Brooke n'est autre que ma fiancée depuis la sortie de l'université, et aussi la meilleure auteure que nous ayons dans la maison d'édition Jeager, qui m'appartient. Nous avons grandi ensemble à New York, tout comme mon meilleur ami Kent, qui est l'éditeur principal de l'agence. Nous formons à nous trois le trio principale de la maison d'édition, tout comme Brooke et moi, sommes un couple des plus prisés de New York.
- Arrête de me regarder comme ça. Me fait-elle remarquer, non sans me faire les yeux doux.
- Et comment est-ce que je te regarde ? Lui demandé-je, avec un air taquin sur le visage, alors qu'elle pose ses fesses sur la table, glissant ses jambes entre les miennes. Mon dieu, elle a toujours le don de me mettre en appétit où qu'on soit, et elle aime en jouer. Mon regard ne quitte pas son regard illuminé, tandis que ma main longe la fente de sa robe, le long de sa cuisse doucement, mais fermement à la fois. Je me redresse de mon fauteuil pour porter mon autre main dans sa nuque, et la ramener à mes lèvres. Nous échangeons un tendre baiser, et j'entends tousser à l'entrée de la salle.
- Dites donc, trouvez-vous une chambre ! S'exclame Kent en entrant dans la salle, alors que Brooke se met à rire en rejoignant mes jambes.
- Tu n'as rien d'autre à faire que de venir nous déranger ?! Lancé-je en retour, tout en reculant les longs cheveux blonds de Brooke, pour embrasser sa nuque la faisant tressaillir.
- Ace, arrête. Me fait-elle de sa voix qui ne cache pas son désir pourtant.
- Je venais voir si tu avais lu le nouveau manuscrit qu'on a reçu hier ? Me demande Kent.
- Sérieux ! Tu étais censé t'en charger ! Grommelé-je, et Brooke se lève de mes jambes, comprenant que la gâterie est bel et bien fini, et que le travail m'appelle.
- J'ai quelques corrections à faire. M'informe-t-elle.
- Je passerai te chercher quand j'ai fini. Lui dis-je en la regardant quitter la pièce, avant de passer la main dans mes cheveux.
Putain, j'aurais bien voulu me détendre avant le souper de ce soir, mais non, il a fallu qu'un manuscrit apparaisse pour me gâcher mon plaisir. Car oui, bien que je sois le président de la maison d'édition, j'aime avoir mon dernier mot sur les livres que nous éditons. Bien que Kent ne se trompe jamais, quand il sent un bon filon. Mais que voulez-vous ? J'aime avoir le dernier mot.
Le manuscrit enfin fini de lire, je ferme enfin ce foutu bureau, et je compose le numéro de Brooke pour la prévenir que je vais arriver. Celle-ci s'impatientait de ma venue, mais je lui promets de me faire pardonner après le souper. Un souper où j'aurais préféré ne pas aller. Mes parents sont de la vieille école, et ne tolère pas que je ne vive pas avec Brooke, puisque nous aimons tous les deux notre indépendance. Mais ce soir, j'ai décidé de changer les choses, et de proposer une bonne fois pour toute à Brooke de vivre avec moi, et qui sait de penser à passer le cap du mariage. Mon dieu, je repense encore à la tête de Kent quand je lui ai dit que j'allais enfin ouvrir les portes de ma maison à Brooke. Il a ri pendant dix minutes, avant de pouvoir se reprendre. Il n'est pas idiot, il me connait depuis des années, et il sait que j'aime que chaque chose soit à sa place. C'est bien quelque chose que je vais devoir revoir avec Brooke, qui a tendance à tout laisser trainer. Mais je pense que si je prends une gouvernante à temps plein, ce problème ne devrait pas se poser.
Je gare ma Cadillac devant l'immeuble où vit Brooke, et celle-ci apparait directement à la porte à peine sorti de celle-ci.
- Tu es en retard ! Me lance-t-elle en me rejoignant dans un petit tailleur de couleur bleu, comme toujours, elle sait ce que j'aime chez elle. Je pose un baiser furtif sur ses lèvres, conscient des remontrances qui m'attendent quand nous arriverons chez mes parents, et je la laisse monter dans la voiture, avant de fermer la porte. Ma main sur sa cuisse dénudée, nous nous rendons à la manoir de mes parents qui se trouvent dans les quartiers les plus huppés de New York à vingt minutes de celle-ci, à Est New York. Un manoir de vingt cinq millions de dollars, d'une superficie de quatre mille cinq mètres carrés que j'ai parcouru dans les moindres recoins durant mon enfance.
- Tu as l'air plutôt détendu. Me fait remarquer Brooke, tandis que je me gare dans la grande allée du manoir. Je ne peux évidemment pas lui donner la raison de ma bonne humeur, ne voulant pas gâcher ma surprise. Je me contente donc de sourire et d'embrasser le dos de sa main dans la mienne, arrêtant la Cadillac de l'autre.
Nous entrons dans le manoir où la gouvernante nous reçoit comme toujours, et je remarque que ma mère a encore changé. Je pense que j'ai vu passé autant de manuscrits sur mon bureau, qu'elle n'a eu de gouvernantes depuis que je suis né. Nous entrons dans la pièce de séjour où mon père se trouve avec un verre de Scotch à la main, et de l'autre, un de ces cigares cubains qui empeste toujours autant la pièce. Je fais mine de tousser, et celui-ci relève son regard, hautain vers moi. Je le regarde de la même façon, tandis que Brooke le rejoint pour le saluer.
- Ta mère était déjà dans tous ces états. Tu ne sais toujours pas être à l'heure ! Me lance-t-il, alors que je rejoins le bar pour me verser un Scotch.
- Disons que je tiens cela de mon cher paternel. Lui rétorqué-je, tandis que la porte qui donne sur la salle à manger s'ouvre sur ma mère et ses cheveux qui blanchissent de plus en plus.
- Vous êtes enfin arrivés ! S'exclame-t-elle en portant ses mains fripées sur mon visage qu'elle embrasse, toujours avec amour. J'ai beau avoir des oppositions d'opinions avec elle ; elle reste pour moi, une grande dame qui a toujours su ce qu'elle voulait et qui m'a inculqué ce genre de valeurs à mon tour. Même si nous devons écraser certaines personnes sur notre passage.
- Brooke, tu es vraiment magnifique. Faite-t-elle à celle-ci tandis que Sofia, la gouvernante leur apporte des cocktails.
La conversation tourne comme toujours sur les romans écrits par ma belle Brooke, et la promotion à venir de son nouveau bébé. Un chef d'œuvre comme toujours, et je vois que ma mère en est, elle aussi convaincue. Nous passons à table, encore un bœuf Stroganov ; je me demande si ma mère changera un jour son menu quand nous venons souper chez eux. À croire, qu'elle pense que nous ne nous nourrissons pas le reste de la semaine. Les quantités sont toujours exagérées, et j'avoue que je n'ai pas vraiment beaucoup d'appétit ce soir. Ce que ma mère semble remarquer, alors que je tâte mon écrin dans ma poche. Si j'avais su que je stresserais ainsi, j'aurais bu un verre de Scotch de plus, mais devant reprendre le volant ; je préfère m'abstenir d'être ivre surtout ce soir.
- Tu es certain de ne pas être malade ? Me demande ma mère, alors que je dépose pour la troisième fois ma fourchette dans mon assiette, pour boire une gorgée d'eau.
- Chéri, quelque chose ne va pas ? Me demande Brooke ne portant sa main sur la mienne.
- Je pense que je ne tiendrai pas jusqu'au dessert. Souris-je, conscient de la pression que je ressens. Je ne suis pas du genre à montrer autant ce que je ressens, mais l'idée d'officialiser enfin notre relation devant mes parents ; est plus que je ne l'aurais pensé.
- Il se passe quelque chose à la maison d'édition ? Me demande ma mère, dont le regard est inquiet.
- Non. Ne t'inquiète pas avec ça. Tout va bien. La rassuré-je.
Je râcle un peu ma gorge, et je sors l'écrin qui se trouve dans ma poche. Bien entendu, ma mère pousse un cri aigu qui me fait sourire, mais je n'arrive pas à regarder Brooke et l'expression qu'elle doit avoir à cet instant sur le visage. J'essaye de garder mon sang froid, avant de plonger mon regard dans le sien, mais mon cœur s'arrête net à cet instant. Son regard bleu illuminé s'est totalement éteint, et je n'y vois que de la stupéfaction.
- Attends, avant de me regarder ainsi. Lui fais-je en lui tendant l'écrin, mais Brooke a un geste de recul, tenant mon regard, me faisant comprendre que je suis fou. Je fronce mon regard, cherchant à comprendre ce qu'elle veut me faire comprendre, et avant que je ne puisse dire un mot ; elle se lève pour quitter la salle à manger en courant.
Je me lève à mon tour, emportant l'écrin dans ma main, et je la rattrape dans le hall où elle demande sa veste à une des gouvernantes.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Lui demandé-je, totalement ahuri de son attitude.
- Toi, mais qu'est-ce que tu fais ?! S'exclame-t-elle en regardant l'écrin dans ma main.
- Je sais ce que tu penses, mais ce ne sont que des clés. Lui fais-je remarquer en lui montrant, conscient que nous sommes toujours d'accord tous les deux que nous n'allons pas nous marier dans la seconde non plus. Un pas à la fois, et je pensais juste qu'il était temps. Mais le regard sur les clés de ma villa ne change en rien son regard posé sur moi, et je lui attrape la main.
- Dis-moi ce qui se passe ?! M'exclamé-je, comprenant que quelque chose l'empêche d'accepter ma demande. Bien que nous n'en aillons pas parlé, jamais, elle n'aurait réagi aussi violemment devant mes parents. Qu'est-ce qui se passe au juste pour qu'elle perde son calme ainsi ?!
- Ace, je comptais t'en parler ce soir en rentrant.
- Me parler de quoi ?! M'exclamé-je, imaginant le pire à cet instant.
- Je ne peux pas accepter de vivre avec toi pour le moment. Me dit-elle en relevant son regard dans le mien.
- Oui, je sais que c'est un fameux choc. Acquiesçé-je.
- Moi aussi, je n'en reviens pas de te le proposer. Avoué-je, en passant ma main libre dans mes cheveux.
- Non, tu ne comprends pas. Me fait-elle remarquer, et j'efface mon sourire sur mes lèvres.
- Ace, je pars pour un an en France pour perfectionner mes écrits...