Que personne ne sépare
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Chapitre 2 01

Partie 1

3 Mois plus tard

Je suis le major de ma promotion et à ce titre je prête le serment au nom de toute la promotion :

" Je n'aurai pas d'autres dieux, Tu seras mon seul Seigneur. Faire ton oeuvre et obéir à ta volonté sont aujourd'hui à jamais ma raison de vivre, Donne moi ton esprit, ta sagesse et ton discernement afin de ne perdre aucun de ceux que tu me confieras, sois mon rempart et ma forteresse au jour de l'épreuve et que ma vie entière témoigne que tu es Seigneur à la Gloire de Dieu le père au nom de jésus"

Tout mes collègues crient "AMEN", ça y est! Après trois ans d'étude et de pratique, je viens aujourd'hui d'être officiellement diplômé en Théologie et consacré Pasteur. Je promène mon regard vers l'assemblée des familles et amis, je la vois là bas, ma Raï en pleine discussion avec le pasteur Adams à côté d'elle, Yann, Yann Alindé, le jeune homme de la dernière fois. Nous nous sommes beaucoup rapprochés, et je l'ai invité à cette cérémonie. je me dirige vers le petit groupe qu'ils constituent, et je reçois les chaleureuses félicitations.

Le pasteur Adams est le pasteur principal d'une église du Connecticut, il recherchait un pasteur de la jeunesse et au cours de ma deuxième année, il faisait parti du jury de prédication. Nous avons sympathisé et avec le temps je lui ai partagé ma vie et il a fini par me proposer le poste si j'arrivais à obtenir la Green Card et si je me mariais entre temps. Je ne lui ai pas caché ma situation avec la famille de Raïssa mais il nous a dit de demeurer dans la prière et de regarder Dieu agir.

Quelques heures plus tard nous quittons l'université et nous dirigeons vers un petit restaurant pour fêter mon diplôme et le début de notre nouvelle vie accompagnés de Yann. L'ambiance est agréable, il veut entendre notre témoignage, je laisse ma Raï lui raconter :

- J'étais une petite fille pourrie gâtée au collège, mon père travaillait à l'ambassade des USA et bien entendu nous avions une vie de rêve. J'étais en seconde quand j'ai remarqué Roland au coin de photocopie en face de mon école..

- Moi je l'avais remarquée depuis au moins un an!

- Je pensais qu'il travaillait et j'avoue que j'ai été surprise de le voir un vendredi soir en habit d'école, rentrant dans son quartier, je suis spontanément allée vers lui et nous sommes devenus amis. Je passe sur les détails...

- Et surtout le petit ami qu'elle avait à l'époque!

Nous éclatons de rire

- Et quand les grandes vacances sont arrivées, Il a eu son bac, et lorsque nous nous sommes vus il m'a avoué ses sentiments en disant qu'il voulait rencontrer mes parents avant de me fréquenter. J'ai trouvé sa demande bizarre, mais j'ai accepté. Je trouvais ça pas mal, mais c'était sans compter sur mon père!

- Je n'oublierais jamais ses propos : Jeune homme je vais chercher mon fusil dans ma chambre, si je vous trouve ici à mon retour il ne me faudra qu'une balle pour vous émasculer!

- lol! J'ai juste eu le temps de le mettre dehors de peur que mon père ne mette sa menace à exécution et j'ai encaissé sa colère toute seule. J'ai été privée de tout, de téléphone, d'internet, de sortie, d'argent de poche. Une semaine plus tard lui et moi étions dans l'avion, direction New York. Je me suis retrouvée en pensionnat et pendant deux ans je n'ai pas eu le droit de contacter mes anciens amis. Quand j'ai eu le bac, je suis revenue à Abidjan et je n'ai pas pu retrouver Roland, et l'année qui a suivi...

- Dieu a conduit nos chemins dans la même entreprise, elle en stage et moi étant employé.

- Cette fois ci nous avons pris le temps de nous connaître, il m'a partagé sa foi et ses convictions et j'ai compris pourquoi il insistait pour avoir la bénédiction de mon père. Avant mon départ nous avons fait une nouvelle tentative avec l'aide de ma mère. Cette fois-ci, Roland n'était plus un jeune homme de famille modeste, mais un jeune en début de carrière. Il nous a reçus, a accepté les cadeaux de Roland et à commencé à lui poser les questions. Quand il a su qu'il était de père inconnu, mon père est rentré dans une colère noire et l'a mis dehors. Mais cette fois ci je ne me suis pas laissé faire après son départ j'ai fait comprendre à mon père que s'il ne revoyait pas sa position sur Roland, je disparaîtrais dans les USA et qu'il n'aurait plus de fille. Mon chantage a marché, car depuis il nous tolère même si nous n'avons pas son plein accord.

Nous nous regardons pendant un moment.

- Je suis resté en contact avec elle après son départ, nous avons juste constaté que son père avait considérablement réduit l'aide qu'il lui apportait, donc même pour nous parler au téléphone ce n'était pas aisé. Nous n'avions que le mail. Les vacances qui ont suivi elle n'est pas rentrée, elle travaillait pour se prendre en charge.

- Et là, on a diagnostiqué un cancer du sang à ma mère et toute ma famille s'est retrouvée ici, je me voyais déjà perdu sans aucune chance de revoir Roland. Et puis il y a eu ce concours organisé par TBN (Trinity Broadcasting Network) pour offrir des bourses d'études a des jeunes gens qui ressentaient l'appel du Seigneur dans leur vie,

- Il a postulé et il a été retenu, C'est comme ça qu'il est venu ici il y a trois ans. Il a brillamment fini ses études et est officiellement Pasteur.

- Et comme notre prière était de ne plus être séparé, nous avons confié nos projets au Seigneur, et depuis l'année dernière, j'avais une promesse d'embauche à plein temps comme pasteur de la jeunesse à New Haven. Ça n'a pas été évident mais par la grâce de Dieu j'ai obtenu ma Green Card et...

- Nous croyons que cette fois c'est la bonne, nous allons nous marier.

Yann nous regarde attentivement avant d'ajouter :

- J'admire votre fois et votre persévérance vous savez... Vous devez vous aimer vraiment pour avoir enduré tout ceci sans jamais baisser les bras...

Nous nous regardons tendrement, Il est vrai que l'amour se fortifie dans l'épreuve et que le nôtre a ployé sous bien des tempêtes mais n'a pas cédé, aujourd'hui nous avons la ferme assurance que si nous restons ancrés en Christ nous ferons des exploits ensemble.

Deux Semaines plus tard

New Haven

Le train qui entre en garde de New Haven marque un nouveau départ dans ma vie. J'ai empaqueté les quelques effets personnels que j'avais dans mon studio, rendu mes clés à mon bailleur et nous voilà, Raïssa et moi entrain de faire mon déménagement.

La semaine dernière je suis venu visitée la jolie petite maison que l'église nous octroie pour la durée du contrat. Elle est située sur Dudley Street, juste à proximité d'un espace vert et pas très loin de l'Eglise, la Chapelle de la Grâce. Jamais dans mes rêves je n'avais pu imaginer cela. Un jolie petit duplex avec trois belles chambres, un jolie salon et une cuisine plus grande que mon ancien studio.

Nous prenons un taxi et en quinze minutes nous sommes devant la maison. Raïssa est émerveillée, elle découvre chaque pièce avec des étoiles dans les yeux en bénissant le Seigneur. Au bout de quinze minutes, elle retrouve ses esprits, nous rangeons mes quelques affaires et partons à la découverte de la ville. J'ai reçu ma dernière paie hier. Ma seule richesse, environ 1200$. Heureusement que je n'ai pas de loyer à payer et pas non plus de transport car l'Église me donnera un véhicule. Mais ça reste insuffisant pour épouser Raïssa, mais j'ai la fois que Dieu pourvoira selon sa richesse.

Nous sortons en ville faire les courses, nous avons un accord. Raï tient à prendre en charge l'alimentaire, elle m'a fait une démonstration biblique sur le fait c'était son rôle (proverbes 31:10-31) et je n'ai pu que bénir Dieu pour sa sagesse. Elle charge donc le chariot au maximum de tout ce qu'elle estime nécessaire, et moi je ne prends que le strict nécessaire pour moi. Nous rentrons à la maison et pendant qu'elle me cuisine quelques petits plats à réfrigérer, je continue mon rangement. J'ai tellement hâte que nous soyons mariés! Cette maison va me paraître bien vide sans elle... Mais j'y suis presque j'y crois.

Nous partageons ensemble l'excellent gâteau au chocolat qu'elle a cuisiné avant que je ne la raccompagne à la gare pour qu'elle rentre à New York. En rentrant, je m'arrête à l'église pour informer le pasteur Adams de mon installation. Il est ravi de l'apprendre et nous échangeons très vite sur le sujet qui nous tient à coeur :

- Pasteur, j'avoue que j'ai un peu peur de rencontrer à nouveau le père de Raïssa.

- Ce qui est compréhensible vu les derniers échanges que vous avez eus, mais je pense que ta persévérance paiera. Il faut que tu agisses avec la ferme assurance que ce que tu as demandé d'un coeur sincère t'a déjà été accordé dans le ciel!

- Effectivement.

- Pour quand est ce que le rendez vous est fixé?

- Pour la semaine prochaine.

- OK je suis disposé à prier avec toi tout les jours jusqu'à ce rendez-vous pour que la volonté de Dieu se fasse dans vos vies.

- Merci beaucoup Pasteur, je n'osais pas te le demander.

- Il ne faut pas tu sais. Une chose est fondamentale quand on est un homme de Dieu, ne pas cacher ses faiblesses et ses peurs. Il faut toujours les dénoncer pour éviter qu'elles aient de l'emprise sur nous, tu me suis?

- Pas vraiment

- Je te donne un exemple. Un homme de Dieu reste un homme avant tout. S'il a un problème de colère par exemple il ne doit pas le cacher mais le dénoncer afin que l'on prie pour lui, parce que sinon un jour à force de lutter par ses propres forces, il finira par céder. Cela donne par exemple des hommes de Dieu qui battent leurs épouses!

- Mon Dieu!

- Oui mais ne pense pas qu'ils le font exprès, simplement un jour ils ont laissé les choses de l'ombres les dominer jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus se contenir...

- Je comprends maintenant.

- Alors tu vois, je ne suis pas ton Dieu mais la Bible nous exhorte à nous soutenir mutuellement, alors quelle que soit la faiblesse qui se présente devant toi, vient ici dans ce bureau et nous prierons...

- OK.

- J'ai déjà entendu bien des choses donc ne te gène surtout pas : femme, alcool, drogue, mensonge, cupidité... N'importe quoi, il vaudra mieux que nous prions en amont plutôt que d'avoir la surprise de te voir chuter un jour. Tu es désormais un berger et les brebis ont le regard fixé sur toi. Prends garde à ne pas être une pierre d'achoppement.

Ces propos pleins de sagesse me raccompagnent alors que je rentre dans ma petite maison.

1 semaine plus tard

Je suis installé dans la voiture du Pasteur Adams, le père de Raïssa ainsi que sa mère nous attendent pour dîner. Je ne sais pas ce qui va se passer, j'ai peur alors j'ai tout abandonné entre les mains du Seigneur, lui seul pourra faire aboutir favorablement cette rencontre.

Le trajet dure presque deux à cause des embouteillages à l'entrée de New-York, mais nous sommes encore dans les délais, j'ai choisi des cadeaux. Pour sa mère une belle édition de la Bible et pour son père un joli presse-papiers en forme de poisson (le symbole des Chrétiens). J'ai aussi pris des orchidées, Raï m'a dit que c'est les seules fleurs que sa maman supporte encore depuis sa maladie. Je les ai prisse en pot pour qu'elles ne meurent pas en quelques jours.

Je ferme les yeux et je pense à la dernière fois que mes pieds ont franchi la porte de cet appartement. Le père de Raïssa m'a simplement dit qu'il ne pensait pas que je puisse un jour m'occuper de sa fille et il trouvait mes principes de foi complètement rétrogrades et refusait que sa fille devienne une dévote sans ambition. Pour lui je masquais mon manque d'ambition derrière un Dieu qui avait mieux à faire que de s'occuper de nous donner le pain quotidien... Bref, j'ai enduré tout en silence, par amour et par les compassions du Christ...

Le Pasteur Adams finit par garer la voiture devant l'immeuble des parents de ma Raï, j'en profite pour lui faire mes dernières recommandations sur la bienséance à l'africaine, pour le reste je fais confiance à sa sagesse. Quelques minutes plus tard, nous sonnons à la porte de l'appartement au 17ème étage. J'entends des pas étouffés et la porte qui s'ouvre. La femme de ménage s'efface pour nous laisser entrer. Elle prend nos manteaux avant de nous introduire dans le salon où sont installées la mère et la fille. Raïssa se lève pour nous accueillir et nous installer tandis que sa mère reste assise. Après les salutations d'usage et le verre d'accueil, sa mère nous demande de patienter un moment le temps que son père, arrive.

Pendant ce temps, nous échangeons des mondanités, de manière détendue:

- Raïssa m'a dit que tu es maintenant installée dans le Connecticut?

- Oui maman, c'est vraiment une grâce que le Seigneur nous a accordé

- Oui, Dieu est toujours fidèle! Mais c'est pas un peu loin ça?

Nous rions, car je sens qu'elle appréhende un peu l'éloignement de sa fille, son principal soutien depuis toutes ses années de maladie. J'en suis conscient et je ferais tout pour qu'elle ne perde pas sa fille, même si elle doit venir s'installer avec moi à New Haven.

La sonnerie retentit, je vois Raïssa se lever pour aller accueillir son père. Leurs voix nous parviennent depuis l'entrée. Nous attendons en silence, j'avoue que là tout de suite je suis mort de peur, même les prières mentales que j'adresse au Seigneur ne sont d'aucune efficacité pour m'aider à me relaxer. Il entre dans le salon, nous nous levons, il arrive à notre niveau, embrasse chaleureusement son épouse. Je me surprends à admirer le regard d'amour qu'il porte sur elle malgré le fait que je le connaisse comme un homme dur et sévère. Il se tourne vers nous et nous serre la main. Il s'excuse quelques instants et va vers les chambres.

Cinq minutes plus tard il s'installe. Il s'est sûrement rafraîchi. Il prend la main de sa femme, et lui parle à voix basse, elle lui répond, il hoche la tête et s'adresse à nous :

- Bonjour messieurs, excusez moi pour le retard, je vois que mes femmes vous ont bien reçus. Tout va bien alors.

- ...

- Comme on dit chez nous, soyez les bienvenus dans notre maison. Quels sont les nouvelles?

Heureusement que j'ai briefé le Pasteur Adams sur les civilités de chez nous parce que connaissant son père, une petite faute de convenance là et la visite va tourner court directement.

- Merci pour l'accueil Monsieur Sanogo, comme on dit chez nous, il n'y a rien de grave, nous passions dans le quartier et nous nous sommes arrêtés pour vous dire bonjour et prendre de vos nouvelles et de celles de votre famille.

Je vois un grand sourire se dessiner sur son visage, j'avoue que je suis un peu surpris car c'est la première fois qu'il sourit en ma présence. Il doit apprécier le fait que les convenances soient respectées. Il se tourne vers sa femme et prend la parole :

- Leila, voilà la nouvelle.

Elle hoche la tête. Il continue :

- Merci beaucoup pour la nouvelle. Nous aussi nous allons bien. Et nous sommes heureux de vous recevoir ce soir. Soyez les bienvenus. Mais nous n'allons pas vous laisser repartir comme si de rien n'était, accepteriez vous de partager notre dîner?

- Bien entendu...

- Alors soit, Raïssa si tout est prêt on peut y aller?

- Oui papa.

Je les regarde dans leurs échanges, aïe? et la deuxième nouvelle? (En côte d'ivoire la première nouvelle est toujours banale, c'est dans la deuxième nouvelle que l'on donne le motif réel de la visite). Pourquoi il est si prévenant???

Nous passons à table. les parents de Raïssa et le pasteur Adams devisent joyeusement, alors que moi je suis incapable d'avaler quoique ce soit. Je jette un oeil à ma Raï, elle est sereine et semble me demander de me calmer.

Nous quittons enfin la table pour boire le café au salon. le dîner n'aura duré qu'une heure de temps, mais pour moi il a duré une éternité. Nous nous installons, pendant que Raïssa fait le service du café, puis elle se retire. Je la regarde partir quand j'entends son père dire :

- Alors Pasteur Adams, quelle est la deuxième nouvelle?

................ Mon coeur vient de s'arrêter de battre...

            
            

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