En bon Gabonais qui a de l'argent, il sait organiser des événements digne de ce nom.
Dans leur famille, ils sont les seuls sortent du lot.
À vrai dire, c'est plutôt son cousin mais en Afrique l'appellation frère convient le mieux.
Lui, il a la réputation d'être méchant. Il a d'ailleurs droit à différents noms d'animaux.
Je porte une robe de soirée noire Roberto Cavali aux épaules bouffantes. J'ai fait le choix de ne pas mettre un collier.
J'ai encore la chance d'avoir un cou qui tient alors je veux le mettre en valeur.
Ma coupe carrée cache mes oreilles alors j'ai mis des boucles clair de lune Dior. Elles sont belles sans en faire trop.
Aux pieds, pour apporter une touche de couleur, j'ai opté pour la chaussure que Philippe m'a offerte pour nos 15 ans de mariage (j'Adior de Dior).
Philippe (passant sa main autour de ma taille) : on y est.
Moi (chuchotant) : n'oublie pas, tu n'es pas obligé de dire oui à tout ce que ta famille te demande.
À peine sa cousine (celle qui m'a appelé la fois dernière) nous voit qu'elle nous fait un grand sourire.
Elle : le couple Piat !
Je lui fais un faux sourire et je la laisse nous embrasser comme il se doit.
Elle (à Phil) : apparement tu as un numéro que je n'ai pas ?
Lui : je viens d'arriver.
Je suis contente de sa réponse. Cette arriviste m'énerve !
Moi : allons voir l'anniversaireux.
Elle me lance un regard noir et se pousse sur la droite.
Une fois que je vois son frère, je lui fais un grand sourire.
Lui : ah monsieur et madame Piat !
Philippe : quel honneur d'être ici.
Son cousin : quel honneur de vous avoir dans ma demeure.
Moi (rigolant) : épargnons nous tout ça.
Sa femme arrive vers nous et nous fait également un sourire.
Elle (s'adressant à moi) : comment vas-tu Nana ?
Moi : je vais bien et toi ?
Elle : je vais bien, merci.
Elle vient me prendre dans ses bras et :
Elle : Roberto c'est ça ?
Moi : en effet.
Elle : je voulais la même mais maintenant que tu l'as autant prendre une autre.
Je ne sais pas si elle parle avec ironie, mais une chose est certaine, elle se sent constamment en concurrence avec moi.
Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi, mais bon, attitude de femme en manque de confiance je suppose.
Je dérange bon nombres de femmes et j'en ai conscience.
Seulement, ce qu'elles ne savent pas, c'est qu'à leur différence.
Je suis consciente qu'il ne s'agit que du matériel.
Aujourd'hui je porte ces marques mais il y a quelques années je ne pouvais pas me les offrir.
J'ai de l'argent mais je ne fais un focus sur mes acquis.
Elle : tu viens ? Les autres sont dans l'autre salon.
Moi : je te suis.
Je dépose une bise sur la joue de Philippe avant de la suivre.
Alors qu'on marche vers le salon en question, un cœur me pousse à me tourner.
Je vois une femme qui porte un décolleté se rapprocher de Phil et son frère.
La femme me dit quelque chose, je l'ai déjà vu.
Ah c'est une grande amie à la femme de son frère.
J'ai envie de retourner avec les hommes mais je prends sur moi.
Elle : la petite va bien ?
Moi : oui elle va bien.
Elle : pourquoi elle ne vient plus rester avec les autres ?
Moi : en période scolaire je préfère qu'elle se concentre. Mais elle viendra ne t'en fais pas.
A peine je prends place que je vois la cousine de Vincent qui m'énerve le plus se rapprocher de nous (pas celle de tout à l'heure).
Elle : bonsoir Nana.
Moi : bonsoir.
Elle : je vois que tu n'as pas cherché à te joindre à nous plus tôt.
Moi : j'étais occupée.
Ce midi il y avait un repas avec sa famille (uniquement les femmes).
Effectivement j'étais occupée, et puis, à quoi bon faire semblant ? Elles ne m'apprécient pas alors si je peux m'éviter certaines remarques je préfère rester dans mon coin.
Elle : tu es trop occupée pour la famille de ton mari ?
Moi : prochainement je serai là.
Elle : qui peut encore compter sur toi ?
Je la regarde dans les yeux et :
Moi : pourquoi vous êtes constamment dans les piques ? Je ne comprends pas à quoi vous jouez. Je suis marié à Philippe depuis 15 ans bon sang.
Elle : et ?
Moi : tu sais quoi ? Nous ne sommes pas ici pour cela.
Je décide de quitter la pièce et je retourne vers Philippe.
Je le trouve au même endroit.
Lui : ça va ?
Moi (calme) : non mais bon.
Son cousin : bientôt on renouvelle nos vœux avec madame.
Moi : ah bonne idée.
Je ne sais pas pourquoi la cousine de Lilas (la femme du cousin de Phil) me regarde autant.
Moi (à Vincent) : tu veux que je te prenne quelque chose à manger ?
Lui : non ça va merci.
Elle me regarde toujours autant.
Philippe (me regardant) : je pense qu'on fera la même chose pour nos 20 ans.
Son cousin : je ne pouvais pas attendre 20 ans pour le faire.
Moi : ce qui est tout à fait compréhensible.
Son cousin est marié depuis 10 ans. Il a mis du temps à se caser.
Après quelques heures ici Philippe a décidé de rentrer, tant mieux.
Une fois à la maison, je me dirige vers notre chambre et il me suit.
Moi : tu connais la cousine ou copine de Lilas ?
Lui : non.
Moi : Philippe ?
Lui : non je ne la connais pas plus que ça.
Peut-être qu'il dit vrai, mais je suis une femme et je cherche à comprendre pourquoi elle me regardait avec autant d'insistance.
Moi (me débarrassant de mes vêtements) : ok.
Lui : tu étais à la réunion ce midi ?
Moi : non, j'étais occupée.
Lui : Nana !
Moi : j'étais occupée, je ne pouvais pas faire autrement.
Lui : tu n'arranges pas les choses.
Moi : je n'ai rien à arranger Philippe. Je l'ai fait pendant de nombreuses années. Jusqu'à ce jour tes sœurs ne n'aiment pas. Je ne veux plus faire semblant.
Ces sœurs disent que j'ai de l'argent parce que je suis avec leur frère, pas tout à fait faux. Par contre, je l'ai connu lorsqu'il n'avait pas tout ça. C'est ce qu'elles semblent oublier.
Moi : je te trouve hypocrite sur le coup. Tu sais bien ce qu'elles font. Tu sais combien de fois j'ai organisé des repas pour que tout rentre dans l'ordre. Tu sais toutes ces choses et c'est à moi que tu reproches de ne pas me déplacer ? On a quel âge pour jouer à chien et chat ?
Lui : ma femme, je te dis simplement que tu devrais assister aux événements de famille.
Moi : j'y vais quand je veux Philippe. Je ne veux plus de tout ça. Je ne sais pas ce qu'elles peuvent me mettre dans le verre.
Il me regarde les yeux grands ouverts et :
Lui : comment tu peux dire ça ?
Moi : ah tu penses que je dois t'éviter certaines vérités ? D'après toi je surveille tes assiettes pourquoi quand on se retrouve tous ? Philippe ne fais pas ça avec moi. Tu sais bien que ce que je dis est fondé. Ta famille ne t'aime pas ! Ils sont derrière toi parce que tu es riche, qu'on se dise les choses clairement.
Lui (calme) : tu y vas fort ma femme.
Moi : j'y vais fort ? Parce que je te dis la vérité ?
Je vais déposer mes vêtements dans le sac qui ira au pressing et je reviens en sous-vêtements.
Moi : c'est quand la dernière fois qu'ils ont réellement pris de tes nouvelles ? Nathalia a 10 ans, c'est quand la dernière fois qu'elle a reçu un cadeau d'une de tes sœurs ? Je ne parle même pas de tes frères qui voyagent grâce à toi mais sont incapables de lui donner un paquet de bonbon. Moi j'en ai marre de faire semblant.
Il tend sa main gauche vers moi et je me rapproche de lui.
Lui (calme) : tu veux que je fasse quoi ? Ils sont comme ça.
Moi (prenant place sur sa cuisse) : je veux que tu acceptes ce que je te dis. Je veux que tu arrêtes de faire semblant d'être surpris quand je parle. Tu sais bien que je dis la vérité. Tu me connais suffisamment pour savoir que je ne dis pas du mal des gens gratuitement.
Lui (me regardant dans les yeux) : tu as raison.
Je le regarde et j'ai l'impression qu'il est comme un ange. J'ai envie de lui donner la communion sans même qu'il se confesse.
À sa réponse je revois l'homme que j'ai épousé 15 ans plus tôt.
Tzs Tzs
Je regarde mon téléphone sur le lit et je me lève.
Je le prends et :
Moi : allô ?
Pascal : bonsoir Nana, je suis désolé de t'appeler à cette, je cherche à joindre Philippe.
Moi : ah, il est là.
Je passe le téléphone à Philippe et il se dirige à la terrasse de notre chambre.
Pascal c'est un très bon ami à Philippe.
Il n'a pas l'habitude d'appeler à cette heure de la nuit d'où mon étonnement.
Je me rapproche de la porte pour savoir si tout va bien et j'entends Philippe dire :
Lui : je sais, mais j'ai déjà reçu la liste des choses à acheter.
Lui (après la réponse de Pascal) : c'est peut-être tard pour me le dire.
Lui (après la réponse de Pascal) : je te rappelle demain matin.
Il coupe l'appel et lorsqu'il se tourne il est surpris de me voir.
Moi : qu'est qu'il y a ?
Lui : rien de très important.
Moi : tu parles d'une liste.
Lui : je t'en dirais plus après.
Je n'insiste pas et je le laisse entrer dans la chambre.
Lui : bientôt Nathalia va prendre ses vacances.
Moi : et donc ?
Lui : tu veux qu'elle reste ici les vacances ?
Moi : tu as un plan pour elle ?
Lui : Pascal veut envoyer sa fille dans un camp de vacance. Elles ont le même âge, alors je pensais à l'inscrire.
Moi : où ?
Lui : Montpellier (France)
Moi : je ne sais pas si elle va aimer ce genre de chose, tu connais ta fille.
Lui : tu vas l'occuper comment sinon ? Les mois qui vont suivre je vais être occupé par le travail et toi aussi.
Moi : ah il faut l'inscrire, c'est ta fille.
Il m'arrive de regretter mon choix de faire un seul enfant.
Mais j'avais tellement peur de tout revivre. J'ai mal vécu les aller-retours chez le médecin.
J'ai mal vécu la fécondation in vitro. Ça a presque été un traumatisme.
Pas tant l'expérience mais plutôt la période difficile dans laquelle je me trouvais.
Au départ je voulais avoir 4 enfants avec Philippe. Puis en voyant que la situation se compliquait, nous sommes passés à 3 enfants.
Ayant de plus en plus de mal, nous avons décidés d'en avoir deux.
Aujourd'hui nous n'avons qu'une, malgré lui.
Je ne savais pas qu'avoir un enfant pouvait être aussi éprouvant. Je pensais qu'il suffisait de s'accoupler mais non. Chaque femme a ses difficultés pour enfanter.
Si pour certaines c'est un jeu d'enfant, pour d'autres, comme moi, ça a plutôt été un parcours du combattant.
Philippe vient me rejoindre dans la salle de bain et :
Lui : qu'est-ce qu'il y a ?
Moi : je pense que nous aurions dû adopter.
Lui : qu'est-ce qui te fait encore penser à ça ?
Moi : Nathalia est seule. Tu vois bien qu'elle ne peut pas rester ici les vacances pour certains enfants. Il faut constamment lui trouver des occupations pour ne pas qu'elle s'ennuie.
Il se rapproche de moi et passe ses bras autour de ma taille (par derrière).
Je nous regarde à travers le miroir et :
Moi : mais bon...
Lui : nous sommes bien comme ça.
Moi : tu n'as pas l'héritier dont tu rêvais tant.
Lui : mais qu'est-ce que tu racontes ? Nathalia c'est mon héritière. Je suis heureux de l'avoir. Tu sais que je ne suis pas de cette vieille école. Un enfant est un enfant.
Il dépose un bisou dans mon cou, ce qui me fait sourire.
Lui (murmurant) : je t'aime.
Moi (déposant mes mains sur les siennes) : ne me fais plus m'énerver pour tes conneries.
Il rigole et :
Lui : tu devrais être heureuse que je m'exprime autant sur mon amour pour toi.
Moi : je n'ai pas signé pour autre chose. Tu te dois de m'aimer.
Il éclate de rire et me serre plus fort.
Lui : à quel moment es-tu devenue si difficile ?
Je ne lui réponds mais et pourtant j'ai envie de lui dire que c'est le jour où j'ai commencé à le soupçonner de me tromper.
J'aime mon mari et je ne veux le partager avec aucune autre femme.
Je ne veux pas qu'il finisse comme tous les hommes dont les femmes se plaignent en permanence dans Libreville.
Je ne veux pas avoir à vivre dans le mensonge.
Je n'ai pas envie de cela.
Moi : bon laisse moi prendre ma douche.
Il dépose un bisou sur mon épaule avant de sortir de la salle de bain pour faire je ne sais quoi.
*Dans la tête de Philippe Piat*
Toc toc
Moi : c'est qui ?
Nathalia : papa je peux ?
Je me lève et je vais ouvrir la porte.
Moi (regardant la fille) : qu'est-ce qu'il y a ?
Elle : tu n'es pas passé me voir ?
Moi : je pensais que tu dormais.
Elle : non je t'attendais.
Moi : bonne nuit.
Elle dépose un bisou sur ma joue et retourne dans sa chambre.
Tzs Tzs
Je prends mon téléphone et je sors de la chambre.
Moi (descendant les escaliers) : allô ?
Elle tousse et :
Elle : tu jouais à quoi ?
Moi : Josiane il se fait.
Elle : tu savais très bien que je devais être à cette cérémonie et tu es venue avec elle.
Moi (regardant autour de moi) : tu voulais que je fasse quoi ? Tu voulais que je la laisse à la maison ? Lilas aurait dû te prévenir de ne pas venir.
Elle : tu t'entends parler Philippe ? Moi ? Josiane ? Je devais rester chez moi parce que ton imbécile devait être présente ?
Moi : surveille ton langage.
Elle : je ne surveille rien ! Je ne suis plus là pour me cacher. Je l'ai dit à Lilas (la femme de mon cousin). Je ne suis pas contente de ce qui s'est passé ce soir. Je n'ai strictement rien à faire de ta femme. Tes sœurs étaient d'accord avec moi ! Je n'ai pas à me cacher. Je n'ai pas 20 ans pour jouer à ce genre de jeu. Je suis avec toi depuis combien de temps ? Tu penses vraiment que nous sommes encore à ce stade de cache cache ? Ta famille me valide !
Moi (regardant derrière moi) : tu n'as pas besoin d'être partout Josiane.
Elle : pourquoi ? Pour ne pas lui faire de l'ombre ?