Chapitre 7 Profiter de la vie

Madeline était recroquevillée dans la chambre d'amis, en état de choc. Ses larmes dégoulinaient librement sur ses joues.

Elle n'osait pas imaginer le genre de misère que l'avenir lui réservait. Si Blake apprenait son aventure d'un soir avec son cousin, il la tuerait sûrement. De plus, elle pourrait aussi impliquer la famille Luo et Rory.

Elle était terrifiée. Que devait-elle faire?

Devait-elle supplier Bryan de tenir sa langue?

Ou bien ne se souvenait-il plus du tout d'elle?

Elle priait pour que cette nuit soit dégagée de sa mémoire. C'était une nuit absurde et stupide!

Sa main la faisait souffrir. Elle s'était déchiré les ongles pendant la lutte et ses doigts étaient couverts de sang. L'odeur de sang la rendait folle.

Un coup à la porte l'a fait sursauter. Elle a retenu sa respiration. Et si Blake s'était réveillé et la cherchait?

Elle n'entendait plus rien. S'est-elle trompée?

Elle s'est efforcée de quitter le lit et a ouvert prudemment la porte. Il n'y avait personne dehors. C'était bien une hallucination.

Un rayon argenté a attiré son attention.

Il y avait quelque chose sur le sol.

Il s'agissait une assiette avec plusieurs morceaux de pain et un verre de lait.

Ce n'est qu'en voyant la nourriture qu'elle a pris conscience de la vive sensation de faim en elle depuis un certain temps.

Le lendemain matin, Blake a été réveillé par un violent mal de tête. Il s'est frotté les tempes et s'est redressée avec peine.

Que s'était-il passé la veille? Pourquoi ne s'en souvenait-il pas?

En sueur et frissonnant, il s'est aspergé le visage d'eau froide, ce qui l'a fait dégriser. Les souvenirs ont commencé à affluer.

Avait-il couché avec cette femme?

Il se sentait vaguement dégoûté de lui-même. Comment avait-il pu coucher avec une créature aussi répugnante?

Un drap de soie blanc posé sur le sol avait attiré son attention.

Anne avait dû préparer cela pour lui. Mais c'étaient quoi ces taches rouge foncé?

Serait-ce du sang? Était-elle vierge?

Madeline s'est levée tôt le matin pour aider Anne à préparer le petit déjeuner.

« Madame, vous n'avez pas à faire cela. Laissez-moi m'en occuper, s'il vous plaît. Vous pourriez vous reposer dehors », Anne a-t-elle encore essayé de la persuader.

« Anne, c'est bon. J'ai l'habitude. C'est juste un peu d'exercice physique pour moi», a déclaré Madeline en souriant, mais avec sincérité.

« Vous êtes l'hôtesse. Si vous avez besoin de faire du sport, vous pouvez aller dans la salle de fitness. Si M. Blake apprend ce que vous faites, il me le reprochera. »

Madeline s'est dite avec amertume : « Il ne demande qu'à me mettre dans un état misérable! »

Mais elle s'est armée de courage et a répondu gentiment : « Non, pas du tout. »

« Madame, s'il vous plaît. Je vous en prie. S'il se fâche, nous ne pourrons pas le supporter. D'ailleurs, le petit déjeuner sera bientôt prêt. Vous feriez mieux d'aller dans la salle à manger et d'y attendre. »

Anne avait l'air désespérée.

Le petit-déjeuner étant effectivement presque prêt, Madeline s'est exécuté et a quitté la cuisine. Elle ne voulait pas causer de problèmes inutiles à Anne.

Le petit-déjeuner était copieux : un beau mélange de cuisines chinoise, occidentale et coréenne.

Une fois en bas, Bryan l'a vu et a cru rêver. Il n'avait pas imaginé qu'elle se lèverait pour préparer le petit-déjeuner. De plus, il n'avait pas vu ce qu'elle avait subi la nuit précédente.

« Bonjour, Bryan! », Madeline l'a-t-elle salué avec un sourire chaleureux.

« Bonjour », a dit Bryan dans un murmure.

« Merci pour la nuit dernière! », a dit Madeline après une certaine hésitation.

Feignant d'être absorbé par son journal, Bryan n'a même pas levé la tête. Il a juste acquiescé de façon sèche par courtoisie.

« Qui t'a permis de t'asseoir ici? » À peine a-t-elle essayé de s'asseoir sur la chaise qu'un cri féroce est venu troubler la quiétude de la pièce.

Blake était descendu et regardait Madeline d'un air menaçant.

Celle-ci s'est levée d'un coup, comme électrocutée et a dit : « Tu es réveillé! »

« Si je ne m'étais pas levé, tu aurais mangé toute seule et laissé ton mari mourir de faim? », a grogné Blake, en s'asseyant en face de Bryan.

« Je... », Madeline ne savait pas quoi répondre. Elle n'avait pas eu l'intention de le réveiller.

Blake a fait le tour de la pièce et s'est adressé directement à ses serviteurs : « À partir de maintenant, il n'y a plus de Mme Li dans cette maison. Il n'y a plus qu'une seule servante ici. Si je surprends quelqu'un à la traiter à nouveau comme une hôtesse ici, je le foutrai aussitôt à la porte de la mansion des Li. »

« Oui, monsieur! » La réponse des domestiques avait été immédiate et en chœur. Ils n'oseraient pas lui manquer de respect.

Le regard rempli de dédain envers Madeline, il a dit paresseusement : « Ta place n'est pas ici. »

Madeline a hoché la tête, « Ok, je vois. »

C'était mieux. Elle n'avait aucunement envie d'être la Madame de la famille Li.

Le premier jour de leur mariage, elle a été rétrogradée de Mme Li à la plus basse servante de la famille Li.

Elle se tenait à l'écart dans une pose révérencieuse, et Anne et elle regardaient les deux hommes prendre leur petit déjeuner.

Bryan est resté silencieux tout du long. Son visage était impénétrable. Pas même le moindre froncement de sourcils ne pouvait trahir ses pensées.

Une fois leur petit déjeuner fini, ils ont laissé les domestiques nettoyer la table.

Comme prévu, Bryan s'est aussitôt mis au travail. Blake, toujours aussi paresseux, était allé se divertir, probablement là où le vin coulait à flots et où les femmes sont nombreuses.

Les deux premiers jours, les domestiques avaient été polis avec Madeline, n'osant pas lui donner des ordres.

Cependant, l'attitude épouvantable de Blake à son égard les a poussés à la maltraiter un peu plus chaque jour.

« Hé! On n'a plus d'assaisonnements. Toi, tu va au supermarché et achètes-en », Liam a aboyé à Madeline.

« Ok, donne-moi la liste », a répondu docilement Madeline.

« Liam, qu'est-ce qui te prend? C'est ton travail. Comment oses-tu demander aux autres de le faire à ta place? »

Anne était la seule à être encore gentille avec elle.

Liam a levé les sourcils et ricané : « Pourquoi ne la laisserais-je pas le faire? M. Blake a déjà dit qu'elle n'était qu'une servante. Si c'est le cas, elle devrait travailler. Je fais cela pour elle. Si M. Blake revient et ne la voit rien faire, il la punira à nouveau. »

« Liam, tu es de plus en plus déraisonnable », a rétorque Anne, les joues rougies par la colère.

« C'est bon, Anne. Elle a raison. » Madeline a pressé doucement la main d'Anne et lui a fait un signe rassurant de la tête.

« Comment peux-tu dire ça en souriant? » Le sourire triste et abattu de Madeline a brisé le cœur d'Anne.

Madeline a enfilé un manteau. C'était la première fois qu'elle sortait depuis son mariage.

Elle avait été un oiseau en cage, désespérée de revoir le ciel.

Elle a roulé en scooter pendant deux heures, la villa étant loin de la ville. Elle sentait la joie emplir son cœur, un sentiment qu'elle l'avait presque oublié.

Elle fredonnait sur son vélo, savourant ce rare moment de liberté.

Kent est entré dans le bureau, avec un large sourire. « Boss, bonnes nouvelles. »

Bryan a demandé nonchalamment, sans même prendre la peine de lever les yeux : « La Compagnie Blossom a fait faillite? »

« Comment le savez-vous? Je pensais être le seul au courant et je voulais vous faire une surprise. » Kent était déçu.

« Tout bon homme d'affaires devrait avoir le bon sens de toujours connaître la situation actuelle de ses concurrents », a répondu calmement Bryan.

« Oui, oui. Connaître sa propre force et celle de l'ennemi mène à la victoire. Boss, vous avez réussi une nouvelle affaire. » Kent a agrémenté son éloge d'un sourire.

Posant les documents qu'il tenait, Bryan a demandé Kent : « Comment se passe l'achat? »

« Boss, ne me faites-vous pas confiance? En fait, voici la vraie surprise pour vous. »

Kent a triomphalement posé un document devant Bryan.

« Le contrat d'acquisition! »

Bryan a hoché la tête avec approbation. « Bon travail! »

« Mais j'ai entendu dire que le président de la Compagnie Blossom a fait une crise cardiaque ce matin et en est mort », a ajouté Kent.

« Ok. » Bryan avait l'air indifférent, presque ennuyé.

« Boss, vous n'êtes pas désolé pour lui? », Kent a demandé d'une voix hésitante. Certes, même le décès d'un concurrent était un événement triste.

Bryan s'est levé et a ramassé son manteau. « Les affaires sont comme un champ de bataille. Si on m'avait vaincu, j'aurais pu mourir de façon plus misérable. »

Kent l'a suivi. En regardant son patron, beau mais impitoyable, il avait honte de sa propre faiblesse.

« Monsieur, le directeur général du Groupe Luo, Rory Fu veut vous voir. »