- Arrête de stresser, le coupé-je en plongeant un regard amusé dans le sien de le voir si tendu, nous n'allons pas nous battre. Et c'est juste amusant de la voir s'irriter.
- Tu devrais y aller molo, elle n'est pas si docile que cela d'après Noëlla. Elle n'aime pas vraiment qu'on lui tienne tête.
- Au fait, tu lui as dit que j'avais été adopté ? lui demandé-je en lisant ce qu'il y a écrit sur l'affiche des promotions.
- Non... enfin...
- Je ne t'en veux pas si c'est le cas. Après tout, ce n'est pas un secret que je ne sois pas vraiment ton frère. Enfin point de vue maternelle...
Damon glisse sa main dans ses cheveux, tout en pinçant ses lèvres. Je sais qu'il n'aime pas que je lui rappelle le fait que nous n'ayons pas la même mère. Il faut dire qu'étant mon ainé, sa mère et notre père m'ont adopté par compassion. Après tout, je suis le fils de la sœur de sa mère...
- Moi, je la trouve géniale.
- Ayden, venant de toi ce n'est pas un avis intéressant, lui fais-je remarquer en regardant les filles qu'ils regardaient il y a à peine deux minutes, tu sauterais sur tout ce qui bouge.
- C'est pour cela qu'on est inséparable ! me lance-t-il en faisant un check.
Sauf que pour moi, la différence, c'est que vu que je ne reste jamais à la même place, je peux me permettre ce genre de fresques. Mais lui restant à Philadelphie, je pense qu'il va arriver un moment où il n'y aura plus assez de filles en ville pour lui. Enfin, ce n'est que mon avis personnel. Car moi en ce qui me concerne, je ne suis pas contre de me caser... loin de là... j'ai toujours voulu trouver quelqu'un qui aurait la patience de m'attendre entre mes déplacements. Le plaisir de rejoindre le bitume de la maison, en sachant que l'on m'attend et que l'on m'aime. C'est étrange pour un garçon qui a vécu plus en compagnie de son frère, qu'avec ses parents, et qui n'est pas censé vouloir ce genre de choses. Et pourtant, malgré mon caractère, et mes fresques sexuelles, j'aimerais trouver la nana qui me comblera et me donnera envie de rentrer au plus vite à la maison.
Et alors que nous rentrons au chalet, et que Damon rejoint Noëlla pour l'embrasser, comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis des jours, je souris en les regardant. Mon frère a trouvé celle qui lui donne envie de rentrer à la maison, et c'est le plus important en ce moment.
Lyly-Rose
Plongée dans l'eau moussante du bain, je profite de me réchauffer encore une fois. Noëlla et moi, nous avons dévalisées trois boutiques, et si j'ai encore froid mes orteils avec les bottes d'esquimau que j'ai achetées, je fracasse la vendeuse. En tout cas, une chose est certaine, à mon retour à Barcelone, je me fais rembourser les autres...
Je regarde mon portable, posé sur le tabouret avec de l'hésitation dans le regard. J'ai déjà une dizaine de messages de Stefano, et je ne lui répondu à aucun. Non pas que je n'ai rien à dire, mais certainement pas ce qu'il attend de ma part. Notre relation est pour moi parfaite, pas de menottes aux poignets qui m'empêchent de batifoler comme je le veux, et surtout pas d'obligations. Car voilà bien quelque chose que je ne supporte pas. J'aime mon indépendance, et c'est une force que mon père m'a accordé sans détour. Alors, l'idée de me fixer, et de plus à mon âge... non merci ! Mon portable sonne et je sursaute presque, craignant que ce soit lui. Mais je reconnais la photo de ma sublime maman s'afficher, et j'essuie mes mains avant de l'attraper et de répondre.
- Bonjour maman.
- « C'est plutôt bonsoir pour moi » rigole maman.
- Ah oui le décalage, me rappelé-je.
- « Papa m'a dit que tu l'avais appelé et que tu étais déjà en hypothermie », rit-elle.
- Sérieux, il fait moins mille ! m'exclamé-je en pensant à mes pauvres orteils, et je ne parle pas des esquimaux de ce pays.
- « Des esquimaux ? Ma chérie, tu en Island, pas au pôle Nord » rit maman.
- Alors, ce mec vient du pôle Nord ! balancé-je en pensant au ton condescendant avec lequel il me parle.
- « Je vois. Mais pense d'abord à Noëlla, elle te considère comme sa sœur depuis le lycée. Ne fais rien qui mette une mauvaise ambiance lors de ce séjour. »
- Je sais, maman. Tu n'as pas besoin de me le rappeler. Et puis, si jamais ce mec me saoule, je le castrerai pour le reste du séjour, jubilé-je à l'idée.
- « Lyly-Rose Hanson ! »
- Je plaisante maman, la calmé-je.
Mais je ris intérieurement, en imaginant très bien mes orteils, écraser ce qui se trouve entre ses jambes pour en faire un soprano... ou alto... enfin, il couinerait, au lieu de parler. L'image est d'ailleurs plutôt plaisante. Je laisse maman me raconter la énième dispute entre grand-mère et marraine, et que papa comme toujours, a fini par s'enfermer dans son atelier pour ne plus les voir. Franchement, papa a une patience incroyable avec elles... personnellement, je les aurais balancées du balcon depuis longtemps. Mais bon, maman est un vrai anti-stress pour lui... enfin, si elle est dans les parages...
Je promets à maman de faire des efforts en ce qui concerne l'esquimau, et nous raccrochons. J'inspire profondément avant de mettre ma tête sous l'eau... au moins, elle n'a pas parlé de Stefano...
Une fois les cheveux séchés et habiller, je regarde le paquet de cigarette dans ma table de nuit. Je sais que j'ai promis à maman d'arrêter de fumer... mais j'ai aussi promis de me tenir convenablement. Alors, une cigarette ne me fera pas de mal, avant de manger avec l'esquimau. Je décide de m'emmitoufler dans la grosse couverture à carreaux qui se trouve sur le fauteuil, et je rejoins le balcon de la chambre pour me la griller tranquillement. J'avoue que ce n'est pas une laide vue, même si j'ai l'impression qu'il fait moins deux mille maintenant. Mais la vue du chalet sur les lacs autours et les montagnes, au coucher de soleil, est vraiment très beau. D'ailleurs, je suis certaine que papa serait déjà en train de les prendre dans son objectif. Détournant mon regard, en tirant sur ma cigarette, j'aperçois l'esquimau au fond du terrain sur une bute. Plissant mon regard, je remarque vite qu'il photographie la vue que nous avons. Je m'avance un peu plus pour le regarder, et alors que j'expire ma fumée de cigarette, comme s'il m'avait entendue d'où il était, il se retourne objectif toujours à l'œil dans ma direction, et je lui offre mon plus beau doigt d'honneur avant d'écraser ma cigarette. L'esquimau à cet instant, me sourit...
- Pauvre con ! balancé-je en retournant dans ma chambre.
Et merde, du coup, le souper va être intense.