TORRID GARDE DU CORPS !
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Chapitre 5 Chapitre 5

Dovie

- Amuse-toi bien, mon grand, mais quoi que tu fasses, rappelle-toi que je suis bien trop jeune pour devenir grand-mère.

Je dépose plusieurs baisers sur la tête de Voldi avant de le poser par terre. Au comble de l'excitation, il s'élance à travers la porte-fenêtre en ronflant bruyamment avant de disparaître dans la pénombre du jardin. Je me rends ensuite dans la cuisine pour préparer à boire à mes parents.

- Je n'en reviens toujours pas que tu aies installé une chatière pour ton chien, lance Trevor, mon père, en observant le système en question.

- J'ai dû prendre la taille la plus large qui existe, j'explique en ouvrant mon frigo. Et puis, j'ai veillé à ce qu'elle soit à sens unique. Voldi ne peut sortir que si je lui ouvre la porte, mais ensuite, il rentre quand il veut.

Mon père sourit alors que je dépose le plateau que je viens de préparer sur la table basse de mon

salon.

- Ça me fait plaisir de vous voir, je poursuis, mais je ne m'attendais pas à une visite aussi tardive.

J'offre à mes parents une tasse de café fumant, puis je m'empare d'une bouteille de jus de fruit

avant de m'installer dans le fauteuil face à eux.

- A-t-on besoin de suivre un planning pour venir rendre visite à sa propre fille ? demande Trevor en ajoutant une bonne dose de sucre dans son café.

- Pas du tout, mais si j'avais été prévenue, j'aurais pris le temps de retirer tout ça, fais-je en

désignant mon visage d'un geste de la main.

Le masque à l'argile que j'ai appliqué juste avant que mes parents n'arrivent commence à faire son effet: les extrémités de ma peau me tiraillent. Quant à mes cheveux, trempés, ils sont enroulés dans une serviette de bain relevée sur le dessus de mon crâne.

- Nous avions simplement envie de prendre de tes nouvelles. Tu nous manques, ma colombe, dit

Arnold, mon autre père.

- Vous me manquez aussi, je réponds en soupirant, mais en ce moment j'ai un boulot de dingue.

Entre les cours que je donne, ma thèse et mes recherches, je n'ai plus une minute à moi.

- Ah, justement, c'est bien que tu abordes ce sujet, parce nous voulions t'en parler, lâche Trevor en posant sa tasse sur la table. Vu les circonstances, es-tu certaine qu'il soit bien raisonnable que tu continues à travailler comme si de rien n'était ?

- Chéri... dit doucement Arnold pour tenter de l'apaiser.

De mes deux pères, il est le plus calme, le plus patient aussi. Trevor, lui, a un caractère volcanique. À mes yeux, ils forment un couple parfaitement équilibré : la personnalité de l'un apporte à l'autre ce qui lui manque. Ce qu'il y a de plus beau chez eux, c'est le regard qu'ils posent l'un sur l'autre, l'amour qui crépite entre eux et qui semble - Dieu merci - ne pas vouloir s'éteindre après vingt-cinq ans de vie commune. Il se dégage de leur duo l'assurance et la sérénité qui ne se ressentent que lorsqu'on est sûr d'avoir trouvé la personne faite pour nous, notre âme sœur.

- As-tu reçu une nouvelle lettre de menace, Dovie ? me demande Trevor sur un ton plus calme.

- Pas depuis la dernière, il y a trois semaines.

- C'est bien vrai ?

- Tu insinues que je te mens ?

- Évidemment que non, tempère Arnold. Nous nous faisons simplement beaucoup de souci pour toi, ma chérie. Je te rappelle juste que tu nous avais caché que tu recevais ces messages alarmants et que c'est la doyenne de l'université qui nous a mis au courant de la situation...

- Je vous ai déjà présenté mes excuses, dis-je en remontant mes jambes contre ma poitrine.

J'aurais dû vous prévenir dès le départ mais je vous le répète, je pense que l'inquiétude dont tout le monde fait preuve est exagérée.

Trevor gronde en plissant les yeux.

- Exagérée, tu dis? Tu penses que nous exagérons en voulant te protéger d'un fou furieux ?

- En tout cas, je pense que me faire quitter le campus pour m'isoler dans une maison de banlieue

n'était pas nécessaire.

- Alors écoute-moi bien, Dovie Bennett...

- Trevor, murmure Arnold. Calme et diplomatie, tu te souviens ?

Mon père soupire puis se lève et s'éloigne en direction de la cuisine, contrarié. Il croise ensuite les bras sur son torse et braque un regard furieux par la fenêtre, comme si mon porche était la source de tous ses maux. Désireuse d'apaiser les tensions, je reprends :

- Je comprends pourquoi tu prends toute cette histoire tant à cœur, papa, et quand Arnold et toi m'avez demandé de vous laisser vous charger de ma sécurité, j'ai accepté de faire tout ce que vous me demandiez, pour vous rassurer : être beaucoup plus prudente, quitter mes amis et la vie d'étudiante que j'avais pour venir vivre seule dans cette maison... Que voulez-vous que je fasse de plus ? Je ne vais quand même pas renoncer à mes recherches pour apaiser l'ego d'une personne malintentionnée !

Arnold quitte le canapé pour me rejoindre près du fauteuil. Il plisse le nez, un tic qui trahit que quelque chose le tracasse, puis il prend ma main dans la sienne.

- Nous savons à quel point tu es déterminée à mener ton projet à bien, et ton père et moi sommes incroyablement fiers de toi, Dovie, déclare-t-il. Simplement, quand pour toi ces lettres ne sont que le reflet de « l'ego d'une personne malintentionnée », nous, nous y voyons l'œuvre de quelqu'un de dangereux, qui pourrait te faire du mal pour parvenir à ses fins. Comprends-tu le décalage qu'il y a entre notre perception et la tienne ?

Je hoche doucement la tête tandis que Trevor, qui a décidé d'arrêter de bouder, vient nous

rejoindre.

- Puisque nous avons des visions du problème si différentes, laquelle faut-il privilégier ? je demande.

- Celle des parents, comme toujours, décide Trevor.

Je ne peux m'empêcher de sourire. En réaction, mes pères attrapent mes mains pour les serrer dans les leurs. La pâleur de nos peaux, à Arnold et moi, contraste avec l'épiderme doré de Trevor. Mes parents m'ont eue grâce à une mère porteuse, et si j'ai hérité des gènes d'Arnold - ses cheveux roux, notamment, et son sourire -, Trevor s'est toujours vanté du fait que, selon lui, j'ai hérité de sa personnalité... avec quelques nuances cependant. Je suis loin d'être aussi bornée que lui.

- J'aimerais qu'on revienne une petite seconde sur quelque chose que tu as dit, commence-t-il sur un ton bien plus mielleux que tout à l'heure.

- Je t'écoute.

- Tu as rappelé que tu étais d'accord pour nous laisser nous occuper de ta sécurité.

Je plisse les yeux en dévisageant mon père, cherchant à comprendre où il veut en venir.

- Oui...

- Eh bien, intervient Arnold, nous avons trouvé un nouveau moyen d'être sûrs que tu ne courras aucun danger, peu importe où tu vas !

Je hausse les sourcils en le dévisageant, suspicieuse.

- Qu'est-ce que vous mijotez ? Vous allez m'injecter une puce GPS sous la peau ou m'attacher

un bracelet électronique à la cheville pour pouvoir suivre mes déplacements en direct ?

- Enfin, pour qui nous prends-tu ? s'indigne Trevor. Non, nous allons simplement... comment

texpliquer...

Arnold tente de lui venir en aide, mais il bégaye tout autant :

- Nous nous sommes dit qu'il serait plus prudent de confier ta sécurité à... quelqu'un... une personne qualifiée, et...

À cet instant, la sonnette retentit. Complètement perdue, j'observe un instant mes pères avant de me lever et de me diriger vers la porte, curieuse de savoir qui peut bien me rendre visite à une heure pareille. N'étant pas seule, je me sens bien plus en sécurité, et je ne prends pas la peine de regarder par le judas avant de tourner mon verrou.

J'ouvre ensuite le battant... et me fige. Je suis face à un torse imposant, et j'ai l'impression que mes yeux remontent le long de pectoraux pendant d'interminables secondes avant d'enfin croiser un regard.

Et quel regard!

Devant moi se trouve l'homme le plus grand que j'aie jamais vu. Le plus musclé aussi, sans aucun doute... et définitivement le plus intimidant.

                         

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