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Chapitre 5 No.5

Chapitre deux

Canne à la main, un vieil homme se promenait avec peine. De ce froid, une légère brume sortait de sa bouche lors de chaque expiration. Il avait l'air serein, détendu. Emmitouflé dans un épais manteau avec une écharpe, ganté et chapeauté élégamment, une allure bourgeoise qui lui donnait encore de la prestance ou force d'imaginer que par le passé, son rôle avait dû être de haut rang. Il eut une expression de satisfaction, quand, en face de lui, se présenta un ecclésiastique dans une parure qui ne laissait guère de doute sur une vie monastique et austère. Une main tendue et un grand sourire accompagnèrent leurs derniers pas.

- Frère De Lebardin, comment allez-vous sous ce climat qui n'a rien d'amical ?

- Je vous prie de croire, monsieur Hidenburg, qu'il y a des rencontres qui vous réchauffent le cœur. Elles vont au-delà du temps qui passe et des péripéties de la température.

Les deux hommes rirent sans éclat mais avec tact.

- Merci De Lebardin, je vous sais taquin. Vous vouliez me voir ?

D'une main apaisante sur le bras, le moine l'engagea doucement à marcher solennellement à travers les allées.

- Je suis inquiet.

- Pourquoi ?

- Vous semblez ailleurs et touché par le mépris.

- C'est pour moi une façon exutoire d'oublier les mauvaises choses. Je n'ai plus envie de me retourner sur le passé.

Une pause s'installa sans un regard pour l'autre.

- Je sais monsieur Hidenburg. Il vous est difficile d'entendre ces mêmes mélodrames qui nous entourent et cela me fatigue aussi. Mais... plaida le moine avec hésitation et le timbre de voix tempéré, mais il y a des situations urgentes qui méritent encore un effort.

- Des efforts, je suis las d'en faire.

- Certes, mais nous avons le devoir de nous y soumettre encore pour le bien de tous. Dieu nous l'a demandé, nous le demande encore et nous le demandera certainement encore demain, car l'homme est un perpétuel malfaisant que rien ne peut corriger... si ce n'est la dernière sentence. Et vous le savez au plus profond de votre âme... et malgré le pardon de Dieu, cette parole ne sert pas grand monde, feint-il de s'indigner.

- Demandez donc à celui qui a créé l'homme ainsi.

- Dieu commande la sagesse et tout le monde l'oublie devant l'appât du gain. Il y a parfois des sacrifices durs à admettre mais indispensables pour construire un socle, faire naître une perspective idéaliste et donner un avenir à tous ceux qui se cherchent une enviable existence.

- Un mal pour un bien, c'est votre doctrine et je la partage.

- Vous le savez mieux que quiconque.

- De Lebardin ! Je suis fatigué, je suis à l'article de la mort et j'aurai bientôt à répondre de mes méfaits devant celui que vous vénérez sans vergogne.

- Qui se confie à Dieu est en sûreté.

- Arrêtez-moi ces sornettes, j'ai encore les pieds sur terre.

- Vous n'êtes pas aussi miséreux que vous le prétendez.

- Vous êtes trop bon. Que Dieu vous entende.

- Il y a parfois des sacrifices que seul Dieu comprend. Ne vous a-t-on pas aidé, protégé ? Que le sage écoute, il augmentera son acquis et l'homme entendu aura l'art de diriger la vertu, c'est ce que préconise notre bien faiseur.

- Des vertus ? ricana le vieil homme. Je n'en ai jamais eu et ce n'est plus à mon âge qu'on l'acquière.

- Alors, mon ami, ne transgressez pas celles des autres.

Le vieux s'arrêta, les yeux encrés de colère.

- Mes lèvres ne connaissent que la perversité et mes mains ne sont pas en restes. Ma conscience ne tarit pas d'éloges sur ces faits mais peine à les regarder en face.

- Ne vous résumez pas dans une abondance de paroles vindicatives, mais cherchez plutôt à corriger la chose qui ruine l'avenir et offense Dieu. Reprenez-vous Hidenburg, pour rassasier ce qui est bon pour l'homme.

Hidenburg sourit avant de toussoter, le visage traversé par la douleur.

- Vous avez toujours eu les bonnes paroles pour je reste lucide à vos intentions. Mais je ne suis pas dupe, vous faites tout pour que je continue d'adhérer à vos principes et à votre doctrine mais surtout à les financer.

- Vous n'êtes pas respectueux de la justice divine qui délivre de la tristesse et du purgatoire sur terre. Ne vous a-t-on pas caché quand la justice des hommes vous cherchait ? La foi et la fidélité à vos principes ne vous ont jamais quitté, que je sache.

- C'est vrai ! Dès 10 ans, j'ai pensé que tout n'était pas fini.

- Mieux vaut habiter dans un désert que sur une terre remplie de querelles et chagrinée par des lendemains de souffrance.

- Oui. Je me suis toujours battu pour mes idées même si j'ai l'impression de stagner malgré mes efforts.

- Justement, personne ne se félicite de la réussite des impies. Mais souvenez-vous des bonnes paroles de Dieu. Ne dit-il pas qu'ici-bas, ils ne resteront pas impunis. Nous y travaillons.

Le vieil homme soupira. Il se languissait à devoir se plier encore et encore à des paroles avisées qui, fût un temps, les prédisait lui-même pour se donner bonne conscience.

- Je vous entends... je ne baisserai les bras qu'à l'appel de mon dernier jour.

- Voilà qui est plus sage. On vous a donné une feuille de route que vous devez tenir.

- Pour tout vous dire, j'attends l'exécutant.

- Je sais.

Le vieil homme redressa les épaules, quelque peu interloqué.

- Vous devez aussi savoir qu'après, je devrai déléguer puis passer la main car le temps presse. Ma santé ne s'améliore pas, loin s'en faut.

- Je vous rappelle une chose primordiale, monsieur Hidenburg. Pas de témoin dans nos projets. Seul le seigneur nous accompagne.

- Mon frère, n'ayez aucune crainte. Je ne divulguerai rien du secret qui nous lie.

- Un grand cœur n'offre son sacrifice que pour une raison, la sienne avec la joie d'un jour meilleur pour son seigneur.

Hidenburg ne put retenir un ricanement d'une tonalité foncièrement moqueuse.

- Ah, si j'étais plus jeune. Le meilleur serait encore pour moi et certainement pas pour Dieu.

- Vous aurez un jour l'occasion de laver tous les maux qui vous assaillent.

- J'espère que ce ne sera pas trop long car ils sont nombreux.

- Croyez en Dieu, il vous le rendra.

Hidenburg ne répliqua pas, le sourire déchiré par un visage en souffrance. L'entretien se termina pour ne laisser place qu'à l'action.

Une nouvelle ère s'annonce, pour le plus grand bien de l'humanité, se dit-il avec une vanité pleine de mépris pour les moins que rien. Ceux avec qui il a eu à combattre aux côtés de son père et ses frères aînés depuis sa prime jeunesse.

                         

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