L’hôtesse
img img L'hôtesse img Chapitre 4 𓆸Quattro
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Chapitre 4 𓆸Quattro

.Point de vue d'Aislinn.

Il faisait bon, allongée sur le transat près de la piscine de l'hôtel, mon amie et collègue me rejoint et s'installe sur le deuxième transat.

- J'adore cette vie là, même si notre travail nous permet que très peu de voir notre famille.

Et bien moi cela ne me dérange pas, après tout, je suis l'enfant illégitime de mon géniteur. Je n'ai pas vraiment de famille puisque ma mère a décidé de m'abandonner aux mains de ce dernier. Je savoure le moment, allongée sur le transat près de la piscine de l'hôtel. La douce brise et le soleil caressent sa peau.

- C'est le genre de moments qui rend notre travail un peu plus supportable, je dis en souriant.

Mon amie rit doucement.

- C'est vrai. Mais ça ne durera peut-être pas longtemps. Tu sais comment c'est, tout peut changer d'un moment à l'autre.

Mon téléphone portable émet un discret signal, annonçant un message entrant. Je le récupère et mes yeux parcourent le texte. Mon expression passe de la tranquillité à la confusion.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demande mon amie, Claire, en remarquant le changement.

- On vient de me réassigner. Apparemment, je suis maintenant censée être l'hôtesse du jet privé d'un homme d'affaires très riche.

Mon amie lève un sourcil.

- Eh bien, c'est plutôt excitant, non ? Tu pourras envisager de le séduire s'il est beau et peut-être finir en étant la femme d'un célèbre homme d'affaires, tu n'auras même plus à travailler ! Elle dit l'air rêveur.

- Tu as abusé des films toi. Ils sont beaucoup trop compliqués ces hommes.

- Et toi beaucoup trop sexy. Il pourrait te proposer de coucher avec lui, elle me chuchote.

- Arrête ! C'est ce à quoi je pensais. Après tous les films que j'ai regardé et tous les hommes que j'ai côtoyé lors de nos voyages, j'ai bien peur que cela ne se produise un jour.

- Du calme Ais, tu n'auras qu'à refuser. Et puis si il te vire, t'auras qu'à revenir !

J'hésite, mes pensées naviguant entre l'excitation de quelque chose de nouveau et le confort de ma situation actuelle.

- Oui, mais... je ne sais pas. Ça me semble un peu trop prévisible, tu vois ? J'ai envie de plus d'aventure.

- Raison de plus pour accepter de t'ouvrir à d'autres opportunités !

(...)

Quelques heures plus tard, je me trouve dans le luxueux bureau de mon nouvel employeur. L'homme d'affaires richissime m'expose les détails du travail, vantant les avantages et les opportunités qui s'offrent à moi.

- Et bien sûr, le salaire sera à la hauteur de vos attentes, Aislinn. Vous ne pourrez pas refuser.

Il m'annonce un montant qui me laisse sans voix. C'est une somme qui pourrait changer ma vie à jamais. Je commence à envisager sérieusement cette nouvelle direction.

- Vous devrez signer un contrat avec condition. Tenez, vous pouvez bien entendu le lire, il m'informe en me tendant le papier.

Il reçoit un appel et il décroche. Avant que je n'ai le temps de récupérer le papier, il le reprend les sourcils froncés et raccroche.

- Il y'a un changement de plan mademoiselle, il dit en laissant tomber le papier dans le broyeur de papier.

- Qu'y a-t-il donc monsieur ?

Il tapote sur son écran pendant quelques instants, puis l'imprimante se met en marche. Il marche jusqu'à cette dernière et récupère le papier qui venait d'en sortir.

- Ceci est le nouveau contrat.

Il marque une pause, analysant le papier, sûrement pour voir si tout était correct et il le place devant moi, accompagné d'un stylo.

- Au lieu du jet de monsieur Thornfield, vous serez l'hôtesse du jet privé de sa fille. Bien sûr, cela exige une discrétion absolue. Vous devrez signer cet accord de confidentialité.

Confiante jusqu'à présent, je me sens prise à un piège, mais j'ignore pourquoi j'ai cette sensation. Je signe à contrecœur l'accord sans lire chaque ligne, car il avait mentionné que je serais l'hôtesse de la fille de cet homme, et c'était nettement mieux d'être l'hôtesse d'une femme que d'un homme.

- Vous n'avez pas pris la peine de lire c...

- Ça ne sera pas nécessaire. J'ai entendu tout ce que j'avais à entendre pour être aveuglement d'accord.

- Très bien, dans ce cas vous débutez ce soir. Il semblerait que mademoiselle Thornfield voyage ce soir à dix-neuf heures, alors tachez d'être présente avant cette heure.

Hôtel, 16h

De retour à l'hôtel, je me hâte de préparer ma valise, partageant avec Claire les détails de cet entretien inhabituel. Elle écoute avec fascination, ajoutant quelques commentaires taquins.

- Aislinn, tu es vraiment tombée dans une histoire de dingue. C'est comme un de ces romans que tu adores lire.

- Oui, sauf que dans ces romans, les héroïnes ne se retrouvent pas à travailler pour une femme.

Claire rit.

- La vie imite l'art, Ais. Et qui sait, peut-être que cette femme a un frère ou des amis qui pourront te plaire.

- Ça, j'en doute fortement. Bon maintenant laisse-moi déprimer.

Tarmac, 18h

Plus tard, sur le tarmac, en attendant le jet privé, je fais la connaissance du pilote. Il me donne des informations sur le vol, soulignant l'importance de la ponctualité et de la discrétion. J'acquiesce, cherchant à absorber autant d'informations que possible.

Lorsque le majordome m'indique les détails pour accueillir la passagère, je me tiens prête, l'excitation mêlée à une pointe d'anxiété. La porte de l'avion s'ouvre, et mon cœur bat plus fort.

À ma grande surprise, c'est un homme qui m'était familier. Je découvre avec horreur que le mystérieux homme dont je devrai prendre soin est celui avec qui j'avais partagé un taxi récemment. C'était donc lui ou plutôt elle, Ellery Thornfield. Mon sourire d'accueil se fige, mes yeux écarquillés.

Je n'aurais jamais imaginé que ma nouvelle employeuse serait cet homme, enfin une femme qui je croyais être un homme avec qui j'avais eu une altercation. Se pourrait-il qu'elle m'ait embauché dans le but de se venger ?

- Aislinn Serah, c'est ça ?

La confusion et la colère se mélangent en moi. Mes premiers mots sont empreints de frustration.

- Vous ! Vous m'avez tendu un piège ! J'aurais dû me douter que cette soudaine proposition cachait en réalité un complot.

Ellery semble tout aussi surprise.

- Que racontez-vous ? Je ne savais rien de tout ça.

L'homme d'affaires intervient, arborant un sourire presque amusé.

- Mademoiselle Harrintmore, la vie peut être pleine de surprises, mais parfois, c'est nous qui les créons. Vous avez signé le contrat, et il est clair que vous êtes tenue de respecter vos engagements.

- Taisez-vous ! Vous étiez de mèche avec cette femme, vraiment comment ai-je pu me faire berner ainsi ? Je passe nerveusement les mains dans mes cheveux.

- Du calme mademoiselle Harrintmore. Mademoiselle Thornfield ignorait tout de vous, elle n'a pas eu le temps de jeter un coup d'œil à la sélection d'hôtesse que je lui av...

- Ça suffit. Qu'elle pense ce qu'elle veut, cela m'importe peu. J'ai des vacances à prendre.

L'exaspération grandit en moi. Je me tourne vers Ellery.

- Je veux démissionner. Je refuse de travailler dans ces conditions.

L'homme d'affaires réplique sèchement.

- Vous avez signé un contrat. La démission n'est pas une option avant deux ans, sauf si nous décidons de mettre fin à la collaboration.

Ellery me rappelle cruellement les termes du contrat.

- Deux ans, Aislinn. Vous êtes coincée pendant deux ans, à moins que votre employeuse, que je suis, ne décide du co.

Avec cette attitude, comment peut-elle prétendre qu'elle ignorait tout et qu'elle n'y était pour rien ? Je bouillonnais à l'idée de savoir que je n'avais pas d'autres alternatives. Puisque je ne pouvais pas démissionner, j'allais la forcer à me renvoyer.

J'aurais dû lire ce fichu contrat.

- J'ai besoin d'une flûte de champagne mademoiselle Harrintmore.

Si elle veut du champagne, elle en aura.

Je me dirige vers le petit compartiment réservé aux boissons à bord du jet. Tout en cherchant la flûte, une idée me traverse l'esprit. Je trouve la bouteille de champagne et une flûte, je tends la flûte à Ellery, mais au lieu de remplir sa coupe, je feins un faux déséquilibre et renverse toute la bouteille sur sa tenue.

- Je suis sincèrement désolée mademoiselle, le décollage m'a fait trébucher, dis-je avec un sourire, bien que mes yeux trahissent une pointe de défi.

Son accompagnateur s'apprête à intervenir, voulant sans doute me remettre à ma place. Mais Ellery l'arrête d'un geste de la main.

- Laissez-nous, William. Partez. Vous avez des choses à faire, non ?

Il hésite, jetant un regard noir vers moi, mais obéit finalement. Ellery et moi restons seules à bord.

Je m'approche d'elle, admirant sa tenue trempée collant à sa peau.

- Vous feriez bien de faire attention à vos mouvements, Aislinn Serah, surtout à bord d'un jet. C'est un privilège de prendre soin des clients et votre travail, ne l'oubliez pas.

Le ton autoritaire de sa voix m'irrite, mais je me retiens de répondre. C'est alors qu'elle ajoute : - Nettoyez ce désordre. Je ne vais pas rester dans cet état pendant le vol.

- Faites-le vous-même si ça vous dérange tant d'être aspergée de champagne ou si mon attitude vous déplaît, virez moi.

- Je vous ai demandé de nettoyer votre désordre et j'ajoute que vous devrez me sortir des vêtements propres.

Je la regarde avec colère, mais avant que je puisse rétorquer, elle me lance un regard aiguisé.

- Ou bien, Aislinn, je pourrais dire à votre père où vous vous trouvez. J'ai mes façons de découvrir les petits secrets de chacun.

Mon cœur s'emballe. Comment peut-elle connaître mon père et pourquoi voudrait-elle le contacter ? Je ravale ma colère et la fixe.

- Vous bluffez.

- Essayez-moi, Aislinn. Je sais plus de choses que vous ne pouvez l'imaginer. Maintenant, nettoyez ça et préparez-vous pour le vol.

Je la regarde avec une fureur contenue, mais le choix est clair. Fuir mon passé n'a jamais été facile, mais Ellery semble détenir une information que je préfère garder cachée.

À contrecœur, je prends un chiffon et commence à nettoyer sa tenue, tout en maudissant cette situation absurde qui me lie à cette femme qui détient le pouvoir de faire basculer ma vie.

Elle se relève après que j'ai fini de nettoyer mon désordre. Et retire sa chemise sous mes yeux. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Un peu de pudeur voyons ! Je détourne le regard, ne voulant pas assister à ce spectacle renfrognant.

- Regardez-moi, elle ordonne subitement.

- Je n'en ai nullement l'envie, je croise les bras, regardant toujours dans une direction opposée à la sienne.

- Je vous ai demandé, non ordonné de me regarder, elle dit d'une voix autoritaire, qui me fait immédiatement obéir.

Je l'observe, les sourcils froncés et le regard rempli de haine pour sa personne. Elle sort une chemise neuve de sa valise en l'enfile après avoir nettoyé son corps.

- Soyez docile à l'avenir. Si nous nous trouvons dans cette situation, c'est uniquement grace à votre comportement puéril.

Elle s'installe dans le plus grand des calmes, prenant entre ses mains des dossiers. Elle n'était pas censée être en vacances elle, mais le plus surprenant dans tout ça, c'était le fait qu'elle soit une « elle ».

            
            

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