Je m'abstiens pendant tout le souper de le regarder, et surtout de faire comme s'il ne se trouvait pas dans la pièce. Ce qui n'est pas très compliqué, puisque Noëlla m'accapare durant tout le repas, me laissant à peine manger ce bon plat de poisson, de purée et de salade. Sans parler de cette petite sauce au Rhum que mon père adorerait. Par contre côté boisson, Noëlla qui a voulu suivre mon rythme, ne tient absolument plus droite sur sa chaise au moment de devoir ranger la table. Damon n'a pas l'air d'apprécier son état, vu qu'il n'arrête pas de vouloir lui demander de boire de l'eau. Entre nous, ce n'est pas de l'eau simple qu'il lui faut, mais de l'eau sucrée. Je me lève pour rejoindre la cuisine, et je lui serre un verre d'eau où je mets une cuillère à café de sucre.
- Tu pars déjà ? demande Ayden à l'esquimau qui se trouve près de la porte.
- J'ai quelques clichés à prendre, lui répond-il alors que je donne le verre à Noëlla.
Celle-ci essaie tant bien que mal de boire sans couler partout, et Damon décide de l'amener coucher. Ayden et L'esquimau parlent toujours près de la porte, et j'aide Damon à lever ma meilleure amie de sa chaise.
- Je vais aller la mettre au lit, puis je viendrai aider pour ranger, me fait Damon alors que je laisse l'emmener dans les escaliers.
- Lyly, tu es la meilleure ! me crie Noëlla en montant les escaliers.
- Je sais ma chérie, lui dis-je en lui souriant.
Une fois qu'ils ont disparu, je me tourne vers Ayden et l'esquimau, ahurie que cet abruti nous laisse en plan pour ranger tout.Ses photos ne vont pas s'envoler ! J'inspire profondément, et j'attrape les couverts que je mets bruyamment dans les assiettes, en contenant mon envie de lui dire ses quatre vérités.
- Je vais t'aider, fait Ayden gentiment.
- C'est clair que ce n'est pas l'esquimau qui va donner un coup de main ! claqué-je en relevant mon regard noir vers celui-ci, mais file vite tes photos de poissons congelés, et si tu pouvais aussi tomber dans un trou et ne pas revenir, on serait tranquille !
Je dépose violemment les assiettes sur le meuble de la cuisine. Je serre les dents, sachant que je viens de m'emporter, mais il n'y a pas...Ce mec me sort par les yeux ! Cela ne le tuerait pas de rester dix minutes pour nous aider, et allez faire ses foutues photos après !
Mon sang semble bouillir dans mes veines, et je prie qu'il se retienne de me lancer une pique, ce qui ne ferait qu'envenimer les choses une fois de trop. Mais alors que je prends sur moi et que j'ouvre le lave-vaisselle pour me décider à ranger, j'entends la porte d'entrée claquer. Ma main claque durement sur le plan de travail de rage, comprenant que cet enfoiré n'est même pas capable de répondre à mes provocations, et qu'il préfère ses photos aux gens qui l'entourent.
- Euh, Lyly-Rose...
- Quoi ?! claqué-je excédé de l'attitude macho de cet esquimau à la guimauve.
- Ce n'est pas pour le défendre, mais Duncan a préparé le souper tout seul pendant qu'on se lavait.
Je me fige sur place, et mord ma lèvre.Ah ben bravo Lyly-Rose Hanson !
Duncan
Je grince des dents en l'entendant s'énerver de la sorte sur moi, alors que c'est moi qui ai préparé tout le souper, pendant que Mademoiselle barbotait son bain. Mes doigts se crispent autour de mon appareil photo, et je je fais un pas pour revenir dans la cuisine.
- Laisse, je vais m'en occuper, m'arrête Ayden.
Je reviens sur le visage de mon ami, qui esquisse un sourire et je sais qu'il veut bien faire, et nous éviter de nous engueuler... mais j'hésite en la voyant rentrer dans la cuisine et taper les assiettes de rage.
- Duncan, insiste Ayden d'une voix basse.
Je plisse le regard, et j'inspire profondément avant de me détourner d'elle. Je sors du chalet en claquant la porte... oui, je devrais me contenir, mais j'ai l'impression que cette nana veut déclencher une guerre durant ce séjour. Et dire qu'à deux fois, je l'ai trouvée magnifique, avant que son naturel condescendant et vulgaire ne revienne au galop, et me glace le sang. Sérieux, je n'ai pas le coeur à me prendre la tête avec ce genre de gonzesse, surtout que mon frère, ma seule famille veut profiter de ces retrouvailles entre nous. Car bien que nous nous parlons souvent, nous nous voyons très peu et ce mariage, tout comme ce séjour est peut-être le dernier avant un long moment.
La neige craquelant sous mes pas, je m'enfonce dans le fond du terrain, et je passe la barrière, en faisant attention de ne pas cogner mon appareil photo. Les aurores boréales sont déjà bien présentes dans le ciel au dessus des montagnes, et je souris en jugeant de la dureté de la glace. Les bords sont toujours les endroits les plus surs, et je commence à marcher pour trouver un bon angle pour les photos. Je pense que de tous les endroits que j'ai visité, celui-ci semble celui que je préfère. Le ciel lance de telles couleurs que j'ai l'impression d'être dans un autre univers, me sentant à cet instant où je prends la première photo, redevenu calme et heureux.
Je fais une série de photos, avant que je n'entende un craquement derrière moi, et je me retourne, pensant y trouver Ayden qui est certainement venu fumer une cigarette, mais ce sont ses yeux noisettes qui plongent dans les miens à cet instant.
- Tu vas avoir froid, lui lancé-je en revenant sur mon objectif.
- Je voulais m'excuser. Je ne savais pas que tu avais préparé le repas.
- D'accord, Yepa, j'accepte tes excuses, dis-je simplement en continuant à prendre des photos.
Je m'attends à ce qu'elle s'en aille aussi vite, mais les craquements de la neige, semblent se rapprocher de moi et j'inspire profondément, en continuant mes photos.
- Tu sembles apprécier la photographie ?
- Si c'est une question, elle est stupide, rétorqué-je.
Lyly-Rose
Ilest sérieux ?!Je viens m'excuser, j'essaie de briser la glace qu'il semble y avoir entre nous et il me parle comme si je l'emmerdais.Et puis c'est quoi ce YEPA qu'il met à chaque fois qu'il me parle ?! Il pense que je suis un animal ou quoi ?!
J'aurais mieux fait de rester tranquille et me contenter de mes excuses, et de rejoindre le chalet. Mais non, il a fallu que j'en rajoute et maintenant, je rêve sincèrement de lui faire manger la neige, qui colle dans les semelles de mes bottes fourrées, et qui semble me narguer. Je commence à taper mon pied sur le sol pour m'en dépêtrer, mais cette saloperie de neige ne me lâche pas.
- Je serais toi, je ne ferais pas ça, me fait-il.
- Et pourquoi ? Si je n'enlève pas cette neige, j'aurai des bonhommes de neige sous mes pieds à l'allure où ça va, ragé-je en voyant qu'elle reste coller à ma semelle.
Et alors que je tape un coup bien franc avec mon pied, mes yeux s'écarquillent en voyant mon pied s'enfoncer dans l'eau. Je n'ai pas le temps de réagir, qu'il m'attrape contre lui fermement. Son bras écrase presque ma cage thoracique, alors que mon regard est figé sur le trou où se trouvait mon pied. Mais alors que j'essaie de récupérer mon souffle, de la peur que je viens d'avoir, c'est le sien qui réchauffe mon oreille qui me fige maintenant.
- Je t'avais dit que ce n'était pas une bonne idée, fait-il doucement.
Mon dieu, c'est quoi ça ?! Sa voix semble douce et chaude à la fois, alors que tout mon corps semble frémir contre lui, et je me mords la lèvre, cherchant à échapper à ce qui est en train de monter en moi.Non, non ! Pas question que mon bas ventre soit maitre de mon corps à cet instant !Ce mec est un enfoiré... un esquimau...et pourtant, je bafouille presque à cet instant.
- Tu... tu aurais pu préciser que nous étions sur l'étang, lui dis-je avant de déglutir nerveusement.
- Tu ne me l'as pas demandé, fait-il en me lâchant enfin et reculant.
Je mords plus fort ma lèvre, en me demandant si c'est la peur qui me rend toute chose à cet instant. Mais il est clair que ce foutu trou vient de créer un souci entre nous, que j'aurais préféré éviter. Parce que alors que je me mets à le suivre vers la barrière en suivant ses pas, je me rends compte que je n'arrive plus à le regarder.
Il devait avoir raison tout à l'heure quand il a dit que mon cerveau allait geler, car à cet instant, je suis totalement déconnecté de la réalité alors qu'il me tend la main pour m'aider à passer la barrière.
- Au fait, je n'aime pas seulement la photographie, j'en suis totalement fou, me fait-il en arrivant devant la porte du chalet.
Et moi, je crois que je suis folle de son souffle qui s'est posé sur moi tout à l'heure, parce que quand il franchit la porte du chalet... je regrette déjà que ce moment soit déjà fini...