Chapitre 2 La soirée fatidique

La nuit était tombée, enveloppant la forêt d'une obscurité mystérieuse et angoissante. Les membres de la meute Jones se réunissaient à l'entrée de notre territoire, prêts à traverser les bois pour se rendre à la soirée organisée par la meute Blackwood. L'atmosphère était électrique, chaque murmure et chaque regard trahissant une tension palpable.

« Tu es sûre de vouloir y aller ? » demanda Mia, ajustant nerveusement sa robe rouge, une couleur audacieuse qui contrastait avec sa peau pâle.

« Oui, je suis sûre, » répondis-je en serrant légèrement son bras. « Nous devons montrer que nous ne sommes pas intimidés par eux. »

Nous marchâmes ensemble, nos pas s'accordant à ceux de notre meute. La demeure des Blackwood apparut bientôt à travers les arbres, ses lumières brillant comme des balises dans la nuit. La maison elle-même était une imposante structure de pierre et de bois, magnifiquement éclairée, dégageant une aura de puissance et de richesse.

À notre arrivée, nous fûmes accueillis par un flot de conversations animées et de musique. Les Blackwood savaient comment organiser une fête. Des tables chargées de nourriture et de boissons bordaient les murs, et les membres des deux meutes se mêlaient, bien que la tension soit toujours présente. Des regards défiants, des sourires forcés, des rires discrets, tout était une façade pour masquer les véritables sentiments de chacun.

Je restais près de Mia, gardant un œil vigilant sur elle. Les Blackwood n'étaient pas connus pour leur hospitalité envers nous, et je ne voulais pas que quoi que ce soit arrive à mon amie. Nous nous dirigeâmes vers le bar pour prendre un verre, tentant de nous détendre malgré l'atmosphère tendue.

« Salut, les filles, » une voix mielleuse résonna derrière nous. Je me retournai pour voir un groupe de jeunes Blackwood, mené par un certain Tyler, connu pour ses manières agressives et provocantes.

« Qu'est-ce que tu veux, Tyler ? » demandai-je, tentant de garder mon calme.

« Juste discuter, » répondit-il avec un sourire narquois. « Vous avez l'air si... perdues. »

Mia se tendit à mes côtés, et je sentis sa main trembler légèrement. Je pris une profonde inspiration, déterminée à ne pas laisser Tyler nous intimider.

« On est très bien, merci, » dis-je en le fixant droit dans les yeux.

Tyler s'approcha, réduisant la distance entre nous. « Oh vraiment ? Parce que tu vois, Mia ici semble un peu... mal à l'aise. »

« Laisse-la tranquille, Tyler, » rétorquai-je, mon ton devenant plus dur. « Nous sommes là en tant qu'invités. »

Un rire sec s'échappa de ses lèvres. « Invités, hein ? » Il jeta un regard moqueur à ses amis, qui ricanaient derrière lui. « Peut-être que vous devriez apprendre à être un peu plus... respectueuses. »

La situation devenait de plus en plus tendue, et je savais que je devais intervenir avant que les choses ne dégénèrent. Je me plaçai fermement entre Mia et Tyler, mon regard brûlant de défi.

« Ça suffit, » dis-je fermement. « Nous ne sommes pas là pour causer des problèmes. »

Tyler sourit, mais ses yeux restaient froids. « Peut-être que c'est vous le problème. »

Avant que je ne puisse répliquer, une voix autoritaire résonna derrière nous.

« Tyler, je t'ai dit de les laisser tranquilles. »

Je me retournai pour voir Caleb s'avancer, son expression grave et ses yeux perçants fixés sur Tyler. Le contraste entre son allure calme et l'atmosphère tendue était frappant. Sa présence imposante semblait suffire à faire reculer Tyler, dont le sourire narquois s'effaça aussitôt.

« C'est bon, on s'amusait juste un peu, » marmonna Tyler avant de s'éloigner, suivi de ses amis.

Caleb resta là un moment, ses yeux scrutant les miens avec une intensité troublante. « Tout va bien ? » demanda-t-il, sa voix adoucie mais toujours teintée d'autorité.

« Oui, merci, » répondis-je, sentant un mélange de soulagement et de curiosité. « Merci d'être intervenu. »

« Ce n'était rien, » dit-il en haussant les épaules. « Il faut toujours que certains fassent des vagues. »

Mia, qui était restée silencieuse jusque-là, prit une grande inspiration. « Merci, Caleb. »

Il lui sourit, un sourire sincère qui adoucit ses traits. « De rien. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-le moi savoir. »

Nous acquiesçâmes et Caleb s'éloigna, se fondant à nouveau dans la foule. Je ne pouvais m'empêcher de sentir une étrange attirance pour lui, une sensation qui me troublait profondément.

« On devrait peut-être trouver un endroit plus tranquille, » suggéra Mia, brisant le silence.

« Bonne idée, » répondis-je en hochant la tête. Nous nous dirigeâmes vers une alcôve plus calme, loin du centre de la fête. Loin des regards curieux et des tensions palpables, nous pouvions enfin respirer.

La soirée continua, mais mon esprit restait distrait par l'intervention de Caleb. Ses yeux, son aura, tout en lui m'intriguait. Mais plus que cela, il y avait un sentiment d'injustice face à la manière dont les Blackwood traitaient les membres de notre meute.

Un peu plus tard, alors que Mia et moi discutions tranquillement, une autre perturbation survint. Un des jeunes Blackwood, visiblement ivre, s'approcha de nous de manière agressive.

« Hé, les filles ! Pourquoi vous cachez-vous ici ? » Son haleine empestait l'alcool, et il titubait légèrement.

« On ne se cache pas, » répondis-je calmement. « On cherche juste un peu de tranquillité. »

Il ricana. « Vous pensez pouvoir vous cacher de nous ? » Ses paroles étaient floues, mais son ton était menaçant.

Avant que je ne puisse réagir, il attrapa le bras de Mia, la tirant brutalement vers lui. « Viens, on va danser. »

« Lâche-la ! » criai-je, mon instinct protecteur prenant le dessus.

Il ne m'écouta pas, ses doigts se resserrant sur le bras de Mia. La panique monta en moi. Je savais que je devais agir rapidement. Je pris une profonde inspiration et m'avançai pour intervenir, mais une main ferme se posa sur l'épaule du jeune homme.

« J'ai dit, lâche-la. »

C'était Caleb, encore une fois. Son expression était sombre, et il ne laissait aucune place à la discussion. L'ivrogne lâcha Mia, se détournant en marmonnant quelque chose d'incompréhensible avant de s'éloigner.

« Merci, Caleb, » dis-je, mon cœur battant encore à tout rompre. « Vraiment. »

Il hocha la tête, ses yeux rencontrant les miens avec une intensité troublante. « Vous devriez être prudentes ici. Tout le monde n'est pas aussi... raisonnable. »

Je le remerciai encore une fois, puis il s'éloigna, me laissant avec un mélange d'émotions confuses. Il y avait quelque chose chez Caleb qui défiait toutes mes attentes, quelque chose qui éveillait en moi des sentiments que je n'avais jamais explorés.

La soirée continua, et bien que l'ombre de ces incidents planât encore, Mia et moi essayâmes de profiter de la fête. Nous dansâmes, discutâmes avec des membres plus amicaux des deux meutes, et savourâmes la nourriture et les boissons. Mais chaque fois que je croisais le regard de Caleb, une nouvelle vague de désir et de curiosité me submergeait.

Finalement, la fatigue commença à se faire sentir, et nous décidâmes qu'il était temps de rentrer. En sortant de la maison des Blackwood, je me retournai pour jeter un dernier coup d'œil. Caleb était là, debout sur le perron, ses yeux suivant nos mouvements.

« Bonne nuit, Elodie, » dit-il, sa voix se frayant un chemin à travers le brouhaha de la fête.

« Bonne nuit, Caleb, » répondis-je, sentant un étrange mélange de gratitude et d'anticipation. Quoi qu'il se passe entre nous, cela allait changer ma vie de manière inattendue et profonde.

De retour chez moi, je me laissai tomber sur mon lit, épuisée mais incapable de chasser les événements de la soirée de mon esprit. Les images tourbillonnaient dans ma tête : Tyler, l'ivrogne, et surtout Caleb. Sa présence, son intervention, tout cela avait laissé une marque indélébile.

Je fermai les yeux, espérant que le sommeil me trouverait rapidement. Mais même dans mes rêves, Caleb continuait de hanter mes pensées. Son regard intense, ses gestes protecteurs, et la promesse silencieuse d'un futur incertain flottaient dans mon esprit.

Ainsi s'achevait cette soirée fatidique, une nuit où les lignes entre les meutes avaient été tracées et où des destins s'étaient entrelacés de manière inextricable. Le sentiment d'un changement imminent était palpable, et je savais que ce n'était que le début d'une histoire bien plus grande que je n'aurais pu l'imaginer.