L'amour est inévitable
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Chapitre 5 Koto

Sa voix était de la musique à mes oreilles.

Elle aimait les trucs bien durs. Elle aimait le Shibari.

Et elle me considérait déjà comme son maitre.

Je fus parcouru d'un frisson. Ma bite était tellement dure dans mon caleçon que j'en avais mal aux testicules.

Mais je me suis très vite ressaisi.

Je ne laisse jamais des soumises m'appeler maitre au premier jour. Encore moins Shujin! Elle était sans doute inexpérimentée et ignorait l'étiquette que doivent suivre les soumises dans les clubs. En effet, en dehors de leur propre dom, elles se doivent nous appeler Sensei ou Sir ou Monsieur dans toute autre langue que le Japonais.

Dans les clubs du Dragon d'or, les grands maitres portent aussi le titre de Lord. Mais pas ici au Japon. Ici, un grand maitre du Dragon d'or ne se distingue que par sa chevalière marquée du Dragon en or au doigt. La chevalière d'un nouveau membre (un débutant) est en bronze et un membre VIP en argent. Ce système permet aux soumises de distinguer les doms d'expérience et les doms qui sont impliqués au club et peuvent leur venir en aide en cas de problèmes de ceux qui ne sont que des débutants...

Les soumises japonaises appellent indifféremment tous les doms Sensei... Quand une soumise s'adresse à moi, ici au Japon, elle devrait dire: Kurai Sensei. Si nous sommes plus intimes, alors seulement elle peut m'appeler Kurai-Shi, shi étant le suffixe pour désigner un maitre, ou encore elle peut m'appeler Shujin.

Shujin aussi veut dire maitre, mais, dans une dynamique de D/S, ce n'est pas tout à fait la même chose que Sensei.

Un Sensei est un maitre, mais un Shujin est une autre sorte de maitre. Globalement, un Shujin est maitre d'une discipline en particulier. Mais dans les relations intimes, un Shujin... est, disons plus personnel. Plus intime. Il est Votre maitre. Ce n'est pas un maitre au sens péjoratif du terme. C'est un terme qui est réservé aux relations exclusives ou aux relations entre un maitre et son disciple. Parce que, le kanji (cartouche d'écriture) qui forme le mot Shujin était aussi utilisé traditionnellement pour le mot époux, le mari... Le Shujin est donc à la fois le maitre et aussi le chef de clan, le chef de famille... la tête pensante et dirigeante.

Shujin est le maitre ultime de votre existence.

C'est pourquoi dans le club du Dragon d'or de Tokyo, quand une soumise vous dit: «Shujin...» elle vous reconnait comme étant SON maitre... alors que Sensei est bien plus général, plus impersonnel.

Bref, seule ma soumise, dans une relation exclusive, aurait eu le droit de m'appeler Shujin.

Mais cette petite nouvelle l'ignorait très certainement.

En effet, je doutais fortement que cette jeune femme tout innocente réalisait les implications quand elle m'a interpellée de manière aussi intime.

Je n'étais pas du tout le dom qui convenait pour une débutante!

Moi je jouais déjà dans la cour des grands.

J'étais dangereux. Toxique.

Je doutais même que cette jeune femme, qui ne me paraissait pas avoir plus de 18 ou 19 ans, n'ait jamais senti une bite bien dure dans son joli petit cul ni le mordant d'un fouet sur ce derrière en forme de cœur... elle n'apprécierait surement pas non plus que mes cordes serrent sa petite gorge vanilla si fort qu'elle s'approche de l'asphyxie.

Parce que c'est exactement ce dont j'avais besoin à ce moment précis. Jouer très rude, très dur et aussi très dangereux... ce que l'on appelle les «edgeplays». Cette nuit-là, je ne voulais pas être simplement le Shibari-Shi reconnu de tous les autres membres du Dragon d'or au niveau international... celui qui, dans des vidéos éducatives, aime chatouiller ses soumises avec des plumes quand elles sont en suspension... mais bien être «Kurai Sensei», le dom cruel et sadique qui se cache parfois en moi.

À en juger par son regard, sa voix, sa posture... tout de cette femme me hurlait son innocence. Je ne l'avais même encore jamais vu au club de Tokyo lors de mes précédentes visites. Elle était sans doute nouvelle... et ce n'est pas ce genre d'introduction au BDSM dont elle avait besoin.

Je m'étais donc avancé en sa direction, goutant la crainte mêlée d'adoration que je lui inspirais, me régalant de sa beauté, et surtout admirant tous les contours de son corps divin pour la toute dernière fois, avais-je décidé en moi-même.

Je l'avais prise par le menton, pour la forcer à me regarder moi et non plus ses petites mains sur ses genoux ou encore mes belles chaussures, son visage étant rivé au sol si férocement...

- Quel est ton nom?

- Chō, m'avait-elle dit.

Ce qui veut dire papillon dans notre langue. Étant donné la marque de naissance à ;la base de sa nuque, en forme de papillon justement... Ce n'était sans doute qu'un nom de scène, tout comme celui que j'employais moi-même au Japon ordinairement: Kurai, qui veut dire «Sombre» «ténébreux» et donc secret, mystérieux...

Dangereusement meurtrier.

J'étais les ténèbres et elle n'était qu'un petit papillon tout innocent.

Je ne voulais pas d'elle pour partenaire parce que je ne voulais pas briser ses ailes délicates. En fait, je ne voulais plus jamais revoir cette jeune femme dans un lieu aussi pervers que le club du Dragon d'or de Tokyo, dont certains doms avaient des kinks qui feraient frissonner d'effroi même Auguste, ce sale pervers! Ou encore Bérubé, ce fichu sadique!

Quand tout le monde est payé pour la fermer et que plus personne n'est là pour maintenir l'ordre, un donjon de la taille de celui du Dragon d'Or de Tokyo peut très vite devenir le terrain de jeu personnel de prédateurs sexuels.

Il y a une bonne raison pour laquelle le club de Tokyo avait fermé par la suite, croyez-moi!

D'ailleurs... un bref coup d'œil au profil de membre de ce joli papillon tout innocent, sur mon application mobile, m'avait permis par la suite de découvrir qu'elle était effectivement fraichement inscrite au club.

J'avais vu juste.

Elle était encore vierge... pour tout ce qui a trait au BDSM, s'entend!

Elle avait même indiqué sur son profil tout aimer et n'avoir aucune préférence bien spécifique. Ce qui est une grave erreur dans la communauté BDSM.

Quand une nouvelle soumise me dit tout aimer, moi je lui montre toujours un couple Sado/Maso tel que Bérubé et sa soumise en exemple. Je vous assure qu'après avoir été témoins de jeux sexuels aussi extrêmes, ces soumises débutantes se découvrent des tas de limites hards!

Pour en revenir à ce délicat petit papillon... Un autre jour, j'aurais été plus tendre, plus délicat dans ma façon de la rejeter. Mais en ce jour précis, mon frère m'avait mis très en colère.

Il avait franchi la ligne.

Jun.

Ma limite personnelle.

Toucher à mon fils... et vous en payez le prix.

Mon frère le découvrit d'ailleurs à ses dépens par la suite... Il est aujourd'hui dans un fauteuil roulant et je ne le regrette aucunement. Il avait mérité ce châtiment.

Jun n'était encore qu'un préadolescent tout innocent!

Une victime qui ne pouvait se défendre.

Kenzō n'a aucun honneur.

Je ne serais même pas étonné que notre père l'ait déshérité.

En fait, je le soupçonne de se servir de lui pour m'endurcir depuis toujours...

Chassant les images de mon fils sur ce foutu lit d'hôpital, qui avait bien failli être paralysé pour le reste de ses jours à cause du ricochet d'une balle logée dans sa moelle épinière... j'avais plongé mon regard dans cette soumise toute fraiche et tout innocente, me concentrant sur son cas.

Elle fut la première à payer le prix de ma mauvaise humeur, au soir précédant cette embuscade planifiée...

- Little girl. Je crois que tu t'es trompée d'endroit... La piscine est sur le toit, dans la section des clients réguliers et des non-membres...

Sous-entendu qu'elle n'était encore qu'une enfant qui n'avait pas sa place dans la cour des grands. Sous-entendu que son petit ensemble avait bien plus l'air d'un maillot de bain que d'un costume de scène BDSM. Ma voix était dédaigneuse et mon regard presque cruel.

Je voulais l'humilier. La décourager de remettre les pieds au Dragon d'or de Tokyo.

Ce n'était pas la place de cette jeune femme tout innocente.

Je ne pouvais non plus imaginer un autre dom que moi détruire sa pureté.

La ruiner.

Et si dans la foulée je détruisais sa confiance en soi... je n'en avais rien à faire! Ce n'était qu'un dommage collatéral.

Je pouvais sentir son humiliation et même la blessure de rejet, quand elle avait baissé les yeux de nouveau, tremblante de tout son corps, et me murmurant un tout petit: «Je... je n'suis pas si jeune... Vous vous trompez...» avait-elle balbutié.

Mon cœur s'était serré devant sa tristesse évidente, mais je n'en avais pas moins ajouté avec grande cruauté:

- Peu importe votre âge... Vous aurez toujours l'air d'une enfant à mes yeux...

Je feignais un tel dédain, un si grand dégout... L'humiliation était d'autant plus grande que d'autres soumises affichaient un sourire méprisant, s'amusaient de la voir rejetée par moi le grand maitre du Shibari! Et de manière aussi cuisante...

Non, mais, pour qui se prenait-elle celle-là! De s'offrir à Kurai Sensei, comme si elle était assez bien pour lui! murmuraient même certaines des Courtisanes avec lesquelles j'avais déjà fait une scène ou l'autre.

«Désolé que mon corps vous déplaise... Kurai-Shi.» avait alors soufflé la délicieuse créature, d'une voix étranglée, détournant les yeux... de manière tellement intime, tellement personnelle...

Kurai-Shi... oui, je fantasme encore aujourd'hui, d'entendre la voix cristalline de cette soumise en particulier, soupirer mon nom alors que je la ferais jouir.

Elle m'appelait ainsi parce que sans doute, elle ressentait elle aussi la même chose que moi... comme une fatalité. Que je l'accepte ou que je la rejette, elle n'aura jamais d'autres véritables maitres que moi, parce que nous sommes prédestinés que nous le voulions ou non. Elle ne pouvait le nier, même si je venais de l'humilier d'une manière aussi cuisante, ce qui me troublait encore davantage!

Ses petits poings serrés sur son corps étaient si pâles, et sa bouche faisait une petite moue adorable. Elle était complètement dévastée. Continuant de la blesser ouvertement, moi, je m'étais tourné indifféremment vers une autre soumise, une "pute à douleur" (pain whore) bien connue de tous les doms de Tokyo... J'avais entrainé ma victime en direction de la station réservée au Shibari...

Je songeais déjà à tout ce que j'allais lui faire après l'avoir mise en suspension. Serrer son joli petit cou... fouetter ce corps et le strier de marques bien rouges... peut-être aussi un peu de «knife play»... Et à chacune des marques que je laisserais sur son corps blessé, j'imaginerais mon détestable frère à sa place.

Bref, j'étais d'humeur massacrante et à l'époque, je n'avais pas encore établi cette règle, de ne jamais faire de séance quand j'étais dans cet état d'esprit bien spécifique. Il fallut un autre incident, au club de Londres trois ou quatre ans plus tard, pour que je me décide enfin à m'imposer certaines limites. Ou plutôt c'est le propriétaire des clubs du Dragon d'or, Riddleman, qui me les avait imposées après une bonne discussion entre doms d'expérience...

Aujourd'hui, jamais je ne joue une scène quand je suis en colère. Jamais je ne discipline non plus mes soumises sous le coup d'une émotion et je ne fais définitivement plus de «edge play» aussi souvent que je les pratiquais étant plus jeune.

Je n'ai jamais revu ce joli papillon au club du Dragon d'or de Tokyo par la suite. À ma grande satisfaction, je pense bien qu'elle n'a plus jamais remis les pieds dans un club BDSM après que j'en ai eu fini de l'humilier ce soir-là. Enfin, c'est ce que me dit mon application mobile depuis toujours...

En effet, j'ai programmé une alerte pour m'avertir si la membre portant le pseudonyme de «Miss Chō» mettait de nouveau les pieds dans un des clubs du Dragon d'or... et jamais cette application ne m'a alerté de sa présence dans un des clubs du Dragon d'or, ici comme ailleurs dans le monde...

Ce qui signifie que son innocence fut préservée et qu'elle mène sans doute présentement une petite vie tranquille avec ses autres amis, tous vanilla sans doute...

Il faut dire que deux ans plus tard, il y a eu cette descente de l'escouade de la moralité au club de Tokyo... l'hôtel du Dragon d'or de Tokyo fut donc fermé durant plusieurs années à cause d'une série d'articles scandaleux dans les journaux.

Mon père avait même dû graisser la patte à plusieurs officiels du gouvernement ainsi que bon nombre de journalistes, pour que mon nom soit rayé de la liste des clients de ce club spécifique et n'apparaisse pas dans les journaux.

J'étais une disgrâce! Une honte!

Ma perversion n'avait donc aucune limite!? me reprocha mon père, avec fureur, à l'époque. Mon propre fils avait refusé de m'adresser la parole durant des semaines! Seule le regard de ma tendre mère n'a pas changé suite à ces révélations. Ma mère a toujours été une femme très accueillante envers nos faiblesses... elle pardonne même celles de mon détestable frère...

Enfin... Vous comprenez donc que lorsque la réouverture prochaine d'un nouvel hôtel du Dragon d'or à Tokyo a été annoncée dans les journaux le mois dernier ... Mon père. Non. Mon Oyabun m'a bien fait comprendre que je ne devais en aucun cas y remettre les pieds.

Le Dragon d'or de Tokyo m'est interdit.

Ainsi que toute autre forme de plaisir de ce genre.

Je me suis bien amusé à Londres...et je peux faire ce que je veux quand je suis en voyage à l'étranger... a même osé me dire très clairement mon père... mais ici, à Tokyo, je suis le second des fils de Ryo Tanaka, et donc un des possibles successeurs à la tête d'un important groupe de yakuzas... un des plus influents au Japon, dirais-je même.

Je n'ai donc pas droit à l'erreur...

                         

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