- T'as l'air en forme, dis-moi, dit Leila en se moquant.
- Te moque pas de moi, je me suis couchée tard, après une
bonne douche, ça ira mieux.
- T'as prévu quoi pour aujourd'hui ? Demanda maman.
- Je vais installer la salle d'entraînement en bas, et vous ?
- J'ai prévu d'aller voir les voisins d'en face.
- OK, cool, fis-je prenant une nouvelle bouchée de mes
céréales.
- Léa, atterris enfin, elle a dit en face, ça ne te rappelle pas
quelqu'un ? fit remarquer Leila.
- Pour ma défense, je viens d'immerger de mon lit.
- Théo habite en face.
Merde, je levai vite les yeux, parfaitement réveillée, en
pensant aux dangers qu'il pourrait y avoir. Leila faisait bien
de me le rappeler, il ne fallait pas que maman aille là-bas. Sa
famille était panthère aussi et elle serait en danger.
- C'est une très mauvaise idée, lui dis-je.
- Ce n'est pas lui que je vais voir, mais ses parents.
Ça ne me rassura pas pour autant son histoire. Ah si, j'ai
une idée.
- Bien, comme tu veux, mais Leila y va aussi.
- Bonne idée, approuva ma sœur.
- Je m'incline, souffla maman.
Elles allèrent se préparer, je finis de manger et allai
également me doucher. Vingt minutes plus tard, je sortis de
la douche réveillée et en forme, je pris des vêtements
confortables pour installer la salle d'entraînement, un short
noir et un bandeau de sport blanc iraient très bien. Je
m'attachai mes cheveux et descendis à la cave pour mettre en
ordre cette salle, maman et Leila venaient juste de partir. Je
descendis tout le matériel nécessaire qui était dans le garage
et commençai le rangement. Par chance, la pièce était assez
grande pour que je puisse mettre tout ce que je voulais.
Ayant pris mon enceinte, je mis la musique pour être en
rythme en installant tout ça.
Ma tâche se finit en plaçant la seconde poutre en bois. Je
donnai un petit coup au sac de box rempli de sable, puis
la musique suivante résonna dans la pièce.
Elle était entraînante, me donnant envie de m'entraîner
un peu. Je ne tardai pas à prendre ma décision et frappai une
nouvelle fois dans le sac, puis je fis quelques mouvements de
souplesse. Je regardai l'heure quand j'allai prendre une
gorgée d'eau et vis qu'il était treize heures. J'éteignis
l'enceinte et remontai dans le séjour. Ça faisait plus de deux
heures qu'elles étaient chez Théo. Que faire, y aller ? Ouais,
mais s'il ne se passait rien ? Tant pis, je dirais que le repas
était prêt. Je me dirigeai vers la porte, mais je me rendis
compte que j'étais en petite tenue, donc j'allai dans ma
chambre enfiler quelque chose de moins petit. Un débardeur
gris avec un short en jean bleu foncé avec mes tennis noires.
Je passai la porte en direction de chez les voisins d'en face et
sonnai.
Quel ne fut pas mon agacement quand je vis Théo
sur le seuil ! Il arbora un sourire, se cala contre la porte et me
regarda de ses putains de beaux yeux marron qui me firent
détourner le regard pour être sûre de garder mes mains en
sécurité.
- Léa ! Que me vaut l'honneur de ta visite ?
- Je viens chercher ma famille.
- Et tu crois que nous les avons mangés ? Il rit puis
s'écarta de la porte. Viens, entre.
- Je reste ici.
Une dame arriva, elle avait un sourire chaleureux.
- Pourquoi vous restez à l'entrée ? dit-elle.
- Elle ne veut pas entrer.
- Bonjour, Léa, je suis Marta, la maman de Théo. Elles sont
dans le salon, viens avec moi.
Je la suivis, un peu surprise vu l'amabilité de son fils. Elle
était très gentille et rassurante ce qui ne fit pas le moindre
doute sur sa personnalité. Je lançai un regard noir à Théo en
le dépassant. C'est dingue d'être attiré et vouloir tuer la
même personne. Je passai dans un couloir et tournai à droite
puis entrai dans le salon. Il y avait bien maman et Leila
assises sur un canapé, un homme était sur un fauteuil, le père
de Théo je présumai vu la ressemblance, ainsi qu'une fille de
mon âge. Mais le truc que je ne compris pas, c'était son odeur.
Humaine, ça, c'était bizarre. Et puis, je ne l'avais pas vu
l'autre jour.
- Léa, tu es venue ? fit maman.
- Oui, vous chercher.
- On va bien, je t'aurais appelée sinon, m'assura Leila.
L'homme se leva de son fauteuil et me tendit sa main avec
un sourire timide. Pendant qu'on se serrait la main, je la
trouvai chaude, ce qui ne m'alarma pas étant donné que
c'était une panthère. Je le regardai dans les yeux et vis une
fraction de seconde mon père qui souriait.
- Vous êtes un ami de mon père ? lui demandai-je.
- Oui, comment tu le sais ? répondit l'homme surpris.
- Une intuition, je suis Léa.
- Mark, je suis ravi de faire ta connaissance.
- Mark et Marta étaient de très bons amis à votre père,
j'avais complètement oublié qu'ils vivaient ici, dit maman
embarrassée.
Je lui fis un signe de tête comme quoi on n'en parlerait plus
tard. Je me tournai vers la fille près de Théo.
- Bonjour, je m'appelle Léa, souriant à la fille humaine.
- Je suis Alice, la petite amie de Théo, enchantée.
- Ah oui... d'accord, enchantée.
What ?
Il sort avec une humaine, non mais quel con ! Il ne sait pas
tout ce qu'on a traversé avec ma famille à cause de ça, une
relation humaine/panthère, ça n'apporte que des ennuis.
Fallait que je parle à ses parents. Je lançai un regard à Leila et
à maman qui hochèrent leurs têtes. Elles savaient à quoi je
pensais.
- Tu es en Terminale aussi ? me demanda-t-elle.
- Oui... euh, Mark, Marta, je peux vous parler en privé ?
- Allons dans le jardin, dit Mark.
Je fixai Théo en suivant ses parents dehors, je sortis mon
téléphone et le mis en mode grésillons pour être sûr que
Théo n'écoute pas. C'est une application pour les chiens et,
sans nous traiter de chiens, il marche sur nous aussi. Ça
brouille notre ouïe super développée. Il doit vraiment l'aimer
pour briser cette loi, ce qui dans un sens me rend triste.
- On t'écoute, dit Marta.
- Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas,
mais sortir avec une humaine, il est timbré.
- On sait, mais il fait attention, fit Mark en passant sa main
sur sa nuque.
- Vous savez pourquoi mon père est mort, je ne veux pas
que la même chose arrive à Théo, je ne veux pas dire qu'ils
doivent rompre, mais juste qu'ils soient très prudents, car si
mes grands-parents l'apprennent, ça ira très mal, déjà que ses
amis sont au courant de ce que nous sommes, il a transgressé
plusieurs règles.
- On le sait, mais il leur fait confiance, tu as une idée ?
demanda Marta.
- Ce ne sont pas mes histoires, j'informe juste, mais que
Théo réfléchisse bien aux conséquences.
- Merci, Léa, on fera attention, fit Mark en hochant la tête.
- D'accord, dans ce cas, je vais y aller.
- Tu ne veux pas rester ?
- Non merci, dis-je en me dirigeant vers la porte. Ah,
Mark, j'ai su que vous étiez l'ami de mon père, car il y avait
son reflet dans vos yeux et il souriait.
Je retournai au salon et les vis en train de rigoler. Je leur
signalai que je rentrais et les laissai discuter encore pendant
un moment. Je rentrai et soufflai un bon coup. Sortir avec
une humaine, non mais, c'est la totale ça ! Je m'adossai à la
porte et regardai le plafond espérant que mon père entende
mes paroles.
- Qu'est-ce que je dois faire ? C'est quoi son délire de
sortir avec des humains et de leur révéler nos secrets ? Le fils
de te amis est timbré ! On a assez de problèmes pour ne pas
avoir à gérer ceux des autres. Et, en plus, j'ai faim.
J'allai à la cuisine me faire une omelette avec de la salade.
Tout était en train de cuire à la poêle quand je vis une photo
sur l'étagère, elle représentait moi, papa, maman et Leila
petite, elle était trop chou. Puis mon regard se posa sur mon
père, il me manquait tellement que je ressentais ce manque à
chaque instant. Je revins sur terre avec une alarme qui me
criait dans les oreilles, une odeur de brûlé en plus, mon
omelette prenait feu et celui-ci se propageait sur le torchon à
côté puis sur les rideaux. Je devais utiliser la magie, sinon on
n'aurait plus de maison. Je levai les mains et prononçai
« feu » mes paumes vers le ciel et me concentrai pour faire
venir le feu sur mes mains. Leila et Théo arrivèrent à ce
moment-là.
- Léa, tu vas bien ?
Leila essaya de s'approcher, mais je l'arrêtai du regard.
- Oui, mais n'approchez pas, je vais essayer de gérer ça.
- Tu ne gères pas le feu, tu en as peur, c'est trop
dangereux.
- Je vais y arriver.
Je me concentrai à nouveau sur le feu et fermai mes mains
et les rouvris 10 secondes plus tard. Les flammes qui étaient
sur les rideaux jaillissaient de mes paumes. La chaleur monta
en moi et je ne savais pas comment faire disparaître le feu, je
gardais mon calme et priai pour qu'on m'aide. Théo se mit
devant moi en regardant mes mains.
- Éteins-le, dit-il.
- Je ne sais pas comment faire.
- Tu aurais dû prendre de l'eau alors.
- Ça brûle, je dois faire quoi ?
- Laisse-moi faire, grogna-t-il en se rapprochant de moi.
Théo posa ses mains au-dessus des miennes et aspira le feu
de mes mains qui venait vers lui en deux secondes. Une fois
fait, il referma ses mains et les rouvrit vides. Le feu me
brûlait tellement les mains que c'en était devenu
insupportable. Je me sentis tomber en avant, puis le trou noir.
*
Je me réveillai dans mon lit, je sentis mes mains
comprimées et y vis des bandages. Théo était à ma fenêtre au
téléphone, je reconnus la voix d'Alice. Il coupa la
communication, voyant que je m'étais réveillée. Il s'approcha
de moi, s'assit sur mon lit au niveau de mes hanches.
- Tu vas bien ?
- Oui, et c'est grâce à toi, merci.
- C'est la première phrase sympa que tu m'as dite depuis
que nous savons notre nature.
- Oh, c'est bon, dis-je en levant mes mains. Tu
m'expliques ?
- Tu étais brûlée au troisième degré, donc on t'a mis de la
pommade et des bandes, mais je croyais que tu maîtrisais le
feu ?
- C'est le seul que je ne maîtrise pas.
- Pourquoi tu as menti ?
- Je n'allais certainement pas te dire que j'avais peur du
feu, alors que tu n'avais aucun souci avec. Mais trop tard, le
mal est fait. Tu peux enlever ça, s'il te plaît ? demandai-je en
montrant mes mains bandées.
- Ça ne doit pas être totalement guéri.
Il enleva les bandes une à une et, comme je le pensais, je
n'avais plus rien. Je le savais déjà, mais lui était totalement
surpris de voir mes mains aussi intactes. Ce qui me fit un
peu rire.
- Comment tu as fait ? demanda-t-il.
- Je suis tombée dans les vapes si tu te rappelles bien.
- Pourquoi tu ne me fais pas confiance ?
- C'est très simple, tu cherches la mort.
- Je ne comprends pas.
- Tu ne comprends pas, des humains sont au courant pour
ton côté surnaturel et le nôtre maintenant, en plus tu sors
avec une humaine, excuse-moi, mais j'appelle ça chercher la
mort.
- Je ne la cherche pas.
- C'est que tu n'en es pas conscient, te parents ne t'ont rien
dit sur ça ?
- Si, de ne pas la présenter à d'autres surnaturels, car elle
serait blessée.
- Pas que ça, soupirai-je. Tu peux partir, je ne te retiens
pas.
Il ne me répondit pas, mais s'avança vers moi. Je ne
bougeai pas ne sachant pas très bien ce qu'il allait faire, mais
quand je vis qu'il regardait mes lèvres, je posai sa main sur sa
poitrine juste avant que nos lèvres se touchent, mais il n'en
tint pas compte et posa sa bouche sur la mienne. Je ne
bougeai pas, trop surprise de le sentir si près de moi. Ses
lèvres bougèrent contre les miennes et je répondis à son
baiser en sentant des milliers de feux d'artifice dans mon
ventre.
Je me sentais pour la première fois de ma vie comblée,
mon cœur que je croyais meurtri était de nouveau rempli,
mais la tête d'Alice me vint à l'esprit et je réussis à
murmurer : « Tu ne peux pas faire ça » en le regardant dans
les yeux. Il s'arrêta, me regarda, puis partit en vitesse en
claquant la porte. Je n'y croyais pas, il m'avait embrassée.
Théo. Pourquoi ? Ce n'est pas que je n'avais pas aimé
l'embrasser, bien au contraire, mais j'avais tout de suite pensé
à Alice.
Avant que je puisse mettre ma tête sous la couette,
maman arriva avec un plateau et ça sentait très bon. Elle le
posa devant moi après que je me sois redressée. Elle prit
place sur ma chaise de bureau pendant que j'attaquais mes
carbonara.
- Ça va mieux ? demanda-t-elle.
- Oui, j'ai juste un peu trop forcé avec le feu.
- Comment cela est arrivé ?
- Je faisais à manger et ça chauffait. J'étais tellement
absorbée par la photo de nous sur le meuble que ça a pris feu.
Je haussai les épaules.
- Montre-moi tes mains, dit-elle en les regardant.
- Maman, c'est inutile, tu sais bien que moi et Leila avons
ce pouvoir.
- Oui, et je remercie votre père de vous l'avoir transmis.
- Moi aussi, il nous sert beaucoup.
- Bon, je vais te laisser, demain il y a cours.
Elle se leva de la chaise, vint embrasser le front et alla vers
la porte.
- C'est vrai, bonne nuit, maman.
- Bonne nuit, Léa.
Je finis mon plateau et le posai sur mon bureau pour
ensuite me mettre en pyjama. Mon lit me réclamait et je ne
tardai pas une seconde de plus à m'endormir. Je rêvai de
deux beaux yeux marron m'embrassant à nouveau, mais, à ce
moment-là, je ne l'arrêtai pas, au contraire. Bon, comme
c'était un rêve, je pouvais me laisser aller, mais faudrait
vraiment que je me contrôle quand mes yeux seraient
ouverts.