Pour le cœur de Mya
img img Pour le cœur de Mya img Chapitre 4 New York
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Chapitre 6 Ojai img
Chapitre 7 Les touristes img
Chapitre 8 Sous tension img
Chapitre 9 Une question de courage img
Chapitre 10 La volonté img
Chapitre 11 Optimiste img
Chapitre 12 Merci img
Chapitre 13 Des nouvelles attendues img
Chapitre 14 Foutues clauses img
Chapitre 15 Le contrat img
Chapitre 16 Une décision impulsive img
Chapitre 17 Je dois rester forte img
Chapitre 18 Les présentations img
Chapitre 19 Un diner tendu img
Chapitre 20 Mon meilleur ami img
Chapitre 21 Un détail imprévu img
Chapitre 22 Ce soleil img
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Chapitre 4 New York

Tamara

Le trajet en voiture jusque New York m'a paru plus court que dans mes souvenirs, mais il faut dire que je n'étais pas pressée qu'on arrive si vite devant cet hôtel de New York, où nous allons séjourner durant une semaine. D'après le docteur Grune, c'est le temps qu'il faudra pour passer les examens de Mya, ainsi que de savoir de quoi elle souffre exactement. Le rendez-vous ayant été pris par le docteur Grune, nous n'avons pas vraiment eu le temps de nous retourner, et mise à part fermer la boutique pour ce laps de temps, nous sommes quasiment parties comme des voleuses de Ojai. Célia qui m'accompagne bien entendu, voulait absolument que j'en parle à ses parents ; mais je préfère savoir d'abord de quoi il en retourne avant d'alarmer tout le monde. Bien entendu, je ne suis pas stupide. J'ai entendu parler de cardiomyopathie, et je sais que c'est une maladie du cœur assez grave. D'après mes recherches, la cause serait que le muscle empêche le sang de circuler convenablement dans le corps. Je tressaille à nouveau, rien que d'imaginer ce qui aurait pu arriver si je n'avais pas remarqué à quel point, ma pauvre Mya semble tellement épuisée récemment. Après tout, elle n'a qu'un an et elle fait encore de grandes siestes durant la journée.

J'opère un créneau entre deux voitures, et je coupe le moteur, tandis que Célia vérifie que je n'ai pas touché la grosse berline derrière nous.

- Ta confiance en moi est vexante. Lui fais-je remarquer en glissant mes doigts dans mes cheveux, en humant l'odeur nauséabonde de la ville. Comment les gens font-ils pour ne pas tomber malade avec cet air malsain qui émane des grandes villes ? Voilà bien une chose sur laquelle Miguel et moi, nous étions d'accord. Il était hors-de-question que nous élevions nos enfants dans ce genre de lieux. Rien de mieux que la nature, et l'air pur que nous avons à Ojai. Célia prend nos valises, pendant que je prends Mya dans son siège auto, avant de la mettre dans sa poussette.

- On est arrivées ma chérie. Lui fais-je en remettant son petit bonnet en place sur ses petits cheveux noirs.

Nous entrons dans l'hôtel réservé en vitesse par Célia qui ne semble pas donner de mines. On dirait un de nos plus vieux hôtels de Ojai, qui n'a pas été rénové depuis sa construction, sans parler de la femme aigrie qui donne les clés de notre chambre à Célia.

- Super sympathique. Me souffle-t-elle en se détournant de la femme, tandis que je pince mes lèvres, retenant un fou-rire, tout en regardant la tapisserie du hall qui est prêt à tomber à chaque instant.

Nous entrons dans l'ascenseur, se demandant si nous arriverons au deuxième étage, entière. Celui-ci doit être aussi rouillé de l'intérieur que de l'extérieur, et nous nous mettons à rire quand nous sortons enfin de celui-ci, soulagées d'être vivante.

- C'est quelle chambre ? Demandé-je à Célia en regardant le sol couvert d'une carpette brune qui n'a certainement pas connu de changement depuis des siècles.

- La trente-trois. Me répond-elle et j'avance dans le couloir, évitant de renifler, la crainte de me mettre à éternuer, voyant la poussière sur les tableaux dans le couloir.

- Un vrai film d'horreur. Ricané-je d'une voix sortie d'outre-tombe, avant de m'arrêter devant la chambre trente-trois.

- Tu penses qu'il y a des araignées ? Me demande-t-elle, sachant comme je les aime, et je souris en penchant la tête vers le sol.

- Je craindrais plus les cafards. Lui rétorqué-je, amusée.

Mais étonnement, quand elle ouvre la porte de la chambre, nous sommes toutes les deux surprises de voir à quel point celle-ci est propre. Les murs ont été récemment remis en couleur, et la literie semble sortir d'une revue de magazine.

- Euh, on a dû rentrer dans une autre dimension. Lance Célia, aussi étonnée que moi, posant les valises sur le lit. Effectivement, même la salle de bain semble nickel, et je sors Mya de sa poussette pour l'installer sur le grand lit. Célia me signale que nous avons encore trente minutes, avant de nous rendre à l'hôpital Bellevue, juste le temps de changer les fesses de mon petit soleil et de nous mettre en route. Nous avons choisi cet hôtel qui nous paraissait miteux à première vue, parce qu'il est le moins cher de ceux qui se situent le plus près de l'hôpital, nous évitant un tas de minutes de bouchons comme cette ville a le don de faire.

L'hôpital Belle-vue est plus qu'imposant, et je dois me battre avec mon stress pour avancer dans ce grand hall où des fourmis courent partout. Je pensais que les touristes à Ojai étaient les pires, car ils ne prenaient pas le temps de marcher malgré qu'ils soient en vacances, et surtout n'avaient aucune patience, mais en y regardant mieux ; je pense que c'est dans les gênes des gens de la ville. Aucun d'eux ne prend le temps de lever son regard de ses pieds, ou de son portable, se bousculant encore et encore, et certains marmonnant dans leurs dents de la perte de temps qu'ils viennent d'avoir par un contact. Nous rejoignons l'étage de pédiatrie cardiologique, et nous sommes accueillies par une infirmière bien souriante, qui nous invite à entrer dans le cabinet du docteur Cantor à peine arrivées. Un sourire entendu avec Célia, nous la suivons, et entrons dans un bureau qui doit représenter quatre fois celui du docteur Grune. L'infirmière nous invite à nous assoir, et nous pose quelques questions pour compléter les informations pour le dossier de Mya. Elle me demande de la déshabiller pour pouvoir la mesurer et la peser. Une attitude chaleureuse émane d'elle, et malgré les circonstances de notre venue, je me sens assez sereine à cet instant. Mais cela se gâche très vite quand le docteur Cantor arrive, et me tend les papiers pour l'admission de Mya dans une chambre.

- Qu'est-ce ? Pourquoi ? Bégayé-je, regardant les papiers devant moi, qu'il pose sur le bureau.

- Madame Scott, nous avons reçus les radios que le docteur Grune nous a envoyées. Et nous ne pouvons pas risquer de la laisser quitter l'hôpital, tant que nous n'avons pas diagnostiqués la fatigue de son muscle cardiaque.

- La fatigue de...

Les feuilles devant moi me paraissent illisibles, alors que j'essaie d'assimiler les mots prononcés par le docteur Cantor qui insiste sur les raisons de son admission. Je n'arrive pas à fermer mes lèvres, trop ahurie de tout ce qui se passe autour de moi, durant ces vingt-quatre heures. Cette sensation de gouffre sans fin est en train de prendre le dessus sur moi, oubliant un instant tout ce qui m'entoure. Ma vue se brouille de plus en plus, et les larmes débordent de mes yeux, tandis que la main de Célia serre la mienne et que je porte mes lèvres sur le haut des cheveux de Mya. Notre soleil ne peut pas s'éteindre, non, je ne laisserai jamais cela arriver, quoi qu'il arrive...

Ace

Je referme mon ordinateur portable, glissant ma main dans mes cheveux, détournant mon regard vers mon portable posé à côté de mon verre de Scotch. Il est déjà passé plus de vingt-trois heures, et Brooke ne m'a toujours pas appelée comme elle me l'avait promis la veille par mail. Cela va faire plus de dix mois qu'elle a quitté New York pour la France, et j'ai l'impression chaque jour que je viens de l'apprendre. Le souvenir de ce soir où je lui ai enfin donné les clés de ma villa, et qu'elle a refusé, me balançant son départ à la figure me fait toujours aussi mal. Bien que nous ayons décidé de tenir notre relation même à distance, je lui en veux toujours autant. Je peux comprendre qu'elle veuille avancer dans le monde de l'écriture, cherchant des idées partout où elle peut ; mais apprendre qu'elle avait décidé son départ depuis plus d'un mois, me reste à travers la gorge. Pourtant, ce soir, je suis encore là, attendant son appel en regardant cette photo de nous deux prise à Bora Bora, durant la promotion de son premier livre.

Mon portable se met à sonner, et je m'emballe avant de voir afficher "Kent" sur l'écran de celui-ci.

- Tu vérifies que j'ai fini de lire le manuscrit ?! Lancé-je, sur un ton froid mais amusé.

-" Pour une fois, je comptais te proposer de laisser cela en suspens pour ce soir. Que dirais-tu d'une sortie entre hommes ?" Me fait Kent, et je passe ma langue sur mes lèvres, récupérant le reste de Scotch qui s'y trouve. Je tapote sur mon verre avec ma chevalière, et je regarde la photo de Brooke. Au pire, je prendrai son appel dehors. J'accepte donc la proposition de mon ami, et je raccroche en lui disant que je le rejoins au bar Attaboy. Un bar où les bourgeois de New York ne se rendent pas, ce qui facilite le fait de passer inaperçu lors de nos soirées bien arrosées entre hommes. Je décide de rester en jeans, j'enfile un T-Shirt propre, avant d'enfiler ma veste en cuir, et je prends les clés de la Ford. Ce n'est pas le genre de quartier, où l'on se promène en Cadillac. Une liasse de billets pris dans le coffre de mon bureau, je descends les escaliers qui mènent au garage où se trouve mes petits bolides. Certains d'entre eux n'ont que peu de kilomètres, tout comme cette Harley Davidson que j'ai achetée sur un coup de tête il y a deux ans, et qui prend limite la poussière à côté de la Range Rover. Je me dirige vers la Ford Fairlane quatre cent vingt sept qui doit avoir plus de vingt-cinq ans, et je mets les gants en cuir bruns qui se trouvent dans la boite à gants. J'aime ce genre de vieille voiture, dont le moteur hurle dans la nuit, un peu comme l'intérieur de mon cœur en ce moment.

Je roule comme un dingue dans les rues de New York, faisant abstraction à la couleur des feux rouges, comme si je jouais avec ma vie. Un petit défi qui me reste certainement de mes années lycéennes tumultueuses. D'ailleurs, le bar où Kent et moi, nous nous retrouvons, fait partie de ces endroits de notre jeunesse, où les gardes du corps imposés de ma mère n'arrivaient pas à me retrouver quand nous filions en douce. Enfin, c'était pour moi, le bon vieux temps, et aussi celui où je me sentais libre. Bien loin des problèmes d'adultes et du travail, même si c'est moi le patron.

Je gare la Ford sur le parking, et je rejoins la porte du bar où j'aperçois Kent qui s'y trouve déjà en bonne compagnie comme toujours. Ce mec est un dragueur invétéré. Je me demande s'il arrivera un jour à trouver une femme qui lui fasse chavirer le cœur, tout comme Brooke le fait avec moi.

- Ah, te voilà ! S'exclame-t-il alors que je lui tape sur l'épaule et qu'il se lève de son tabouret pour me prendre dans ses bras. Je me demande lequel de nous, avait le plus besoin de cette sortie entre mecs ?

Je m'assois sur le tabouret à côté de lui, tandis qu'il me présente les demoiselles qui l'accompagnent. Je leur souris, acceptant leurs mains qu'elles me tendent, me rendant compte qu'il drague souvent le même style de filles. Des touristes avec lesquelles, il n'aura pas de soucis pour s'en débarrasser le lendemain. Nous commandons une tournée au barman quand je remarque cette blonde au coin du bar, la longueur de ses cheveux me rappellent ceux de ma Brooke, et un pincement se forme dans ma poitrine. Je paie le barman, et je me détourne de cette femme qui mise à part avoir les cheveux comme ma belle, n'a rien côté physique qui la ferait ressembler à ma belle.

Cela doit être une de ses touristes esseulées, qui noient sa peine dans l'alcool. Je donne les verres aux demoiselles qui nous accompagnent, et je porte mon Scotch à mes lèvres, en soupirant de l'intérieur. Brooke n'a toujours pas appelé, et cela me fait mal de le dire ; mais je commence à craindre le pire en ce qui nous concerne...

            
            

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