L'avocat nous a convoqué à son cabinet afin qu'Awa s'entraine à la première audience du procès. Il a insisté pour que je sois là. Je me suis donc préparée comme il le fallait. Nous nous rendons quand même dans l'un des cabinet d'avocats les plus réputés du continent. On peut pas y aller n'importe comment. Dieu merci, dans ma valise j'avais une robe blazer blanche avec des boutons dorés et à manches courtes. Je suis un peu petite de taille, ce n'était donc pas trop court au niveau des jambes. J'ai pris également des sandales à talon bas dont on m'avait don. Ce que je porte, c'est essentiellement de la récup. C'est à dire des habits que je ramasse de droite à gauche, que mes amies ou mes cousines me donnent car plus à leurs tailles. Je prends tout, sans réfléchir en me disant que ça me servir un jour où l'autre. Comme aujourd'hui.
J'ai également forcé ma soeur à porter une tenue plus décente. Elle voulait trimballer avec une jupe fesse à l'air !
*coiffant les cheveux d'Awa* - On ne se rend pas n'importe où, l'image ça compte. Des journalistes et des caméras seront forcément là vu l'ampleur de l'affaire. Ils savent que monsieur Mendes est ton avocat, peut être même qu'ils sont en train de nous surveiller !
Awa - Toujours dans l'exagération toi ! Tu as fini sinon avec mon chignon bas là ?
- Bientôt.
Pour faire tenir son chignon, j'insère dans ses cheveux des pinces. Je veux soigner l'image de ma soeur, donner l'image d'une gentille jeune adolescente. Innoncente voire candide. Dans les affaires pénales de ce type, coupable comme victime essaye de donner la meilleure image de soi. Le jugement n'a pas lieu seulement dans la salle d'audience, il débute à l'extérieur. C'est l'opinion public le vrai jury.
- Conduis-toi bien. Pour l'amour d'Allah, pas de "wesh", "vas-y" ou "tchip". On ne s'adresse pas à n'importe qui.
Awa - Ah mais il n'a pas qu'à me souler ce Issac avec ses entrainements. Pourquoi quoi faire ? Je dois juste aller au procès et raconter ce qu'il passé et fin tss..il est là avec sa grosse tête et sa grande bouche à m'imposer des entrainements !
- Cela ne se passe pas comme ça Awa. Raconter oui, mais tu dois persuader le jury que ces hommes t'ont fait du mal !
Awa - Oh mais je me suis juste assis sur les jambes d'un d'eux !
- Tu as été piégée ! T'imagines si la police n'était pas intervenue ? Tu t'aurais fais embrigader dans un réseau de prostitution. Tous ces hommes doivent être condamnés tout comme les jeunes qui t'ont amenés ici car ce sont des criminels. Et c'est à toi de les faire comprendre au jury. C'est ton argent que tu veux hein ?
Awa - Notre argent ! Je le fais pour nous faire sortir de la misère.
*regardant de plus près ma soeur* - Si tu le veux, tu vas devoir travailler ton témoignage. Suciter les émotions des membres du jurys en amplifiants les faits, en sur jouant et sans mentir. Tu comprends ça ?
Awa *levant un sourcil* - Tu me dis de jouer la comédie ?
- N'hésite même pas à pleurer s'il le faut. Quand tu parles, fais couler les larmes sur tes joues tout en fixant les femmes du jurys droit dans les yeux. Surtout les plus vielles, elles verront en toi leurs filles.
Awa - Fallait me dire plus tôt, je vais même me rouler au sol s'il le faut !
- Oh mais jusqu'à là aussi !
Je lui donne quelques conseils que je tire des divers documentaires et films judiciaires que j'ai pu regarder.
Awa - Je parle bien avec une future avocate là.
- Bon allons-y, le taxi nous attend.
Monsieur Mendes nous a fait venir un taxi. Une fois bien apprêtées nous y allons.
Le cabinet se trouvait dans le quartier d'affaire de la capital, là déjà on sentait qu'on entrait dans un autre monde. Qu'on montait en classe, toutes les personnes étaient effectivement très bien habillées. Soit en costard, ou en grand boubou classe, lunettes teintés aux yeux et grosse montre au poignet. Ils roulaient à bord de grosse SUV, ces gens là ils n'ont pas notre temps ! En arrivant j'ai été déstabilisé et encore plus quand j'ai aperçu des journalistes devant le cabinet juridique. Heureusement pour nous, l'avocat nous a fait discrètement sortir de la voiture pour nous faire passer par une autre porte que celle de l'entrée.
Issac - Excusez-moi, je ne vous ai pas informé de la présence des journalistes. Ils campent devant la cabinet nuit et jour à la recherche de la moindre fuite dans l'affaire. Comprenez-donc bien qu'il faut se faire le plus petit possible.
Awa - Et ces tenues d'effrontés ne nous arrange pas les choses !
Issac - Au contraire, vous êtes ravissantes. C'est une parfaite tenue pour le procès.
Awa - Je ferai alors appel aux talents stylistiques de ma jumelle !
- Tu plaisantes ? C'est toujours qui sait mieux faire avec les tenues. J'ai juste imposé le thème.
Il a suffit que je dise "tenue décente mais classe" pour qu'Awa dégaine de ma valise ma robe et les chaussures. Ce n'est pas moi qui les ai a proprement choisi. C'est du ressort d'Awa, une fille très coquette. Moi, pas trop. Je m'habille bien que quand il faut. Le maquillage ? Des futilités. Je n'ai pas assez de sous pour m'embellir de toute façon.
Je remarque que l'avocat était en train de nous regarder de haut en bas, je suis un peu gênée car je n'ai jamais eu les jambes aussi découverte de ma vie.
Issac - Suivez-moi.
On marche alors dans le cabinet qui prenait plus la forme d'une grande entreprise. Le bâtiment était resplendissant on aurait pu croire être dans une grande compagnie de La Défense. Je regardais partout autour de moi comme un petit enfant !
Nous rentrons finalement dans un des grands bureaux. Il s'y trouvait une femme, assise non pas sur chaise mais une table.
Issac - Je vous présente ma collègue, Lanisha Parker.
Elle descend alors de la table pour venir nous saluer. Une belle et grande femme. De sa gestuelle ce dégager cependant un certain dédain de sa part. De la manière dont elle nous regardait on se sentait de suite inférioriser. Je ne sais pas pourquoi j'ai ressenti cette impression. En tout cas cette femme m'a très vite intimidée.
Lanisha - Enchantée de vous rencontrer, mais je ne pensais qu'il n'y avait qu'une seule adolescente ?
Pas un sourire se dégage de son visage, il était ferme. L'accueil était certes cordiale mais également glaciale. A l'inverse de monsieur Mendes. Je suis de nature introvertie mais dès notre première conversation il a su me mettre à l'aise.
Issac - J'ai fais venir sa soeur, elle sera d'une grande aide.
Lanisha - Très bien, mais alors qui est qui ?
Awa fronce des sourcils. Nous avons donc eu la même première impression de cette Lanisha.
Awa *s'interposant dans la conversation* - Je suis Awa Sylla, la cliente de votre collégue*
Madame Parker nous regarde de haut en bas, si ce n'est pas dire nous dévisager.
Lanisha - Ah, pile comme Issac me l'a décrite.
Awa - C'est à dire ?
Je prends la main d'Awa, je la sentais monter. Elle allait de suite sur le terrain de l'affrontement avec son fort tempérament.
Lanisha - Vous ne faites pas victime, il va falloir travailler votre attitude.
Awa - Pardon ? Mais vas-y elle !
*la reprenant* - Awa qu'est ce que j'ai dit ?
Awa - No...
*l'interrompant* - Awa pas ici, ce n'est ni le moment ni le lieu. Canalise toi un minimum !
Je me tourne alors vers les deux avocats complètement embarrassée.
*sourire gênée* - Je vous prie de nous excuser. Ma soeur a un très fort caractère et elle peut monter au quart de tour pour un rien.
Lanisha *à Issac* - Tu n'as pas pris le dossier le plus facile toi ! Allons nous assoir.
C'est sur un ton très autoritaire qu'elle nous ordonne de nous installer. Les avocats s'assoient en face de nous. Une table nous séparer.
Issac - Pour le procès, j'ai besoin d'en savoir davantage sur votre vie. J'ai pu comprendre que vous étiez orphelines ? Vos deux parents sont morts c'est ça ?
Awa - Vous voulez vraiment savoir notre vie ?
Elle pose cette question en rigolant presque. Ils ne sauront pas prêts à entendre ce qu'on peut raconter.
Lanisha - C'est le but de la question.
Awa *haussant le ton*- Je ne...
Je pince alors la cuisse d'Awa sous la table. Elle reprend sa phrase mais plus calmement.
Awa - Notre père est mort, notre mère est vivante.
Issac - Ah ! On peut avoir son contact ? Pourquoi ne pas l'avoir fait venir elle aussi ?
- Notre mère a perdu son autorité parentale.
Issac - Pourquoi ?
Awa - Elle est en prison.
Les avocats surpris arquent simultanément d'un sourcil.
Issac - Pourquoi ?
Awa ne répond plus. Je le fais alors mais d'une petite voix :
- Elle a tué notre père...
Cette fois-ci, choqués ils grossissent leurs yeux.
Lanisha - Pardon ?
Je reprends rapidement la parole pour justifier le crime de ma mère.
- Notre père était très violent, envers elle et nous. Puis un soir, c'était la fois de trop. Il s'en ai pris à elle et pour une fois elle s'est défendu. Mais, c'était la fois fatidique...le juge n'a pas retenu la légitime défense et elle pris la perpétuité.
C'est pour cette raison que je veux devenir à mon tour avocate ! Je vais faire sortir maman de prison car sa place n'est pas derrière les barreaux !
Lanisha - Vous ne le dites que maintenant ? Alala mais vous les enfants de France pires que je ne le pensais ?
Awa *agacé* - Oh on est là pour préparer un procès ou faire le mien ? Je n'aime pas parler de ma famille. Passons à autre chose maintenant.
Issac - Mais avec qui vivez vous en France ?
Awa - On se démerde.
Je la corrige.
- Des familles d'accueil, l'aide social à l'enfance et quelques fois notre tante.
Issac - Hmm...
Il prend juste des notes sans émettre aucun jugement a l'inverse de sa collègue qui moi aussi m'agace ! Je sais plus me canaliser qu'Awa qui était déjà sortie de ses gons.
Issac - Des éléments clés à savoir et ne pas négliger.
Je ne peux m'empêcher de rajouter mon analyse juridique.
- Si la partie adverse l'aurait su avant vous, elle se serait servi de notre passé a l'encontre d'Awa. Je sais que ma soeur a une âme de rebelle, qu'elle peut paraître indisciplinée et grossière mais c'est notre histoire qui l'a forgé de la sorte. Ce n'est pas la peine de baser votre défense sur cela uniquement mais un élément à prendre au compte surtout si le camp adverse attaque Awa *me tournant vers elle* Tu devrais d'ailleurs te préparer à répondre aux questions sur nos parents.
Awa - Ils vont fouiner c'est sur...
- Dès qu'ils évoquent tu prend l'air la plus triste possible. Tu te fais passer pour une double victime, celle dont le sort s'acharne.
Lanisha - Oh, mais c'est toi ou non les avocats ?
Issac - Non Lanisha, elle a tout à fait raison. C'est une analyse fine et pertinente pour notre défense !
Toute fière je souris. Je vous ai dit, le travail d'avocate est fait pour moi.
Issac *me faisant un clin d'oeil* - J'ai très bien de te faire venir !
Très gênée je baisse immédiatement les yeux. Son clin d'œil n'était pas anodin. Il m'a fait un étrange effet. J'en ai des petites picotement au ventre.
L'entretien avec les avocats suit après son cours. Nous avons ainsi pu travailler le passage à la barre d'Awa. Je ne garantie pas que tout se passe bien et qu'elle prête mais au moins ma soeur sait où elle met ses pieds !
| Lanisha Parker |
Pour un débutant Issac se met dans un sacré pétrin. J'attends que les deux filles s'en aille pour lui parler sérieusement.
- Tu en as fait quoi de mes conseils ? On commence toujours par les petites affaires ! Là tu te jettes dans la gueule du loup !
Issac - J'ai tellement a y gagner en défendant cette fille !
- Quoi ? L'humiliation ? Tu vas humilier le nom des Mendes là ! Tu vas tout droit vers la perte du procès et de ton premier ! Puis j'ai pu comprendre que ces filles ne te rémunéraient pas, mais où en est l'intérêt ? Tu peux encore te récuser.
Issac - Non. Je le fais pour mon nom mais par charité aussi. L'histoire de ces filles me touchent énormément.
- Tu n'es pas mère Teresa voyons !
Toujours aussi gentil lui, ça ne change pas et c'est ce qui m'énerve le plus chez lui. Une qualité qui est un véritable défaut pour Issac. Dieu merci il a décidé d'être avocat et pas jugé car à ce stade on en aurait un tas de criminels acquittés dehors.
- Je t'ai toujours appris de rester le plus objectif possible dans tes affaire. Qu'est ce que tu en fais de mes conseils ?
Issac *changeant de sujet* - On dîne ensemble ce soir ?
Malgré que mécontente, j'accepte sa requête. Il m'a manqué, personnellement. J'ai besoin de me retrouver dans ses bras et surtout dans son lit.
*déposant un baiser sur ses lèvres* - Allons chez l'ivoirien.
Il me pince une de mes fesses avant de me rendre langoureusement son baiser. Tant d'attache pour un homme. Je n'ai jamais ressenti cela pour quelqu'un.
Issac est le premier homme avec qui je veux me projeter. Je dois lui parler de notre avenir.