Chapitre 5 Je la veux

Alan et Noa couraient aussi vite que leurs jambes le leur permettaient. Alan traînait son frère dans la forêt, esquivant difficilement les arbres sur le sol marécageux après la pluie. Ils avaient fait la pire erreur de toute leur vie.

Ils avaient cru que tous les frères étaient dans cette cause ensemble, pour sauver leur mère des griffes de l'alpha. Quelle illusion ! La trahison fait mal, et encore plus quand c'est la première fois. Ils n'étaient pas encore sortis du choc de la découverte des circonstances de l'ancienne reine quand, de retour dans leurs chambres, ils aperçurent leur frère aîné et premier né des cinq, Rodrigo. Comme son père, il les ignorait la plupart du temps, c'est ce qu'on lui avait appris. Il était si fidèle à son alpha que c'était dégoûtant à voir, mais il restait son frère et le fils de cette louve.

Cette nuit-là, les choses avaient dérapé. Dire à la louve qu'ils savaient où se trouvait leur mère avait été une erreur. Ils n'avaient pas fini leur phrase et il les avait laissés avec le mot dans la bouche, disparaissant dans le couloir, les ignorant comme d'habitude. Peu après, cinq gardes leur foncèrent dessus. Ils ne voulaient pas imaginer que leur frère faisait partie de l'assaut. Il ne pouvait pas être aussi vil envers sa propre famille.

Ils réussirent de justesse à s'échapper, par une des portes dérobées, sans pouvoir dire quoi que ce soit à Nicholas ou à Catherine. Ils devaient sortir de là et appeler à l'aide la seule personne qui pourrait mettre fin à toute cette tragédie, avant qu'ils ne perdent leur cou.

Ils n'avaient pas fait beaucoup de mètres dans le périmètre de la meute d'argent que trois loups leur sautaient sur le dos et les conduisaient là où leur alpha et leur mogul les condamneraient ou les sauveraient.

***

La porte du bureau d'Hadès s'ouvrit, laissant entrer son jumeau, l'air usé et les yeux cernés. L'alpha le fit asseoir, lui offrit un verre d'eau et s'appuya sur le bord de la table.

-Alpha, j'ai une nouvelle importante pour toi, tu ne croiras pas ce que j'ai découvert- il resta silencieux, avalant le liquide et cherchant les mots les plus justes pour informer le chef.

Laissez-le partir.

***

Alan regardait son assiette et n'avait pas envie de prendre une bouchée - sa mère aurait-elle de la nourriture, aurait-elle froid, aurait-elle un lit pour dormir ? Il ne l'avait jamais rencontrée, n'avait aucune idée de ce qu'était la chaleur maternelle, mais quelque chose en lui désirait être aux côtés de la louve depuis qu'ils s'étaient retrouvés devant cette porte. Sa louve intérieure se sentait mal à l'aise, elle voulait retourner dans ces catacombes et griffer la porte jusqu'à ce qu'elle puisse la franchir, et elle savait que son jeune frère ressentait la même chose. Noa n'était pas du genre à exprimer ses sentiments à moins qu'il ne s'agisse de quelqu'un en qui il avait une grande confiance, même s'il était un livre ouvert pour lui.

Il sentit sa main sur son épaule et le regarda. Il ne mangeait pas non plus. Ces deux jours avaient été difficiles.

Des pas s'approchant de la pièce les mirent en alerte et ils levèrent les yeux pour rencontrer l'alpha et son bêta lorsque la porte s'ouvrit.

Vous et moi allons avoir une longue discussion, alors mettez-vous à l'aise - dit Hadès en s'asseyant sur le divan en face d'eux et en croisant les jambes. Il fronça les sourcils à la vue de leurs assiettes intactes.

Ils m'ont informé qu'ils n'ont pas voulu manger depuis qu'ils sont arrivés - leur lança-t-il un regard noir.

Il ne reçut aucune réponse et poursuivit.

-Enfin, j'ai réfléchi à la proposition que tu m'as faite, dirent les petits en redressant leur dos crispé. J'ai envoyé un de mes loups de confiance infiltrer votre meute, et quelle surprise j'ai eue. Qui aurait cru qu'une révolution se préparait dans un régime aussi rigide que celui de son père ?- fit-il stratégiquement à voix basse, attendant une réaction qui le mettrait sur la voie.

Comment l'a-t-il su ? -Les yeux d'Alan s'écarquillèrent de surprise.

Cela ne faisait que deux jours et déjà cet alpha était au courant de tout ce qui se cachait dans l'ombre.

-Mon personnel a ses méthodes. Au fait, il m'a dit de vous remettre ceci - s'amusa Hadès en observant la perplexité de ses frères.

Son bêta s'approcha d'eux et leur tendit une lettre. Alan retira l'enveloppe et lut le papier froissé écrit de la main de son frère Nicolas. Lorsqu'il eut terminé, il déglutit sèchement et tendit la lettre à Noa.

Les chiots étaient en conflit. Cet alpha était plus dangereux qu'il n'y paraissait. En si peu de temps, il avait démembré un secret bien gardé par son père et sa clique, et comme le disait la lettre, il avait fait des démarches pour s'attaquer au reste de la meute. Nicholas leur demanda de faire ce qu'ils pouvaient pour aider l'alpha, de lui faire confiance. Il était heureux qu'ils se portent bien après sa disparition. Même si les choses étaient agitées au sein de son peuple, après que quelqu'un ait mentionné l'action des petits contre leur père.

-J'ai envoyé un messager pour finaliser les derniers détails du supposé coup d'état que ton frère prépare, continua Hadès.

-Noa serra le papier dans sa main et poussa un soupir, se détendant après des jours de tension : - Merci alpha Hades, nous ne savons pas comment te rendre la pareille - le ton de sa voix reflétait une profonde gratitude.

-Une faveur ? Je n'ai jamais dit que mon aide était gratuite - dit-il d'un air faussement détendu.

Les garçons se figèrent. Ils savaient déjà que dans la vie, les choses ne sont pas toujours faciles.

-Ne me regardez pas comme ça. Je vais risquer les membres de ma meute, je vais devoir convaincre le Conseil, et je n'aurai rien en retour. Ne me sous-estimez pas, mes petits. Je ne suis pas alpha pour le plaisir, sourit-il sincèrement.

-Il aura notre meute- dit Noa avec logique. Si un alpha défie un autre alpha et gagne, sa famille fait partie de lui, n'est-ce pas ?

Je le sais, mais ce n'est pas suffisant- dit-il en regardant l'un et l'autre des jeunes hommes, les mettant mal à l'aise.

Ils ne savaient que répondre, que voulait-il de plus ? Ils ne pouvaient rien donner de plus, leurs mains étaient vides.

-Ils ont mentionné que leur mère était l'ancienne reine et la seule pure oméga de leurs loups, les plus jeunes hochèrent la tête, effrayés par ce qui allait suivre, dans ce cas... c'est elle que je veux.