Le chauffeur arrive rapidement et je lui demande d'accompagner la dame :
« Arrêtez-vous quelque part, d'accord. Tu demande à un photographe de faire la photo de madame et tu fais aussi la photocopie de sa carte d'identité. Ensuite, tu l'accompagne au PK12 pour qu'elle puisse prendre son bus pour Mouila. Montrez-moi votre carte d'identité, madame. »
« Voilà ! Moi je vais fuir encore comment ! Je vous ai dit que c'est votre cœur seulement qui va vous juger si vous venez encore jeter Bibiche dans la poubelle là où j'habite. Merci pour la Castel, mama. Au revoir. »
« Puis-je avoir votre numéro de téléphone avant de vous laisser partir. »
« Regarde, mama, si tu veux m'acheter un téléphone avant que je parte c'est une bonne chose, vu que je n'ai pas ça ! Faut pas rire des situations des autres. Quand tu me vois là, tu penses que Airtel me connaît ? »
« S'il te plait Harane, emmène-là. »
« A Bibiche, on se quitte oh ! Faut pas même nous chercher. Que tu vas même gagner quoi en me pleurant. Ma ruendo (je m'en vais) »
Elle s'en va comme elle est arrivée en faisant la belle. Je reste là de nouveau avec cette petite dans les bras. Je vois alors Shannelle arriver.
« Où est-elle passée, Urielle ? Ne me dit pas que tu la laissé partir ? »
« Si je l'ai fit, Shannelle. Elle me sortait par les oreilles et un peu plus et elle s'installait dans la chambre d'amis après avoir vider le réfrigérateur. J'ai demander à Harane de faire une photocopie de sa pièce d'identité. Pour ce que ça vaut ! »
« Vraiment ! Je tombe des nues. »
« Comme tu dis ; Mais je pense qu'avant toute chose, nous devons d'abord nous occuper de l'état général de cet enfant. Je n'ai pas envie qu'elle nous c laque dans les main, Shannelle. Regarde son gros ventre ! »
« Bon, laisse-moi appeler ma voisine. Elle saura s'en occuper. Et demain matin à la première heure, il faudra l'emmener voir un pédiatre.
Shannelle appelle sa voisine Perrine, qui est sage-femme à la clinique El Rapha. Quand cette dernière arrive une heure plus tard, j'ai lavée la petite que j'ai décemment habillée des vêtement des jumelles.
Perrine est catastrophée en découvrant le pot aux roses. Elle nous fait toute une liste de médicaments à prendre impérativement dans la journée. Et avant toute chose, deux vaccins à lui faire aujourd'hui même : BCG et DTQP qu'elle aurait dû se voir administrée à la naissance. En somme, nous allons devoir lui faire faire tout au long de la semaine, tous les vaccins pour qu'elle soit à jour. Nous nous installons dans le jardin et je demande à Harane de raser la tête de la petite pour que nous puissions traiter les teignes qui infeste son cuir chevelu.
« J'ai la chair de poule, Urielle. Il y a des gens si pauvre dans ce pays qu'ils sont incapable d'acheter du savon pour laver un enfant ? »
« Il y a beaucoup de négligences derrière, Shannelle. Quand la pauvreté et la négligence font route ensemble, tu peux être sûr qu'il y a des dégâts sur le chemin. Ils habitent au village, il y a l'eau de la rivière et les plantes pour soigner les gens. », fait Perrine.
Kenneth qui a eu la gentillesse d'aller acheter le déparasitant, et la solution antiseptique demander par Perrine, arrive vers nous. Il me tend la pochette de la pharmacie en me disant :
« Je suis dans le salon. »
Alors qu'il veut s'éloigner, sa sœur l'arrête et lui dit :
« Il faut qu'on parle Kenneth ! On va le faire maintenant car j'ai abandonné mon époux et mes enfants à la maison. C'est la fête des pères, je veux manger à midi avec mon époux. »
« ça fait plus d'une heure que je vous répète que cet enfant n'est pas le mien, mais vous semblez ne pas me croire. Même toi Shannelle, tu devrais me connaître mieux que ça :! «
« Je sais, amour de ma vie. Mais regarde ce visage ! Il vient bien de quelque part. »
« S'il te plaît Urielle, dis-moi que tu me connais mieux que ça ! »
« Je te crois Kenneth. Si tu me dis que tu n'as pas couché avec cette fille, je te crois. »
« A la bonne heure ! Merci ma belle. Je me souviens de cette virée dans le sud. C'était il y a 18 mois. Tu te rappelle mon état à ce moment là Shannelle ! Mon divorce d'avec cette psychopathe que j'avais épousé venait d'être prononcé. Elle m'a sucer jusqu'à la moelle. Je me demande comment je tenais encore debout. Mes parents m'ont appelés en me disant de venir au Gabon, respirer un coup car ils craignaient que je me jette sous un train. Je suis arrivé ici. Et nous avons décidé de faire une virée entre hommes à l'intérieur du pays. »
« Oui, je 'en souviens. Vous êtes partis en voiture pendant une semaine. », dit Shannelle.
« Oui. Si nous avions 3 véhicules 4x4, dis-moi chère sœur, combien de Nzamba il y avait dans l'expédition. »
« Je ne sais pas, moi. Tout ce que je sais c'est que cet enfant te ressemble comme deux gouttes d'eau. »
« Mais Shannelle, tes enfants me ressemblent autant qu'ils ressemblent à Alvin. Sommes-nous leurs pères. »
« Bon, Kenneth marque un point ; il se peut qu'il ne soit pas le père. Mais s'il te plaît, ne dit pas le nom d'Alvin, parce que tu me fout la frousse. »
« T'inquiète ! Il était accompagnée de l'autre, son ex qui faisait la police et n'en avait rien à foutre d'être la seule femme dans le cortège. Donc, je repose ma question Shannelle ; Combien de Nzamba y avait il dans ces 3 voiture 4x4 ? »
« Bon, d'accord. A tout casser, vous étiez 10. Cela ne résout pas notre affaire. »
« Je l'avoue, les filles, nous avons fait des conneries pendant ce voyage ; c'est comme ça quand on se retrouve entre mec. Il y avait des filles à chacune de nos halte. Mais, je vous le répète, si cet enfant a été conçu à Lambaréné et même ailleurs sur la route, je n'en suis pas le père pour la simple et bonne raison qu'après mon divorce, je n'ai pas coucher avec une black. A Lambaréné je me retrouver au lit avec une white qui était de passage. Elle travaillait pour le Fond Mondial pour la Préservation de la Nature. Une française. On s'est envoyé en l'air, avec une capote, s'il vous plaît ; Je veux bien mourir idiot, mais concédez-moi au moins, que
le SIDA et les MST, je sais comment les éviter. »
Shannelle et moi regardons Kenneth qui est dans tous ses états. Il tourne en rond dans le jardin puis revient vers nous en pianotant sur son smartphone.
« Et voilà ! Je viens de commander un test de paternité sur le Net. Ça enlèvera tous les doutes. Si vous avez envie de pouponner, faites-le, mais ce n'est sûrement pas mon prénom que vous irez mettre dans son acte de naissance. »
« Oh ! Tu viens de nous rappeler qu'elle n'a pas de papier ! J'ai l'impression d'être dans un mauvais film. »
« Je parie qu'Alvin ne trouvera pas le film très bon, lui non plus. Son avion atterrit à 17 heures. », dis-je.
« Ok ; Bon, je vais retrouver mes hommes à la maison. Je reviens avec les petit dans l'après-midi, d'accord ? », fait Shannelle.
« Ok ; A tout à l'heure. »
Perrine et elle s'en vont. Je reste là un instant dans le jardin en regardant la petite Bibiche qui ne semble pas perturber par tout ce qui se joue autour d'elle ; je me demande si elle a conscience d'avoir été abandonnée par sa grand-mère ?
Je vais la déposé tranquillement dans le parc de Jade et Ruby, installé dans un coin du salon ; elle reste sagement là à jouer avec les peluches des petites alors que celles-ci sont en train de faire une sieste. J'en profite pour aller dans la cuisine préparer à manger :
Il est 13 heures quand nous passons à table dans la cuisine. Kenneth installe les jumelles dans leurs chaises hautes et me fait signe que Bibiche, c'est à moi de m'en occuper. Nous mangeons tranquillement quand soudain, le téléphone professionnel de Kenneth sonne.
« Peux-tu décrocher pour moi et dire que j'ai oublié mon téléphone en sortant. Ils comprendront. Je n'ai pas l'intention d'aller les retrouver. Ils doivent en être au repas. »
Je me lève et vais dans le salon. Je décroche et lance.
« Bonjour. Désolée, Kenneth est sorti et a oublié son téléphone en partant. »
« Madame, je suis désolée de vous déranger mais c'est important. Je comprends que je vous dérange votre mari et vous en ce dimanche mais je n'ai pas le choix. Est-ce que vous pouvez m'écouter un instant, je vous en prie? »
« Oui. Euh, ce n'est pas mon téléphone mais celui de... »
« Oui, je sais que c'est le téléphone de monsieur Kenneth Nzamba. J'ai appelé son bureau vendredi après-midi. Ils m'ont donné son numéro. »
« Ok. Et que désirez-vous mademoiselle. »
« Je m'appelle Claudia Iwenga. Je vis à Port-gentil. Je travaillais aux ressources Humaines chez SATRAM. Mais avec la crise, j'ai été licenciée. Cela fait 3 mois que je suis suis sans emploi. La vie devient dure. »
« Madame, que puis-je pour vous ? »
« Oh, c'est difficile à dire. J'ai du pas mal réfléchir depuis vendredi. Mais je n'ai pas d'autre choix. Je dois vous annoncer que votre époux a fait un enfant à ma sœur Cathie. Elle est décédé il y a 6 mois. Je garde l'enfant depuis sa naissance. »
Là, je suis complètement ébranlée en entendant cette histoire. Je reviens alors dans la cuisine et reprends ma place face à Kenneth après avoir mis le téléphone sur haut-parleurs.
« Je vous écoute, mademoiselle. Vous disiez que mon époux et vote sœur ont eu un enfant ensemble? »
« Oui. En fait, l'histoire est simple. Ma sœur Cathie a toujours été une tête brûlée. Nos parents sont morts quand elle avait 5 ans ; je l'ai quasiment élevée. Mais il y a des fois où elle me dépassait tellement que j'étais obligée de l'envoyer en vacances au village dans le Lac Anengué. Et voilà qu'une fois, elle a fuit de Port-Gentil et est allée en groove avec des copines du côté de Fougamou. Quand elle est revenue, on a seulement vu le gros ventre sortir 3 mois plus tard. C'est comme ça que Claudia Rêve est née. Pendant toute la grossesse j'ai essayé de demander à ma sœur qui était le père, mais c'était pas la peine. Impossible d'avoir une réponse intelligente. Elle a simplement un beau souvenir de cet homme parce qu'il lui a laissé une enveloppe de 300 mille francs après la nuit qu'ils ont passé ensemble dans ce Motel de Fougamou. »
« D'accord mademoiselle, Iwenga, je comprends. Mais pourquoi pensez-vous que c'est mon époux qui est le père de votre nièce? »
« Ah, madame, excusez oh ! Chez moi on dit que le sang ne ment pas. J'étais tranquillement chez moi au quartier Pas à Pas, je ne sais pas si vous connaissez Port-gentil! »
« Je connais un peu. Je vous écoute. »
« Donc, j'étais tranquillement chez moi en train de faire à manger jeudi soir . Tout d'un coup, Annick, la meilleure amie de feue ma sœur Cathie, est arrivée en courant dans ma cuisine ; elle tenait dans la main le journal L'UNION. Elle n'arrêtait pas de crier en tremblant en me disant : la grande, la grande, regarde. C'est le père de Claudia Rêve, c'est lui le père de Claudia Rêve. Oui, je te dis, c'est le Kenneth, qu'on a rencontré là-bas dans nos coups fourrés à Fougamou. A non, le gars là respire que la class. C'est comme ça qu'il était quand on l'a vu. Il venait des States la grande. Regarde un peu, est-ce que c'est pas la photocopie de Claudia Rêve. Ah Dieu est bon ! Je connaissais seulement son prénom, maintenant on connaît son nom et le nom de l'entreprise où il travaille. »
Je reste sans voix. Kenneth quant a lui semble avoir le visage figé car impossible d'y lire la moindre expression. Il me prend alors le téléphone des mains et lance le plus calmement du monde :
« Madame, c'est Kenneth Nzamba au bout du fil. Puis-je savoir le nom de la personne qui vous a donné mon numéro de téléphone? »
« Ah, papa excuse-moi, oh ! Sincèrement, si je n'avais pas mon problème de chômage là, je n'allais même pas vous embêter. C'est moi qui ai payé le trousseau de l'enfant, je m'occupe d'elle depuis qu'elle est née ; si j'appelle c'est parce que je ne sais pas de quoi va être fait demain. J'ai 2 autres enfants et mon petit frère qui va encore au collège. Là, je tiens parce que je fais de la coiffure à domicile. Il faut qu'on parle et qu'on trouve une solution pour Claudia Rêve, monsieur Nzamba. C'est pas comme si elle n'avait pas de père ! »
Kenneth est tellement dépassé, qu'il me rend le téléphone et sort de la cuisine. Là, je reprends la conversation et demande à mon interlocutrice :
« Comment peut-on être sûr que cet enfant est bien le notre ? Votre sœur jamais ne vous a parlé de Kenneth.»
« Mama, je ne vais pas trop parler, oh ! Je vais seulement filmer Claudia Rêve et puis vous envoyer la photo. Vous avez Whatsapp ? J'envoie la photo tout de suite. Bonne fête des pères. Au revoir. »
Elle raccroche. Deux minutes plus tard, le téléphone vibre ; quand j'ouvre la photo reçue, je ne peux que me demander combien il y a de chances sur un million pour que deux petites filles présumées du même père, se ressemblent comme deux gouttes d'eau ? Les maux de tête me prennent alors et finissent par me couper l'appétit.
Je vais vers le salon et appelle Kenneth, qui est couché sur le canapé en train de se masser les tempes. Sans mot, je lui tends le téléphone et repars dans la cuisine m'occuper des petites. Il arrive alors et sur le pas de la porte me dit :
« Dis-moi que c'est un cauchemars, Urielle ! Quelqu'un là-haut se fout de moi à cet instant. Et pourquoi aujourd'hui, dis-moi ! Ce fichu article. Si je n'avais pas représenté mon DG ce jour là, c'est dans 10 ans que cette bombe me serait tombée dessus. J'ai mal à la tête. Je vais prendre l'air.»
J'arrive à le retenir en lui disant :
« Kenneth, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Elles savent toutes les deux qui tu es, c'est donc qu'elles t'ont réellement rencontré ! »
« Urielle, je n'ai pas couché avec ces filles. Je n'ai jamais consommé de drogue et pendant ce périple, je n'ai pas consommé d'alcool ; tu me connais, à peine un verre et je suis endormi. Je te jure sur ce que j'ai de plus cher que ces enfants ne sont pas de moi. »
« Ok ! Je te crois si tu le dis ; Vas prendre l'air, ça te fera du bien. »
Il s'en va et je reste là perplexe.
Quand Shannelle arrive à 16 heures avec ses 4 garçons, nous nous installons dans le jardin. Je mets une grande couverture sur l'herbe et les tous petits se posent là et jouent tranquillement. Les jumelles ont très vite adopté la petite Bibiche.
« S'il te plaît Urielle, ne l'appelle pas Bibiche. Ça m'irrite les oreille. On va l'appeler Mélodie. Au moins ça nous permettra d'oublier l'horrible grand-mère sans gêne qui est venue l'abandonner ici. Dès demain, nous ferons faire des tests de paternité à la clinique El Rapha ; ça coûte très cher mais au moins, nous serons fixés. »
« Euh, Shannelle, je ne sais pas comment te l'annoncer mais il y a un autre souci, si je puis dire. »
« Quoi encore ? Quelle partie du ciel ne nous ait pas encore éeur la tête ? »
Je me lève et vais chercher le téléphone de Kenneth dans le salon. Je reviens vers elle et le lui tends après avoir affiché la photo de la petite Claudia Rêve en plein écran.
« Jésus Marie, Joseph ! Esprit de mes ancêtres ! C'est quoi cette histoire ? », fait elle.
Je lui raconte alors toute l'histoire. Elle est tellement catastrophée par l'affaire qu'elle est obligée de se lever et de faire les cent pas dans l'herbe.
« Donne-moi le téléphone, je vais appeler cette fille.»
Elle forme le numéro et demande tout de go à la fille qui vient de répondre :
« Madame, pouvez-vous me décrire le Kenneth que la copine de votre sœur dit avoir rencontré ? »
L'autre au bout du fil répond :
« Ah, elle m'a dit qu'il était très beau, noir, très poli. Il revenait tout juste des States et allait y retourner. C'est elle-même qui a reconnu le gars sur la photo. On tourne en rond, maman ; Il faut avancer et voir comment on peut s'entendre pour l'avenir de Claudia Rêve. Je vous assure que dans ma famille, on n'embête pas les gens. Je vous ai appelés pour qu'on puisse parler tranquillement comme des gens intelligents. Si vous même vous voulez venir constater de vos propres yeux, l'enfant est là à Port-Gentil. »
Shannelle raccroche et me dit :
« Un, c'est une erreur. Deux, ça devient grave. Ces enfants ont bien un père. »
« Et si Kenneth dit que ce n'est pas lui, je lui laisse le bénéfice du doute. », dis-je.
« Oui, nous sommes bien obligés. A moins d'avoir été drogué par ces filles, il est peu probable qu'à deux endroits différents il aie pu vivre la même chose. »
Nous restons là toutes les deux sans voix. Comment prendre la chose !?
« Je vais devoir appeler Dad et Mum ce soir. Ils doivent savoir ce qui se joue ici en ce moment. »
« Oui, il vaudrait mieux qu'ils soient mis au courant avant leur retour de Douala. »
«Ces petites ressemblent tellement à Kenneth que cela me fout les boules. Si Allegra voit ces photos, tu peux parier qu'elle n'aura pas envie de rire. », fait Shannelle.
Nous restons là et décidons de changer de sujet. Nous aurons bien le temps, une fois qu'Alvin sera arrivé de reparler de tout ça.
Il est 17 heures quand nous installons les petits dans le salon. Je vais dans la cuisine préparer les plateaux d'amuse-gueule et les boissons que j'ai acheté pour célébrer la fête des pères. Harane arrive et pose sur la table de la cuisine, le gâteau géant que j'ai fait commander pour les papas de la famille d'Alvin. Kenneth est justement allé à l'aéroport chercher son frère ; les 4 hommes de la famille Nzamba que j'ai invité, arrivent. Il y a John, Alex, Tobby et Mac. Tous des frères d'Alvin. Ils se ressemblent quasiment tous, avec cette peau couleur ébène qui semble être la marque de fabrique de la famille. Ils sont très très taquins. J'ai beaucoup de chance de bien m'entendre avec les garçons de cette famille quand les filles continuent d'être de véritables pestes à mon encontre. Ils sont là et ont déjà mis la musique pour faire le show. L'époux de Shannelle ne tarde pas non plus à arriver.
Je vais rapidement me changer et me passer un peu de parfum. Quand je reviens dans le salon, je me rends compte qu'Alvin est déjà là. Je lui saute alors dans les bras et nous nous embrassons. Les garçons qui ne ratent rien du moment, commencent à me charrier :
« Profite-bien, qu'il soit encore en vie. J'ai déjà des vues sur toi, ma belle. Dès que le frangin passe l'arme à gauche, je fais de toi ma femme ! »
« Tu as vu ma chérie. Quand je te dis que tu ne peux avoir confiance en ces traîtres ! », fait Alvin en riant.
J'apporte alors l'immense gâteau que je viens poser sur la table de la salle à manger. Shannelle réunis les enfants d'un coté de la table, tandis que les arçons restent de l'autre. Les deux grands fils de Shannelle se mettent alors à réciter un poème pour la fête des pères sous les acclamations de tous.
Là, c'est Tobby, qui vit dans le New Jersey et est là pour quelques semaines de vacances, qui s'écrit :
« Dis donc Kenneth, je n'ai jamais douté de ta virilité, mais quand tu frappes, tu fais fort. »
« Cet enfant n'est pas de Kenneth, j'en mettrai ma main au feu. », lance Alvin.
« Mon Dieu, heureusement que tu es là, Bro'. Un peu plus et je me mettais à douter de moi-même. », fait Kenneth.
« Le coupable est parmi vous, les gars ! », fait Shannelle.
Les garçons se regardent alors. Et Mac de lancer :
« Ah, on a fait des choses pendant cette virée. Les filles, je vous assure que les petites tombaient sur nous comme des mouches ; et elle étaient loin d'être moches ! Mais comme je sors toujours couvert, vous ne pouvez m'accuser de rien. »
« Je préfère ne pas me prononcer, dit John ! Vous-mêmes vous savez que je ne m'envoie que des métisses ! »
« La bonne excuse ! », lui lance Alex.
Tout le monde est dans la bonne humeur en train de rire. Soudain, mon téléphone sonne. Je me demande pourquoi Harane m'appelle au lieu de venir me trouver dans la maison. Je décroche et il me lance :
« Madame Urielle, faut véni. Y a problème au portail. »
Je fais signe à Alvin de me suivre. Quand nous arrivons au portail, nous trouvons Harane aux prises avec une jeune homme.
« Madame Urielle, madame Urielle, petit garçon là il voulais fui et jeté bébé ici. »
Alvin est intrigué par les pleurs d'un enfant, un bébé que l'on a abandonné dans l'herbe à l'entrée de la maison ; Il est enveloppé dans un drap aux couleurs défraîchies.
« Qui êtes-vous jeune homme et pourquoi venez-vous abandonner cet enfant ici ? »
« C'est Chrystelle Kombila qui m'a dit de venir le laisser chez son père. Je n'ai rien avoir dans cette affaire. Laissez-moi partir. »
« Mais jeune homme ; Dîtes-nous au moins qui est cette Chrystelle. Vous rendez-vous compte que vous abandonnez un bébé là, en pleine rue?»
« Chrystelle, c'est ma copine, mec. On est ensemble depuis 6 mois. Jeudi elle a vu la photo du père du petit Kenneth Christopher dans l'Union. Je me suis renseigné. Et on a finit par trouver sa maison ; je me tire. A chacun sa merde. »
Le type parvient à échapper à Harane et se sauve en courant. C'est Alvin qui lui court après et le rattrape. Il ramène le garçon, d'à peine 20 ans, qui se débat comme un diable :
« Prenez ce bébé et ramenez-le d'où vous venez. »
« Impossible mec ; hey, il faut prendre vos responsabilités gars ! Je vis dans les États-Unis d'Akebé ; Si tu vois l'endroit où je crèche avec mon bouquet, tu aurais envie de me céder la niche de ton chien. Alors, faut pas pousser. Appelez monsieur Kenneth Nzamba qu'il vienne occupez de son rejeton. »
Alvin est obligé de relâcher le jeune homme dont les vêtements qui empestent le chanvre indian ont réussi à nous asphyxier. Harane prend l'enfant dans les bras. Et enlève le drap qui l'enveloppe ; le petit qui semble avoir le même âge que la petite Mélodie, ressemble au grand-père d'Alvin. Il est tout nu sous ce drap qui l'enveloppe. Son ventre est ballonné et nous laisse déjà deviner qu'il est plein d'ascaris. L'enfant a la peau couverte de galles mais sourit.
« Voyez, mec. Il vous a reconnu. Le sang ne ment jamais. Allez, Tchao bye. Mon nom est merlin. Si vous passez du côté des Akébés, je pourrai vous offrir un pot. La prochaine fois que tu fais la route vers Mouila, utilise des capotes, mon pote. Quand on conduit une Mercedès ce n'est pas une capote qui va nous dépasser. »
Et le voilà qui disparaît sous le regard atéré d'Alvin. Mon chéri me regarde alors et me dit :
« Nous avons fait dix stop, donc dormi dans 10 hôtels ou motels pendant notre périple. Dis-moi combien d'autres enfants présumés Nzamba, avons-nous semés sur le chemin ? »
Je n'ai pas le temps de répondre car le petit Kenneth Christopher se met à crier nous indiquant qu'il meurt de faim.
« Je vais appeler El Rapha pour qu'il m'envoie un pédiatre en urgence à domicile. Je ne laisserai pas ces enfants dormir chez moi sans qu'ils n'aient été auscultés. », fait Alvin en prenant son téléphone.
Je demande à Harane d'emmener l'enfant dans le jardin. Je vais dans la maison pour prendre la solution antiseptique que nous avons achetée ainsi qu'un slip et un tee-shirt, puis 3 yaourts pour bébés. Je reviens dans le jardon et entreprends de laver l'enfant en le trempant dans une bassine d'eau tiède. Quand il est tout à fait propre, je le nourris avant de le ramener dans le salon où tout le monde débat sur le sujet.
« Une réunion s'impose les gars. L'affaire est sérieuse », lance John.
« Oui », fait Alvin. « Très sérieuse ! »
« Vous étiez 10 et elles ne se souviennent que de Kenneth ! », lance ma belle-sœur.
« Je te l'ai dit mille fois Shannelle, ces enfants ne sont pas les miens ! », s'énerve Kenneth en allant dans sa chambre.