« Alors, comment te sens-tu ? »
« Ça va ! »
« Hum ! Je ne suis pas convaincu Gaëlle. Dis-moi la vérité. Depuis que nous sommes rentrés tu n'as pas dit un mot. »
Je la regarde alors qu'elle est plantée devant la fenêtre du salon et regarde la rue. Le silence qui l'habite depuis notre retour me met sacrément mal à l'aise. Je n'en ai pas l'habitude vu que de nous deux, elle est toujours la plus bavarde. Je m'approche et la prend dans mes bras en espérant que les traits de son visage se détendent un peu.
« Et si tu demandais à ta tête d'arrêter de cogiter et de prêter un peu plus attention à ce que je dis ? »
« Hum ! Je t'écoute. »
« Dis-moi ce qui ne va pas ! »
« Rien. C'est juste que ça m'a fait tout drôle tout à l'heure au commissariat. Je ne sais pas quoi dire. C'est la première fois que la couleur de ma peau m'est renvoyée au visage comme une insulte. Je veux dire, les gens ont beau chuchoté en classe ou à la fac, je m'en fous un peux. Mais d'entendre des policier me traiter de négresse ou de bougnoule, à ça m'a foutu une claque. »
« Je vois. Tu ne devrais pas t'attarder sur ce genre de détails ; je suis certain qu'ils en ont rajouté pour te faire peur et pour augmenter ta gêne pour que tu commettes un impair. Dis-toi juste que ce sont des idiots. »
« Hum ! Je vois. Je vais prendre une douche. J'aurai les idées plus claires ensuite. »
« Ok. Je te rejoins tout à l'heure. Je descends prendre le courrier dans la boite aux lettres. »
« D'accord. »
Alors qu'elle s'en va vers la salle de bains, je sors de l'appartement et descends chercher le courrier. Mon téléphone sonne alors que je remonte. C'est ma mère au bout du fil. Elle vient aux nouvelles.
« On en saura plus demain. La dame en question sera entendue et la procédure suivra son cours en fonction de ce qu'elle dira. »
« D'accord mon chéri. Je me suis inquiétée pendant toute la journée. Elle n'est pas très commode cette dame. Si elle a tant d'argent, pourquoi ne s'offre t-elle pas un gigolo ?
« Parce qu'elle veut faire de moi son gigolo, maman. C'est aussi simple que ça. »
« Hum ! Cela ne me plaît pas du tout. Je croise les doigts pour vous. Passe-moi Gaëlle, j'aimerais lui parler. »
« Elle te rappellera, maman. Elle est sous la douche. »
« Ok mon chérie ; je t'embrasse. »
Je raccroche, entre dans l'ascenseur en passant en revue les différentes enveloppes arrivées pour nous. Il y en a une qui attire particulièrement mon attention. Elle est de couleur lavande et parfumée. Je l'ouvre et tombe sur une invitation imprimée sur du papier doré. Dans l'enveloppe, je remarque un chèque d'un million d'euros libérés à mon nom. L'invitation m'indique que je suis attendu à 20h dans la suite impériale d'un grand hôtel de la ville.
Je ne prends même pas la peine de chercher à en lire plus. Je range le tout dans cette enveloppe et reviens à l'appartement sans plus me fatiguer avec la connerie de cette Mme De La Fresse. Mon téléphone sonne alors que je passe le pas de la porte. Je referme cette dernière pour répondre à mon père, qui ne m'a pas appelé depuis, disons, près de 3 mois.
« Hello dad ! How are you ! »
« Hum ! Je viens aux nouvelles vu que personne ne juge utile de me dire ce qui se trame. Ainsi donc, ta chère fiancée a fait des siennes ! Elle dévoile enfin sa vraie nature. »
« De quoi parles-tu ? »
« Du fait que cette fille est simplement un sac à problème que tu te trimbale sans t'en rendre compte. Elle n'a pas la stature qu'il faut pour être l'épouse d'un médecin. Elle n'est qu'un poids mort et il est temps que tu t'en rendes compte. »
« Écoute papa, j'ai un sacré mal de tête qui me prend en t'écoutant. Tu ne voudrais pas raccroché avant que je ne le fasse ! »
« C'est ainsi que se font désormais les choses entre nous, Alec !? Je parle et tu me raccroches au nez, mon fils ! Je pensais t'avoir mieux éduqué ! »
« Apparemment non, vu que tout ton discours depuis 5 minutes me fout la migraine. Je m'attendais à un peu plus de compassion et de soutien de ta part. Au lieu de ça, tu n'appelle que pour enfoncer Gaëlle. Chacun des mots qui sortent de ta bouche quand tu parles d'elles, agissent sur moi telles de gifles. Si tu n'as rien de gentil à dire, raccroche. »
« Mais c'est donc vrai que cette fille t'a complètement assujetti ! Elle t'a sûrement marabouté pour que tu ne te rendes même pas compte que c'est une sauvage ! Dis-moi, elle compte boxer toutes tes patientes ou juste les plus riches ? »
« Au revoir papa. »
Plutôt que de raccrocher, je pose simplement le téléphone sur la table de la cuisine. Je peux l'entendre vociférer comme le font les septuagénaires que je reçois à l'hôpital et qui sont complètement désorienté. Je prends un verre d'eau et prends le temps de respirer en me demandant comment je ferai à l'avenir pour gérer cette incompréhension, ce fossé qui se creuse entre mon père et moi
Il est déjà 18h à ma montre. J'ai demandé un service à une amie stagiaire comme moi qui a bien voulu me remplacer pour ma garde à l'hôpital ce soir. J'aimerais emmener Gaëlle au restaurant histoire que l'on puisse prendre l'air et se détendre dans un décor autre que les murs de notre appartement. J'espère que cette sortie lui fera du bien et qu'avant de dormir, elle aura retrouvé le sourire. Elle a dû poiroter au commissariat jusqu'à midi, sur une chaise dans un coin car les policier avaient semble t-il égaré le dossier la concernant. Partie de là à midi et demie, nous avons été chez l'avocat et y avons pas deux heures durant lesquelles il a pris le temps de nous expliquer la situation en nous détaillant tous les points de droit et les éléments versés au dossier. Ensuite j'ai dû l'accompagner à la fac pour qu'elle aille excuse son absence a u cours le plus important de la journée. Nous sommes allés faire des courses dans un hypermarché avant de revenir à l'appartement et de nous faire appeler par l'avocat qui tenait absolument à nous voir. C'est en arrivant sur place, que nous avons appris que Mme De La Fresse demande une ordonnance restrictive pour empêcher Gaëlle de l'approcher.
Mon téléphone de nouveau sonne alors que j'enlève mon tee-shirt pour aller rejoindre Gaëlle dans la salle de bains. C'est toujours mon père au bout du fil. Il vocifère en me disant :
« Cette fille est venue pour semer la division. Tu ne m'écoutes même plus. Elle t'a complètement retourné le cerveau et tu ne t'en rends même pas compte ? »
« Essaie de lui montrer juste un peu plus de compassion et tu verras ce que cela donnera. Jamais aucun membre de sa famille ne m'a traité avec autant de haine que tu en montres vis à vis de Gaëlle. Ils m'acceptent avec mes imperfections. »
« Il ne manquerait plus qu'ils te rejettent ! Ils ne le peuvent pas vu le pactole que tu représentes pour eux. Elle est à l'aise leur fille. Ils n'ont plus de souci à se faire pour elle. Dis combien de fric ponctionne t-elle chaque moi pour envoyé là-bas dans sa jungle en Afrique, ta négresse ! »
« Il me semble que pendant longtemps tu t'es battu pour que jamais personne n'emploie ce genre de mot en s'adressant à toi ? Regarde-toi dans un miroir papa et tu te rendras compte que la couleur de ta peau est la même que celle de Gaëlle. Alors, tant que tu seras incapable de me dire ce qui ne va pas et les raisons pour lesquelles tu la détestes autant, je ne répondrai plus à aucun de tes appels. »
Je dépose le téléphone sur le lit et au moment d'aller vers la salle de bains, je me rends compte que Gaëlle est là, debout en serviette, dans le chambranle de la porte.
« Je suppose que tu as tout entendu ! », lui dis-je.
« Oui, mais je n'ai pas envie de parler de ton père ce soir. J'ai envie de penser à des choses positives. », me fait elle en s'asseyant sur le lit. »
« Un sourire, s'il te plaît ! », fais-je en m'approchant pour l'embrasser.
Elle passe alors ses bras autour de ma taille et me demande :
« Sers-mois fort. »
Nous restons là ce qui me semble une éternité quand le téléphone de Gaëlle sonne, mettant fin à notre étreint. Je la laisse là et vais prendre une douche. Quand j'en ressors, je m'habille rapidement et vais rejoindre ma chérie dans le salon où elle est toujours en grande discussion au téléphone avec Charline.
Au moment où nous pouvons enfin sortir de la maison, je suis surpris par l'appel de mon oncle Clay, l'un des frères de mon père. Il tente de mettre de l'humour comme s'il souhaitait rendre la conversation plus cool. Là, je l'arrête et lui demande d'aller droit au but.
« N'en veux pas à ton père, Alec ! »
« Mais encore ? »
« Je veux dire que tu devrais soigner la relation entre vous. Jamais vous n'avez été fâches de la sorte. »
« Toi qui es si proche de lui, tu devrais me dire ce qui ne va pas et la raison pour laquelle il se montre aussi détestable envers Gaëlle. »
« Lorsqu'on creuse, il y a de l'amour derrière la haine. »
« Qu'est ce que cela veut dire ? De quoi parles-tu, tonton ? »
« Je vais te parler d'homme à homme parce que j'en ai assez de me retrouvé entre vous. J'en ai assez de servir de vase communiquant. Les choses sont très simples. Inutile d'aller chercher midi à 14h. Il a simplement eu comment dire...euh. »
« Je t'écoute tonton. Qu'est ce que mon père trouve d'aussi répugnant à la femme que j'aime ? »
« Il a le béguin pour elle depuis le premier jour ! »
Là, le téléphone me tombe des mains et atterri sur le sol, sous le regard étonné de Gaëlle.
~~~ Jean-Paul aimerait écouter son coeur. ~~~
« Chéri ! Peux-tu réglé le thermostat s'il te plaît ? J'ai froid. »
Je me lève du canapé où je suis assis depuis une demi-heure et vais régler la température de la pièce.
« J'ai besoin d'un autre oreiller, s'il te plaît. »
Je m dirige vers la chambre et en rapporte un à mon épouse, le lui glissant dans le dos. Je m'assure qu'elle est satisfaite de sa position puis revient vers mon IPAD pour continuer à consulter mes mails et à briefer on adjoint qui me représentera demain lors d'une réunion d'investisseur à Londres.
Mon épouse et moi sommes arrivés à Arcachon par un vol privé il y a tout juste une heure. Nous avons loué cette villa avec une vu magnifique su la mer. Elle pense que l'ai marin la remettra très vite sur pied. Je l'espère pour elle... même si la suite des choses ne semble pas vouloir suivre l'idée que j'ai en tête : celle d'être tranquille. Je souhaite pour le reste de cette année me concentrer sur les deux nouvelles acquisitions sur lesquelles mon groupe planche depuis deux ans déjà. Faire de l'argent, c'est mon credo. J'espère pouvoir le faire comprendre à mon épouse.
Elle m'observe en tournant les pages de ce magazine féminin qui lui a payé une somme rondelette pour qu'elle confie l'histoire du drame que nous venons de vivre. Perdre un enfant, ok, mais des jumeaux, c'est deux fois pire. Alors, mon épouse a jugé bon, comme thérapie, de confié son histoire, sans pudeur, comme pour se débarrasser de cette douleur qu'elle a ressenti et ressent encore, sûrement.
Nos deux fils sont toujours aux USA, sous la tutelle de nourrices qui en prennent soin. Ils sont loin de remarquer notre absence ou d'en être affecté, vu qu'ils sont tous les deux autistes. Toute une histoire pleine de désespoir depuis le début. Notre vie de famille a été désespérante depuis le début...
J'aimerais être ailleurs à cet instant...dans les bras de quelqu'un d'autre...dans les bras de Marc-Elise. Complètement ailleurs et loin d'ici. Déjà, mon esprit s'envole et cherche les images d'un visage souriant de la femme que j'aime. J'imagine son ventre rond frémir sous l'effet de la caresse de ma main. Je revois son sourire la dernière fois, quand, faisant l'amour, j'ai reçu un coup de pied de la part de notre enfant à venir. J'imagine et je me retrouve à enfuir avec force au fond de moi, le sourire qui menace de m'échapper.
« Tu m'écoutes, chéri ? Je te disais que j'ai discuté avec le Professeur Eisner. Il dit que nous pourrons procéder à une autre implantation dans 3 mois, étant donné que j'ai encore trois ovules congelé dans sa clinique à os Angeles. »
SATANE MEDECIN POMPEUR DE FRIC BOUFFEUR D'ESPOIR.
« Que dis-tu chérie ? », fais-je pour me convaincre que je n'ai pas rêvé et qu'elle a bien dit ce que je viens d'entendre.
« Nous devrions à nouveau tenter le coup. Je le veux ! Je t'en prie ! », me fait-elle en laissant couler une larme. « Je ne peux renoncer maintenant. »
Je l'observe sans rien dire, l'ai fortement préoccupé.
« Je ne sais pas si tu te souviens de cette crise d'hystérie dont tu m'a gratifié durant 5 jours. »
« Je vais mieux. J'ai l'esprit solide et j'aimerais essayer. »
L'idée ne m'enchante pas du tout. Je la laisserai faire. Cela me donnera ainsi plus de temps et de liberté pour vivre mon idylle avec Marc-Elise.
« Tu y laissera ta santé. Le médecin t'avais dit qu'il y avait des risques. »
« Je te signale que sans ce fichu séjour dans cette imbécillité de centre de repos, nous aurions célébré dans une poignée de jours l'arrivée de deux bébés sains. Tu ne vas quand même pas me mettre ce drame sur le dos. »
La voilà qui devient de nouveau hystérique. J'ai peur que toute la vaisselle y passe et atterrisse contre les murs. J'ai peur d'entendre une folle crier toute la nuit à jusqu'à me briser les tympans. Alors, je lui réponds simplement :
« Nous ferons comme tu le voudras, quand tu le voudras. »
« Je savais que je pouvais compter sur toi, Jean-Paul. Dis-moi que tu m'aime ! Dis-moi que tu ne m'en veux pas ? Et puis, pourquoi m'en voudrais-tu, d'ailleurs ? Où étais-tu quand tout cela s'est produit ? Tu avais promis d'être présent et de me soutenir tout au long de cette grossesse. Mais il n'y a que le fric qui t'intéresse. », hurle t-elle.
Sans que je ne puisse avoir le temps de réagir, elle a fait un bon du canapé pour arriver à moi et en me criant dessus, en me tapant sur la poitrine avec ses poings. Elle tape avec force et rage, ce qui m'oblige à me lever de mon fauteuil et à reculer pour ne pas m'énerver. Je réussi à la calmer en lui tenant les deux poignets et là, une douleur à son bassin, lui rappelle qu'elle est encore fragile et ne doit pas négliger le repos que lui a prescrit son médecin.
Je la soulève et vais la déposer au premier dans un grand lit. Elle reste là à se tordre de douleur. Je vais vers son vanity case et en sort un antidouleur et un somnifère.
« Tiens ! Prends ça et essaie de dormir. », fais-je en lui tendant un verre d'eau et ses médicaments.
Toute l'eau m'est envoyée en pleine figure avec des cris d'hystérie.
« Tout ça c'est de ta faute ! Tu ne tiens jamais tes promesses ! Je te déteste.
Je regarde ma chemise mouillée et mon esprit m'ordonne de me calmer. C'est ce que je fais en reprenant cette carafe d'eau posé sur le chevet du lit. De nouveau je rempli un verre et le lui temps en lui donnant l'ordre, ferment d'avaler ses médicament.
Elle s'exécute après m'avoir crié je ne sais combien de fois qu'elle me déteste et que je n'ai pas intérêt à changer d'avis au sujet de cette nouvelle tentative de fécondation in vitro.
« Tu n'as pas intérêt ! Tu comprends ! »
Je reste là stoïque à la regarder alors qu'elle parvient enfin à s'endormir.
Je me lève du lit et passe une main d ans mes cheveux pour retrouve un peu de contenance. Si seulement la vie pouvait me mener ailleurs !!!
Je sors de cette chambre et descend dans le salon. J'ouvre cette immense baie vitrée qui mène vers la terrasse. Là, je m'accoude à la balustrade et me mets à observer la nuit qui s'est installée dans le ciel. J'ai gelé mes rendez-vous d'affaire pour les 5 prochains jours pour être présents à ses côtés et ne pas me faire taxer d'époux sans cœur, comme elle le fait à chaque fois qu'elle cherche à me culpabiliser. Je sais pas où tout cela nous mènera. Je ne le sais pas...
La gouvernante arrive dans mon dos et me demande si elle peut servir le repas. Je lui réponds que oui. Pourtant, je n'ai pas très faim. J'avale ce repas comme un automate. Et lorsque 'à 21h mon téléphone sonne et qu'un ami m'invite à le retrouvé dans notre Club privé, c'est sans rechigner que je demande au chauffeur de m'y conduire.
Il est 2heures du matin quand enfin je suis de retour dans cette splendide villa qui sera ma prison pendant les prochains mois. Je monte les marches vers le premier avec l'intention de m'installer dans la chambre en face celle dans laquelle dort mon épouse. Je pousse tout de même la porte de sa chambre pour vérifier qu'elle dort tranquillement. Là, alors que la lumière de la veilleuse éclaire la pièce, je remarque très vite la tache de sang sur le couvre lit. Je crois faire une erreur et avoir une vision d'optique, alors, je m'approche et distingue bien du sang. Mon épouse, s'est découverte et dort de travers sur le lit, plein de sang ;
Elle a semble t-il fait une hémorragie sans s'en rendre compte. Je l'appelle plusieurs fois s ans qu'elle ne réagisse. Je lui donne deux tapes s sur les joues mais elle ne bouge pas. Je prends son pouls et me rends compte qu'elle est en vie. J'appelle à lors les secours et leur explique la situation.
Dix minutes plus tard, les ambulanciers sont là et constatent la situation. Elle est transporté vers le service d'urgence le plus proche.