Pour le cœur de Mya
img img Pour le cœur de Mya img Chapitre 2 À jamais
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Chapitre 6 Ojai img
Chapitre 7 Les touristes img
Chapitre 8 Sous tension img
Chapitre 9 Une question de courage img
Chapitre 10 La volonté img
Chapitre 11 Optimiste img
Chapitre 12 Merci img
Chapitre 13 Des nouvelles attendues img
Chapitre 14 Foutues clauses img
Chapitre 15 Le contrat img
Chapitre 16 Une décision impulsive img
Chapitre 17 Je dois rester forte img
Chapitre 18 Les présentations img
Chapitre 19 Un diner tendu img
Chapitre 20 Mon meilleur ami img
Chapitre 21 Un détail imprévu img
Chapitre 22 Ce soleil img
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Chapitre 2 À jamais

Tamara

Je regarde une nouvelle fois la photo de Miguel et moi, posée sur le meuble du séjour, le cœur brisé de chagrin, sachant que dans quelques heures, tout sera vraiment scellé. Je suis sortie de la maternité hier seulement avec Mya, et je n'ai pas eu l'occasion d'aller lui rendre visite à la morgue. Célia m'a convaincu que cela ne m'aiderait pas dans mon deuil, et que je devais garder de lui, le souvenir que je porte dans mon cœur. Je me suis bien entendue révoltée, et j'ai profité de son absence, pour m'y rendre. Mais à quelques pas de là, une femme de mon âge en sortait, le visage tellement décomposé par l'horreur de ce qu'elle venait de vivre en allant voir son mari, que mes jambes m'ont abandonnées. J'ai rebroussé le couloir, courant limite pour rejoindre ma chambre, et prendre Mya dans mes bras, m'excusant de ne pas être assez forte. Célia ne m'en a pas parlé, mais je sais que l'infirmière qui surveillait Mya, lui a fait part de ma demande de lui laisser Mya en surveillance. Célia me connait depuis tellement longtemps, qu'elle sait que si j'ai une idée en tête, rien ne peut m'y résoudre ; sauf la peur de ne plus voir Miguel comme il était. J'en ai fait des cauchemars toutes les nuits, l'imaginant défiguré plus que possible, mais tout ce qui me faisait me calmer, c'est elle. Ce petit soleil dans son couffin, qui attend sa marraine pour aller dire aurevoir à celui qui ne la connaitra jamais. Un relent de vomis monte dans ma poitrine, alors qu'on sonne à la porte, mais je cours à la salle de bain, la laissant entrer seule.

Je tire la chasse des toilettes, et je me rince la bouche avec la bouteille de menthe, avant de m'essuyer. Mon regard dans le miroir est affreux, et je sors de la salle de bain pour prendre mes lunettes de soleil qui sont dans l'armoire. Mon regard se porte sur celles de Miguel qui s'y trouve aussi, et tout mon corps tressaille, alors que la paume de mes doigts frôle les branches de ses lunettes.

- Ma chérie. Murmure Célia derrière moi, et elle porte ses mains sur ma taille, pour pleurer sur mon épaule, alors que je m'effondre, me demandant comment je vais faire pour me relever. Miguel a toujours été le centre de ma vie depuis 5 ans. Il a toujours été protecteur envers moi, et surtout depuis que notre Mya était dans mon ventre. Il se voyait déjà lui montrer des pas de dance, dont lui seul connaissait, il voulait lui faire les cheveux tous les soirs avant d'aller au lit, comme il le faisait avec moi. Il voulait lui apprendre à aller en vélo, et faire tant de choses qu'on lui a enlevé. Mon cœur ne peut pas supporter de lui rendre un dernier aurevoir, et j'en suis plus que consciente. Je ne peux pas vivre sans Miguel à nos côtés, mais je vais devoir trouver la force dans tout ce qu'il m'a laissé, et vivre tout ce qu'il aurait voulu vivre avec notre fille.

La sonnette de l'appartement sonne, et Célia me quitte me faisant signe qu'elle s'en occupe. Je regarde à nouveau les lunettes de soleil de Miguel, et je décide de les mettre. Une fois mises, je rejoins le séjour où le cousin de Célia et Miguel vient d'arriver. J'ai beaucoup de mal de le regarder, parce que malgré le fait que ses yeux soient bruns ; il a tout en lui pour ressembler à son cousin. Célia prend le couffin de Mya, et sans un mot, nous quittons l'appartement, pour aller dire un dernier aurevoir à l'homme de ma vie.

Le trajet dans les rues de Ojai me semble long, il y a du monde dans les rues, puisque la saison estivale vient de commencer. Les touristes affluent de partout pour pouvoir profiter de la station thermale. Ce sont souvent des New Yorkais qui viennent ici, étant à quelques heures de la ville, c'est une façon pour eux de se vider la tête. Mon regard se perd sur les gens qui sourient, heureux de pouvoir enfin profiter un peu de la vie. Tout ce qu'aimait Miguel. Il aimait voir le sourire sur chaque client qui passait pour faire une randonnée dans les montagnes qu'il aimait organiser. Il avait toujours un tas d'anecdotes à raconter quand nous allions manger en fin de journée, sur ses touristes qui étaient émerveillés de la vue. C'est vrai que cela doit les changer de ses buildings, ces voitures et ces gens pressés des grandes villes.

Célia et moi, nous tenons un petit magasin de souvenirs à côté de son bureau de randonnée que je vais devoir fermer. Une pression se fait encore plus forte dans ma poitrine quand nous arrivons au cimetière qui se trouve à la sortie de Ojai. Bien entendu, il y a énormément de monde. La famille de Miguel est Célia est très grande, comparée à la mienne. Ma mère d'ailleurs, n'a pas su revenir pour l'enterrement, mais mon père se tient là, le plus loin possible de moi. Nous avons quelques soucis depuis que je suis au lycée, dont le fait qu'il nous ait quitté ma mère et moi, pour une fille qui avait deux ans en plus que moi. Juste un signe de tête suffit en ce qui me concerne.

Mya serrée dans mes bras, nous suivons le cercueil de cèdre où se trouve le seul amour de ma vie ; et je ne peux que serrer notre soleil dans mes bras, en priant que je ne m'effondre pas. Je dois être forte pour ce dernier moment où nous sommes encore tous les trois. Je dois l'être pour tout l'amour qu'il m'a offert pendant ces cinq années, et qui perdureront toute ma vie, dans le visage de notre soleil. Célia lit notre dernier message d'adieu pour Miguel, n'ayant pas le courage de le faire. Un message qui me fend totalement le cœur, sachant que nous venons tous de perdre le centre de nos vies. Miguel était tout pour sa sœur, comme il l'était pour moi ; il avait toujours une attitude si positive, que même si je voulais lui faire la tête ; il arrivait toujours à gagner mon sourire. Son regard illuminé quand il parlait à Mya dans mon ventre, sera tout ce que je veux garder en souvenir, parce que je sais qu'il est parti en étant le plus heureux. Le seul regret sera qu'il n'aura pas eu la chance de voir son soleil...

**************

Je ferme la boutique, laissant Célia se rendre à la banque pour amener la recette du jour. Je glisse mes doigts dans mes cheveux, regardant la poussette de Mya qui se trouve près de l'entrée, et je me rends dans la pièce de derrière pour voir si elle est bien réveillée. Mon petit soleil dort toujours, et je me penche sur le petit lit, pour lui caresser le visage doucement. Je ne me lasse jamais de l'observer depuis presque un an. Tout en elle, tient de lui ; que ce soit ce petit nez, ses petites joues, la forme de ses lèvres en forme de cœur. Mais la plus belle chose qu'elle ait de Miguel ; c'est qu'elle a hérité de ses magnifiques yeux émeraudes. J'esquisse un sourire, alors qu'elle commence à gigoter. Je caresse ses doux cheveux noir ébène comme les siens, et mon soleil ouvre doucement les yeux.

- Bonjour Mya. Fais-je doucement, et elle frotte ses yeux doucement. Je remarque que depuis quelques temps, Mya dort beaucoup. Mais il faut dire que nos journées sont mouvementées en ce moment ; je la réveille plus tôt que d'habitude, étant en période estivale, sans parler que nous rentrons plus tard. Je passe mes mains sous les bras de Mya, et je la prends dans mes bras, voyant qu'elle prend vraiment son temps. Mais j'ai hâte de rentrer à la maison, et que nous nous relaxions toutes les deux dans un bon bain. La journée m'a semblée interminable, et il faut dire que demain ; c'est son anniversaire, tout comme le jour du décès de son père.

Une année déjà que je vis dans le souvenir de Miguel, essayant d'avancer comme je lui ai promis sur sa tombe. Une année de bonheur d'avoir Mya à mes côtés qui m'apporte la joie, et l'amour qu'il m'a donné pendant cinq ans. Mais il faut dire que j'ai un autre passe-temps depuis ce jour qui me permet de tenir du manque de sa présence. J'ai toujours aimé la littérature, et je me suis lancée dans un journal intime, où je raconte notre histoire. Je le fais pour Mya, pour qu'elle sache comment ses parents se sont rencontrés, et ont fait d'elle, le soleil de notre vie. C'est pour moi, un besoin presque vital de lui écrire notre vie d'amour.

- J'ai fini. Fait Célia en entrant dans la boutique, et elle dépose la caisse derrière le comptoir.

- Je trouve que Mya a du mal de se réveiller. Lui fais-je remarquer, et Célia vient lui faire un grand sourire en lui caressant le visage.

- Elle est un peu pâle non ? Me demande-t-elle, confirmant mes craintes qu'elle soit malade.

- Je devrais peut-être aller voir le médecin. Acquiescé-je en regardant le visage de Mya collée contre ma poitrine.

- Oui, je vais t'y déposer. Me fait Célia, en prenant la poussette, alors que je prends le sac de Mya sur le meuble près de la porte de la boutique. Célia ferme la boutique, avant de plier la poussette et de la mettre dans le coffre de sa voiture. Je monte dans celle-ci à l'arrière, préférant garder Mya dans mes bras qui semble à nouveau s'être endormie. Célia démarre, alors que je caresse de la paume de mes doigts le visage de mon soleil, me demandant ce qu'elle pourrait avoir. Mya n'a pas de fièvre au toucher, mais j'avoue que depuis quelques jours, elle tousse un peu quand elle est assise dans son parc. Mais n'ayant aucun autre symptôme, je pensais juste à un petit rhume. Nous arrivons au cabinet du docteur Grune ; c'est le seul qui exerce dans notre petite ville, et vu son âge, il serait temps qu'il prenne sa retraite. Mais il est adorable, et connait tout le monde de Ojai, et surtout, nous lui faisons confiance.

- Mais c'est ma petite Mya. Fait-il alors que celle-ci semble se réveiller quand je la pose sur la table d'examen. Elle sourit au docteur Grune, qu'elle n'a pourtant vu que pour ses vaccins ; mais même là, elle souriait, alors que moi, je paniquais. On m'avait dit que les enfants hurlaient quand on les piquait, mais Mya est bien la fille de son père pour tout ce qui est de sa bonne humeur.

- Qu'est-ce qui t'amène ici ma petite ? Lui demande-t-il, comme s'il parlait à quelqu'un qui peut lui répondre.

Malgré ses mains toutes fripées, et son visage qui confirme son âge avancé, il donne toujours priorité à sa bienveillance envers ses patients. Une fois le body de Mya enlevé, le docteur Gune porte son stéthoscope sur le corps de ma petite Mya ; et son sourire semble devenir crispé. Une sueur froide me parcourt la colonne vertébrale, alors qu'il prend un air plus que sérieux sur le visage. Sans un mot, il continue ses examens sur Mya qui me tient le doigt, et je commence vraiment à sentir une tension plus que palpable émanée de la pièce, quand le docteur Grune retire son stéthoscope, et ferme les yeux en me demandant si Célia est là aussi.

Après lui avoir confirmé la présence de Célia, il me laisse habiller Mya pour aller la chercher dans la petite salle d'attente, me laissant là, rhabiller Mya, le cœur battant comme jamais. Mes mains tremblent tellement que j'ai du mal à mettre les boutons du body. Mya me sourit, et je lui réponds en essayant de prendre de petites inspirations, alors que Célia et le docteur Grune reviennent. Célia, sans un mot, voyant que je n'arrive pas à enfiler la manche de Mya, prend la suite pour l'habiller, et je me détourne d'elles pour regarder le docteur Grune qui compose un numéro de téléphone, le regard éteint.

- Bonjour docteur Cantor. J'aimerais vous envoyer une de mes patientes d'un an. Commence-t-il alors que je fronce les sourcils, tandis qu'il écrit sur un bout de papier.

Célia, ayant fini d'habiller Mya, elle me la donne, et une fois raccroché, le docteur Grune nous demande de nous assoir. Ce que nous faisons, et Célia porte sa main sur la mienne, sentant elle aussi que nous allons avoir une mauvaise nouvelle. Mais jamais, je n'aurais pensé que ce seraient ces mots qui marqueraient un tournant de nos vies à jamais.

- Je suis désolé de vous annoncer que Mya semble souffrir de cardiomyopathie. J'aimerais que vous alliez voir mon confrère au Bellevue de New York, pour le confirmer.

            
            

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