme il y avait une entrée au sol,

ça serait plus discret de les faire sortir par là, mais Andréa

souleva un point important : le nombre de personnes et le

nombre de chiens. Il est vrai que je n'avais pas pensé à ce

détail ni à celui d'avoir un endroit où les emmener ensuite.

Leila se montra à ce moment-là, elle nous avait écoutés, mais

n'était pas intervenue, le temps de réfléchir à des solutions.

Le cerveau de la famille, c'était Leila niveau stratégie et plan.

Mais la partie action, c'était pour moi. Bref. Je m'éloigne.

Leila me dit que mon plan était bien, mais que, comme nous

ne savions pas le nombre, il faudrait un moyen de transport.

Une camionnette de préférence.

Lucas nous apprit que son père était garagiste et qu'il s'occuperait

de nous trouver notre bonheur.

Puis la question d'avoir un endroit se posa et, à ma

grande surprise, j'appris l'existence d'une sorte de cabane

secrète dans les bois qui leur appartenait. Ils étaient bizarres :

d'abord un coin tranquille au lycée, puis dans la forêt. Théo

rit en voyant ma tête et me dit que c'était pour lui, pour être

discret s'il voulait s'entraîner sur ses pouvoirs et s'ils faisaient

une fête entre eux. Donc, pour l'endroit sûr, nous irions dans

la forêt, ensuite ma sœur distribuerait les rôles, j'entrerais en

première dans la cave suivie de Théo. En étant transformée

comme ça, quand les chiens nous verraient, ils sauraient que

nous ne leur voudrions pas de mal en sentant nos odeurs,

ensuite les autres, eux, prendraient un petit groupe de chiens

jusqu'au camion pour qu'ils ne soient à aucun moment seuls.

Il fallait qu'on les surveille à chaque instant, on fouillerait

toute la cave et on récupérerait les colliers pour les rendre à

leur propriétaire plus tard.

- Des questions ? demanda Leila.

- On fait quoi si quelqu'un s'aperçoit de quelque chose ?

remarqua Pierre.

J'expliquai que, s'il y avait un problème à ce niveau-là, moi

et Théo on s'occuperait de la sécurité. Pour me montrer son

soutien, il hocha la tête.

- Tu les livreras à la police ? demanda Maria.

Je secouai la tête en leur disant que nous ne devions pas

être cités ou autre chose, car ça ne serait pas bon pour nous

qu'on nous retrouve. Comme nous nous cachions de

certaines personnes, ils nous retrouveraient. Tout le monde

hocha la tête, ne comprenant pas forcément pourquoi, mais

accepta sans poser de question. Ils se chargeraient de

prévenir la police. Je leur parlerais plus tard, mais, pour le

moment, nous avions plus important à faire.

- Pour quand on fait ça ? demanda Lucas.

Leila réfléchit hésitante et dit que nous ferions ça mercredi

après-midi comme ils seraient au travail et que nous n'avions

pas cours, idéal. Et que, pour l'instant, nous irions les voir

tous les soirs pour savoir si tout se passait bien. Tout le

monde opina pour le plan, il n'y avait rien à dire, nous

devions seulement préparer la cabane, l'équiper de

couvertures, de gamelles d'eau et de nourriture. Célia et

Andréa se portèrent volontaires pour s'occuper de ce point

au plus vite. On se mit d'accord pour partir les voir quand il

ferait nuit.

- Dis Leila, si ça va trop mal déjà, on fait quoi ? intervint

Théo.

Leila bougea ses doigts sur la table, réfléchissant en

regardant le sol. Elle se leva en croisant les bras.

- Nous irons voir ce soir, et, si la situation s'impose de s'en

occuper tout de suite, on le fera, donc, les gars, allez chercher

le camion et nous, on se charge de la nourriture. Lucas

restera ici et, quand on fera le signe, il viendra nous rejoindre,

on se rejoint dans une heure maxi.

On partit chacun de notre côté, nous, on alla au magasin le

plus proche et prîmes des gamelles, des croquettes, des

couvertures, puis on amena tout ça à la cabane dans les bois,

qui était charmante en passant, petite, discrète, puis on alla

attendre devant chez Théo. Ils arrivèrent avec un camion

plus que bien. On répéta le plan une dernière fois et, quand

nous eûmes terminé, il faisait nuit.

- Vous être prêts ? demanda Théo.

- Tout est prêt, on peut y aller, assura Célia.

Je regardai Leila se transformer, puis Théo, et me

transformai à mon tour. Maria nous ouvrit la porte et on

partit vers la maison discrètement sans se faire voir. Il y avait

de la lumière dans toutes les pièces, on s'approcha, moi la

première, et je collai mon museau à la vitre de la cave, mais il

y avait du tissu pour empêcher que l'on voie. Alors, on alla

vers les portes de derrière qu'Ugo et Pierre ouvrirent, on

descendit et alla au bout du chemin où se trouvait une pièce.

Il faisait froid, très froid même si j'étais transformée.

On arriva dans la pièce où se trouvaient plusieurs cages

cadenassées sur deux hauteurs. L'endroit était humide avec

aucun entretien. Je repérai une seule ampoule au plafond, il

y avait une grande armoire et un bureau dans un des coins,

les chiens étaient entassés les uns sur les autres. Un me vit et

se rapprocha de la cage en couinant, son museau dépassait

de la grille, alors je posai le mien dessus et constata qu'il était

gelé. Je fis passer une onde de chaleur qui le réchauffa. Théo

s'approcha de moi, posant sa tête dans mon coup, et me lécha

la joue. Les autres nous virent aussi, en couinant également.

Nous nous transformions en humains, puis les autres

arrivèrent, sauf Andréa qui surveillait dehors.

- Quelle horreur ! s'exclama Maria en allant près d'Ugo.

- On abandonne pour mercredi, on fait ça maintenant, dit

Leila furieuse.

- Je suis d'accord. Leila, va faire le signal à Lucas et va

dans la camionnette, ils auront moins peur s'ils te voient

dedans.

- Compris, dit-elle en partant.

- Bien, dis-je doucement. Écoutez-moi, on vient vous

libérer, ne vous inquiétez pas, on va vous emmener dans un

endroit sûr et vous ramener chez vous. Mais, pendant qu'on

vous fait sortir d'ici, il ne faut pas faire de bruit. Une fois

dehors, vous monterez dans une camionnette, ma sœur Leila

sera là pour vous aider, on ne laissera personne, donc ne

vous inquiétez pas. Je me tournai vers Théo. Théo va faire le

tour de la cave au cas où, nous, on fait le reste. Il partit. Alors,

j'ouvre les cages et mes amies vous emmèneront par petits

groupes dehors. Surtout, restez calmes.

Les cages étaient retenues par des cadenas. J'arrachai le

premier et ouvris la cellule. Les cinq chiens qui se trouvaient

dedans allèrent doucement près de Maria après s'être

dégourdi un peu les pattes. J'entendis le camion s'arrêter à

l'endroit prévu et fis signe à Maria d'y aller. Elle revint trois

minutes plus tard. Tout se passa bien, aucun bruit ne se fit

entendre, la dernière cage était ouverte quand Théo revint en

courant.

- Léa, viens vite, dit-il paniqué.

- Qu'est-ce qui se passe ? paniquant à mon tour.

- D'autres chiens sont enchaînés et mal en point.

- Maria, dis à Pierre et à Lucas de venir nous aider et reste

en haut avec les filles. Empêchez Leila de descendre.

Moi et Ugo suivîmes Théo jusqu'à une pièce et j'eus du mal

à voir clair tellement le blanc était écarlate. Une table était au

milieu avec un chien dessus, d'autres étaient allongés sur le

sol, d'autres enchaînés, ils étaient plus que fatigués et

affamés. Alors, Théo alla enlever toutes les chaînes avec

l'aide d'Ugo. Lucas et Pierre venaient d'arriver. Je m'occupai

de celui sur la table, il ne respirait plus. Je vis une seringue

vers son cou, je l'enlevai et la jetai au sol.

- On ne peut rien faire pour lui, me dit Théo en posant sa

main sur mon dos.

- Si, moi, je peux.

Je mis mes mains sur le chien et fis agir mon pouvoir de

guérison. Je vis une goutte de sang s'écraser sur ma main,

puis deux, mais je continuai. De petits cristaux blancs

tombèrent sur lui. Le chien bougea un peu, donc je fis passer

une onde de chaleur suivie d'eau, ce qui le fit se lever. Théo

me colla contre lui un instant, regardant le chien se coller

contre nous. J'entourai mes bras autour de Théo le temps de

reprendre un peu de force et mis ma tête dans son cou

pendant qu'il me caressait le dos. Une fois celui-ci mieux, je

portai le chien puis nous nous dirigeâmes vers la sortie, mais

trois hommes nous faisaient face avec des barres en fer.

- Que faites-vous ? demanda celui de droite.

- On vient les sauver, répondit Pierre.

- Dans ce cas, il faudra nous passer sur le corps, dit celui

du milieu.

- J'espérais que l'un de vous dise ça, dis-je avec un sourire

très mauvais.

Je donnai le chien à Ugo en les rassemblant dans un coin de

la pièce, leur disant de ne pas intervenir. Ensuite, je me mis à

côté de Théo, prête à me battre. Levant ma main, je leur fis

signe d'attaquer en premier, ce qu'ils firent. Un alla sur moi,

puis les deux autres sur Théo. Le mien était assez rapide,

mais insuffisant face à moi. Il voulut me mettre un coup de

barre que j'esquivai en me tordant un peu dans tous les sens,

puis je l'arrêtai d'une main. Je poussai le mec avec le pied

assez fort, il atterrit contre le mur, lâchant la barre. Je la pris

dans ma main et la serrai me dirigeant vers lui. La colère

m'envahit et j'eus envie de le démolir pour ce qu'ils avaient

fait aux chiens. J'entendis les gars hurler mon prénom en me

disant de ne pas lui faire de mal, mais je n'écoutais rien.

- Léa, laisse la police régler ça ! me cria Pierre.

- S'ils sont morts, il n'y aura aucun risque qu'ils

recommencent.

- Tu ne peux pas faire ça, me dit-il.

- Et qui va m'en empêcher ? enchaînai-je menaçante.

Là, Théo se mit devant moi, l'air puissant et déterminé,

mais je l'étais tout autant que lui. Il regarda la barre de fer

qui était dans ma main, ce qui me fit la serrer plus fort.

Doucement, il prit mon autre main dans les siennes, faisant

de petits cercles sur le dos de celle-ci pour me calmer, et je

dois dire que je sentais la tension me quitter peu à peu,

d'autant que ses yeux m'hypnotisaient à me regarder

attentivement. J'essayais vraiment de résister.

- Laisse-moi passer, lui dis-je les dents serrées.

- On ne tue pas d'humain, on doit rejoindre ta sœur, dit-il en

parlant doucement.

Il s'approcha plus de moi, faisant poser ma tête contre son

torse, et passa une main dans mes cheveux et l'autre me

caressa le bras qui tenait la barre. Son odeur envahit mon

esprit, me faisant quitter toute haine. Mes doigts desserrèrent

l'emprise sur la barre.

- Tes yeux sont rouges, tu es en colère, reprends-toi, me

chuchota-t-il.

Je lâchai la barre et m'approchai du gars, le prenant par le

col et le levant du sol.

- Tu as vraiment de la chance qu'il soit là.

Je lui cognai la tête contre le mur, l'assommant. Théo était

content, mais je lui lançai un regard noir, mais ça ne

l'empêcha pas de sourire. Nous prîmes les chiens et les

emmenâmes à la camionnette. Je restai avec eux à l'arrière

avec Leila pendant que Maria et Ugo nous conduisirent

jusqu'à la cabane. Pendant ce temps, le reste appela la police.

Moi, je soignais ceux qui en avaient besoin. Une fois à la

cabane, le couple nous ouvrit la porte et conduisit les chiens

à l'intérieur. Ils couraient à toutes jambes devant les gamelles

remplies d'eau et de nourriture. On se regardait tous en

souriant, les voyant reprendre des forces, puis Ugo raconta

que j'avais ressuscité le chien qui était le plus près de nous.

- C'est merveilleux ! s'exclama Maria.

- Je leur ai dit qu'ils allaient tous sortir, je n'aime pas les

mensonges.

- Qu'est-ce qu'on va faire ensuite ? demanda Ugo.

- Attendre que la police les arrête, puis on les ramènera

chez eux, répondit Leila.

- Qui a les colliers ?

Ugo ouvrit son sac à dos rempli de colliers avec des noms.

- Nous avons vos colliers, alors venez quand on vous

appelle. Après, allez vous reposer, il y a assez de place pour

vous tous, leur dis-je comme ils nous regardaient.

Leila fut la première à prendre un collier et se baissa pour

être à la hauteur des chiens.

- Le premier est Toby.

Un petit chien beige s'approcha et elle lui mit son collier. Il

lui lécha la joue, pour la remercier, ce qui nous fit rire.

- Hector, viens, fit Maria en souriant quand ce fut son tour.

- Ange, enchaîna Ugo.

Chacun des chiens leur dit merci. Je les regardais recevoir

leur collier, puis mon regard s'attarda sur le chien que j'avais

sauvé. Il attendait, mais ses yeux étaient vides de tristesse. Je

comptai au final tous les chiens présents grâce au nombre de

colliers, trente-huit chiens pour trente-sept colliers, il restait

le même chien.

- Il n'a pas de famille, dis-je doucement.

- Avec ma famille, on voulait adopter un chien, dit Maria

avec un sourire.

- C'est une très bonne idée, fit Leila tout excitée.

Leila la regarda, des étoiles dans les yeux. J'allai dehors et

respirai. Par la fenêtre, je vis le chien sauter sur Maria qui

riait aux éclats en le prenant dans ses bras. Je m'assis sur une

pierre un peu plus loin en repensant à ce que j'avais vu dans

la cave, puis à la réanimation du chien de Maria ainsi qu'à

l'homme que j'avais failli tuer. Des larmes commencèrent à

couler sur ma joue. Je sentis l'odeur de Théo et me levai en

essuyant mes joues discrètement. Il s'approcha de moi, me

regardant sous la nuit étoilée faisant briller ses yeux. Il me

demanda de sa douce voix :

- Ça va ?

- Oui, ça va. Alors, comment ça s'est passé avec la police ?

- Bien, ils sont à l'hôpital, tu as cassé quelques cotes au

gars, et après ils seront jugés et la police nous laisse le soin de

les rendre à leurs propriétaires.

- Heureusement que tu étais là, car j'étais prête à le tuer.

- Tu étais en colère, tes yeux étaient rouges, je comprends.

On se tut cinq minutes à se regarder, puis il brisa le silence.

- Ta mère nous a dit que vous étiez en cavale, pourquoi ?

- C'est compliqué.

- Je n'ai rien prévu dans l'immédiat.

- Bien, dis-je en reprenant ma place devant le lac. Tu

devrais t'asseoir. Il s'assit. Mes parents se sont rencontrés au

lycée et, pour mon père, ça a été le coup de foudre

instantanément, celui des âmes sœurs. Enfin, tu dois savoir,

comme toi et Alice, c'est pour toujours.

- Il a dit ce qu'il a ressenti ? évitant mon regard.

Je souris en repensant aux mots de mon père quand il

m'avait décrit son lien avec ma mère.

- Il m'a dit que maman était à part à tous les niveaux, de

la beauté à l'intelligence, il a reçu des coups électriques dans

la poitrine et se sentait déstabilisé en sa présence. Donc, ils

ont appris à se connaître, et puis mon père lui a avoué sa

vraie nature. Elle était un peu choquée au début, mais a

accepté. Mon père avait peur de ce que mes grands-parents diraient,

donc, ils sont partis ensemble. Quand ma mère était enceinte

de moi, ils ont été l'annoncer à mes grands-parents, mais

comme ma mère est humaine, ils n'ont pas apprécié. Ils ont

essayé de la tuer, mais la bulle de protection a agi pour nous

protéger. Ce qui a tout déclenché.

- Tu veux dire que tu avais des pouvoirs avant ta

naissance ?

- Oui. Donc, après ça, mes parents sont partis, mais quand

j'avais un an, j'ai été enlevée par mes grands-parents. Ils

voulaient m'ouvrir et comprendre l'étendue de mes pouvoirs,

mais, une fois de plus, la bulle m'a protégée. Je suis rentrée

chez moi grâce à mon père qui m'a fait porter avec le vent.

Donc, depuis, on faisait de ville en ville, et quand on était

repérés par un garde, on changeait de ville. Puis Leila est née,

et moi, j'avais trois ans. J'ignore comment mes grands-parents l'on

su, mais ils ont voulu l'emmener pour l'élever et

se servir de son pouvoir de guérison pour rester jeunes et ne

pas mourir, donc nous sommes partis ailleurs. C'est à ce

moment que mon père a commencé à m'entraîner. J'ai appris

à contrôler mes pouvoirs et à m'en servir, puis il m'a appris à

me battre. Quand Leila avait quatorze ans, donc l'année

dernière, elle a été enlevée à la sortie de l'école. On a tout de

suite su qui étaient les kidnappeurs, et, avec mon père, on est

allés la chercher, mais ils nous attendaient, donc on a été

capturés. Grâce à mon père, on s'en est sorties, mais pas lui.

Et tu connais la suite. J'apprends à Leila ce que mon père m'a

enseigné et on vit au jour le jour.

À la fin de mon histoire, Théo avait mes mains dans les

siennes et faisait des ronds sur mes paumes avec ses pouces.

Ce contact me fit du bien, et j'avais beau me dire que ce

n'était pas bien, je ne pus enlever mes mains, je le regardai en

souriant.

- Waouh, quelle histoire !

- Je t'avais dit que c'était compliqué.

- Pourquoi vous n'avez pas été à la police ?

- Hors de question ! De plus, des panthères-garous sont

haut placées au niveau de la justice. Si nos noms arrivaient

dans les registres de polices, médias ou hôpitaux, on serait

démasqués et ils nous retrouveraient trop vite.

- Je comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas parler à

la police.

Il me regarda avec son regard envoûtant et je détournai les

yeux avant de me pencher pour l'embrasser. Il passa sa main

sous mon menton pour que nous nous regardions, je lui

souris doucement, sentant un désir envahir mon bas-ventre.

- Tu sais, il va falloir que tu arrêtes de faire ça, dis-je en

regardant sa main.

- De quoi tu parles ? faisant mine de rien comprendre.

- Pourquoi tu fais ça ? Je ne comprends pas.

- Je ne comprends pas non plus, je suis attiré par toi

comme un aimant et toi aussi, avoue-le.

- Bonne chance si tu penses que je le dirai.

Je rompis le charme en enlevant mes mains et en reculant.

Le voile de chaleur et de désir se dissipa, nous faisant

retrouver nos esprits.

- On les rejoint ? me demanda-t-il.

- Oui, dis-je en me levant et en me tournant vers lui. Merci

de m'avoir écoutée.

- Tu sais, Léa, malgré nos différends, tu es une des

personnes les plus géniales que je connaisse.

Je le regardai en souriant et avançai. On rejoignit les autres

qui riaient. Quand on entra, les chiens jouaient avec Leila qui

s'était transformée, les autres rigolaient. Leila était au sol

avec tous les chiens sur elle. Je me transformai aussi en allant

l'aider. Je dois avouer qu'ils étaient beaucoup et qu'on n'était

que deux. Je m'écartai discrètement et allai vers les filles et

m'assis à côté d'elles, collant ma tête sur la jambe de Maria

qui me caressa, puis s'accroupit. Les autres filles me

caressèrent aussi. Je croisai le regard de Théo et on se fixa un

moment jusqu'à ce qu'un chien vienne essayer d'attraper la

queue. Je me tournai vers le chien et vis que c'était celui que

j'avais sauvé. Je me mis en humain et lui souris.

- Tu as une nouvelle famille.

- On l'a appelé Hope, car c'est un miracle, fit Maria en

caressant Hope.

- Enchantée, Hope.

- On va devoir y aller, intervint Leila en bâillant.

- Oui, je viendrai les voir demain matin pour les faire

sortir un peu, j'ai mis une bulle de protection autour de la

maison au cas où.

On partit, les laissant dormir. Lucas nous ramena et rentra

chez lui. Avec Leila, on alla réchauffer ce que maman nous

avait laissé dans le four, car, avec tout ça, nous avions très

faim. Une fois rassasiées, on se dit bonne nuit puis on partit

se coucher.

            
            

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