Je m'approche de ma Jeep, jouant distraitement avec les clés dans ma main. Mes yeux se posent sur Charline, appuyée contre ma voiture. Je sens ma mâchoire se contracter. Une rage sourde monte en moi, l'envie de lui asséner un coup de pied pour qu'elle dégage au plus vite. On ne touche pas à ma bagnole, bon sang !
Depuis notre nuit ensemble, elle semble croire qu'elle peut tout se permettre, alors qu'elle n'est qu'une fille de plus sur ma longue liste.
- Damian !
Elle se redresse enfin, se détachant de ma portière. Il aurait mieux valu pour elle qu'elle le fasse ! Son sourire éclatant me donne l'impression qu'elle pense que cela va me donner envie de rentrer avec elle ce soir. Si seulement elle savait à quel point je m'en moque. Si cela ne tenait qu'à moi, personne ne saurait ce qui s'est passé entre nous. Mais bien sûr, la rumeur s'est répandue, et toute l'université est convaincue que nous sommes en couple. Ils se trompent tous. Je ne me mets pas en couple avec qui que ce soit.
Je ne suis pas du genre romantique, à apprécier les dîners aux chandelles, les sorties au cinéma main dans la main, les tête-à-tête au restaurant, ou à me présenter devant la porte d'une fille avec un bouquet de roses. C'est pathétique et une perte de temps.
Je l'ignore complètement, la pousse légèrement pour ouvrir ma portière, puis je monte à l'intérieur. Je démarre en trombe, sans me soucier de la laisser sur ce parking. Mes doigts dansent sur le volant, la musique à fond dans l'habitacle. Je ne fais pas attention à ma vitesse et avance sans but précis.
Finalement, comme tant de soirs, je me retrouve devant ce bar. Mais cette fois, je ne rentrerai pas. J'ai cessé d'espérer la croiser à nouveau. Encore une faiblesse de ma part. Je coupe le contact, ouvre la fenêtre et décide de me rouler un joint. J'ai besoin de me vider l'esprit.
Lorsque je décide de repartir, une silhouette familière attire mon attention alors qu'elle se dirige vers l'entrée du bar. Je bloque instantanément mes mouvements. Nous sommes à environ une heure de l'université, ce bar est plutôt miteux, et cela fait deux ans que je viens ici sans jamais croiser un étudiant. Je m'efforce de me souvenir d'où je l'ai vu, cherchant dans ma mémoire, jusqu'à ce que je réalise que c'est un membre de mon équipe. Son nom m'échappe, et pour être honnête, je ne m'en soucie généralement pas vraiment.
Je ferme les yeux, tentant de me rappeler son visage. Demain, je vais le retrouver et avoir une conversation avec lui. Peut-être qu'il connaît la fille du bar. Une pointe d'amertume m'envahit à cette pensée. Repenser à elle me file le cafard. Mais si je peux enfin obtenir des réponses à mes questions, pourquoi pas.