Il était douze heures quand ils sont arrivés à la maison. Heureusement que Roland était sorti.
- Tu vois où on en est ? dit Ryan en s'adressant à sa mère. Il était indigné par la façon dont celle-ci éduquait sa sœur. Elle va aller finir ses études ailleurs et toi, en regardant sa sœur, tu ne discutes pas. Il était si calme que même Francia n'eut pas la force de réagir. Quand Ryan prenait ces genres de décisions, c'est qu'il était à bout.
- Où étais-tu ? demanda Francia visiblement inquiète
- Imagine que ta fille qui a quitté la maison habillée décemment s'est retrouvé en petite tenue dans une boite de nuit, il disait avec autant de dégout.
- Elle était où ? demanda Roland pour une bonne audition. Il venait de rentrer dans la maison
Francia regarda Ryan. Mon dieu, ça ne présageait rien de bon. Comment allait-elle se justifier auprès de son mari ?
- Raëlle, dit son père où étais-tu ? dit-il en essayant de se calmer
Elle n'arrivait plus à répondre tellement elle avait peur. Elle avait désobéi. Maintes fois son père lui avait demandé d'arrêter de fréquenter Violette mais celle-ci n'en faisait qu'à sa tête !
A vrai dire Raëlle avait atteint la limite du possible. Il resta calme pendant un temps
- Je crois t'avoir posé une question, dit-il en colère
- Je... j'étais allé en boite avec V...Violette
- Violette en lui regardant. Ses yeux lançaient des éclairs. Il lança un coup d'œil à sa femme. C'est comme ça que tu l'éduques ? regarde où nous en sommes ? et si elle se faisait tuer ? tu comptais aussi me mentir à ce sujet ou tu allais carrément venir tout me dire. Une fois qu'il a fini avec sa femme, il se tourna vers Ryan, et toi, quel exemple montres-tu à ta sœur ?quel genre de grand frère es-tu pour elle ? Quand il eut fini sa tournée, il revint vers Raëlle, c'est fini le copinage avec cette fille, c'est fini les sorties avec je ne sais qui, c'est fini avec le téléphone, tout ça c'est fini ! dit-il très très calme. Rien ne servait à s'emporter. Une telle décision était irrévocable. Même Francia était impuissante à ça et cerise sur le gâteau, tu vas à l'internat, conclut-il
- Mon Dieu ! dit Francia. Ta punition est dure envers elle. Comment resterons-nous en contact avec elle ? tu veux que notre fille meure là-bas ? dit-elle inquiète
- Une fois de plus, Roland lui lançait des éclairs sur sa femme. Elle était déjà morte dans cet endroit de perversion dit-il avec dégout. Avec un peu de temps, nous la récupèrerons à son retour de l'internat
En ben dis donc, la punition était sévère mais fit dessiner un sourire sur les lèvres de Ryan. Au moins il y avait une personne qui partageait ses vues. Il disparut du salon quand la tension diminua. Il avait besoin d'un peu de temps pour lui-même. Il devait relâcher toute la pression que Lisa avait mise sur lui. Une fois dans sa chambre, il prit un bain froid. Ça pourrait l'aider, se dit-il.
Dès qu'il sortit de la salle de bain, son téléphone sonna. Paola, c'était elle c'est sûr !
- Bébé ? ça va ?
Bébé, il avait parfois horreur de ce nom
- Ça va bien merci et toi ?
- Je vais bien. On devait se voir aujourd'hui
- Ah bon ?
- Tu as oublié, dit-elle mi- choquée
- Paola, j'ai eu une journée difficile.
- Tu dis toujours ça
- Sauf que là, je devais aller chercher Raëlle à l'hôpital. Elle était en boite hier et je crois que tu le connais la suite
- Mon Dieu ! dit-elle. Comment va-t-elle ?
- Elle va bien, Dieu merci
- Je viens la voir, dit-elle du coup
Le temps qu'il dise non, elle avait déjà raccrocha ! Paola, tout ça pour qu'elle en profite pour le voir. Il pouvait être collant à tel point qu'il préférait juste l'observer.
Elle ne prit que quelques minutes pour arriver à la maison. Elle salua les parents de Ryan puis monta dans la chambre de Raëlle. Celle-ci était en train de pleurer. A sa vue, elle comprit que quelque chose de grave lui était arrivée
- Raëlle, dit elle
Celle-ci leva la tête pour la regarder. Elle était si triste qu'on n'avait pas besoin de poser la question. Elle lui prit juste dans ses bras et se mit à la dorloter
- Ça va aller ma belle dit-elle. Tu vas bien ?
Elle bougea la tête pour montrer qu'elle n'allait pas bien
- Qu'est-ce qu'il y a ma belle, raconte-moi
- Ce n'est pas la peine d'intervenir, dit Ryan qui s'était appuyé sur la porte de la chambre de sa petite sœur. Paola était du genre à se mêler des affaires de sa famille comme si elle était apparente de la famille.
- Mais tu ne vois pas qu'elle est triste, dit-il insistante
- Paola, dit Ryan qui en avait assez de l'entendre.
Il partit dans sa chambre directement. Celle-ci le suivit rapidement avant qu'il lui ferme la porte
- En plus tu ne t'occupes plus de moi, dit-elle comme si elle avait besoin d'attention
- Je ne t'ai pas demandé de venir. Dit-il en se levant. Tu peux toujours partir si tu as besoin que je te prenne dans mes bras,
- Ryan ! dit-elle surprise. Je suis ta petite amie et j'ai le droit de te dire que j'ai envie de toi ou pas
- Je n'ai pas la tête à ça et je suis fatigué, dit-il. Cette fois, il en avait assez.
- Bien ! Dit-elle en croisant les bras
- Quand tu seras fatiguée de faire tes caprices, ferme la porte en sortant, dit-il déjà au couloir
Arrivé au salon, sa mère lui accueillit avec le nom de Paola
- Tu as vu Paola? demanda sa mère
- Oui, elle est dans ma chambre, répondit-il. Je rentre chez moi ce soir
- Déjà? Fit sa mère surprise. J'ai encore besoin de toi ici
- Je viendrai, dit-il en faisant une bise à sa mère au front. C'est sûr que papa aura besoin de moi pour accompagner Raëlle à l'internat
Francia regarda son fils, il avait l'air content de cette décision
- Oui, c'est fort probable. Dès demain il va s'occuper de son transfert
- Voilà une bonne nouvelle, dit-il vraiment content
- Ça te plait ça?
- Évidemment que ça me plait. Ça va beaucoup l'aider.
- Tu parles !
- Je vais m'apprêter, dit Ryan soudain pressé
- Mais ce n'est même pas le soir Ryan,
- Tu as raison mais je dois quand même partir
La maison infestée de Paola et ses airs de belle-fille qu'il supportait à peine depuis son retour de l'Europe. A vrai dire, il n'était vraiment pas d'humeur à supporter ses caprices. Il voulait penser à Lisa et Paola ne lui permettait pas de le faire.
Une heure après, il vida la maison sans dire au revoir à Raëlle encore moins à son père
- Tu leur diras que je suis partie, en prenant sa maman dans ses bras. Elle l'aimait beaucoup malgré tout
- Il est parti? Demanda Paola en descendant
- Oui, il vient justement de partir
Elle expira,
- Ça va entre vous? Demanda Francia
- Je ne sais pas Francia, dit-elle. J'ai l'impression que chaque jour, un fossé se crée entre nous. J'ai beau arrangé mon comportement mais j'ai l'impression que je l'éloigne de plus en plus
- Tu veux que j'intervienne? Demanda Francia
- [Elle expira un bon coup puis dit] si ça peut servir à quelque chose vas-y mais ne lui dit rien sinon j'aurai encore affaire à lui
- Ne t'inquiète pas ma fille. C'est toi ma belle-fille, lui rassura Francia. Celle-ci sourit juste pour faire plaisir à Francia. La réalité, elle la connaissait très bien.
Ce fut un mignon couple à un moment mais depuis que Ryan est revenu de l'Europe, son comportement a complètement changé. Il est de plus en plus distant, il est tout le temps au téléphone, tout le temps introuvable. Et si elle parlait, il se fâchait chaque fois et ne donnait aucune explication à ce sujet. Peut-être que l'intervention de Francia servirait à quelque chose.
***
Violette Kayembe
L'attentat avait fait plus de 50 morts et plusieurs blessés dont Violette. Celle-ci était maintenant condamnée à rester sur une chaise roulante suite à une balle logée sur son dos. Elle avait déjà fait ses adieux aux endroits chauds de la ville, à son passe-temps favori : le sexe et dire que les garçons allaient maintenant la prendre pour une invalide, que dire de Raëlle ?
La nouvelle lui avait carrément brisé le cœur. Sa tante Rosalie n'avait presque rien dit à part -- au moins tu resteras à la maison m'aider à la cuisine --.
Ça faisait moins de dix ans qu'elle s'était liée d'amitié avec Raëlle et ce, malgré l'opposition de ses parents. Elles se racontaient tout et passaient la plupart du temps de leur temps ensemble. Après que son père ait abusé d'elle à plusieurs reprises, elle avait décidé de quitter la maison et depuis, elle se promène de maison en maison. Rosalie, sa tante, était en fait son dernier secours et malgré elle avait recueilli sous son toit. Avec le peu d'influence que Raëlle avait sur elle, elle espérait qu'elle changeait quoi que la route fût encore longue.
- Je sais que ce n'est pas facile pour toi mais tu vas t'habituer, lui rassura Rosalie une fois à la maison.
- Personne n'est même pas venu me voir, dit-elle triste
- Je pense que tu le savais
- Oui, mais j'ai failli me faire tuer
- L'essentiel est que tu sois encore en vie et je suis venue te chercher dit-elle en caressant ses cheveux.
Rosalie l'aimait bien et elle avait vraiment la volonté de la faire changer. Peut-être qu'avec l'aide de Raëlle, elles y arriveraient !
***
Lisa Morgan
Docteur et secouriste, elle était convoquée d'urgence pour aider les derniers corps encore en vie au lieu de la fusillade. En voyant Raëlle, elle était choquée, comment une fille qui paraissait bien éduquée pouvait se retrouver dans un endroit pareil. Quand elle avait aperçu Ryan de loin, elle avait aussi eu une sensation « bizarre » mais elle devait faire comme si de rien était. Il était bien bâti, beau, belle carrure avec une belle voix aussi. Il exhalait un parfum qui lui avait totalement bouleversé. Il respirait une telle élégance et une telle prestance qu'elle aussi avait succombé. Ce contact avec elle avait un effet étrange. Pour la première fois, Lisa ne réussit pas à se concentrer. Heureusement qu'elle n'avait pas une opération chirurgicale à faire. Sinon elle aurait envoyé le patient direct au cimetière.
- Lisa ?
Elle était en train de rêver de ce beau grand frère de Raëlle. Au moins il avait retenu le prénom de sa petite sœur. Peut-être qu'il reviendrait à l'hôpital un de ces jours.
- Lisa ? répéta Jenny. Hey ? ça va ? demanda-t-elle inquiète
- Ça va, je crois que je suis juste fatiguée. Je vais aller dormir un peu
- Tu es sûre ?
- Oui, beaucoup mieux même. Répondit-elle en reprenant tous ses esprits
- Si tu le dis. Tu n'as qu'une heure de repos, lui cria Jenny
- Je sais ma vieille
Le sommeil, non mais elle parlait ! Elle eut un sommeil rempli d'images de Ryan. Mon Dieu, que m'arrive-t-il ? Je ne devrais pas penser à un homme que je ne connais même pas, se dit-elle.