J'en profite pour me dégager et m'éloigner un peu pour reprendre mes esprits. Un homme tient à bout de bras Tony qui tente de se libérer. Il regarde mon agresseur avec mépris.
-Elle t'a demandé de la lâcher, un conseil, fais le mec !
Tony ne cherche pas à le contredire.
-Ça va MEC, relax, je te la laisse, elle n'en vaut pas la peine de toute façon
Tony me regarde une dernière fois et s'éloigne. Je soupir de soulagement et me caresse doucement les poignets devenus rouge.
L'homme en question s'approche de moi inquiet.
-Ça va, vous n'avez rien ?
Je l'observe silencieuse. Grand brun aux yeux clair, sa chemise blanche aux manches retroussées laisse apparaître le tatouage d'une montre à gousset sur l'avant-bras. Je peux deviner à travers ses vêtements, son corps musclé.
-Ou...Oui, merci beaucoup.
Je rougis, à la fois intimidé et reconnaissante. Il est naturellement beau. Il observe mes poignets
-Je peux ?
Il me les désigne du doigts, j'acquiesce en hochant la tête et tend mes mains. Il les prend et regarde attentivement.
-C'est un peu rouge, on va mettre de la glace dessus
Je reprends mes poignets et lui sourit
-Ce n'est rien ne vous inquiétez pas
-On peut se tutoyez, ce sera plus simple et je ne suis pas si vieux. Il ne faudrait pas qu'ils gonflent, promis ça ne durera pas longtemps.
Il m'invite à me rapprocher de la lumière.
-D'accord et oui, tu as sûrement raison pour mes poignets. Je ne voudrais pas que mes proches s'inquiètent.
Nous rejoignons le bar. Il fait signe au barman qui vient aussitôt.
Il demande des glaçons à celui-ci qui en voyant mes poignets comprend tout de suite. Il en enveloppe dans une serviette en papier, la donne à mon bel inconnu qui me le pose immédiatement sur la zone rouge.
-Tu me dis si tu as mal.
Ses gestes sont doux et minutieux.
-Non ça va, je n'ai pas mal. Merci beaucoup pour tout ce que tu fais
-C'est normal
Il me fixe un moment, la serviette toujours en place
-Tu veux qu'on aille s'asseoir au calme le temps que ça aille mieux ?
-Oui, allons-nous poser là-bas
Pour une raison que j'ignore complètement, je lui fait déjà confiance.
Je désigne un coin tranquille dans le sable, loin de la foule, au bord de la mer.
Le soleil est entrain de ce coucher. Nous sommes posés sur le sable, silencieux.
Il maintien encore la serviette sur mon poignet. Je sens les glaçons en train de fondre et une goutte d'eau s'échappe sur ma cuisse, ce qui me fait frissonner.
-Tu as froid ?
Il me regarde bienveillant, je lui souris.
-Non, ne t'inquiète pas, ce sont seulement les glaçons qui sont en train de fondre sur ma jambe qui me glace le sang.
Il regarde ma cuisse puis la serviette, confus
-Effectivement, je ne sais même pas s'il reste encore des glaçons là-dedans...
Il enlève le tout, le pose à côté de lui et me regarde en souriant.
-Bon, je crois que mon travail d'infirmier du soir est terminé
Il prend mon poignet et le regarde. Ne voyant rien, il sort son téléphone pour éclairer.
-C'est bon, tu es encore un peu rouge mais pas de grosses traces.
-Je te remercie pour tout.
-C'est normal. Mais tu connaissais ce gars ?
Je soupire et baisse les yeux
-Malheureusement oui, c'est mon ex
Il met les mains dans ses poches un peu embarrassées.
-D'accord, je comprends mieux. Vous ne vous êtes pas quittés en bon terme.
Je relève la tête et le regarde
-Non pas trop, il ses permis d'aller voir ailleurs donc à partir de la...
J'ai eue peur de lui pour la première fois ce soir, il n'a jamais été violent physiquement. Je ne sais pas ce qu'il se serai passé si tu n'étais pas intervenu.
-J'ai seulement fait ce qu'il y avait à faire, normal. Et n'hésite pas si tu veux porter plainte.
-Peu de gens auraient agi. Et non, c'est bon ne t'inquiète pas.
Il plonge ses yeux dans les miens.
-Tu vaux la peine qu'on prenne soin de toi.
Il rougit et détourne le regard en direction de la mer. Je rougis également un peu déboussolée par sa révélation. Il reprend, toujours le regard perdu à l'horizon.
-Je ne comprend pas ces personnes qui sont prête à tout pour détruire quelqu'un avec des gestes, des intentions malsaines alors que des mots suffisent parfois à se faire pardonner. En tout cas, il a vraiment eu tout faux ce soir !
Après hésitation, je pose ma main sur la sienne. Il se tourne, regarde nos mains et me fixe enfin comme je l'attendais.
-Merci beaucoup de m'avoir sortie de ses griffes.
Nous, nous rapprochons l'un de l'autre sans vraiment nous en rendre compte. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre. Il me caresse la joue de son autre main, je sens des frissons ma parcourir tout entière. Nos bouches s'effleurent lorsque la sonnerie de mon téléphone nous fait sursauter. Je sors celui-ci de mon petit sac.
-Désolée, je dois répondre.
Il me fait un signe de compréhension avec sa tête et je prends l'appelle en m'éloignant un peu.
-Eva, qu'est-ce que tu fais, je t'attends !
-Tu peux venir s'il te plait, je crois que j'ai fait une connerie
Inquiète je raccroche et me dirige vers mon bel inconnu
-Désolée je dois y aller. Ma meilleure amie a besoin de moi.
-Rien de grave ? Je peux t'emmener si tu veux ?
-Non, rien de grave. Et ne t'inquiète pas, je suis venue en voiture. Peut-être à bientôt.
Je ne le laisse pas répondre et ne pensant qu'à mon amie, je cours jusqu'au parking. Je me précipite dans ma voiture, allume les phares et démarre rapidement mais prudemment. Sur le chemin, je m'imagine le pire. J'espère qu'elle n'est pas retombée dans les bras de Calvin. Il est tellement toxique pour elle et pour toutes les autres d'ailleurs.
J'arrive devant chez elle, me gare et cours à l'intérieur après avoir sonné. Je monte dans sa chambre et la trouve allongé dans son lit. Je m'approche d'elle doucement, elle relève la tête. Son mascara coule le long de ses joues.
Je m'assois vers elle et la prend dans mes bras en la berçant doucement.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé Eva ?
Elle renifle bruyamment.
-C'est Calvin. Je pensais vraiment qu'il avait changé cette fois.
-C'est Calvin, il ne changera pas, tout comme Tony.
Je lui caresse les cheveux délicatement.
-Oui, je les compris ce soir.
-Dis-moi que tu n'as pas couchée avec lui !
Elle reste silencieuse, je comprends que si.
-Et juste après il m'annonce qu'il a rencontré quelqu'un, que c'est la bonne et qu'il faut que je l'oubli.
-Oh Eva, je suis désolé pour toi. Tu mérites tellement mieux.
-Pourquoi je ne peux pas être comme toi ?
J'arrête de lui caresser les cheveux et me recule légèrement pour la regarder.
-Comment ça comme moi ?
-Et bien, quand un homme te déçoit, tu lui dis d'aller se faire voir, tu pleures un bon coup et c'est terminé. Pas de retour en arrière malgré de belles paroles. Je t'admire, tu es tellement forte.
Je soupire et me met face à elle en lui prenant les mains.
-Tu sais Eva, je n'ai pas vraiment eu le choix avec Tony. Il m'a jeté comme une chaussette, il m'a détruite, j'ai perdue 23 kilos, beaucoup de confiance en moi. La seule chose qui m'a donnée de la force c'est vous et je sais que je suis totalement guérie de lui car ce soir lorsqu'il m'a embrassé le cou, je n'ai ressenti que du dégout.
Elle se redresse d'un coup et me regarde en souriant.
-De quoi ? J'ai loupé un épisode. Raconte !
-Je voulais aller au bar et il m'a tirée jusqu'à la piste de dance, à commencer à se rapprocher, me dire qu'il regrettait, etc. Il insistait, à même voulu plus.
Je baisse la tête et touche mes poignets. Eva suit mon regard et voit les marques restantes.
-Léna qu'est-ce que ce sont ses traces sur tes poignets ?
-Une longue histoire mais qui se termine bien.
Un sourire apparait sur mon visage en repensant à l'homme qui ma extirper des mains de Tony.
-Je reconnais bien se sourire Léna. Des ficelles, des cordes, des menottes ?
Eva commence à parler de plus en plus vite, complètement excité par ses fantasmes.
-Mais non, arrête ce n'est pas ce que tu crois !
-Ce n'est quand même pas avec T ?
-ça ne va pas non !
Je lui lance un oreiller sur la tête, ça se termine en bataille de coussin, de polochon et de peluches.
Elle s'arrête net et me fixe sérieusement.
-Alors c'est qui cet homme qui te fais tant sourire ?
-Tony a eu un comportement très déplacé, un homme sorti de nulle part est venue me sortir de ses griffes. Tu verrais comme il a soulevé T, il n'osait même plus bouger. Et il m'a mis de la glace sur mes poignets, l'autre les avait tellement serrés fort...
Et on a failli s'embrasser, si tu l'avais vu, il est tellement beau et son corps, tellement musclé
Je me mordille la lèvre inferieur en pensant à lui ce qui fait rire Eva.
-Fais attention, tu vas finir par baver.
Elle explose de rire et je ris à mon tour.
-Et il s'appelle comment cet Apollon ?
-Je ne sais pas justement. Je n'ai même pas son numéro de téléphone, rien
-Ca va être difficile de le revoir. Tu étais trop occupée pour lui demander ?
-Arrête, je m'énerve moi-même...
-Mais pourquoi ne pas l'avoir embrassé ?
Je soupire et la fixe d'un regard accusateur.
-A ton avis ?
-Mince, j'ai dû t'appeler au moment qu'il ne fallait pas...
-Bingo !
Nous continuons de parler de Tony, de Calvin et de ce mystérieux inconnu que je ne reverrai probablement jamais. J'envoie un message à mes parents pour les prévenir que je ne rentre pas ce soir étant chez Eva et nous finissons par nous endormir.
J'ai passée tout le week-end à me remémorer ce vendredi soir. C'est de loin la meilleure soirée que j'ai eue. Malgré ce que Tony a fait et l'appelle d'Eva en détresse, je ne retiens pratiquement que de bons souvenirs. Je n'ai fait que pensée à mon sauveur et lui ai même trouvé un surnom : Mister X. Son visage, ses mains, sa bouche que je n'ai pas eue l'occasion de goûter. Nous n'avons passés que quelques heures ensemble et pourtant, il me manque et je n'ai même pas eue le temps de lui donner mon numéro de téléphone. Je ne sais rien de lui, même pas son prénom. Et si je ne le revoie jamais...
Le réveil sonne, encore une nuit d'insomnie à me poser des questions inutiles sur lui. Comme dirais mon père, on refait Paris avec des « si »