-Oh toi laisse-moi, traitre lĂ ! Tu vas te remplir la panse discrĂštement, sans jamais m'inviter, moi ton frĂšre de coeur, ton frĂšre d'arme !
-... Mayé te force pas. Murmure Shomari
-Quand on dit que la mort ne vient jamais de loin.... Ari, je te croyais pas capable de ça. Lance Guislain, dépité
Je baisse la tĂȘte et retiens un Ă©clat de rire.
Ces deux lĂ , ont passĂ© toute la soirĂ©e Ă se chamailler, aprĂšs que Shomari ait fait des Ă©loges sur ma cuisine. Ils sont tous les deux amateurs de bonne nourriture et Guislain lui en veut de ne pas l'avoir appelĂ© pour qu'il goĂ»te Ă mes prĂ©parations. Bien sĂ»r tout cette pagaille c'est pour rire. Ăa a eu le don de donner une ambiance bon enfant Ă cette soirĂ©e totalement improvisĂ©e.
Au dĂ©but, je ne voulais pas y aller mais Shomari insistait tellement que j'ai fini par dire oui. J'ai rapidement enfilĂ© une chemise bleue turquoise, Ă manches courtes, un jean bleu et une paire de ballerines noires avant que nous ne rejoignions, Shomari, Kala et moi-mĂȘme, Guislain, le meilleur ami de Shomari, attablĂ©s dans le restaurant du Saphir.
Bien Ă©videmment, je n'ai pas Ă©tĂ© trĂšs Ă©loquente au dĂ©but et je pense que c'est la raison pour laquelle Shomari a parlĂ© de mes talents culinaire. De lĂ est nĂ© le joyeux brouhaha qui a guidĂ© toute la soirĂ©e et m'a fait ouvrir la bouche et rire comme je ne l'avais jamais fait auparavant. C'Ă©tait vraiment une trĂšs belle soirĂ©e, et je ne regretterais presque pas d'y avoir participĂ©, si je ne savais pas que les prochaines minutes allaient ĂȘtre tendues entre Kala et moi.
-Alors Mayé ? Reprend Guislain. Mercredi, c'est bon pour toi ?
-... Euh... oui. Articulé-je avec une petite voix
-Top, ça c'est une bonne nouvelle. Oh...attends.
Il sort son portefeuille, puis tire quelques billets qu'il me tend.
-Ăa devrait suffire pour les courses.
-Non, non, non ! Fais-je vaillamment. J'ai pas besoin de ton argent !
-C'est pour que tu puisses "oeuvrer" dans de bonnes conditions.
-Mais je n'en ai pas besoin. Me répété-je. J'arriverai à oeuvrer comme tu dis, avec ce que j'ai à la maison, ne t'en fais pas
- Mayélà ? TIENS !
Il le dit en employant un ton tellement ferme que je me vois mal refuser et finis par prendre les billets.
-VoilĂ .... Alors...Je laisse ton esprit d'artiste s'exprimi....
-Bon, moi je vais y aller. L'interrompt Kala, en posant sa main sur la portiĂšre
-Okay rentre bien. Lance Gislain, sans mĂȘme la regarder. Donc je te disais MayĂ©la ...
Je dĂ©tourne mon regard vers Kala qui le visage amarrĂ©, lance quelques mots Ă Shomari. Ce dernier ne se retourne mĂȘme pas pour la saluer, pire, il rĂ©pond Ă peine Ă ses propos et la seconde qui suit, Kala sort de la voiture en claquant fortement la portiĂšre.
Je suis tellement abasourdie par la façon dont ils viennent de la saluer, que je reste bouche bée.
Guislain continue de me faire la liste des potentiels plats que je pourrais cuisiner, mais je ne l'Ă©coute qu'Ă moitiĂ© hochant de temps en temps la tĂȘte pour donner le change.
En fait, si je suis autant choquĂ©e, c'est parce que, jusqu'Ă prĂ©sent, je n'avais jamais vu Kala autant nĂ©gligĂ©e, et aussi effacĂ©e. Durant toute la soirĂ©e, elle qui d'ordinaire est trĂšs bavarde, n'a pratiquement pas pipĂ© mot et Shomari et Guislain n'ont rien fait pour remĂ©dier à ça. Quand j'y pense, ils ont donnĂ© l'impression d'ĂȘtre satisfaits de son silence, un peu comme si elle Ă©tait de trop parmi nous et que ses courtes interventions Ă©taient dures Ă tolĂ©rer.
Mais Kala qui est de trop quelque part, c'est simplement le monde Ă l'envers.
Constamment sollicitée, c'est toujours elle qui joue le rÎle de la bonne copine que l'on appelle pour sortir prendre un verre, c'est toujours elle qui crée l'ambiance, et que tout le monde veux cÎtoyer. Tandis que moi, je suis celle de derriÚre, celle que l'on appelle lorsqu'il reste une place et qu'on ne sait plus qui inviter, celle a qui on parle trois fois dans la soirée - pour dire bonjour, ça va, salut - celle qui reste tranquillement à sa place, c'est à dire dans l'ombre, en quelques mots, celle qui fait briller les autres.
Mais ce soir, j'ai eu l'impression que les rÎles s'étaient inversés, qu'aujourd'hui, c'était moi qui brillais au détriment de la personne de Kala.
C'est une sensation assez Ă©tonnante, grisante, quand j'y pense,et c'Ă©tait plutĂŽt sympa le temps d'une soirĂ©e mais pour ĂȘtre honnĂȘte, je prĂ©fĂšre reprendre ma place, celle de l'effacĂ©e. Je m'y suis habituĂ©e, et elle me convient parfaitement.
-D'accord, j'essaierai de voir ce que je peux faire. Bon, je vais, également devoir y aller... Merci à vous pour... Pour cette soirée. J'ai passé un agréable moment en votre compagnie
-Et c'est rĂ©ciproque. Me rĂ©pond Guislain en m'offrant un de ses beaux sourires que j'ai dĂ©couverts tout au long de la soirĂ©e. C'Ă©tait un plaisir de rencontrer une personne aussi dĂ©licieuse que toi. J'ai hĂąte d'ĂȘtre Ă mercredi.
Je souris puis alors que je pose ma main sur la portiÚre, je vois Shomari, me devancer et l'ouvrir pour moi... Comme à l'aller lorsque nous avons rejoint son ami. D'ailleurs, il s'est montré trÚs galant toute la soirée.
-T'Ă©tais pas obligĂ©e. Fais-je gĂȘnĂ©e
-....
Il sourit, puis ouvre un peu plus la porte afin que je puisse sortir.
Guislain, qui est sorti entre temps, vient me faire la bise avant de remonter en voiture.
Shomari me reconduit jusqu'à la porte d'entrée, puis aprÚs m'avoir souhaité bonne nuit et fait la bise, fait demi tour.
Cette fin de soirĂ©e et mĂȘme cette journĂ©e m'a retournĂ©e, mais je n'ai pas le temps de ressasser comme je le fais souvent car Ă peine entrĂ©e, j'aperçois Kala, assise sur une chaise, celle qui fait face Ă l'entrĂ©e du salon, jambes et bras croisĂ©s, le visage glacial et qui semble attendre que je lui fournisse des explications
-C'était sympa comme sortie improvisée ! Dis-je en posant mon sac sur le canapé, un sourire faussement assuré sur les lÚvres.
-A quoi tu joues ? Me demande-t-elle sur un ton sec
J'avais raison, elle est en colĂšre, et pas qu'un peu... Ăa va ĂȘtre dur de dĂ©samorcer la situation
-A..A quoi je, je joue ?
-Oh arrĂȘte-moi tes conneries de bĂ©gayage ! Tout Ă l'heure tu parlais trĂšs bien. Tu me prends pour une idiote, n'est-ce pas ? Tu crois que je n'ai pas vu ce que tu cherchais Ă faire ?
-Quoi... mais-mais-mais...mais de quoi...de quoi tu parles ?
-Mais-mais-mais-mais fionton fionton ! Me singe-t-elle grossiĂšrement. Tu penses gagner quoi en sabotant ma relation avec Shomari ?Je croyais que tu Ă©tais ma soeur et que tu voulais mon bonheur !
-mais...mais c'est ce que je veux !
-Ah oui vraiment ? C'est pour ça que tu as gardĂ© le portefeuille de mon mec sans rien me dire pendant trois semaines, c'est pour ça que tu ne m'as mĂȘme pas appelĂ© quand il est venu et que tu rigolais avec lui et son ami toute la soirĂ©e pendant qu'il m'ignorait ? Tu faisais tout ça pour mon bonheur ? C'est ça ? Crie-t-elle. J'ai toujours Ă©tait lĂ pour toi, j'ai toujours pris ton parti, je me suis mĂȘme fĂąchĂ© avec maman Delphine Ă cause de toi et, c'est de cette façon que tu me remercies ?
-Kala...C'est pas....
Elle se lÚve de la chaise, récupÚre son sac, posé sur la table à manger et marche vers la porte. Je bloque le passage à l'aide de mon corps et lui demande de se calmer.
Je ne peux pas la laisser partir comme ça. Kala a beaucoup de dĂ©fauts, mais c'est ma cousine, mon amie, ma confidente. C'est la seule avec qui je peux vraiment ĂȘtre moi - dans une certaine mesure -, qui me permet de garder un contact avec le monde et mĂȘme si je sais que souvent, elle abuse du lien que nous avons, j'ai besoin d'elle.
Je ne supporte pas lorsque l'on est fùchées toutes les deux
-Kala, attends, s'il te plait.... je, je voulais pas te faire de de la peine. Je suis désolée.... Vraiment ! Je.... Kala
-.....
Elle croise ses bras, puis soupire avant de déposer son sac sur le dos du canapé, et repartir s'installer sur la chaise qu'elle occupait quelques minutes plus tÎt.
Je souris légÚrement, contente d'avoir réussi à l'apaiser puis je vais m'asseoir en face d'elle.
-....Vous avez convenu de faire le dĂźner Ă quelle heure ? AprĂšs quelques minutes de silence
-On a rien convenu, mais ce sera sûrement vers 20h
-Essaie de faire ça vers 19h.
-Ăa va pas ĂȘtre possible, je finis Ă 17h30, le temps de rentrer Ă la maison et commencer Ă prĂ©parer, je ne serai pas prĂȘte pour 19h
-Bah tu quittes ton boulot plus tĂŽt !
-Non, je peux pas, aprĂšs je vais devoir rattraper mes heures
-oh mais c'est rien, en plus tu me dois bien ça.
-...Okay
-GĂ©nial !
*****
Il faut que je dorme un peu là , sinon mon cerveau va exploser. Je ne fais qu'enchaßner depuis le début de la semaine, et on est que mercredi, mais déjà , je sens que je tire sur mes réserves d'énergie. J'ai des céphalées qui viennent à intervalle régulier et avec puissance malgré la plaquette de codéïne que je me suis fait.
C'est le signal qui m'informe que le repos est nĂ©cessaire, mĂȘme si ce n'est que pour une heure.
Je ferme le pc se trouvant devant moi, d'ailleurs, je n'y vois rien depuis un moment, puis je baisse les stores de la vitre, puis croise mes bras sur mon bureau et laisse retomber ma tĂȘte dessus. 25minutes devront faire l'affaire. Je ne peux pas m'accorder plus de temps
"dring,dring"
J'ignore la sonnerie de mon portable sachant de qui il s'agit avant mĂȘme de poser les yeux sur l'Ă©cran de mon mobile. C'est ma tendre mĂšre. Je le sais parce que je lui ai attribuĂ© une sonnerie spĂ©cifique et mĂȘme sans la sonnerie, j'aurais su qu'il s'agissait d'elle car aujoud'hui, c'est son jour et c'est son heure. Le mercredi, elle dĂ©jeune avec sa meilleure amie qui n'est autre que la mĂšre de Peny, et comme Ă chaque fois qu'elles se rencontrent, elles parlent de Peny et moi, ou plutĂŽt de Peny avec moi.
Elles nous voient marier depuis toujours, et en sortant ensemble pendant 7 ans, nous n'avons fait que les conforter dans leur vision. Seulement, il y a un petit bémol; nous ne sommes plus ensemble depuis maintenant deux ans, au grand dam de nos mÚres.
Mais elles espĂšrent tellement nous revoir ensemble qu'elles usent de tous les moyens mis Ă leur disposition pour parvenir Ă leur fin.
Ce qu'elles ne savent pas, c'est que mĂȘme si j'envisageais de me marier, ce ne serait certainement pas avec Peny. Elle a beau ĂȘtre une trĂšs belle femme aux mensurations de rĂȘve, le genre dont on ne peut qu'ĂȘtre fiĂšre d'avoir Ă son bras, c'est avant tout une tchoukoumeuse qui s'ignore.
Elle ne vit que pour le luxe et tout ce qui brille. Fille unique, ses parents l'on pourrie gĂątĂ© au point oĂč elle ne semble pas ĂȘtre consciente des rĂ©alitĂ©s de la vie. Son seule objectif, est de trouver un mari qui saura maintenir son train de vie.
DĂšs le dĂ©but de notre relation, je lui ai fait comprendre que je ne serai pas ce mari, mais elle est quand mĂȘme restĂ©e car sexuellement, c'Ă©tait le pied entre nous. Mais il y deux ans, lorsqu'elle a rencontrĂ© un riche libanais qui lui offrait le mariage de ses rĂȘves et une vie plus que confortable soit tout ce qu'elle dĂ©sirait, elle a trĂšs vite mis fin Ă notre relation pour le rejoindre. Sauf que 6 mois plus tard, elle est revenue me supplier de la reprendre. Les coups portĂ©s par son libanais ne valaient apparemment pas tout le confort du monde.
J'aurais pu lui dire oui et reprendre notre relation oĂč nous l'avions laissĂ©e, mais de son corps, je connaissais dĂ©jĂ tous les recoins et je me lassais depuis un moment. Notre rupture Ă©tait tombĂ©e Ă pique et je m'en sortais plutĂŽt pas mal. Non seulement je retrouvais ma libertĂ©, mais en plus je passais pour la pauvre victime trahie par sa fiancĂ©e.
Personne n'a pu me reprocher mon refus de la reprendre. Il me suffisait d'évoquer une douleur imaginaire dû à la trahison, de la peine que je pouvais ressentir, et du manque de confiance que j'avais dorénavant envers elle.
C'est d'ailleurs sur ce dernier point que je joue lorsque j'ai ma mÚre au téléphone. Elle rebondit avec son fameux discours sur les erreurs, le pardon, les plans de dieu et l'importance de savoir les respecter puis je lui balance un " je vais y réfléchir" avant de raccrocher, mais aujourd'hui, j'ai pas le temps.
Je coupe la sonnerie de mon téléphone et le mets sous silence avant de fermer les yeux.
A mon réveil, je suis encore plus fatigué qu'autre chose, mais je force de nouveau jusqu'à 19h. Je suis techniquement debout depuis 4h du matin, il ce peut que 25min ne soit pas assez.
Je range me affaires, puis récupÚre mon téléphone et rappelle Gui-Gui qui, au vu du nombre d'appel, cherche à me joindre, tout en fermant la porte de mon bureau
-Type, t'es oĂč ?
-Je viens de finir, je vais me pieuter, je suis off
-Et le dĂźner ? On t'attend ici !
-Pas possible, mais j'ai envoyé un message pour m'excuser auprÚs de Mayéla
-Fallait faire suivre le message, Will a ramené ta caisse ici.
Oh, c'est pas vrai! Voilà une autre affaire qui va accentuer mes céphalées.
Samedi soir, pour éviter d'avoir à raccompagner Kala, j'ai refilé mes clés de voiture à Will, un bon ami, qui par chance était également au Saphir. Il devait me ramener ma voiture le lendemain, mais bien évidemment il ne l'a pas fait. Et c'est comme par hasard, aujourd'hui alors que je suis complÚtement K.O et n'aspire qu'à une chose, dormir, qu'il se rappelle qu'il doit me rendre ma voiture
-Mais il est con! Pourquoi il ne m'a pas appelé ?
-C'est ce qu'il a fait mais tu ne répondais pas, du coup, c'est moi qu'il a appelé et je lui ai dit de venir la déposer ici puisque tu étais sensé venir
Bordel!
Je me passe une main sur le visage, conscient que mon programme de la soirĂ©e va ĂȘtre chamboulĂ© car qui dit dĂźner chez MayĂ©la, dit rencontre avec Kala.
Elle fait clairement semblant de ne pas comprendre mais je commence Ă en avoir marre alors on va bien s'expliquer elle et moi.
Je raccroche avec Guislain, aprĂšs lui avoir confirmĂ© que je venais puis j'arrĂȘte un taxi et lui donne l'adresse de MayĂ©la.
-Mince, tu mentais pas quand tu disais ĂȘtre K.O. Lance Gui-Gui quand je rentre dans le salon
-....
Je vais m'installer sur la chaise se trouvant en face de lui et retire ma veste.
Je constate qu'il a sérieusement entamé l'appéritif composé de briques, samoussas, pastels, cakes, et quiches version miniatures et de différentes sauces qui accompagnent le tout. Je ne sais pas quel goût ça a, mais le visuel est trÚs appétissant
-Il fallait venir chercher ta caisse plus tard
-Plus tard, je n'aurai pas le temps. Fais-je en frottant mes yeux
Je retiens un bùillement et regarde autour de moi, à la recherche de Kala pour mettre les choses au clair dÚs le début
-Kala est là ? Demandé-je
-Non, pas pour le moment, mais peut-ĂȘtre qu'elle va venir plus tard.
-Humm
Au mĂȘme moment, MayĂ©la qui m'a ouvert la porte quelques minutes plus tĂŽt, fait son entrĂ©e dans le salon et nous informe qu'elle a pris un peu de retard dans la cuisson de son plat.
-Il va falloir attendre 20 petites minutes
-Si tu as encore des amuse-gueules faits maison, je peux patienter sans souci. Dit Gui-Gui en piquant une espÚce de mini pastel qu'il trempe dans une sauce orangée.
-Oui il en reste. Répond-elle avec le sourire. Mais tu devrais pas en manger autant sinon, tu n'auras plus de place pour l'entrée, le plat et le dessert.
-C'est vrai, c'est vrai, tu as raison....mais je vais en manger encore un peu.
-Comme tu veux. Dit-elle en riant. Shomari, je t'apporte quelque chose Ă boire ?
-Non, mais je t'ai déjà dit de m'appeler Ari. Lui rappelé-je en me massant la tempe droite
-Ah oui, c'est vrai... Désolée
Elle baisse la tĂȘte puis triture la manche de son polo avant de tourner les talons.
Je crois que j'ai été un peu sec et viens d'inviter la Mayéla timide de tous les jours et non celle qui rit gaiement qu'on a rencontré Samedi.
Ăa m'est complĂštement Ă©gal, je suis claquĂ© et devrais partir dans moins d'une heure. Si je reste, c'est pour reprendre un peu de force, parce que je ne peux pas conduire dans l'Ă©tat de fatigue oĂč je suis, sauf si je tiens Ă faire un accident de voiture.
-Au fait Mayélà , ça te dérange si je squatte ton canapé pendant les 20min, je suis off.
-Non, non, vas-y, je t'en prie.
-Merci
J'ai dormi 20min au bureau, et si je rajoute les 25min de somnolence dans le taxi, et que je combine tout ça aux 20minutes durant lesquelles je compte dormir, je devrais pouvoir rentrer sans crainte et bosser sur le dossier que j'ai laissé.
Je vais m'allonger sur le canapé et m'endors presque instantanément.
Je me réveille en sursaut dans une piÚce étrangement plongée dans le noir.
C'est Ă n'y rien comprendre. Je me suis endormi, j'Ă©tais sur le canapĂ© de MayĂ©la et je me rĂ©veille.... Je me rĂ©veille oĂč ? Me demandĂ©-je en regardant autour de moi.
Je ferme les yeux puis les ouvre de nouveau afin qu'il puisse s'habituer Ă la pĂ©nombre et lorsque la piĂšce me parait moins noire et que j'arrive Ă distinguer certains meubles, je finis par reconnaĂźtre le salon de MayĂ©la. C'est dĂ©jà ça. Mais oĂč Guislain et elle sont-ils ?
Je récupÚre mon téléphone dans la poche de mon pantalon et avise l'heure, 5h35.
Quoi ? J'ai dormi tout ce temps ?
Je me lĂšve dans le but de chercher l'interrupteur, mais me cogne le genou contre la table basse
-AHHH Putain de merde ! Hummm
Ah c'est pas vrai! En plus je me suis cogné contre l'angle pointu, ça fait un mal de chien!
-Shomari ?
Je me retourne pour voir une silhouette dans l'embrasure de la porte.
-Oui
-Tout va bien ?
- Oui, oui. Fais-je en me massant le genou. Tu peux allumer la lumiĂšre.
Ce qu'elle fait dans la seconde qui suit.
BĂȘtement, je souris en la voyant avec son foulard nĂ©gligemment nouĂ© sur la tĂȘte, sa mine boudeuse et ses yeux qui se plissent sous l'Ă©clairage. Elle s'est enroulĂ©e dans ce qui ressemble Ă une couverture lĂ©gĂšre et paraĂźt encore endormi. Elle est vraiment mignonne.
Mais bruyant comme je suis, j'ai dû la réveiller
-Je suis désolée de t'avoir réveillée
-Non, tu ne m'as pas réveillée. Je me lÚve toujours à 5h30. Dit-elle d'une petite voix ensommeillée. Tu as bien dormi, le canapé n'était... n'était pas trop...trop dur ? Tu semblais si fatigué que Guislain et moi n'avons pas osé te réveiller. J'espÚre que tu .. tu...ne nous en veux pas trop, Guislain a dit que.... que, tu... tu serais probablement fùché ?
En temps normal oui, mais lĂ , bizarrement non, va savoir pourquoi.
-Si j'ai dormi aussi longtemps, c'est qu'il n'y avait aucun souci avec ton canapé, crois-moi. Et ça m'a fait du bien de dormir un peu plus que prévu alors, je vais me retenir de me montrer désagréable. Lancé-je en souriant pour détendre un peu l'atmosphÚre, ce qui marche assez bien.
-D'accord.... Tu...tu veux manger quelque chose ?
-Non merci
Je voulais rajouter que j'allais y aller puis je me suis souvenu qu'elle n'avait pas de voiture alors je lui ai proposé de l'emmener. Ce qu'elle a d'abord refusé avant de finir par accepter. Je me suis assis sur une chaise autour de la table à manger, pour l'attendre en checkant mes mails, et au bout d'une demi-heure, elle est revenue, sobrement maquillée, exit le foulard et la moue boudeuse sur le visage, mais elle était toujours aussi mignonne.
-Tu ne prends pas de petit déjeuner ?
-Si...Mais..si tu n'en prends pas...
-Dans ce cas, va pour un café
Elle hoche la tĂȘte puis s'Ă©clipse vers la cuisine avant de revenir avec tout ce qu'il faut pour un petit-dĂ©jeuner copieux. Elle s'installe en face de moi et nous prenons tranquillement le petit-dĂ©jeuner en discutant de tout et de rien, sans se forcer...
-Tu as toutes tes affaires, mĂȘme ta pochette pour ta prĂ©sentation ? Lui demandĂ©-je en prenant place au volant
-Oui, ça est là .... Tu m'écoutais quand je parlais ?
-Bien sûr, pourquoi je t'aurais pas écouté ?
-....
Elle hausse les Ă©paules puis attache sa ceinture.
Je démarre la voiture et la conduis jusqu'à son lieu de travail sur des airs de rumba, y'a rien de mieux pour commencer une journée.
-Vous ĂȘtes arrivĂ©e mademoiselle
-Merci
-Gros merde pour ta présentation
-Merci Shomari...enfin..Ari
-Je t'en prie... Au fait...Excuse-moi de t'avoir repris sĂšchement hier soir. Shomari est un prĂ©nom que j'ai toujours trouvĂ© lourd, d'oĂč le diminutif
-D'accord, c'est noté Ari
Je la regarde descendre de la voiture puis entrer dans le bùtiment au logo de sa boite, avant de démarrer direction la maison.
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