| Issac Aliou Mendes |
[ 10 ans plus tôt ]
- Dakar, Sénégal -
| Issac Aliou Mendes |
[ 10 ans plus tôt ]
- Dakar, Sénégal -
Nous sommes en pleine crise politique. Un scandal d'état vient d'éclater. Plusieurs ministres et secrétaires d'état sont suspectés de proxénétisme. En effet, l'un des plus gros réseaux de prostitution et de traites humaines d'Afrique de l'Ouest vient d'être démantelé. Nous dépassons le cadre national car il se révèle peu à peu que le trafic commence au Nigeria, passe par le Sénégal pour finir en France. C'est la police de plus de 5 pays qui ont été mobilisés. Aujourd'hui l'heure est aux condamnations et elles vont tombés très rapidement.
Étant l'un des meilleures espoirs avocats de la région c'est le président lui même qui m'a contacté. Non pas pour pour défendre ses ministres mais les victimes. Il veut se donner bonne image à l'approche des élections et est donc prêt à lâcher ses anciens amis.
Assistante - Toutes les victimes sont rassemblés dans la salle.
Je suis actuellement au cabinet d'avocat, il y'a du monde. La sécurité, la police, les journalistes et quelques curieux. Tout le monde veut tout savoir. Une conférence de presse doit se tenir avec les victimes.
Boris - Issac Aliou ! J'ai un soucis avec une cliente ! Elle est intenable !
- De qui s'agit il ?
Boris - La française !
Parmi les parties civiles en compte une française. Ce matin c'est l'ambassadeur du pays meme qui m'a contacté en disant que le gouvernement porter une attention particulière à sa protection. Il faut donc redoubler de vigilance avec elle.
Boris - Awa Sylla.
- Française ? J'aurais dis guinéenne.
Boris - Française d'origine guinéenne. Elle a la double nationalité.
- Allons-y la voir.
J'ai pu comprendre que cette madame Sylla était dans une pièce à part. Nous la rejoignons avec l'assistante.
- Bonjour Madame Sylla.
Awa - Mais putain, qu'est ce que je fais ici ? Ce que je veux c'est rentrer chez moi !
- Vous devez d'abord témoignage avant d'être rapatriée.
Awa - Je ne cesse de répéter que je ne suis pas une prostituée bordel !
J'ouvre alors mon porte document pour plonger brièvement dans son dossier.
- Pourtant, les policiers vous ont trouver dans une maison close à Dakar.
Awa - Je ne savais pas que c'était une. J'étais de passage, pour les vacances.
J'arque d'un sourcil.
- N'ayez pas honte de dire la vérité.
Awa - Eh eh eh je ne suis pas une pute moi hein ! Ne m'insultez pas.
Elle cache énormément de choses je le sais. D'après l'enquête des policiers c'est l'une des premiers filles que lesquelles ils sont tombés. Elle était assise sur les genoux du ministre de l'intérieur.
- Vous devez témoigner pour que ces hommes horribles soient derrières les barreaux.
Awa - Qu'est ce qui j'y gagne là ? Si ce n'est que perdre du temps. Ma parole a un prix, et des choses sur ces hommes j'en sais énormément. Je connais même des lieux sur Paris où ils se rendent fréquemment. Des députés français sont également impliqués mais ça, personne le sait encore.
- Pourquoi ne pas l'avoir dit aux policiers ?
Awa - Je réitère ma question : qu'est ce que j'y gagne ? Leur parler pourquoi ? Eh vous me faites du temps là !
C'est une opportuniste, très rusée.
- Vous voulez de l'argent, c'est ça ?
Awa - Ah, ma parole a un prix.
Boris et moi nous nous regardons.
- On peut trouver un arrangement. Mais dans ce cas là, dites moi tout ce que vous savez.
Si des députés français sont impliqués comme elle le dit, mon cabinet et moi pourrons gagner davantage. Un vrai coup ! Je monterai en renommée !
Awa - D'abord, faites venir ma soeur ici. J'ai besoin d'elle.
Je ne suis encore qu'en début de carrière d'avocat, mais je me déjà connaître. Je me dois de gravir les échelons, faire parler davantage de moi. Le but, c'est que ma carrière dépasse les frontières du pays, puis du continent africain. Si je me mets à défendre mademoiselle Sylla, c'est en France, pays de ma formation que je me ferai un nom.
Je me dois de saisir cette opportunité. C'est vitale pour ma carrière.
J'essaye d'abord un premier échange mais, cette jeune fille est compliquée. Au bout de 5 minutes à peine je reçois un appel. C'est un numéro français. Je sors alors de la pièce pour décrocher.
- Issac Mendes à l'appareil, à qui ai-je l'honneur ?
Brigadier - Bonjour, ici la brigade de la protection des mineurs de Paris. Je vous contacte au sujet d'une des victimes de l'affaire des maisons closes.
- De qui s'agit-il ? Pourquoi la brigade des mineurs de la capitale s'intéresse à ce dossier ?
Brigadier - Mademoiselle Sylla n'a que 17 ans, selon notre juridiction elle est encore mineure. De facto, nous sommes dans l'obligation de mener une enquête de notre coté.
L'ambassade puis cette brigade. La pression monte !
Brigadier - Je voulais m'assurer que Mademoiselle Sylla était entre de bonnes mains avec un avocat. Il va falloir néanmoins la faire revenir en France d'ici peu.
Je ne peux pas la laisser partir car c'est une témoin clé ! 17 ans, à peine. Je lui donnerai plus.
Brigadier - C'est une affaire sensible, elle sera également juger en France. Une enquête par le parquet de Paris a été ouverte.
- C'est dans votre intérêt ! Des bruits de couloir font échos de certains députés de votre pays sur les bancs d'accusés. Ma cliente témoignera donc ici au Sénégal et en France !
Je m'autoproclame avocat d'Awa Sylla !
- Je viellerai personnellement à sa protection.
Les enjeux s'éclaircissent au fur à mesure des minutes. J'ai à peine 28 ans et c'est l'affaire du siècle que je suis en train de défendre ! Un bon moyen de me faire repérer, je pourrai pour une fois montrer de quoi je suis capable.
Après la conversation avec le brigadier, je reviens dans la salle.
- Pourquoi ne pas avoir dit que vous étiez mineure ?
Awa - Pourquoi ? Ces hommes ce qu'ils veulent c'est ton corps. Ton âge, ils en ont rien à faire !
- Vous avouez donc avoir couché avec ces hommes !
Awa - Non. Mais je les ai vu au lit avec des filles de 12 ans. J'ai des photos.
Boris et moi bondissons de nos chaises ! Des preuves dit-elle ?! Mais c'est ce sont des preuves, de vraies pièces à convictions. Sans tarder Awa dégaine son téléphone et fait défiler sous nos yeux les photos. Elles étaient explicitent et les visages étaient clairement identifiables.
Awa - Je suis venue ici car on m'a proposé des vacances gratuites. C'est une amie et son copain qui me l'ont proposés. Vous savez, en France, je vis difficilement avec ma soeur. Donc, j'ai accepté de venir sans réfléchir. On m'a ainsi emmené dans une villa, il y'avait pas mal d'allés retours. Des hommes défilés, certains vêtus de boubou de luxe et d'autres de costards. J'observais seulement depuis ma chambre, mais je ne me doutais pas que c'étaient des hauts fonctionnaires d'état, en quête de prostituées.
Boris - Comment vous avez atterrit sur les genoux du ministre de l'intérieur alors ?
Elle se met alors à rire.
Awa - Oh ! Je trainais aux abords de la piscine, il m'a proposé 2000 euros pour que je lui tienne simplement compagnie car monsieur me trouvait charmante. Qui va refuser ? C'est 3 fois ce que ma soeur et moi nous nous faisons !
Elle semble peut être aux mœurs légères mais je ne pense pas que ce soit effectivement une prostitué. Je la crois, elle est tombée dans un piège. Il faut que je travaille pour faire croire au juge cette posture.
Awa - Je peux ouvrir encore ma bouche, mais d'abord faites venir ma soeur !
- Pourquoi ? Elle est aussi impliquée ?
Awa - Pour sa sécurité. Je vous ai dit que ces réseaux sont aussi présents en France. S'ils savent que je me suis faites attrapée, ils vont s'en prendre à ma Aya !
- Je peux appeler la police p...
Awa *me coupant* - Je n'ai pas confiance en eux. Auprès de moi je sais qu'elle ne court aucun risque. Aya c'est ma jumelle mais mon contraire. il n'y a pas plus gentille, pure et naïve que cette fille.
- Vous avez de la famille non ?
Awa - Tss...non. Je n'ai que elle. Aya est en foyer. enfin je crois ça va faire un bail qu'on s'est pas vu. Pourquoi vous posez toutes ces questions ! Vous devriez être en train de prendre son billet !
Boris et moi nous nous fixons de nouveau ne sachant pas quoi faire. Awa nous prend au dépourvue.
| Aya Sylla |
Lise - Tu devrais arrêter de jouer la victime et le laisser faire !
- Je n'aime pas les histoires. Puis c'est le bac, tu crois que je vais m'amuser à chercher la bagarre ?
Lise - Si, c'est la fin d'année et nous sommes bachelières !
Je me suis fait bousculer par des petites jalouses de ma classe. La raison ? Je suis la seule a avoir obtenue la mention très bien à mon baccalauréat.
Sharon - C'est toi doit bomber le torse là ! Bon oubliez ces connes. On doit fêter ça non ? Un restaurant ?
- Quelque chose de pas chère hein, vous connaissez...
Sharon - Arh laisse ça ! On te paye !
- Non !
Je ne sais le nombre de fois où mes copines m'ont payés des plats pour que je puisse manger à ma fin. Elles sont touchés par situation. Nous nous connaissons depuis l'enfance donc rien n'est tabou entre nous. J'ai une vie instable si ce n'est pas pour dire chaotique.
Maman a tué papa quand j'avais 12 ans. Il l'a battait, elle ne le supportait plus. Depuis, elle est en prison, une condamnation à perpétuité. Le juge de l'époque n'a pas été clément. J'ai été placée en foyer, ma seule tante ne pouvant pas nous assumer avec ma soeur et ses enfants. Je ne lui en veux pas. Elle essaye de prendre le rôle de mère, mais avec Awa ce n'est pas facile. Plus têtue qu'elle tu meures ! Je suis plus docile et obéissante. Je n'aime pas les problèmes.
- Il me reste un peu de sous de ma bourse. D'ailleurs demain j'ai des entretiens pour trouver mon job d'été. Il faut également je me trouve une chambre au Crous...
Sharon - Tu parles comme une adulte, tu as 17 ans !
Je sais, mais il faut que je réfléchisse déjà à mon avenir et sérieusement. J'ai été accepté dans la meilleure fac de droit de France, ici à Paris mais je n'ai pas les moyen d'étudier. Pas assez de revenus, je n'ai que cette maigre bourse que je reçois tous les trimestres. Ma tante me donne 10 euros par-ci par-là. Heureusement que l'état me verse tous les mois 300 euros, mais c'est très peu. Cette aide prendra fin à ma majorité c'est à dire dans moins de deux moins.
J'ai eu certes ce bac haut la main, mais l'horizon pour moi est sombre...
Je discute encore avec les files quand mon téléphone sonne. Numéro que je connais pas mais je décroche quand même.
- Allo, oui ?
Awa - Aya !
- Awa ?
Je n'ai pas eu de nouvelles de ma jumelle depuis deux semaines. Pas inquiète car elle a l'habitude de se volatiliser dans la nature et revenir.
Awa - En chair et en os ! Comment ça va ?
- Euh...bien. Tu es où ?
Awa - Au Sénégal !
- Hein ?
Awa - Au Sénégal je t'ai dit ! A Dakar pour être précise !
Elle était aussi loin ?
Awa - Tu as eu ton bac non ?
- Oui ! Mention bien !
Awa - Ah je le savais intelligente que tu es ! Tiens pour fêter ça, viens ici avec moi ! Je t'offre des vacances.
- Awa tu as perdu la tête ?
Awa - Tout est payé, même ton billet tu as juste à faire tes valises et venir ! Tu le mérites ! J'ai eu une opportunité de dingue ici ! Tous nos soucis seront enfin finis !
- C'est à dire ?
Awa - Orh, viens seulement !
Ma soeur est folle oui, mais je lui fais confiance. Des vacances, tous frais payés ? C'est vraiment ce dont j'ai besoin. Puis, j'ai toujours voulu visiter le Sénégal. Suis-je prête à suivre ma jumelle dans ce qui peut être une connerie ? Je réponds que oui. Je veux un peu me dégonfler, souffler et cesser ne serait-ce qu'une heure de penser à mes soucis.
- Je te fais confiance, mais ne me crée pas d'ennuis !
Je raccroche puis suis les filles au restaurant.
Ce soir je dors chez ma tante, une de ses filles à quitté la maison il y'a peu et j'ai repris sa chambre. Néanmoins j'ai promis à ma tante de m'assumer et ne pas être une charge pour elle. Elle vis déjà dans la précarité.
| Issac Aliou Mendes |
Lanisha - Tu me quittes déjà de si bon matin ?
J'ai passé la nuit avec Lanisha, mais je me réveille aux aurores pour le travail.
- Je suis encore sur cette affaire. Ça me prend énormément d'énergie mais je rattraperai tout ça avec toi. Pas d'inquiétude.
Lanisha *serrant la couverture contre son corps nu* - C'est ce que tu dis tout le temps ! J'ai besoin qu'on se retrouve davantage Issac.
- Dès que cette affaire sera fini. Je dois filer.
J'embrasse brièvement Lanisha avant de m'en aller.
Après toutes ses nuits blanches j'avais besoin de me retrouver dans les bras d'une femme et rien de mieux que ceux de Lanisha, mon ancienne tutrice. Oui, vous lisez bien. C'est elle qui me guidait lors de ma thèse en doctorat, elle est légèrement plus âgée (3 ans) que moi mais ce n'est pas un problème. J'ai besoin de femmes matures, je m'ennuie avec celles de mon âge. C'est une femme intelligente et cultivée, une qui me dépasse même intellectuellement. Je la vois presque comme une mentor car toujours présente pour me conseiller.
Ce matin, je dois honorer la part de mon contrat avec mademoiselle Sylla. Elle a accepté de me dire tout ce qu'elle savait avec les preuves à l'appui. Contre quoi je devais faire venir sa sœur ici. Les raisons sont encore floues et je n'ai pas voulu plus d'explications. Je me suis chargé de payer le billet et c'est moi qui doit aller la prendre à l'aéroport.
Une fois arrivée je me dirige vers les portes d'arrivée avec une pancarte à la main. Dessus écrit « Aya ». Au bout de quelques minutes une jeune fille s'approche de moi, une valise à la main.
Jeune fille - Bonjour, je suis Aya.
Je suis surpris. Je n'ai pas reconnu cette fille, aucune ressemblance avec mademoiselle Sylla pourtant ce sont des jumelles ! Aya est plus petite, plus menue que sa soeur. Ses yeux sont en amandes, pourtant mademoiselle Sylla en des grands et gros ce qui lui donne une certaine autorité. L'une fait son âge, l'autre le double. Peut être des sœurs, mais sûrement pas des jumelles !
- Vous êtes bien la soeur d'Awa Sylla ?
Aya - Oui, elle m'a dit que quelqu'un viendrait me chercher c'est vous ?
Contrairement à sa soeur, Aya avait le sourire aux lèvres. Ce qui apporte bien plus de gaieté. Tu sens déjà que c'est une personne douce.
- Tout à fait.
Je sors ma main de la poche de ma veste pour la saluer.
- Je suis maître Mendes, enchanté. Vous pouvez m'appeler Issac.
Aya *agreablement étonnée* - Vous êtes juge ?!
- Avocat.
Aya - Oh la vache mais c'est trop cool ça !
- Hein ?
Elle mets sa main devant sa bouche avant de s'excuser. Le langage des jeunes et surtout d'Europe je n'arrive pas à m'y faire. Pourtant, j'ai fait une dizaine d'années en France pour mes études. J'ai néanmoins toujours su garder ma culture. Là, je vais devoir gérer deux adolescentes car ce ne sont encore des mineures et elles doivent être à ma charge. Au moindre loupée c'est bien les juridictions françaises qui me tomberont dessus.
- Pas de soucis, je vous prie de me suivre.
Aya - Où va t-on ?
- Voir votre soeur.
Je lui prend sa valise et nous traversons ensemble l'aéroport pour rejoindre le parking.
[ 10 ans plus tard ]
28 ans aujourd'hui.
Je me remémore ce moment là. Je pourrai même vous dire la place précise de chacun, la température qu'il faisait, la couleur du ciel, du banc sur lequel j'étais assise avec les filles. À ce moment là, je ne me doutais pas que ma vie si paisible allait prendre une tournure inattendue. Comme quoi, le destin est parfois fâcheusement surprenant !
*soupire* - Je n'aurais jamais du faire ce voyage à Dakar, jamais...
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