Je vous salue Marie...
img img Je vous salue Marie... img Chapitre 5 No.5
5
Chapitre 6 No.6 img
Chapitre 7 No.7 img
Chapitre 8 No.8 img
Chapitre 9 No.9 img
Chapitre 10 No.10 img
Chapitre 11 No.11 img
Chapitre 12 No.12 img
Chapitre 13 No.13 img
Chapitre 14 No.14 img
Chapitre 15 No.15 img
Chapitre 16 No.16 img
Chapitre 17 No.17 img
Chapitre 18 No.18 img
Chapitre 19 No.19 img
Chapitre 20 No.20 img
Chapitre 21 No.21 img
Chapitre 22 No.22 img
Chapitre 23 No.23 img
Chapitre 24 No.24 img
Chapitre 25 No.25 img
Chapitre 26 No.26 img
Chapitre 27 No.27 img
Chapitre 28 No.28 img
Chapitre 29 No.29 img
Chapitre 30 No.30 img
img
  /  1
img

Chapitre 5 No.5

Chapitre 3

Quatre ans auparavant, j'avais été appelé sur une affaire qui semblait délicate. Je n'imaginais pas alors combien elle allait peser dans ma vie de flic, dans ma vie tout court. Une voiture avait été retrouvée abandonnée, l'habitacle éclaboussé d'importantes projections de sang, signes d'une agression brutale et violente. À l'intérieur, tout était chamboulé ce qui faisait à coup sûr penser à des traces d'une lutte farouche, mais il n'y avait pas de corps. Celui-ci avait certainement été tiré hors de la voiture et traîné, comme le laissaient penser des traces parallèles ensanglantées de chaussures sur le sol. La victime avait perdu un de ses souliers pendant ce transport macabre. Les marques s'arrêtaient brusquement, probablement à l'endroit où le meurtrier avait dû charger son « colis » dans son propre véhicule. On ne pouvait pas dire à ce moment-là si la personne était encore en vie. La voiture abandonnée appartenait à un prêtre, le père Rodriguez Loyola, très respecté dans sa paroisse, qui semblait, a priori, n'avoir aucun ennemi. Parmi les objets relevés, il y avait sur le siège passager, un chapelet maculé de sang près d'une image pieuse de la Vierge Marie, absolument intacte sans la moindre pliure, sans la moindre tache. Cela paraissait anachronique dans cet habitacle complètement dévasté. Au départ, on n'y avait pas particulièrement porté attention, le propriétaire de la voiture étant un ecclésiastique. Les vérifications faites avaient montré que le chapelet appartenait bien au prêtre et l'image de Marie était une image ordinaire, qu'on avait supposé être tombée de sa poche pendant la lutte. On n'avait absolument aucun indice qui aurait pu orienter notre enquête. Il était difficile d'imaginer que le vol soit le mobile de l'agression, les prêtres ne représentant pas, a priori, des cibles privilégiées. Par ailleurs, cela n'expliquait pas la disparition de la victime. En fait, on ne savait pas si c'était l'individu en tant que tel ou sa fonction de prêtre qui était visé. Les recherches entreprises n'avaient rien donné. Le bonhomme s'était volatilisé et aucune demande de rançon ne nous était parvenue. Mais au vu des projections de sang qu'il y avait dans la voiture, nous étions tous persuadés que le prêtre avait dû être tué et enterré quelque part. Mais pour quel mobile ? Cela ressemblait à un crime de sadique complètement gratuit. Deux mois plus tard, trois femmes étaient kidnappées, à trois semaines d'intervalle chacune, Janet Lloyd, une afro-américaine de 57 ans, Christin Templar 36 ans et Diane Mills 38 ans toutes deux d'origine caucasienne. Dans les trois cas, les voitures avaient été abandonnées dans la nature. Il n'y avait ni traces de lutte ni traces de sang, ce qui pouvait indiquer que les femmes n'avaient pas été blessées lors de leur agression, comme c'était le cas pour le prêtre, qui avait dû faire preuve d'une résistance farouche. Nous avions envisagé qu'elles avaient pu être assommées ou simplement menacées d'une arme avant d'être enlevées. Dans ces trois affaires, une image de la Vierge avait été délicatement posée sur le siège passager. Cette image pieuse, absolument identique à celle retrouvée dans la voiture du père Rodriguez, n'était donc plus, comme nous l'avions pensé au départ un hasard. Elle montrait que ces enlèvements étaient le fait d'un même individu, agissant avec le même mode opératoire, laissant sur les lieux la même signature. En revanche, on ne comprenait pas comment il choisissait ses victimes et pourquoi il les enlevait. Dans la majorité des cas, en dehors des enlèvements pour demandes de rançon, de jeunes femmes sont kidnappées pour ensuite être de vrais objets sexuels dans les mains de leur ravisseur psychopathe. Évidemment, cette hypothèse ne pouvait coller avec l'enlèvement du prêtre. Nous ne savions pas ce qu'il était advenu de ces femmes ni du père Rodriguez, mais dans ces différentes affaires, aucune rançon n'ayant été demandée, il était fortement à craindre que ces quatre personnes n'aient été assassinées. Mais pourquoi alors ne les avait-il pas tuées sur place ? La police devait se concentrer sur la recherche d'un criminel qui se désignait comme le seul responsable de toutes ces agressions. Sur la base de tous ces éléments, nous étions convaincus d'être en présence d'un tueur en série.

Quelques semaines plus tard, un couple de joggeurs retrouvait le corps du père Rodriguez dans un bois isolé à plusieurs kilomètres de la ville. À peine recouvert par quelques feuilles mortes, le corps était dans un état de décomposition avancé et avait certainement été la proie de bêtes sauvages assez nombreuses dans cette région, si on en jugeait par des lambeaux de chair arrachés. Il était difficile de dire s'il avait été déterré par les animaux ou si le tueur n'avait même pas pris la peine de l'enterrer ou du moins de le cacher à la vue d'éventuels promeneurs. Il était complètement dévêtu, son corps présentait des traces de coups de couteau ou d'un objet similaire, certainement ceux qui lui avaient été infligés au cours de la lutte dans sa voiture. Il était vraisemblable qu'il n'avait pas succombé à ses blessures, et son agresseur l'avait achevé en lui tirant une balle dans la tête avec une arme de petit calibre. La balle était rentrée au niveau de l'occiput et ressortie par l'œil droit. La position du corps couché sur le côté, avec les jambes repliées, montrait qu'il devait être agenouillé au moment où l'homme l'avait achevé. C'était une exécution en règle. On avait retrouvé le projectile, une balle de calibre 22, ce qui laissait supposer qu'il avait bien été transporté jusqu'à cet endroit vivant, et tué sur place. En retournant le cadavre, on a pu constater qu'il avait les deux mains sectionnées au niveau des poignets et avait été émasculé. La position de l'homme au moment de son exécution laissait penser que les mutilations devaient avoir été faites post mortem ce que devait confirmer l'autopsie. Ces horribles mutilations montraient toute la colère et toute la rage meurtrière de l'assassin. Un papier avait été introduit dans sa bouche. Il était très endommagé et le légiste eut beaucoup de difficulté à l'extraire à l'aide de petites pinces. Il s'agissait de la même image pieuse retrouvée sur les autres scènes de crime. L'autopsie du corps avait pu confirmer que les blessures subies par arme blanche au cours de son agression sauvage dans la voiture n'avaient pas atteint d'organes vitaux, ce qui confirmait qu'il était bien vivant au moment de son enlèvement et pendant son transport jusqu'au lieu de son exécution. Malgré l'état très détérioré des tissus en décomposition, l'heure approximative de sa mort avait pu être évaluée et se situait peu de temps après son enlèvement, du moins peu de temps après que sa voiture avait été retrouvée. Les mutilations avaient été effectivement faites post mortem. Pourquoi le meurtrier avait-il enlevé sa victime pour l'exécuter un moment après, alors qu'il aurait très bien pu la tuer dans sa voiture ? Cela demeurait une énigme. D'autant que, traîner le père Rodriguez jusqu'à son véhicule n'avait pas dû être une mince affaire, et il risquait de se faire surprendre par un éventuel témoin. La seule explication était sa volonté d'appliquer un rituel macabre dans l'exécution de ses victimes en leur infligeant d'horribles mutilations.

Une semaine plus tard, Janet Lloyd avait, à son tour, été découverte à l'embouchure d'un petit tunnel qui passait sous une route où serpentait un filet d'eau encombré d'immondices. Des employés des services d'entretien des chaussées avaient trouvé le corps. Comme le père Rodriguez, elle était nue, les mains coupées au niveau des poignets. Un morceau de bois était enfoncé dans son vagin, et la même image pieuse avait été retrouvée dans sa bouche. Comme le prêtre, elle avait été tuée d'une balle en pleine tête, là aussi comme une vraie exécution. Au vu de la blessure, il était vraisemblable que c'était la même arme de petit calibre qui avait servi aux deux assassinats, mais dans le cas de Janet Lloyd, aucun projectile n'avait été retrouvé. On ne pouvait donc pas dire si elle avait été tuée à l'endroit où on l'avait découverte ou si elle avait été transportée et abandonnée là, après le meurtre. Les mêmes questions se posaient pour Janet Lloyd et pour le père Rodriguez : pourquoi l'avait-il enlevée pour la tuer plus tard ? Il était vraisemblable que, dans ce cas aussi, il voulait appliquer son sinistre rituel.

Nous étions persuadés que le meurtrier avait intentionnellement laissé les corps dans des endroits où ils pouvaient être facilement découverts. Les mutilations des parties génitales étaient certainement un message. Il voulait que l'on comprenne que ses motivations meurtrières étaient d'ordre sexuel et qu'il s'était acharné sur ses victimes pour assouvir une rage profonde.

Christin Templar et Diane Mills, les deux autres personnes disparues, n'avaient en revanche jamais été retrouvées, mais on pouvait raisonnablement penser qu'elles avaient subi le même sort et que leurs corps, jetés quelque part, seraient découverts par des promeneurs tout à fait par hasard. Pourtant, on n'avait pas perdu espoir. La police de l'État avait installé des barrages sur les routes, et toutes les voitures étaient contrôlées. Toute la zone avait été ratissée à pied pendant plusieurs jours avec des gardes forestiers, des volontaires et la brigade cynophile K9. On avait fait renifler aux chiens des vêtements récemment portés et non encore lavés des deux victimes, en espérant qu'ils nous mettent rapidement sur leurs traces. Mais cela n'avait rien donné. Un hélicoptère avait également été dépêché sur la zone pour orienter nos recherches. Les moindres recoins avaient été inspectés dans un périmètre de plusieurs kilomètres autour des lieux des différentes agressions. On avait même creusé à des endroits où il nous semblait que la terre avait été récemment remuée. Des affiches avaient été placardées partout avec les photos des deux jeunes femmes. Une forte récompense avait été proposée à toute personne pouvant nous fournir des indices valables pour les retrouver. Cela n'avait d'ailleurs fait que compliquer notre tâche parce qu'énormément de personnes avaient déclaré, de bonne ou de mauvaise foi, avoir aperçu les deux femmes à plusieurs endroits. Évidemment, nous étions obligés de vérifier chaque témoignage même les plus farfelus. C'était un travail énorme, mais tous les policiers du poste s'étaient portés volontaires pour m'aider à coincer ce tueur. Malheureusement, tout cela n'avait conduit à rien. Les deux femmes s'étaient complètement évaporées. Le désarroi des familles ne pouvant faire leur deuil m'avait profondément touché et je m'étais très personnellement investi dans cette enquête. Étant donné qu'il y avait eu enlèvements, même si ceux-ci étaient sans demandes de rançon, suivis de meurtres, le FBI avait été automatiquement sollicité. C'était mon ami, l'agent spécial Brian Davis, chef de l'antenne régionale du FBI, qui coordonnait la collaboration entre le Bureau et notre département des homicides. Cela ne m'avait absolument pas gêné, car je savais qu'il n'allait pas essayer de s'imposer et qu'il allait nous laisser toute latitude de mener l'enquête à notre guise, et n'être là qu'en soutien avec toute la capacité logistique du Bureau Fédéral.

                         

COPYRIGHT(©) 2022