Les deux autres, Francis et Michel la trentaine tous les deux, sans qualification professionnelle, à part pour Francis qui à quelques notions de mécanique auto, pour avoir travaillé dans une casse automobile. Il a pour points communs avec Michel le fait qu'ils aient fait un an de prison ferme pour plusieurs méfaits peu avouables. Ils sont tous là bouche bée à écouter parler Thierry, sans doute le plus malin de la bande, quoi que. On va dire le seul ayant un travail qui lui permette de vivre normalement. En effet, Thierry, la trentaine aussi, travaille dans une société de transport de fond comme convoyeur du côté de Chalon-sur-Saône c'est le seul des quatre qui n'ai pas mal tourné, enfin pour l'instant, car la réunion en question a pour objet de lui faire franchir le pas.
- Bon, je répète encore une fois.
Pas le temps d'en dire plus, Michel l'interrompit.
- T'es sûr qu'on le fait, je le sens pas, ce coup-là.
- Michel tu nous emmerdes, je te dis que c'est sans risques ! j'ai revu tous les détails, et puis on devait déjà le faire à Noël et tu nous as fait reporter. Résultat, on a passé le Premier de l'an chez Maurice, au lieu de se pavaner dans l'île du même nom. Alors je dis on fonce, d'ailleurs tout le monde est d'accord !
Les deux autres opinèrent, Michel n'eut pas le courage de s'opposer il bredouilla un oui timide, et l'affaire fut entendue. Thierry poursuivit donc.
- Je reprends samedi à seize heures trente on ramasse notre dernière cargaison de billets au centre commercial. Michel et Francis vous connaissez les lieux, vous attendez à proximité dans le pot de yaourt de Geraldine et vous n'intervenez qu'à mon signal. Mes deux collègues seront sûrement occupés aux toilettes, car j'aurais auparavant versé une bonne dose de laxatif dans leurs thermos de café.
En effet les deux collègues en question à quelques mois de la retraite, ingurgitent un thermo de café dans l'après-midi, soi-disant pour tenir le coup. Depuis deux ans que Thierry les connaît, c'est le même rituel.
- Dès que je vous appelle, vous arrivez vite fait vêtus des uniformes que je vous ai passés, on ramasse les sacs, et on se tire. Direction la forêt de Gergy. Toi Géraldine tu nous attends à l'endroit prévu avec le Break, de Francis on transfert les sacs, on planque le camion et on se tire, comme on a dit par les petites routes, direction le Luxembourg et après la belle vie.
- Dis voir Thierry pourquoi on ne les assomme pas tous simplement après qu'ils ont chargé les derniers sacs ?
On en a déjà parlé Francis je ne veux pas de violence, tout en finesse comme Arsène Lupin, en plus je les aime bien je ne veux pas qu'on leur fasse de mal. Et puis une bonne purge leur fera le plus grand bien. Tous se mirent à rire. Encore une fois dit Michel.
- Pourquoi on ne passe pas plutôt par la Suisse ou l'Italie c'est plus près que le Luxembourg.
- Oui je sais Michel, mais on en a parlé aussi, c'est là que l'on sera attendu et je ne veux pas tomber dans le panneau. Personne ne s'attend à ce qu'on passe par le Lux, et puis, j'ai de la famille en Lorraine, ça peut être utile en plus je connais la région, fais-moi confiance.
- Tu as dit qu'il y aurait combien d'argent ? s'inquiéta Géraldine
- C'est le week-end de Pâques il va y avoir beaucoup d'argent, peut-être pas loin de quatre millions. « De francs ? »
- Mais non d'euros.
- Et ça fait combien en francs ?
- Géraldine arrête de poser des questions bêtes, on s'en fout combien ça fait de francs. Bon s'il y a encore des questions à la con je préfère vous dire que ce n'est pas la peine de les poser. C'est clair pour tout le monde ?
Devant le mutisme général, Thierry déclara la séance levée en disant :
- Alors à samedi aux endroits convenus pour tous, et surtout soyez à l'heure. D'ici là, tenez-vous à carreau.
Puis s'adressant aux deux hommes, il rajouta.
- Et vous deux ne picolez pas, ou alors pas trop.
Autant vous dire que nous avons là une belle bande de bons à rien prête à tout, sauf peut-être à réussir un coup de cette envergure.