Que personne ne sépare
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Chapitre 3 02

Partie 2

Je ferme les yeux et dans mon coeur je me dis quand il faut y aller, il le faut! J'entends la voix de mon porte parole ce soir de loin, comme dans un rêve :

- Merci beaucoup, Monsieur Sanogo. La deuxième nouvelle, quoique sérieuse est une bonne nouvelle.

- Ah vous m'en voyez rassuré! On vous écoute!

Et Raïssa qui ne revient toujours pas...

- Si je suis devant vous ce soir avec ce jeune homme c'est d'abord pour vous présenter les excuses de Roland. En effet, avec toute la fougue de sa jeunesse, il a cru bien faire en ne faisant pas comme les jeunes de son temps, mais il n'a pas non plus fait les choses dans leur ordre normal.

Je vois le père de Raïssa acquiescer de la tête.

- Il vous a importuné plusieurs fois au sujet de votre fille Raïssa, sans tenir compte du fait que votre rôle en tant que père était de l'éduquer et de la préparer à être une femme de qualité, et à ce titre de la préserver de toute perturbation.

- En effet.

- Donc pour toutes les fois où il est venu vous voir en dehors de tout protocole je vous demande pardon.

- Vous parlez sagement, le pardon est accepté.

- Ensuite, il y a une chose qu'il n'a pas comprise. Moi étant un père je pense que vos inquiétudes étaient fondées. En effet, nous sommes conscients que lorsque notre fille épouse un homme, elle n'est plus sous notre responsabilité, et il est de notre devoir de prendre les précautions en amont pour éviter le pire.

- Effectivement

- Je le lui ai expliqué et il a compris, qu'il était inutile de songer à certaines choses tant qu'il n'était pas prêt. Aujourd'hui, il a fini ses études, il a pu par la grâce de Dieu obtenir une situation régulière ici, et de plus il a signé un contrat de travail à durée indéterminée.

Il secoue juste la tête.

- Il a emménagé dans sa maison de fonction à New Haven il y a deux semaines. Et depuis un an il m'avait fait part de son désir de venir vous voir, et je lui avais dit qu'au bon moment, je viendrai en personne. Mais pas au bon moment selon lui, mais au bon moment selon Dieu. Et aujourd'hui je suis là.

- Je vous ai bien entendu, mais quel est le but de tout ceci.

- Roland ici présent, aime sincèrement votre fille depuis 8 ans maintenant. D'un amour sincère et pur, et il souhaite vivement obtenir votre bénédiction pour unir sa vie à la sienne.

Je sens que les carottes sont cuites, ça passe ou ça casse. Il échange dans un murmure avec sa femme avant de se retourner vers moi :

- Alors jeune homme, pour le moins qu'on puisse dire vous êtes persévérant!

- ... (je n'arrive même pas à structurer ma pensée)

- Qui est le monsieur qui parle en votre nom?

- ... euh, c'est mon mentor, mon père et mon patron.

- Bien, vous avez pris le soin de ne pas vous présenter seul cette fois-ci?

- ... euh, oui...

- Bien, comme le Pasteur l'a si bien dit, en tant que père nous élevons nos enfants et les préparons pour affronter leur vie d'adulte, et lorsque vous avez une fille, la dernière grande décision que vous avez à prendre concerne l'homme à qui elle unira sa vie.

- ...

- Ma femme et moi sommes mariés depuis 32 ans aujourd'hui. Malgré les turpitudes de la vie, la maladie, les problèmes, les incompréhensions, etc. Si je devais refaire un choix aujourd'hui, les yeux fermés ce serait avec et elle seule que je referai ma vie. Ce n'est pas juste une question d'amour, c'est aussi une question de vision. Nous marchons dans la même direction depuis toutes ces années. Vous dites que vous aimez ma fille sincèrement depuis 8 ans déjà, je n'en disconviens pas. Mais tout ce que j'entends là, ce sont les battements de votre coeur et je sais que c'est insuffisant, pour bâtir un foyer heureux, dans lequel des enfants s'épanouiront. Qu'avez vous d'autres que votre amour à mettre dans la balance...

Mon regard passe du pasteur Adams à lui, je ferme les yeux et je prends une profonde inspiration avant de lancer d'un trait.

- Vous avez raison Monsieur Sanogo, l'amour comme peut le ressentir un homme est imparfait, et n'est en aucun cas gage de bonheur. Mais l'homme qui craint Dieu, dépose tout ce qu'il ressent au creux de l'amour le plus parfait, celui que Dieu ressent pour nous, et se laisse impacter, transformer et renouveler dans son coeur et dans ses sentiments. Depuis le début, j'ai refusé de me conformer au siècle présent, je n'ai pas voulu vivre comme les jeunes de mon temps. J'ai silencieusement observé Raïssa pendant un an, sans jamais lui manquer de respect, elle vous le dira. Le jour où je me suis présenté chez vous la première fois, devait marquer le jour où respectueusement j'aurais commencé à la fréquenter avec votre bénédiction.

Je marque un arrêt.

- Je n'ai pas eu de haine dans mon coeur ou même le désir de vous désobéir ou d'emmener votre fille à le faire. La Bible enseigne d'honorer son père et sa mère pour vivre des longs jours sur la terre. Je l'aime et je voudrais qu'elle vive longtemps. L'amour que j'ai pour votre fille m'a poussé à me surpasser, à me demander quel genre de vie je voulais lui offrir, j'ai vécu petitement ces 3 dernières années, pour arriver à cet objectif. J'ai pu obtenir l'autorisation légale de rester ici, car il était primordial qu'elle puisse continuer à prendre soin de sa maman. J'ai aussi compris qu'en tant qu'homme, assurer son logis et son entretien de même que la préparation de l'avenir de nos enfants comme vous l'avez si bien fait est de ma responsabilité. Alors j'ai un travail, un salaire, une maison, une vision que j'ai partagée avec votre fille et elle y adhère. Ensemble, nous envisageons d'unir nos vies dan un projet commun avec des principes et l'aide de Dieu, je crois que nous ferons des exploits.

Je m'arrête et constate qu'un silence pesant règne dans le salon qui devient d'un coup trop petit pour nous tous, il ne peut pas m'arriver pire que ce que j'ai déjà vécu, je ferme les yeux et lance :

- Monsieur Sanogo, je vous demande de reconsidérer votre position, et de m'accorder la main de votre fille.

Je baisse les yeux, et j'attends. Pendant une éternité, en fait quelques secondes, il ne se passe rien, puis j'entends.

- Laisse tomber les monsieur Sanogo, tu peux m'appeler Papa...

1 semaine plus tard

Raïssa et moi sommes assis devant Miss Marble, la wedding Planner de l'église. Nous planifions la petite cérémonie que nous voulons pour nos voeux. Quand je repense au dénouement inespéré de notre visite chez les Sanogo je n'en reviens toujours pas. Il y a eu un véritable miracle, car contre toute attente Papa Sanogo (je me sens drôle de l'appeler comme ça) m'a écouté attentivement avant de de m'accueillir à bras ouverts. Mon Dieu est vraiment efficace! Il m'a posé des questions et donné des conseils pour tenir aussi longtemps que son épouse et lui dans un foyer heureux et stable malgré les difficultés de la vie.

Sur la question de la cérémonie, il a souhaité nous soutenir mais a approuvé mon idée de ne pas vivre au dessus de mes moyens. Aussi nous aurons une cérémonie que je peux payer, mais je laisse à leur discrétion tout ce qui concerne Raïssa. Ce sera leur contribution à notre épanouissement ce jour là. Et pendant que l'atmosphère se détendait, elle est enfin revenue, le sourire aux lèvres, un plateau et des flûtes de champagne et son père a sorti une bouteille... Au delà de toutes mes espérances...

Pour en revenir à ce que nous dit miss Marble. Apparemment, l'église prend en charge les mariages des pasteurs, donc nous avons à choisir certains éléments sur la décoration et la réception. C'est une aubaine, car je n'imaginais pas m'endetter pour le mariage mais en même temps je tenais vraiment à faire plaisir à ma Raï, ma perle précieuse. Je suis étonnée de voir cette enfant de riche s'adapter aussi simplement à moi, au lieu d'être chez un chef pâtissier à goûter différentes composition de gâteau, la voilà entrain de choisir un "red velvet" (gâteau rouge) sur une image, un gâteau fait maison par une des mamans de l'Eglise, avec un grand sourire comme sil elle ne pouvait pas avoir mieux que ça.

Nous avons établi des règles avec les parents de ma fiancée, notamment pour qu'ils apprennent à me connaître pendant les 2 mois qui nous séparent de la cérémonie. Ils viennent tous les dimanches au service à New Haven et déjeunent chez moi en compagnie de Raissa, et les mardis soirs je leur rends la politesse en partageant leur repas. C'est Maman Leila, qui en a fait la proposition, et à ma grande surprise son époux a accepté.

Le dimanche dernier a inauguré ce nouveau mode de fonctionnement, j'étais stressé je l'avoue, mais Raissa elle a tout géré comme une pro. Samedi elle a fait le ménage et les courses, elle a précuit le dîner. A 6H du matin, elle a pris le premier train direct, pour tout finaliser et tout s'est bien déroulé. Après le déjeuner, Papa Robert et moi nous sommes installés dans le jardin, pendant que les femmes se sont installés au salon pour se détendre. Nous avons eu une discussion à bâton rompus, c'était agréable.

1 mois et demi plus tard

Raissa

Manhattan

Maman ne peut pas faire les courses en ville avec moi pour m'aider à préparer mon trousseau et je ne voulais pas le faire avec quelqu'un d'autre qu'elle. Cette femme c'est mon modèle, quand je vois le drôle d'oiseau qu'est mon père, autoritaire, rigoureux, sévère, carré, rétrograde... oui oui je sais c'est trop pour un seul homme mais c'est vrai... Il n'y a que maman qui arrive d'un seul regard à le faire fléchir, 32 ans que cela dure... Et même si elle ne peut pas marcher longtemps qu'elle est trop faible pour cela, ce n'est pas grave, j'ai trouvé une solution.

J'entends sonner à la porte d'entrée, voilà Maisha, la jeune styliste qui m'a aidé à trouvé une solution. Elle traîne des lourds montants de vêtements et des box d'accessoires. Il a même fallu que notre concierge l'aide tellement elle est chargée. Je l'installe au salon sous le regard ébahi de maman qui n'en revient pas. Et voilà c'est parti pour des essayages à n'en plus finir en papotant et en buvant le thé. Nous nous chamaillons pour savoir ce qui me met le plus en valeur, finalement ma robe est choisie ainsi que tout mes accessoires pour le jour J.

Pendant encore 2Heures de temps j'essaie des tenues de villes, des tenues pour aller à l'église, pour recevoir à la maison et même quelques tenues de soirées. Elle m'aide à coordonner les sacs et les chaussures, je ne m'inquiète pas du prix c'est papa qui paye, et je compte bien faire chauffer sa carte de crédit. Ce n'est pas que j'aime particulièrement ces choses, mais je sais qu'il va falloir vivre petitement et bien, alors je préfère ne pas avoir à faire peser ce genre de dépense dans un premier temps sur mon budget. Nous finissons par la lingerie, je ris aux éclats devant l'air hagard de ma mère devant certains modèles...

Il est 17H45 quand Maisha nous quitte non sans avoir tout caler pour le jour J, elle viendra avec la maquilleuse et la coiffeuse pour faire de moi la plus belle pour devenir Madame Raïssa VALLEY. Je range le salon en échangeant à bâton rompus avec maman :

- C'est déjà dans une dizaine de jours ma puce, tu te sens prête?

- Maman, je ne serai jamais totalement prête mais j'ai foi en Dieu et je sais que Roland m'aime sincèrement et qu'il prendra grand soin de moi...

- C'est déjà pas mal Raïssa... Tu sais pourquoi ton père et moi sommes encore ensemble 32 ans après?

- ...

- Le jour de notre mariage nous avons adopté certains principes de vie : Le mot divorce ne fait pas parti de notre vocabulaire, on a pas d'autres choix que de rester ensemble jusqu'à ce que la mort nous sépare, alors nous avons le choix être malheureux ensemble ou se battre pour être heureux...

Je regarde ma mère, pleine de sagesse quand elle me dit ces mots.

- Quand ton père et moi nous sommes connus, nous étions loin de Dieu mais nous étions conscients de nos faiblesses. Faites attention, à ne pas prendre ces choses comme acquises Rai, il n'y a pas de foyer Chrétien, tous sont avant tout des foyers, et subissent les mêmes problèmes! Ne considère jamais ton mari comme un acquis! Re-séduit le chaque jour, par ta beauté, par ta douceur, par ta soumission par ton intelligence. Ne néglige jamais ton homme pour les enfants, la maison ou du boulot, tu le jetterais dehors! Ne néglige jamais ses faiblesses, identifie les et traite avec elle avec sagesse...

- Je ne te suis pas maman

- Exemple, si ton mari a des amis pas très recommandables, c'est une faiblesse. Ils peuvent l'attirer dans des vices. Ne les chasse pas, et ne deviens pas autoritaire. Crée un cadre sécurisé, reçois les chez toi, cuisine pour eux, fais en sorte que ton mari ne les voit pas sans toi mais aussi qu'ils aient du respect pour toi, car c'est à ce seul prix que ton mari résistera à la tentation, qu'il viendra te parler et qu'il se séparera de ceux d'entre eux qui sont une menace pour vous..

- C'est ce que tu as fait maman?

Elle me fait un clin d'oeil espiègle et nous entendons quelqu'un applaudir. A notre grande surprise, papa est debout dans l'entrée, la moquette a étouffé le bruit de ces pas. Il me fait un câlin avant d'embrasser son épouse avec une douceur infinie, avant d'ajouter :

- C'est ce qu'elle a fait, pour les amis douteux, pour les secrétaires aux jupes trop courtes et j'en passe.. Et je lui en suis reconnaissant, car dans aucune situation je n'ai perdu la face. Ta mère a raison, ton Roland là, il a l'air bien, mais méfiance. Moi vos histoires de Pasteurs qui sont des saints sur la terre là je n'y crois que moyennement! Fais attention ma fille! J'ai vu des midinettes à l'Église qui lui tourne déjà autour là....

- Papa c'est le pasteur de la jeunesse, c'est normal...

- Chut! Tu n'écoutes pas ce que ta mère dit. Fais toi respecter en tant que sa compagne et fais le respecter en temps qu'homme, chef de famille et époux. Je suis un homme je sais de quoi je parle, sois vigilante.

- D'accord Papa.

- C'est mieux ainsi! Et gère tes problèmes avec ton mari. Le jour où tu viens ici te plaindre, je prends mon arme à feu et j'émascule ton mari! Donc si tu penses qu'il y a quelque chose qui peut encore être fait pour sauver la situation fait, le sinon, tu n'auras plus de mari!

Nous éclatons de rire, mais dans mon coeur je sais que jamais une telle chose n'arrivera, je fonde mon foyer sur la vérité et sur des principes bibliques et avec Dieu je ferai des exploits!

10 jours plus tard

Debout devant la chaire, j'ai les yeux fixés vers la porte qui va bientôt s'ouvrir pour laisser entrer la femme que Dieu a faite pour moi Raïssa Sanogo, pour encore quelques minutes, avant qu'elle ne devienne totalement mienne et porte désormais mon nom. L'orgue retentit et les porte s'ouvre, le cortège se mets en marche... Elle est tellement belle, tellement, tellement... Les mots me manquent, je détourne le regard pour écraser discrètement une larme... Je n'ai vraiment pas les mots pour traduire l'état de mon coeur à cet instant.

Pendant les minutes qui suivent, je suis comme dans un cocon d'amour et de joie. Je ne reviens à moi que lorsque j'entends :

"Par les pouvoirs qui me sont conférés par l'Etat du Connecticut, je vous déclare unis par les liens du mariage, vous pouvez embrasser la mariée"

Devant la communauté de la Chapelle de la Grâce, nos amis et parents , je soulève le magnifique voile et dépose un baiser chaste sur les lèvres de celle qui est désormais mon épouse.

Une nouvelle vie commence.

La vraie vie commence...

            
            

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