Même si je m'efforce de croire qu'une flamme est restée allumer bien au fond de moi, la flamme de voir vivre mes enfants. L'espoir de les voir grandir s'est envolés. J'ai beaucoup perdu mais ma plus grosse perte fut leur amour. Dieu sait ce qu'on leur dit sur moi. Jamais ils ne me verront comme le père qu'ils auraient voulu. Je reconnais que j'ai commis beaucoup d'erreurs. Je n'ai pas été toujours présent pour eux, je me focalisais le plus sur ma personne et par dessus tout je n'ai pas été un bon père, ni un bon mari. Sur une échelle de 1 à 10 je dirai que le niveau de responsabilité sur ce qui m'est arrivé est à 9. Je me sens coupable, c'est de ma faute si ma femme est morte, je n'aurais jamais dû la quitter. En faisant celà elle est allée je ne sais oú et a fini par être tuée. Les gens qui s'en ont pris à elle allaient s'en prendre à mes enfants. Ils m'ont menacé de leur faire du mal et je n'avais pas d'autres choix que de suivre leurs instructions. Pour leur sauver la vie, je me suis déclarer coupable. Je le referai si c'était à refaire. Mes enfants sont tout ce qu'il me reste dans cette vie. Pour rien au monde je ne mettrai leurs vies en danger. Dieu seul sait ce que je ressens en ce moment. Tant de haine! J'ai perdu cinq ans de ma vie. Cinq longues années, et il m'en reste 25. Ils m'ont anéanti. Que leur ai-je fait au juste? Tout ce que je veux c'est être près de mes enfants. Je me retrouve séparer d'eux pour payer un crime que je n'ai pas commis. Où est la justice dans tout ça ? Je ne dirais pas qu'il n'y a que de la souffrance en prison. J'ai souffert durant les premiers mois de mon incarcération, je n'arrivais pas à m'adapter, cet endroit n'était pas fait pour moi qui ait toujours vécu dans le luxe. je me suis bagarré comme tout nouveau détenu j'ai cherché à me défendre et jamais je ne me suis laissé faire. Ma vie a changé de manière positive dans cette prison. J'ai fais la paix avec moi même. Et je passe la plupart de mon temps à prendre soin des jeunes détenus agés de 19 à 22 ans. Je leur apprend à bien se comporter en leur donnant des leçons de bonnes conduites. Pour les illettrés, je leur apprend à lire et à écrire pour qu'ils s'en servent une fois libre. Et le plus important je les protège des autres détenus plus âgés, et impitoyables. Comme ils ont voulus le faire avec moi, ils vont vouloir profiter de ses jeunes et les pervertir. La plupart de ces jeunes sont ici pour vols ou par injustice. Soit ils ont volés pour subvenir à leurs besoins soit aux besoins de leurs proches. Certains ont injustement été accusés par des parents proches. Quand je pense qu'un père peut faire autant de mal à son fils là j'ai pas de mots pour expliquer ce que je ressens.
- Moi c'est Birame, j'ai 19 ans et je suis nouveau, je suis ici depuis pas plus que 3 jours. Et vous c'est comment ?
-...... dégage
- Vous avez la tête d'un Cheikh ou d'un Ibrahim ou même Mansour je ne sais pas pourquoi mais c'est cette air que vous donnez. Pourquoi vous êtes ici? Me demande un jeune détenu qui s'est invité dans ma cellule.
- Pour meurtre j'ai égorgé six jeunes âgée de 12 à 19 ans et je suis condamné à perpet. Lui soufflai-je l'oreille.
- Je ferai mieux de partir. Là vous m'avez l'air d'un Samba ou d'un Karim. Ceux là, ils sont sadiques. Comme je m'y attendais il s'est levé et a tracé sa route. Non mais quel trouillard ce gamin! Il avance lentement et marche en soulevant les épaules. C'est drôle! J'ai comme l'impression qu'il fait semblant d'être quelqu'un qui sait très bien se défendre alors qu'il n'a rien en dessous. À le voir, il n'a pas la force de survivre un jour de plus dans cette prison sans mon aide.
- Reviens là. Ai-je l'air d'un sociopathe ? N'importe quoi! Lui lançais-je. Il s'est retourné et s'est empressé de revenir s'asseoir, comme s'il savait qui j'étais.
- Je le savais.
- Et comment ?
- J'ai entendu dire que tu gères un programme de rééducation, en plus tu fais sortir de prison des gens qui n'ont rien fait de méchant.
- Toi alors Qu'as tu fait pour finir ici ?
- Rien de méchant? J'ai volé la chaine en or de ma tante, la coépouse de ma mère. Et je l'ai vendu pour nous acheter à ma mère et moi de quoi nous mettre sous la dent. Mon père l'a su et m'a jeté en prison. Lui il est toujours du côté de cette vipère, il se fout royalement de nous. Le jour où je sortirai d'ici, rien ne m'empêchera de leur donner une bonne leçon.
- À ce que je vois tu n'es pas prêt pour le changement. Retourne d'où tu viens gamin, je ne peux rien faire pour toi.
- Yeah men je retire ma dernière phrase c'était juste pour rire. Allez ça ne se reproduira plus, bilay dotoul amati watnalako si sama tarayou bamel (je te le jure sur ma tombe).
- D'abord c'est Monsieur !
- Oui mon pote, que Dieu te bénisse! Tu es un ange. Non mais il est sourd où quoi.
- Désolé monsieur, j'ai l'habitude rectifie t'il.
_______________ Aïcha Grey ______________
Je ne parle jamais de moi, parce-qu'il n'y a pas grand chose à raconter sur ma vie. Une vie qui ne se limite qu'à la maison et au travail. À part mon travail je n'ai pas d'autres activités, pas d'amies, rien. Je me renferme sur moi même et je souris à peine. Après ce que j'ai vécu je ne crois pas que le sourire me reviendra d'aussitôt. Déjà je subis une pression sociale. Mes parents veulent que je me marie alors que je n'ai pas la tête à ça. Comment leur dire que je ne pense pas me marier un jour. Celà ne fait plus parti de mes projets. Je préfère de loin le travail. Pourquoi ? Il fut un temps où à l'intérieur de cette carapace en vivait une autre amoureuse d'un homme du nom de Malick Ndiaye. Un homme qui l'avait séduite de son regard. Un homme qui l'avait aveuglé d'amour de tendresse et d'empathie. Cette Aïcha croyait au vrai amour, à l'amour pur et sincère après avoir goûté à ses délices. Elle ne vivait que pour cet homme qui demeurait le seul à mériter son amour. L'idéal avec qui elle comptait faire sa vie. Ils étaient faits pour être ensemble du moins c'est ce qu'elle croyait. Mais cette Aïcha est morte il y'a des années . Plus jamais un homme ne va me faire perdre mon temps. Je préfère mourir vieille et seule plutôt qu'à revivre une telle histoire. Je me souviens du jour où Malick m'a demandé de l'épouser. On était à la plage, notre lieu de rencontre habituel et on s'amusait à se chatouiller jusqu'à ce qu'on ait du sable partout. On a fini par s'enrouler, l'un dans les bras de l'autre et je me sentais si bien dans ces bras.
- Allons nager. M'avait-il dit
- T'es sérieux là ? Il va bientôt faire nuit.
- Aïcha à ta droite c'est pas Kiné ?
- Où ça ? Je me suis retourné pour voir et il m'a attrapé par surprise, puis il m'a soulevé de terre.
- Arrête je ne sais pas nager! Je t'en supplie Malick, repose moi par terre. Il m'a balancé dans l'eau et a commencé à me jeter des boules de sables. Ça faisait très mal.
- Tu vas me le payer Malick. Attends tu vas voir De mon caractère je me suis relevée la robe toute mouillée et j'ai commencé à lui courir après. J'ai couru et je l'ai attrapé.
- Tiens tiens te voilà toi, je vais me faire un réel plaisir à t'apprendre comment on traite les femmes, lui avais-je dis les mains autour de la taille.
- Du calme princesse. Je me rends, je suis désolé ça ne se reproduira plus. J'ai baissé les armes pensant qu'il n'allait plus recommencer mais il m'a bien eu. Il a utilisé son pied pour me faire tomber. J'ai atterri sur lui, nos deux visages étaient collés et ma main posé sur son intimité plus gros que le poignet de mon frigo. Je me suis sentis très gênée et je l'ai enlevé.
- Tu peux remettre ta main là où elle était, c'est agréable tu sais.
- Pervers!
- Nonou la goor deugg day pervers. ( Un vrai homme doit être pervers) Dans les prochains mois à venir tu vas pas te sentir aussi gênée.
- Et je peux savoir pourquoi ?
- On a eu assez de temps pour apprendre à se connaitre. Celà fait un an qu'on est ensemble. Je sais tout ce que tu aimes, les films d'horreur c'est un peu exagéré et tout ce que tu n'aimes pas surtout quand je te parle de mon addiction pour le foot. On s'aime d'un amour pur et sincère, un amour sans limite. Aïcha & Malick tout le monde sait qu'on est fait pour être ensemble. Pour rendre cet amour éternel et sans limite , veux-tu m'épouser ? Je pouvais à peine y croire. J'étais submergée de bonheur, tellement j'attendais ce moment.
- Oui ! mais attend elle est où la bague? Tu ne l'aurais pas oublié quand même ?
- Devine là où je l'ai mis. Il s'est penché, et a pointé son doigt là où j'avais mis ma main; sur son pantalon.
- Tu n'as qu'à la récupérer par toi même, c'est si agréable.
- Toi alors tu ne changeras jamais.
J'étais très heureuse suite à sa demande en mariage. Ce fut un des plus beaux jours de ma vie, du moins j'y croyais. Le jour qui suivit Malick est venu en parler avec mes parents. Et ils n'ont trouvé aucun inconvénient à celà. On était jeune et on s'aimait tout ce qu'il y avait de plus normal. Ils étaient d'accord malgré nos jeunes âges , j'avais 19 ans et lui 23 ; 4 ans d'écart. Malick avait un travail, et gagnait assez pour subvenir à mes besoins et ceux de ses parents. On en arrivé à ce jour, le jour de mon mariage. Le jour qui devait être le plus beau de toute ma vie. On allait être uni à jamais.
- yayou bayam, mané tatioul lenma Aïcha Grey, khalé bou bakh, yarou, téy, té am jom meun limouy def té kham foumouy tekk tankam. Mala wakh li Yeureumna ndeyam dji tokk , bokk si askanou gueweul pir, waw, mané wouyoulénma bisdou touti borom lay toloul (l'homonyme de sa grand mère paternelle, applaudissez là tous, elle est Aicha grey. Une fille mature et posé, très polie avec des principes. Aujourd'hui est ton jour...) C'était ces louanges que ne cessaient de me chanter les tantes paternelles.
- Aïcha, je viens tout juste de parler à ton père, Malick ne s'est toujours pas rendu à la mosquée. Ils n'attendent que lui et personne n'arrive à le joindre par téléphone.
- Tout va bien, peut-être qu'il est en retard ? Essayait de me rassurer Maty, ma cousine. À mon tour j'ai essayé de le joindre et je suis tombée sur sa messagerie.
- Il fait tard je vais leur dire de continuer sans lui ; disait ma mère insouciante.
- Il avait demandé qu'on l'attende qu'il voulait assister à la cérémonie. Et s'il lui était arrivé malheur ? Un accident ? Balbutiais-je très angoissée.
- Wa khalé bi dou wakh jam. Tu te fais des films. S'il arrive malheur à mon fils je serai la première à le savoir. je suis sa mère réitérai Mère Seck ma belle mère.
- Aïcha s'écriait Binta une autre de mes cousines ; un homme m'a remis cette lettre c'est de la part de Malick. J'ai l'ai pris et avec beaucoup de difficulté j'ai commencé à la lire à haute voix. < Aïcha au moment où tu liras cette lettre je me trouverai déjà à l'aéroport prêt à prendre l'avion. Je ne pourrais' pas t'expliquer mais partir c'est ce qu'il y'a de mieux à faire. Désolé pour tout le temps que je t'ai fait perdre. C'est pas que je ne t'aime plus, non loin de là, j'ai passé les meilleurs moments de vie à tes côtés je te jure. Je t'aime et je t'aimerai toujours > signé Malick Ndiaye. J'étais anéantie. Il m'a abandonné le jour de mon mariage. Lâche qu'il était, il n'a même pas eu le courage de me le dire en face. Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis ce jour. Et j'espère ne plus en avoir, ne plus le voir.
- Madame on est arrivé à destination, me lance le chauffeur du taxi de là où j'étais. Il s'était garé devant la prison. J'allais enfin faire connaissance avec monsieur Mame Habibouli Seye. L'homme qui a les clés de cette affaire. On va enfin savoir ce qui s'est passé et découvrir qui est l'assassin du célèbre mannequin Khadija Esther Ndiaye. Bonne lecture