Après avoir mal dormi à cause de ma libido insatisfaite, je traîne un peu dans l'appart et je décide de le ranger, de toute façon je ne dois pas travailler avant dix-huit heures. Je commence par la cuisine avec tout le tas de vaisselle sale, j'enchaîne ensuite avec la chambre et je ramasse tous les documents par terre. Je tombe sur une photo de Sandy, la première fois que son mari m'avait amené au cinéma. C'était le jour de mon anniversaire, je venais d'avoir dix-huit ans. Ils avaient économisé toute l'année pour pouvoir me faire plaisir et m'avaient même acheté un téléphone portable. Je ne me souviens pas du visage de ma mère, ni de celui de mon père, d'ailleurs qui voudrait se souvenir d'avoir eu des parents comme les miens ? Une mère qui vendait son corps et un père proxénète ? Qui a finit par tuer sa femme parce qu'il était jaloux des clients que lui-même lui trouvait. Sandy et Mike me manquent, Elle savait comment me réconforter. Je termine d'arranger ma chambre et je vais prendre douche, je dois aller à l'hôpital voir Zack. Une fois que je suis près, je prends le métro et une fois en ville, je marche jusqu'à l'hôpital. Je salue l'infirmière d'un hochement de tête, comme à son habitude, elle essaye de me faire les yeux doux. Je me demande si elle se rendra compte un jour que je ne suis pas de ce bord. Je monte directement dans la chambre de Zack quand soudain, j'entends des cris devant la porte. Pensant au pire, j'accours devant la chambre et je trouve madame Davino qui discute dans le couloir avec des médecins.
" Madame Davino ? " Demandais-je en m'approchant.
" Oh mon garçon ! " Dit-elle en me prenant par le bras.
" Que se passe t'il ? "
Je regardais par-dessus son épaule pour voir si Zack était mort, mais non, son corps n'était pas recouvert, alors que se passe t'il ? Elle s'essuya les yeux avant de me répondre.
" Ils disent que Zack ne bénéficiera plus du cœur, il ne sera plus opéré demain. "
" Quoi ? Mais c'est quoi ces conneries ? Ça fait des années qu'on attend ce cœur. "
" Écoutez monsieur, nous avons des cas prioritaires, qui ne peuvent pas attendre. "
" Parce que vous pensez que lui peut encore attendre ? Il s'éteint de jour en jour, vous ne voyez donc pas ? "
" Bien sûr que si, mais vous devez être patient ! " Dit le médecin d'une voix bourrue.
Et là se fut trop, être patient ? Ils trouvaient qu'on n'avait pas été assez patient ? Quatre ans bordel ! Quatre années qu'on nous faisait miroiter un espoir sans jamais rien nous donner en échange. Ce gosse méritait de vivre plus que quiconque. Je poussais madame Davino derrière moi et je pris le médecin que j'imaginais être le spécialiste par le col.
" Vous pensez que nous n'avons pas encore été assez patient ? Des années bordel ! Vous pensez pouvoir nous donner de l'espoir et nous le reprendre comme ça à chaque fois ? "
" Écoutez monsieur... "
" Eh bien le problème c'est que j'en ai marre d'écouter. " Dis-je en sortant un couteau de ma poche.
Je suis de nature très calme d'habitude, j'encaisse les coups sans jamais me plaindre, mais là ! Là je ne peux pas. Je boue, Zack doit vivre ! Madame Davino pose sa main sur mon bras pour m'apaiser, elle me connaît et sait que je ne suis pas de nature violente. Je baisse mon bras et je regarde les médecins paniqués devant moi. Oui, ils ont raison de paniquer parce que je vais les étriper s'ils ne me donnent pas une bonne raison.
" Nous avons un cas beaucoup plus urgent, un jeune garçon qui a plus besoin de ce cœur que votre frère. " Nous dit le médecin.
Je suis sur le point de répondre, mais quand je lève la tête, je rencontre le regard d'un couple d'un age assez mûre, l'homme porte un pull en cachemire et la femme un sac Louis Vuitton. Ils nous regardent d'une drôle de manière, d'un air supérieur. Et c'est là que je comprends, c'est à eux qu'on a remis le cœur. Ils ont mis le cœur aux enchères et ces personnes riches ont gagné. Ce qui me met encore plus hors de moi. Je regarde les docteurs en face de moi, je suis pris de dégoût.
" Vous leur avez donné le cœur qui aurait dû revenir à Zack ! " Dis-je d'une voix beaucoup trop calme.
" Vous nous avez pris notre place parce qu'on a pas assez d'argent. "
Le couteau que j'avais remis dans ma poche se mit à me brûler, je vais commettre un meurtre, je le sens dans mes tripes. Je sors le couteau et je me lance sur les docteurs prêt à les tuer un par un. Mais avant que je n'ai eu le temps d'atteindre mes cibles, de puissants bras me retiennent et me tirent en arrière.
" Lâchez-moi ! Bande d'ordures, nous faire ça juste parce qu'on a pas assez d'argent. Je vais vous tuez, je vous le jure. " Hurlais-je.
" Jax ! " pleure madame Davino.
Les colosses me conduisent jusqu'à la sortie de l'hôpital et me laissent tomber par terre, je me relève et j'essaye d'entrer de force, mais rien n'y fait.
Je m'assois par terre et je me prends la tête entre les mains. Putain de monde injuste, un monde dominer par celui qui a le plus gros compte en banque, un monde qui ne méritait pas de voir grandir quelqu'un d'aussi spécial que Zack. Je les déteste tous, ils me dégoûtent. Je me mets à réfléchir, il me faut trouver une solution. Je me lève et je me mets à marcher sans savoir spécialement où je vais. Puis je vois un des gars de la bande de Roy et la solution se dessine alors sous mes yeux. Roy. Je marche jusqu'à son repère et je demande à le voir, ses gars essayent de me retenir, mais quand ils voient mon regard, ils se ravisent. Je pousse la porte du bureau de Roy, il est en réunion avec ses vendeurs. Il leur demande à tous de sortir et nous restons seuls. Il s'approche de moi et passe sa main dans mes cheveux, et me demande ce qui se passe. Alors je lui raconte tout. Après mon récit, il se tait et se lève pour se servir un verre.
" Qu'attends-tu de moi au juste ? " Me demande t'il.
" Tu m'as parlé d'un coup hier, est-ce que... "
Je n'eut pas le courage de continuer, ce que j'allais faire me dégoûtait plus que tout, mais je n'avais pas le choix.
" Bien sûr que oui, en plus tu n'auras rien d'autre à faire que de faire le gai. "
" Pourquoi ne demandes-tu pas à un de tes gars enfaîte ? "
" Pour ce coup, je ne veux mettre aucun de mes gars au courant, nous ne serons que trois, c'est ce soir, tu dois être là à 20 heures. Tu pourras avoir cent mille dollars rien que pour toi et acheter un nouveau cœur à ton frère. "
C'est la seule chose qui compte à mes yeux, sauver la vie de Zack. Je secoue la tête et je me lève pour rentrer chez moi, je m'assois sur mon lit et mes yeux rencontrent la photographie de Sandy. J'arrive presque à voir la déception dans ses yeux. Je me lève et je vais la couvrir, je fais ça pour Zack. J'appelle ensuite Aby pour lui dire que je ne pourrais pas venir travailler ce soir, elle demande si tout va bien, et je lui réponds de ne pas s'inquiéter. Je passe tout le reste de la journée à me préparer mentalement pour ce qui va suivre. À dix-neuf heures trente, je me dirige dans le repère de Roy, je le retrouve avec un autre gars, à l'allure plus que douteuse. Tous les autres sont rentrés.
Nous marchons jusqu'à la voiture, personne ne parle, l'ambiance est beaucoup trop tendue. Après avoir roulé plus de deux heures, nous sommes enfin arrivés devant les portes d'une association, je plisse les yeux, mais je ne demande aucune information. De toute façon, mon job est de faire le gai. Nous restons dans la voiture jusqu'à très tard dans la nuit, une fois que nous sommes rassurés que plus personne n'est plus à l'intérieur, Roy et son gars sortent, ils prennent leurs armes et vérifient le chargeur, je me crispe. Pourquoi prendre une arme s'ils ne devaient blesser personne ? Il me rassure que c'est juste au cas où. Les deux hommes se dirigent à l'intérieur du bâtiment, je me planque à l'angle d'un immeuble et je regarde partout autour de moi. Plus de quinze minutes plus tard, ils ne sont toujours pas là, c'était censé être rapide. Mais plus le temps passait, plus je m'impatientais, surtout quand je vois une voiture de patrouille se garer devant.
Merde ! Mais que se passe t'il ? J'envoie un texto à Roy pour lui dire qu'il y'a un policier en patrouille dehors. C'est alors là que j'entends le coup de feu. Je regarde en direction du bâtiment, le policier sort de sa voiture et court en direction du bâtiment. Devant la porte, il reçoit une balle. Je vois Roy sortir du bâtiment tout seul, avec un sac. J'accourt vers lui et je l'agrippe par le bras.
" Putain qu'est-ce qui se passe ? "
" C'était un piège me dit-il en regardant derrière lui. Ce fumier était un agent des stupéfiants et il m'a tendu un putain de piège. "
" Et le policier sur qui tu as tiré ? "
Au loin, on entendait déjà les gyrophares des voitures de police et Roy s'impatienta.
" Tu veux vraiment qu'on en parle maintenant ? Les flics sont en chemin. "
" Tu as tué deux hommes putain ! "
Les voitures de police se rapprochaient de plus en plus.
" Tu sais quoi, voici ta part et si j'étais toi, je ne perdrais pas mon temps ici. "
Il me balance de l'argent dessus, puis il se met à courir. Je regarde l'argent à mes pieds, puis j'entends le policier qui a été blessé murmurer quelque chose. Je m'approche de lui et je m'agenouille à son niveau. Merde ! Il pisse le sang.
" Aidez-moi je vous en prie. "
Je déchire son uniforme et je le pose sur sa plaie. Son regard rencontre le mien, il me saisit par le bras comme s'il voulait me dire quelque chose. Puis j'entends encore les sirènes de voitures de police qui se rapprochent. Mais je ne suis toujours pas disposé à partir et à le laisser là, je dois appuyer sur sa plaie. La voiture de police est maintenant près de moi. Il faut que je me décide. Aller en prison ou essayer de sauver ma peau. Je regarde le pauvre homme devant moi, je pose sa main sur sa plaie et je me mets à courir. Je retourne en arrière prendre l'argent et je me remets à courir. La voiture de flic s'est garée juste derrière moi.
" Arrêtez-vous . " Me dit l'agent de police. Comme si j'allais l'écouter.
Je continue de courir, lorsqu'une autre voiture de police se gare devant moi. Merde ! Je suis dans une impasse, je fais quoi maintenant ? Je regarde autour de moi et je vois une allée. Je cours en direction de celle-ci, elle mène à une impasse parce qu'il y'a un grillage. Je monte sur celui-ci aussi vite qu'un singe et je tombe de l'autre côté. Je continue à courir sans savoir où je suis, jusqu'à ce que je me retrouve. Je cours tout en regardant derrière moi, les flics me poursuivent avec des chiens. Je prends la route qui mène jusqu'à l'appartement de Aby. Les policiers ont encerclé tous les coins de rue, mais il faut que je la vois. Les mains dans les poches, la capuche de mon sweat-shirt sur la tête, je marche rapidement en passant devant une voiture de police. Heureusement pour moi, ils ne me prêtent pas attention, je continue donc à marcher et une fois à bonne distance, je me mets à courir. J'arrive devant la petite maison qu'Aby a hérité de sa grand-mère, je me dirige à sa fenêtre et je me mets à frapper des petits coups discrets sur sa fenêtre. Au bout de cinq minutes, j'entendais des bruits à l'intérieur.
" Qui est là? " Demanda la voix endormie d'Aby.
" Aby c'est moi ! "
" Jaxon ? "
" Oui mon petit chat. "
" Mais qu'est-ce que tu fous là ? " Demande t'elle en venant ouvrir la fenêtre.
Je rencontre ses yeux bleus, il lui suffit juste d'un seul regard pour comprendre que je ne vais pas bien.
" Je suis dans la merde mon petit chat. "
" Roy c'est ça ? Je t'avais dit que ce fils de pute ne t'attirerait que des problèmes ! "
Sa remarque me fait sourire car moi aussi je suis un fils de pute.
" Qu'est-ce qui s'est passé ? Si ce salopard t'a fait du mal, je vais le buter de mes propres mains. "
" Il n'a rien fait, du moins pas à moi. Écoute, tu vas sans doute l'apprendre demain. "
" Jax... " Me coupe t'elle.
" Non écoute moi, prends ce fric, je ne sais même pas combien ça fait, tu utiliseras une partie pour payer les soins de Zack et avec le reste, je ne sais pas moi tu pourrais enfin quitter ce boulot minable. "
" Attends où est-ce que tu as trouvé ce fric ? C'est du sang que je vois là ? " Demande-t-elle en me prenant la main.
Je suis sur le point de lui répondre, lorsque j'entends des chiens aboyer. Merde ! Ils m'ont déjà retrouvé !
" Je n'ai pas le temps de tout expliquer, il faut que j'y aille. "
" Et où tu comptes aller ? C'est pour toi qu'ils sont là n'est-ce pas ? "
Je lui dis oui de la tête.
" Oh mon Dieu Jax ! Dans quel merdier t'es Tu fourré ? "
" Je l'ai fait pour Zack ! Il faut que j'y aille mon petit chat. "
" Donnes moi des nouvelles de temps en temps. "
" Promis. "
Je passe ma tête par les barres de la fenêtre et je dépose un baiser sur sa joue. Des bruits de pas se font entendre et je me mets à courir. Je traverse les cours arrières de maisons, les chiens aboyant sur mon passage. Je cours en direction de la forêt, quand soudain une douleur fulgurante me frappe. Je comprends alors qu'une balle vient de me déchirer la chaire. Je pose la main sur ma blessure et je continue de courir sans m'arrêter. Je cours tellement que j'arrive sur une autoroute, je traverse en direction de la forêt, au moins derrière les arbres, je serais moins visible. Une fois dans la forêt, je vois un immense corps étendu par terre, une flèche dans l'omoplate. Merde ! Je me dirige vers lui et je tombe à genoux. Il a les yeux ouverts et a du mal à respirer. Ses mains sont posées autour de sa plaie, ses cheveux cachant ses yeux. Il se dégage de lui une puissance bestiale, quelque chose qui m'attire et me fait peur à la fois. Il me murmure de lui retirer la flèche du ventre. Je regarde l'énorme flèche à l'intérieur de lui. Je baisse la main sur sa blessure et je retire la flèche. Ce qui me demande une énergie considérable, vu l'état dans lequel je suis. Je suis fatigué et je transpire de plus en plus. Je retire la flèche et je la jette loin de lui. Je me lève pour traîner l'homme jusqu'à un arbre. Lorsque je me redresse, je suis pris d'un vertige et je m'effondre. La dernière chose que je vois est la couleur particulière des yeux de l'homme. Des yeux couleur argent.