J'entends depuis la salle d'audience la foule s'exclamer. Le procès est public est donc diffusé à la télévision. Là en ce moment même, le jury fait part de ses délibérations. Presque tous les accusés sont reconnus coupables, un seulement est innocenté. Pourtant c'était pour moi le plus suspect. Ce n'est qu'un détail, même si certains accusés ne sont pas là car pour beaucoup européens ils seront pour certains dans les prochains jours extradés ici pour être emprisonnés. Les pays d'origines ont décidé soit de coopérer soit d'eux mêmes juger les accusés. Ils auront donc leur propre procès mais, ils sont tous mal partis.
Ce vague réseau de prostitution a enfin été démantelé, c'est la fin d'une très grosse affaire. Je pense l'un des plus gros scandal politique de ces dernières décennies. J'ai réussi à me démarquer, c'est moi qui avait la témoin clé. C'est moi qui ai fait le travail de persuader le jury de la culpabilité des accusés. J'y ai mis corps et âme. Mon premier procès et j'en sors déjà grand !
À la fin, les victimes exclûtes de joie dont Awa. Je suis quant et victorieux. Mon père et grand père se trouvaient dans le public, ils me regardent tous les deux avec un air de fierté. Je suis touché, j'en ai presque les larmes.
- C'est enfin finit. Tu as fais du bon boulot. *dis-je en posant ma main sur l'épaule d'Awa*
Awa - Hmmm...
Elle semblait ailleurs. C'est la seule qui ne souriait pas, pourtant si on a eu ce verdict c'est en grande partie grâce à elle. Hier, nous avons dû retravailler car elle avait de nouveaux éléments à m'apporter. Je trouvais cela assez troublant mais sauf faire attention. Ce n'est pas rare que les victimes se souviennent de certains faits à la dernière minute. J'ai donc du reconsidérer son témoignage car un secrétaire d'etat état finalement innocent. Celui que je soupçonnais le plus, mais j'ai confiance en ma cliente. Elle s'est peut être trompée de visage. Je lui laisse le bénéfice du doute.
Aya *prenant sa soeur dans les bras* - Tu as fait un très bon travail !
Sa soeur était plus heureuse qu'Awa elle même. Cette dernière même me regarde dans les yeux avant de me faire comprendre sans même parler qu'on devait s'entraîner seul à seul.
- Tu nous laisses deux minutes s'il te plaît v
Aya - Oui pas de soucis.
Je me dirige avec Awa à l'extérieur, dans un coin à l'écart.
- Qu'est-ce que tu as ? Tu as bien témoignagné et les accusés ont été reconnus coupables grâce à toi !
Awa *croisant des bras* - Je vais laisser ma peau dans cette histoire. Les menaces pleuvent déjà car c'est pas n'importe qui que j'envoi derrière les barreaux.
Elle employait un ton très grave. C'est sérieux.
Awa - D'ailleurs, toutes les personnes impliqués n'ont été condamnés. Certains sont dehors, beaucoup encore. Dans ce réseau de prostitution il n'y avait pas que des politiciens, tout le monde est corrompu même les personnes de droits !
Je fronce des sourcils. Awa sort alors son portable de sa poche et me montre des photos. Mes yeux s'écarquillent au fur à mesure qu'Awa défile les images.
Awa - Eux, ce sont tes supérieurs non ? Tes collègues de ton cabinet d'avocat. Ils allaient aussi voir de putes du même réseau, certaines mineurs. Le juge qui pose fièrement sur son siège. Il est là *me montrant l'écran*
On le voit assis avec sur ses genoux une adolescente en petite tenue. Je ne lui donne pas plus de 14 ans.
Awa - Ah mais d'ailleurs, qui voilà ? *dit-elle en ironisant*
Je n'y crois pas mes yeux. Je vois de mes yeux mon propre grand père dans une position compromettante avec une autre jeune fille.
Awa *rigolant* - Je peux faire fuîtes ces images. En un claquement de doigt c'est toute la juridiction sénégalaise qui tombe, ton cabinet d'avocat et ta famille. Qu'est ce que les gens diront ? Que le petit fils a sauvé les fils de son papi ?
J'essaye de lui prendre le téléphone des mains. Elle m'en empêche.
Awa - Je ne suis pas la seule à le savoir, je dispose des sur d'autres supports que je garde précieusement.
Cette adolescente m'a duper du début jusqu'à la fin, elle sait très bien jouer son rôle ! Mon visage de décompose, je viens de débuter et elle va tout détruire.
Awa - Tout le monde sait qui je sais, je cours un trop grand danger et à ma sœur également. Il ne me reste qu'elle. J'ai fais le choix de disparaître, ces images ne fuiteront pas.
Je soupire, de soulagement.
Awa *rusée* - Ah mais pas trop vite ! Je n'ai pas fini l'avocat !
Je fronce des sourcils.
Awa - J'impose mes conditions que tu vas scrupuleusement respecter. Dans quelques heures, on attendra plus parler de moi pendant quelques temps. Ma sœur n'est au courant de rien mais pour la protéger je préfère partir loin d'elle. Je ne te demande pas de me couvrir. Si tu veux par contre couvrir ta famille, tu vas assumer financièrement ma sœur pendant mon absence. On est orpheline, à son retour en France c'est toi qui paye ses études, son logement et tu lui cherches un travail. AH non ! Même travail je n'en veux pas, qu'elle reste focus sur ses études. Aya est la seule de notre famille qui s'en sort bien. L'intello, la fille calme sans soucis je ne veux pas qu'elle termine comme mon père, ma mère et moi. Tu vas la prendre en charge jusqu'à la fin de ses études. En contrepartie, je garde précieusement ses preuves et les détruirai une fois qu'Aya deviendra avocate à son tour.
C'est une femme à la fois machiavélique et bienveillante mais seulement envers sa soeur.
Je reste bouche bée ne réalisant pas encore ce qu'elle demande. C'est trop d'informations à enregistrer en si peu de temps. Un vrai ascenseur émotionnel.
Awa *tendant sa main* - Tu deal ? Dans cette affaire c'est gagnant gagnant non ?
*grinçant des dents*- Mon porte monnaie va y prendre chère.
Awa - Tu veux sauver l'honneur de ta famille non ? Les Mendes, meilleurs avocat d'Afrique de l'Ouest. Plus pour très longtemps.
Il en va de la réputation de ma famille, de ma carrière. Nous sommes avocats de père en fils depuis 4 générations et ça ne va pas s'arrêter maintenant.
Je n'aurais jamais douté qu'Awa soit sournoise de la sorte !
- J'accepte, mais tu as intérêt à disparaître.
Awa *souriante* - Maintenant même.
- Pardon ?
Awa - Je m'en vais maintenant. Discrètement, par la porte arrière. On m'attend. Prends soin de ma soeur.
Sur ses mots elle s'en va comme si de rien n'était, sans dire au revoir. Sans se retourner une seule fois me laissant planter au milieu du couloir encore troublé.
Je regagne la salle d'audience 5 minutes après. Elle s'était vidé, ne restant que quelques personnes.
Aya *venant vers moi* - Awa est passée où ?
La vraie victime c'est bien elle...
Aya est maintenant seule, livrée à elle même et c'est moi qui est censé la prendre en charge ? Puis, comment Awa va vérifier que je le fais vraiment ?
Je ne préfère pas prendre de risque. Cette fille est trop rusé pas comme sa soeur qui est bien plus naïve. Aya me fait pitié pour vous dire, je l'aurais aidé de moi même par bonté. Maintenant je suis forcé par le chantage de sa sœur. Car ce n'est pas d'un deal ce qu'Awa m'impose mais bien du chantage.
Aya *cherchant autour d'elle* - Je ne l'ai pas vu depuis tout à l'heure.
- Awa ne reviendra pas.
Aya - Pardon ?
- Awa a décidé de s'en aller. Je ne sais pas où elle est passé mais ta sœur ne reviendra pas.
Aya - Oui elle me le fait tout le temps mais elle reviendra à coup sûr. Dans une semaine peut être mais elle aurait pu me le dire.
Qu'elle est candide.
*insistant sur les mots* - Awa ne reviendra pas. Je viens de m'entretenir avec elle. Une voiture vient de la prendre. Elle ne veut plus qu'on rentre en contact avec elle.
Aya *rire nerveux* - Mais qu'est-ce tu racontes ? Pourquoi elle me ferait ça ? Jamais ma soeur m'abandonnerai seule !
*haussant des épaules* - C'est pourtant ce qu'elle bien de faire. Elle a du empoché un gros cachet pour disparaître dans la nature.
Awa n'est pas là, je peux faire croire autre chose que la vérité à Aya. Elle ne doit de toute façon pas savoir. Je préfère inventer une autre histoire, une dégivrant à entendre certes mais qui tient la route.
Aya *la voix tremblante* - Non, Awa ne peut pas me faire ça...j-je vais faire comment moi ? Elle m'amène ici pour me laisser seule ?
- Faut croire que oui.
J'essaye de rester indifférent à son sort.
- Tu as de la famille non ? Du moins il t'en reste ?
Aya - Oui, ma tante. Je l'appelle, elle sait peut être quelque chose.
Elle dégaine son portable en moins de deux puis compose un numéro qu'elle met haut parleur.
Aya - Tu vas voir, Awa aime la plaisanterie elle a du faire une blague.
Elle n'y croit pas jusqu'au bout. À ce stade il ne faut être naïve à ce point !
La tante décroche.
- Allô tata ? C'est Aya.
La tante - Aya ?
Aya - Oui !
La suite m'a complément choqué, ni Aya ni moi nous nous y attendions.
La tante - C'est quel connerie que j'entends à la télévision ? Ta sœur dans des histoires de prostitutions ? Décidément vous êtes comme votre mère à apporter que des soucis. Puis tu es partie au Sénégal sans rien me dire ! À ton retour ne reviens même pas à la maison ! Tes affaires sont déjà dehors. Restez loin de mes filles !
Elle raccroche au nez.
Aya *paniquée* - Je n'ai plus personne, pas un sous...
Je décide de la rassurer. En lui mentant une partie.
- C'est de ma faute. Je vous avais ta soeur et toi sous ma responsabilité et j'ai faillit.
Je risque d'avoir les autorités français sur le dos ! Awa me laisse dans un sacrée pétrin.
- J'ai insisté pour que ta soeur témoignage, je t'ai fait venir...nous en sommes là en partie à cause moi.
C'est vrai. J'ai été un peu trop égoïste en ne pensant qu'à mon intérêt et non aux répercussions sur les parties prenantes.
- Je vais te payer ton billet retour. Je dispose d'un appartement également à Paris, tu logeras là bas le temps de trouver un travail, que ta situation se stabilise. J'ai également pris la décision de prendre en charge tous tes besoins. Tous les couts liés à tes études seront à ma charge.
Aya - Ma soeur et moi avons déjà cause beaucoup de tord. Je vais me débrouiller, je ne veux pas t'embêter davantage.
- J'insiste.
Elle hoche tout simplement de la tête avec une mine triste. Elle se retenait de pleurer.
Aya *baissant les yeux*- Je ne peux pas faire autrement...
Je pose ma main sur son épaule mais elle la retire avant de s'en aller en traînant des pieds. Je la regarde partir en passant mes mains sur mes yeux. Dans quoi je me suis mis ? Lanisha m'avait averti, elle ne le sentait pas cette affaire depuis le début et elle avait raison. Maintenant, comment lui dire ? Je vais encore devoir mentir.
J'ai mal jugé les enjeux de cette affaire.
| Aya Sylla |
Je n'ai pas dormi de la nuit, ce matin encore je ne réalise pas que ma propre sœur m'a abandonné. Je me suis en plus fait rejetée par le reste de ma famille. À cause de cette affaire mes cousines et mes tantes ne veulent plus entendre parler de ma sœur et moi. Pour eux, c'est de trop. Je les comprends un peu. Maman a toujours eu des problèmes judiciaires, plus jeune c'était une petite rebelle comme Awa. Les gardes à vues elle a en fait comme me le racontait grande mère à l'époque. Mais elle s'est calmé, ne n'est jamais allé au delà. Puis maman a rencontrer notre « père ». Je déteste l'appeler comme ça. C'est là que les ennuis avec la justice ont commencé. Victime de violence maman a déposer plusieurs mains courantes et des plaintes. Mes parents sont passés plusieurs fois devant le juge mais en vain. La justice n'a pas pu sauver ma mère, ils n'ont pas voulu de mesure d'injonction d'éloignement à l'encontre de notre père. Ils n'ont pas voulu la protéger quand elle décidait de partir, ils ne l'ont pas aidés quand elle était confrontée face à un mur. Non la justice a attendu que mon père soit tué, en légitime défense pour incriminer maman. Vous ne savez pas à quel point j'ai la rage !
Cette affaire avec Awa réveille les vieux démons. Notre famille ne s'est jamais remis et reste traumatisée. Donc, oui je comprends qu'on m'est mise à la porte. Peut-être qui n'aurait pas dû m'associer aux actes de ma soeur. De toute façon, que ce soit papa, maman, Awa ou moi nous sommes tous maudits visiblement.
*séchant mes larmes* - Ils ne veulent même plus que je m'appelle Sylla...
J'en ai reçu des coups de fils de ma famille maternelle (avec qui je reste en contact) Ils m'ont appelé d'eux mêmes pour me renier définitivement en crachant toute la déception qu'ils avaient envers moi. Mon oncle m'invite même à ne plus porter leur nom « Sylla » celui de maman. Il a été trop salit par les miens. Mais jamais je ne reprendrai celui de papa JAMAIS ! Je préfère même rester sans identité.
Je faisais mes valises avec les larmes qui descendaient de mes joues. L'avocat a dit que mon vol est pour ce soir. Je rentre en France dans une grande incertitude, je ne sais pas ce qui m'attend là bas, seule.