**Deux ans plus tard**
- Alors, si je vous demande un sujet qui vous passionne, qui vous anime, à quoi penseriez-vous ? Voilà la question que je vous pose, et c'est votre thème pour ce premier trimestre. Je veux que vous soyez sincères et authentiques. Mettez-y tout votre cœur. Ce devoir aura une importance considérable sur le reste de votre année. Alors, ne me décevez pas.
La sonnerie retentit. Ouf, enfin ! Bien que j'apprécie beaucoup ce cours, ma journée a été longue. Je me presse de ranger mes affaires et jette un coup d'œil à l'écran de mon téléphone. Mince, je suis en retard pour mon dernier cours ! Je file à toute allure, tentant de me repérer dans ce labyrinthe qui me paraît si déroutant. J'arrive enfin de l'autre côté du campus, essoufflée. Salle 302. Je frappe timidement et entre. Quelques regards se posent sur moi ; je baisse la tête et me dirige vers le fond de l'amphithéâtre.
Assise sur un siège, je me permets enfin d'observer les lieux, parcourant chaque visage qui m'est visible. Je me renfrogne dans mon siège en apercevant Charline. Super. Elle a choisi la même spécialité que moi. Capitaine des pom-pom girls et, accessoirement, l'ex de mon cousin. Depuis leur séparation, elle me mène une guerre sans pitié et sans raison apparente. C'est vrai que je n'ai jamais été proche d'elle ; cette fille est superficielle et, honnêtement, elle ne brille pas par son intelligence. Son seul atout, malheureusement, c'est son physique. J'ai entendu des rumeurs comme quoi elle sortirait avec le quarterback. Ça ne m'étonne pas du tout. Le parfait petit cliché. Je parierais qu'elle a trompé mon cousin avec lui.
Je plonge ensuite dans le cours. Pour l'instant, ce n'est pas très intéressant. J'ai surtout hâte d'étudier les étoiles, l'univers et tout ce qui le compose. C'est cela qui m'anime plus que tout, et c'est aussi pour ça que j'ai poursuivi mes études.
Perdue dans mes pensées, je ne réalise pas que le cours est déjà commencé. Lorsque ma petite tablette est percutée, je réagis enfin. Moi qui aime partir avant que la foule ne se mette à bouger dans tous les sens, c'est fichu pour moi. En descendant les marches, j'ignore les remarques du groupe de Charline, qui m'a également remarquée. Ça n'augure rien de bon pour l'année à venir. Je regarde l'écran de mon téléphone, essayant de déchiffrer le message que j'ai reçu, quand on me bouscule. Je vacille légèrement, mais je ne relève pas la tête, me concentrant sur mon objectif : sortir d'ici.
J'entends la voix de l'homme qui m'a bousculée au loin.
- Oh, tu pourrais dire pardon, quand même !
Je l'ignore et poursuis mon chemin. Sa voix me semble familière, mais je n'arrive pas à me souvenir d'où je la connais. Enfin, je lis le message que j'ai reçu : Justine m'attend à sa voiture. C'est parfait, je n'aurai pas à prendre le bus pour rentrer.
J'arrive enfin à la voiture de ma meilleure amie, Justine.
- Hé !
Elle me fait signe de la main. Je baisse les yeux, essayant de passer inaperçue parmi les étudiants qui nous entourent. Je m'approche d'elle et monte directement dans sa voiture.
- Tu n'es pas obligée de baisser la tête et les yeux à chaque pas. Il y a trop d'étudiants ici pour qu'ils se souviennent de chacun de nous, me dit-elle en démarrant.
Je soupire, consciente de sa remarque. Elle a raison, mais il y a un monde entre le savoir et le pouvoir de le mettre en pratique.
- Charline a choisi la même spécialité que moi, avouai-je soudainement.
Elle tourne légèrement la tête vers moi, puis la remet rapidement face à la route.
- T'es dans la merde, Wen-wen ! ajoute-t-elle.
Comme si je n'étais pas déjà au courant de cette information cruciale.
- Tu travailles ce soir ? me demande-t-elle.
Je secoue la tête et lui réponds que je n'ai pas de service.
- Je reprends le travail vendredi soir.
Elle hoche la tête, et nous restons silencieuses, bercées par la musique de la radio.