Je fis la bise à ma fille.
- Bien dormi vous deux ?
- Oui. Mais je voudrais...
- Si tu dois aborder le sujet tournant autour de ton frère Andreïna, je t'arrête tout de suite. Ne t'en mêle pas. Xander est un grand garçon. Il n'a nulle besoin que les femmes de cette famille prenne sa défense.
- Mais papaaaa !
- Non Andreïna. J'ai dit non. Hors de question que je ferme les yeux sur la vie de débauche que veut mener ton frère avec comme excuses que c'est de l'art.
Je m'asseois prendre le petit déjeuner avec elles avant d'aller à l'entreprise. Xander quand à lui reste dans son coin.
- Pétra, tu monte le déjeuner de Xander s'il te plaît.
- Et le trophée de la meilleure maman est attribuée à Kyra. Il n'y a que toi pour supporter les conneries de ton fils. Tu gâtes beaucoup trop cet enfant.
- Commence pas Milan.
Mon petit déjeuner terminé, j'embrasse ma femme, soulève mon attaché-case et je m'en vais. Après le drame avec Alex, je m'occupe de presque tout. Il n'y a que Yeleen qui m'aide parfois quand elle vient. Andreina n'a pas voulu se donner à l'entrepreunariat. Il nous a fallu accepter ses choix.
Pourquoi ne pas faire de même avec mon fils, me diriez vous ? Lui même ne sait pas ce qu'il veut. Enfant il voulait être astronaute. A ses 15 ans il voulait être secouriste après avoir regardé une émission à la télé. L'année suivante, il souhaitait faire beaux arts. Aujourd'hui, il joue les petits dealer de quartier pensant que je n'en saurais rien. Il tourne plus vite qu'une girouette. Ce n'est pas ce que moi j'appelle savoir ce qui est bon pour soi. J'ai aussi commencé ainsi dans le métier... Dealer de quartier. J'en connais les risques. Et aujourd'hui, je ne veux pas de ça pour mon fils. Pour aucun de mes enfants d'ailleurs.
J'ai réglé tout ce qui devrait l'être pour la journée. Avant de rentrer chez moi, je décide de me rendre à l'adresse envoyé par Luan plus tôt. J'y vais seul sachant que ces sombres idiots n'oseront pas s'attaquer à moi par crainte de déclencher une guerre sans fin. Londres, Manchester et les environs, c'est nous qui avons le contrôle. Sur ce point, Curtis s'est révélé être un allié redoutable. Il gère tout d'une main de maître. Sa femme avec qui il s'est mariée il y a 15 ans, ne connait rien de sa double vie. Et c'est mieux ainsi.
En parlant de Curtis, je devrais l'appeler. Pour lui aussi ce jour ne doit pas être une partie de plaisir. Surtout qu'il a aussi perdu sa grand mère l'année d'après. Peut être qu'on aurait dû les inviter lui et Elena cette année.
La demeure du pseudo Ghost est grand mais pas aussi imposant que ça. Ce type qui usurpe l'identité de mon pote dans le business, c'est juste un petit poussin qui se croit déjà un chef. Aucun intérêt. Rien qui n'aurait retenu mon attention s'il n'y avait pas mon fils au milieu de tout ça. Je me fais annoncer et attends à l'entrée. On m'amène à lui les minutes qui suivent. Il est accompagné de trois chiens de gardes.
A première vue, ce qui saute aux yeux c'est que c'est un petit jeunot. Rien de bien effrayant. Il doit avoir la trentaine... ou presque. Je repense instantanément à nos meilleurs moments avec Ghost à cet âge là. On était pareil ou presque. En vrai, on s'est très vite fait une réputation dans le métier. On était le genre de gars qu'il ne fallait pas faire chier.
J'adore les gens ambitieux. Lui et moi, on aurait pu s'entendre dans une autre vie. Mais là, il a pris mon fils en grappe. Il faut qu'il sache que ce qu'il a commencé là, je ne vais pas le laisser le continuer.
Il prend place. Je reste debout.
- Serieusement ! Un vieux comme moi ! Tu as besoin d'autant de gardes pour surveiller ton petit cul ?
- Milan Ivanović !
Il s'amène.
- Que me vaut l'honneur de ta visite mon chère ? Tu oses enfin descendre de ton trône et visiter le petit peuple. Bon, si trône il y a encore, il me nargue hautain. Qu'ai-je fait pour susciter l'intérêt de la petite fraterie ?
- ...
- Oups ! L'autre, il est... mort.
J'éclate de rire à cause de son audace. Mon rire est amer. Au moins il a une grosse paire. Reste à savoir jusqu'à quand il pourrait la porter.
- Tu sais très bien pourquoi je suis là.
- Dis moi encore.
- Laisse moi te prévenir sombre idiot. Mon fils, tu le laisses tranquille. Ne le mêle pas à tes saletés, je te préviens.
- Ou sinon quoi ? Il me défie.
Il n'est pas du tout impressionné par ma personne. Si c'est le cas, il le masque fort bien.
- Tant d'années depuis que vous vous êtes installés tranquillement ici. Sache que, ta liberté d'action se termine quand elle commence à empiéter sur la mienne. Tu n'as pas idée de ce que je peux faire pour mes enfants.
- Même ton looser de fils ?
Je bondis sur lui. Ses gardes dégainent en même temps. J'arrête mes pas.
- Oulaaaa ! Rangez vos armes messieurs, il leur ordonne le sourire aux lèvres. Je suis sûr que monsieur Ivanović ici présent voulait juste me serrer la main. Rien de bien méchant. N'est ce pas Milan ?
Il eut un sourire narquois.
- Reste sur tes gardes Velasquez.
Il sursaute.
- Quoi ? Tu penses que je ne savais pas qui tu es ? Tu penses pouvoir t'installer dans MA ville, t'en prendre à MON fils sans que je ne sache rien de toi. Ne me dis pas que tu as commis l'erreur de te surestimer... ou même de me sous-estimer Velasquez.
- ...
- Erreur de débutant. Je suppose que tu en apprendras plus avec l'âge. De toi ou de ta famille, rien ne m'échappe.
- Être vieux cela ne doit pas être facile non plus. Tu auras oublié mon nom et tout ce que tu crois savoir sur ma supposée famille avant même d'avoir regagné ta maison... En fait, elle va comment ta femme ? Pardonne mes mauvaises habitudes. Depuis que tu es là je n'ai pas demandé. Elle arrive enfin à supporter la mort de son frangin ?
Je serre les points.
- Oh ! Mais tu n'as pas besoin de t'énerver. N'est-elle pas contente de savoir que le nom de son grand frère chéri continue son petit bout de chemin ?
- ...
- Oh ! Elle ne sait pas ? Elle s'imagine sûrement que tu t'es rangé. Es tu un menteur Milan ? Ce n'est pas bien vue dans le milieu, non.
- Usurper l'identité de l'ombre de mon pote ne fera pas de toi un grand. Ce n'est pas ainsi que tu auras ses qualificatifs. Tu affirmes t'appeler Ghost. Permet moi de rire de l'absurdité de la situation mon chère. Ce nom, il ne l'a pas brandi à chaque coin de rue sombre idiot. Ce sont ses adversaires qui l'appelaient ainsi. Ceux qui le craignent. Car c'était un vrai fantôme. On ne le voyait pas venir.
- On ne l'a pas vu partir non plus, il ricane.
- Prend garde à toi si tu t'en prends à mon fils Velasquez. Et ceci n'est pas une menace.
- Il faut qu'il me rembourse ce qu'il me doit alors.
- Tu n'as qu'à m'envoyer la note.
Je tourne les talons. Ce type, c'est un petit joueur. Il doit avoir quelqu'un qui lui donne les ordres. Je ne vais pas perdre mon temps avec lui. Il lâchera mon fils. De gré ou de force.
- Passe le mot à ton boss pauvre marionnette. Je ne me perd pas le temps à discuter avec les sous-fifres.
Harbour Island, Bahamas
Viktoria Mikhova
- D'où est ce que tu viens Viktoria ? Me demande mon père alors que j'essayais de rentrer en douce pour la ènième fois de la semaine.
Je sursaute et porte une main à ma poitrine, tentant de regagner mon calme. Mon père censé être en voyage à l'étranger, était là, assis tranquillement au bas de l'escalier et me fixait patiemment attendant ma réponse. S'il y a un mot pouvant le caractériser, c'est bien le calme. Jamais je n'ai vu mon père s'agiter pour quoique ce soit. C'est comme s'il trimballait toujours cet assurance partout et tout le temps. Qu'importe ne le connait pas penserait qu'il est un homme froid. Pourtant, mon père est d'une douceur. Ferme, oui. Mais tendre comme personne.
Il continue de fixer sur moi ses beaux yeux bleus dans un silence déroutant. Mon père ne m'a jamais crié dessus. Voire même me frapper. Pourtant, à cet instant, au vu de son regard sur moi, je sais que je suis mal barrée. J'avais pourtant enlevé mes talons pour ne pas être trop bruyante à mon passage. Je ne m'attendais pas à le retrouver pile poil à l'endroit même par où j'allais passer.
- Mais papa, tu m'as fait peur, tentais-je de le prendre par les sentiments.
- Cela ne répond pas à ma question Vivi. D'où tu viens à cette heure ? Pourquoi tentes-tu de regagner ma maison telle une voleuse ?
- Mais papa j'ai 23 ans et c'est aussi ma maison.
- Et devant qui tu brandis tes 23 ans ? Tes 23 ans te serviront à quoi face à moi ?
Il se lève et s'avance.
- Qui penses tu effrayer avec tes 23 ans Viki ? 23 ans c'est l'âge pour faire quoi exactement ? Tu vis encore sous mon toit. Tu sembles l'oublier. Et tant que c'est moi qui effectue tes dépenses...
- Tout ça parce que tu n'as pas voulu que je m'installe ailleurs, je le coupe.
- D'où tu sors à 3 heures du mat' Viktoria ? Il redemande égal à lui même. Tu vas continuer à tirer en longueur au lieu de répondre ?
- J'ai encore le droit de sortir dans cette maison ou je suis prisonnière ici ? J'étais avec quelques amis papa. On n'était même pas bien loin.
Ce qui bien évidemment est un mensonge. On était en boîte. Et c'était en ville.
- Et la permission, à qui tu l'as demandée ?
- Je... A 23 ans papa ? Sérieux ! On est vraiment entrain d'avoir cette discussion ?
- A qui ? Il hurle au point de me faire sursauter.
- A maman, je sors sans réfléchir à deux fois.
- Donc, si j'appelle ma femme à l'heure là, elle va confirmer ?
- ...
- Viktoria ! Il clame.
- Non, mais papaaaa.
Je me barre le visage des deux mains.
- Tout sauf le mensonge Vivi. Je ne l'accepte pas dans MA maison. Je ne pense pas avoir à te le répéter.
- C'est quoi que tu me fais comme ça papa ? Si mes copines t'entendaient, elles croiraient que je suis un enfant à babysitter. J'ai atteint l'âge de la majorité, je te rappelle. Si je dois demander la permission à chaque fois, autant m'enfermer une fois pour toute.
- Si tu tiens à être traitée en adulte MA fille, commence par l'être toi même. Autrement dit, tu m'auras toujours derrière toi. Ta mère me reproche déjà d'être trop laxiste avec toi. Et je commence à lui donner raison. Bien de fois j'ai laissé passer alors que j'aurais dû exiger plus de toi. On est en mi-octobre, l'école reprend. Et tout ce dont on a besoin c'est que tu gardes tes esprits. Tu as forcé pour intégrer une université comme tout le monde. Je dois voir que tu es apte à intégrer le monde universitaire. Si cela ne tenait qu'à moi, on aurait gardé le même système où tu avais des professeurs particuliers. Cela donnait des résultats.
- Bien papa. Je peux regagner ma chambre maintenant ? Je m'agace. Je commence par tomber de sommeil.
- Vas-y.
Quittant le salon principal, je regagne ma chambre. Je consulte mon téléphone. Aucun message si ce n'est Gigi qui est venue aux nouvelles. Je lui réponds et pose mon téléphone. Quant à Steven, il n'a donné aucun signe de vie. J'eus envie d'envoyer le premier message, mais je change d'avis. On a passé un super moment. S'il avait estimé cet instant à sa juste valeur, il aurait fait le nécessaire pour me contacter.
Je suis Viktoria Mikhova. Fille de Meghan et Arturo Mikhova, je ne suis pas n'importe qui. Mes parents sont des gens très importants de l'île. Ce n'est pas Steven qui va me créer des faux complexes. Il me plaît. Cela va sans dire. Mais, je ne vais pas lui courir après non plus. Etant l'enfant unique de mes parents, ils m'ont toujours répétée que je suis une princesse et que je mérite tout ce qu'il y a de meilleur. Si Steven ne peut pas suivre, tant pis pour lui. Il aura perdu au change. Des hommes, des vrais, il y en aura d'autres.
Un message à Gigi pour lui souhaiter bonne nuit, une bonne douche et je me mets au lit. Je me réveille le lendemain me rendant compte que j'avais finalement un message de Steven. Cela a trop tarder à mon goût . Ce qui me pousse à l'ignorer tout bonnement. C'est hier nuit que je l'attendais. Son temps est passé.
Dans le salon, ma petite famille m'attendait comme d'habitude pour le petit déjeuner. C'est avec tout l'amour que je ressens pour eux que je les retrouve tous les matins. C'est mon moment avec eux. Mon père c'est un papa poule, si tant il est possible d'utiliser ses termes. Ma mère aussi est d'une douceur incroyable. Mais elle, elle me tire bien plus souvent les oreilles que lui.
- Bonjour la famille ! Je les salue chaleureusement.
- Bonjour chérie ! Ils répondirent en chœur.
Je pars leur faire la bise à chacun des deux avant de m'installer à table. Bérénice, notre aide ménagère nous sert et se retire.
- Tu reprends les cours quand ? Me demande papa.
- La semaine qui vient, je lui réponds en entamant mes œufs au bacon.
- Bien. Déjà bon succès ma puce !
- Papa !
Il relève la tête mais ne dit rien.
- Je me disais que je... pourrais changer ma voiture, je termine d'une voix mielleuse. Qu'est ce que t'en penses ? Celle que j'ai est un peu...
- Un peu comment Viki ?
- Disons qu'elle est vieille papa. Regarde moi. Pourquoi la fille d'Arturo Mikhova, son unique enfant, doit conduire une vieillerie de ce genre mon petit papa d'amour ? Cela ne se fait pas. C'est toi même qui a déclaré qu'étant ta princesse, je mérite tout ce qu'il existe de mieux dans cette vie.
Ma mère me lance un regard assassin. Je ne m'en formalise pas.
- Entendu. Tu choisis celle que tu veux. Et tu m'envoies la note. Mais Vivi, tu connais le deal.
- Etre la très gentille fille de papa... Toujours. Mais je le suis papa.
- Hmmmmm ! Fit maman. Et après cela t'étonne qu'elle n'en fasse qu'à sa tête. Comment espères tu la responsabiliser en lui permettant tout ça ?
- Sur ce point elle a bien raison notre fille. Je n'ai qu'une seule enfant Meggie. Laisse la en profiter. A quoi ça sert d'avoir de l'argent si c'est pour ne pas s'en servir ?
Elle n'est pas d'accord au fait que papa m'achète tout sur demande. Mais, je suis la fille unique d'un richissime homme d'affaire qui a fait fortune dans l'immobilier. Que demander de plus si ce n'est que de profiter de tout cela ? Quand je m'adresse ainsi à papa, je sais qu'il ne peut rien me refuser. Avec maman par contre, je n'ai toujours pas trouvé la bonne méthode.
Papa s'écarte pour téléphoner. Alors j'en profite pour embêter maman. Elle ne me repondra pas. Tant pis.
- Maman !
- ...
Je ne me décourage pas.
- Maman d'amour !
- Oui chérie.
- Comment as-tu rencontré papa ? Je lance sans vraiment m'attendre à une réponse de sa part. En 23 ans tu n'as jamais rien dit à ce sujet. Bon... Disons que depuis que j'ai l'âge de comprendre les choses. Mais c'est du pareil au même. Je sais que vous vous êtes croisés sur l'île. Que vous aviez eu le coup de foudre. Vous vous êtes mariés et par la suite, je suis née. Rien de plus.
- Déjà tu en sais beaucoup.
- Mamaannnn ! Ralé-je.
- Entre nous, c'est une longue histoire. Un jour... oui un jour peut être je te la raconterai. En attendant, commence par accorder plus de sérieux à tout ce qui en requiert. Et arrête de dépenser comme une petite capricieuse. On ne sait jamais quand tout ceci peut s'arrêter.
- Hmmm ! Tu répètes toujours la même chose à chaque fois.
Elle me sourit tout simplement. Terminant mon petit déjeuner, je quitte la table. Mon père était encore au téléphone. Assez souvent il passe de longues heures au téléphone. Ce qui ne semble pas déranger maman. Mes parents se vouent une confiance absolue.
Je lui fais la bise et quitte la maison. C'est la dernière semaine avant la reprise. Autant en profiter.
Mon téléphone sonne. C'est Steven qui appelle.
- Oui Steven.
- Tu n'a pas reçu mon message de ce matin ?
- Cela disait quoi ?
- Ne joue pas à ça avec moi Viki ? Il gronde.
- Déjà, tu te calmes. Comprends à qui tu t'adresses. Le message, c'était hier soir qu'il fallait l'envoyer. T'étais tu inquiété de savoir comment j'étais rentrée ? Non, pas vrai ? Et maintenant, tu viens réclamer quoi ? Que tu es qui Steven ? Mon père ? Ne m'énerves même pas.
- Bébé, il faut me comprendre. J'étais fatiguée. Je me suis endormi à peine arrivé.
- Je vois. Bye Steven.
Je raccroche aussitôt.
- Il s'est endormi. Foutaise ! Mais de qui se fout on ?
Ma journée a bien débuté. Ce n'est pas Steven qui va tout gâcher avec ses bêtises habituelles. Souvent fois, je me demande ce qui bien m'intéresser chez un homme de ce genre.
- Tchuips !