A l'heure de la récréation, nous sortions tous. A mon grand soulagement il y avait autant de peaux blanches que noires. Alors je me sentis à ma place. Là au moins, je n'allais pas être victime de regard bizarre, incessant parfois énervant.
N'ayant pas d'argent pour aller à la cafeteria, ne connaissant non plus personne, je m'assis seule à la balançoire. Les jambes croisées, j'admirais ma jolie robe m'arrivant aux genoux. Soudain elle venue s'assoir auprès de moi. Comme en classe, elle me parut vraiment timide. Pour la mettre à l'aise je lui fis une blague.
_ Tu as une araignée dans les cheveux dis-je le plus naturellement possible pour être crédible ........
Elle manqua presque de tomber sautillant pour faire voler ses cheveux dans tous les sens.
_ Je rigole il n'y a rien
Elle me regarda un bon moment avant de pouffer de rires à son tour.
_ Je m'appelle Aita
_ Jessica me tendit-elle la main.
Elle me parut sincère comme si elle voulait vraiment me connaitre
_ Alors comment est cette école ?
_ Je ne sais pas encore je suis nouvelle ici j'étais dans une autre école
_ Moi aussi je viens d'arriver au Sénégal
Nous retournâmes en classe pour assister au cours suivant avec moins de stress. A la descente en prenant le chemin de retour, j'entendis une voiture klaxonnait derrière moi. En m'arrêtant pour voir : c'était une superbe voiture 4x4 noire. Lorsque l'une des vitres teintée descendit j'aperçu Jessica à l'intérieur. Elle se proposait de me ramener ce que j'acceptai volontiers. Je descendis au premier au rond-point de la poste de médina pour me faufiler entre les raccourcis ne voulant pas importunée Jessica qui devait rentrer tôt. Elle qui logeait à la corniche.
Arrivée chez moi, mon sang ne fit qu'un tour en voyant ce vieux Habib insultait ma mère. Encore une fois, il lui réprimandait de n'avoir pas conçu après tant d'années de mariage la traitant de tous les noms d'oiseaux.
_ Avec ton maudit ventre qui n'est destiné qu'à accueillir des batards de blanc. Hurlait-il haut et fort ameutant le voisinage. En me voyant il en rajouta de plus bel.
_ Qu'as-tu à me regarder ainsi maudite fille ? Tu n'apportes rien de bon. Ta présence est source de malheur.......
Je regardai ma mère comme pour me secourir mais elle ne dit rien étreignant de plus bel son chapelet. Ecœurée, je trouvai dans notre chambre. On n'en n'avait qu'une, une très petite chambre avec tous nos affaires, un vieil petit lit carré ou dormait ma mère. Près de la porte d'entrée gisait mon matelas individuel. Le lendemain je partis très tôt à l'école marchant le ventre vide en repensant à la veille, à la façon dont ma mère était traitée dans cette maison. Pourquoi ne réagissait-elle pas face aux insultes ? Pourquoi ne brisait-elle pas ce sodo-union qui ne lui rapportait rien de bon ? Comment est-ce qu'elle pouvait rester aussi insensible à ce que l'on vivait ?
A moi, on m'insultait pour chaque chose, pour n'importe quel raison. On me prenait pour la cause de tous les malheurs. Pourtant combien de fois avais-je demandé à ma mère de me révéler l'identité de mon père ? Combien de fois avait-t-elle changé de sujet ou pleurer ce qui avait le don de me faire laisser tomber ?
Je me rappelle de ce jour où je lui demandai après mon père. Son mari venait de me renvoyer de sa chambre ou il donnait des friandises à ses enfants.
_ Yaye (maman) pourquoi il m'aime pas comme ses autres enfants ?
Elle me regarda longuement d'où je vu ses yeux brillées comme si elle était sur le point de pleurer.
_ Ton père Habib t'aime ma fille c'est juste que tu fais trop de bêtises
_ Maman il m'a dit qu'il n'était pas mon père de ne plus l'appeler papa, donc qui est mon papa ?
Question dont je n'ai jamais eu réponse de sa part.
Hélas j'en avais assez, vraiment assez que j'arrivais à l'école sans même entendre Jessica m'appelait :
_ Hey ma belle tu es sourde ou quoi ? Je t'appelle depuis tout à l'heure qu'est ce qui ne va pas tu es toute pale ?
_ Non ça va je n'ai rien j'étais un peu évasive c'est tout.
Jessica était très bavarde quand elle s'y met mais timide face aux autres ce qui était tout mon contraire. J'étais plutôt réservée mais pas du tout timide. Je préférais me renfermer sur moi-même.
Comme Jessica était nouvelle à Dakar à chaque descente on faisait des tours de ville. On allait se promener la plupart du temps à la plage de hanse Bernard. Il nous arrivait de nous baigner laissant nos habits accrochés sur les pirogues du quai.
Le premier semestre passa très vite.....................
Un jour à la descente de l'école Jessica m'invita chez elle. C'était très grand, voir immense, beau. Je n'avais jamais vu autant de luxe. Quant à sa chambre, elle faisait le double de celle du vieux Habib qui était la plus grande de la maison. Son grand lit, l'armoire pleine de vêtements rien qu'à elle que j'en étais émerveillée. Malgré tout mon éblouissement, je ne laissais rien apparaitre. C'était devenu comme une seconde nature chez moi de ne pas extérioriser mes sentiments. On s'était mise à discuter de tout et de rien. Elle me parla de beaucoup de choses à la fois : de son copain restait en France, de sa vie là-bas, de son père médecin qui travaillait à l'hôpital principal de Dakar........ En parcourant son album photo, sa forte ressemblance avec une femme me frappa :
_ Tu ressembles beaucoup à cette femme fis-je la remarque
_ C'est ma mère. Dit-elle d'un air triste que je ne lui connaisse pas
_ Et ce mignon brun c'est lui ton chéri ?
_ Non il s'agit de mon frère Alexandre. Cette fois elle me parut plus joviale. Elle devait beaucoup aimé son frère.
De là ce ne fut que routine pour moi jusqu'aux grandes vacances. Jessica et moi étions admises en classes supérieur : C'était la première l'année suivante. Pour les vacances Jessica repartit en France et moi chez tante Aita comme toujours.
Chez elle je me sentais vraiment chez moi. Je la considérais comme ma mère voir plus. Je ne saurais dire pourquoi mais avec elle je me sentais comprise et s'en était ainsi avec ses enfants.
Son ainé Assane que l'on appelle Ass qui pour la plupart du temps nous gronde mais rien de méchant, était du genre à ne pas montrer ses sentiments. Son cadet Pape très attaché à sa mère sans oublier Ibrahima Sow.
Ibrahima Sow qu'on appelait Ibou, son benjamin. Bien qu'il soit plus âgé que moi, il était comme jumeau, mon demi. Nous partagions tous ensemble depuis notre tendre enfance. Avec lui je me sentais sous protection, avec lui je me sentais dans un autre monde, avec lui je me sentais bien, avec lui je me sentais pousser des ailes, avec lui je restais moi-même.
Comme la gargote de tante Aita florissait de jour en jour, je me levais tôt le matin afin de l'aider dans les corvées en lui faisant la vaisselle, servir les clients ou pilait les épices. Quant à la marmite nulle n'y avait droit qu'elle. Elle était la seule à préparer les repas. Chaque soir avec Ibou on allait se promener à la montagne fixant ainsi la mer et discutant. Jusqu'au jour il me fit une remarque :
_ Dis-moi Aita ta mère ne te manque donc pas pourquoi es-tu si distante avec elle ?
_ Tu veux que je m'en aille de chez vous alors dis le moi sans détour Ibou.
Il m'avait piqué au vif.
_ Non ne le prend pas ainsi c'est juste que depuis le début des vacances tu n'es pas allée la voir c'est la seule à venir prendre de tes nouvelles et à chaque fois qu'elle vient ici tu ne restes que quelques minutes en sa compagnie.
_ C'est vrai que je ne suis pas allée la voir mais cela ne signifie pas que je ne veux pas la voir ou qu'elle ne me manque pas non plus. Tu sais mieux que personne ce qu'on subit chez son mari de surcroit moi qu'il ne peut même pas voir en peinture. Ma mère je ne reste pas assez longtemps avec elle lorsqu'elle me rend visite à quoi cela me rapporte puisque à chaque fois elle me brise le cœur, elle me maintient dans le néant en gardant le silence à propos de mon père que je ne connais pas et ça je ne le supporte plus.
Et pour la première fois je pleurais dans ses bras en parlant de mon père. Depuis ce jour le connaitre devenu comme vital pour moi. A chaque fois que je me retrouvais seule, que j'étais insultée ou maltraitée, je ne pouvais m'empêcher de me poser cette question :
Que serait ma vie avec un père ?
Et pour la première fois je pleurais dans ses bras en parlant de mon père. Depuis ce jour le connaitre devenu comme vital pour moi. A chaque fois que je me retrouvais seule, que j'étais insultée ou maltraitée, je ne pouvais m'empêcher de me poser cette question :
Que serait ma vie avec un père ?
A une semaine de la rentrée, je retournais chez ma mère un soir. Comme à chaque fois tante Aita me remit mes fournitures scolaires. Ibrahima allait s'inscrire en première année de médecine à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il avait réussi son bac avec brio faisant notre fierté. Chez Habib rien n'avait changé, je trouvai ma mère endormie dans sa chambre. Je déposai tranquillement mes affaires puis sortis m'asseoir sur la véranda regardant les enfants du vieux Habib. Assis avec leurs mères, ils mangeaient de la bouillie sur leurs vérandas respectives. C'était ainsi chez lui ! Chacune de ses femmes se débrouillait pour le diner afin de nourrir leurs progénitures. Vieux Habib ne donnait la dépense que pour le repas de 13h qui ne suffisait vraiment pas. Pour le petit déjeuner, chaque matin c'était du kinkéliba sans sucre pour tous. Chacun devait se débrouiller pour avoir du sucre. Pour ma mère et moi ce n'était pas un problème puisque le matin j'allais à l'école sans rien au ventre ou ne buvais que de l'eau si on n'avait pas de quoi manger : c'était pareil pour le dîner. Je prenais rarement le repas depuis que j'eu intégré cette école. La distance entre l'école et la maison ne permettait pas de faire des allers retours pour manger surtout en marchant. Pour le repas, j'achetais des biscuits que je mangeais dans la cour. Maman se débrouillait tout le temps pour qu'on ne puisse pas avoir le ventre creux chaque jour sur 7.
Cependant j'éprouvais de la peine pour les jeunes enfants du vieux Habib qui pourraient être ses petits-enfants en réalité. Sa deuxième et troisième épouses ne cessaient de mettre bas. Un véritable concours, chacune ne voulait avoir moins d'enfants que l'autre : elles visaient l'héritage. Le drame est que les naissances n'étaient pas du tout espacés résultat les enfants étaient négligés.
Aucun des enfants n'allaient à l'école. Les plus chanceux d'entre eux apprenaient l'arabe chez l'Oustaz du quartier et les autres restaient ainsi à la maison à ne rien faire. Je pensais souvent à leur avenir. Ils étaient laissés à leur propre sort. Pourtant les enfants de la première femme de leur père pourraient bien leur assurer une scolarité mais avec les problèmes de la polygamie cela ne risque pas d'arriver.
De temps en temps d'autres enfants du vieux Habib avec l'âge de ma mère ou plus dont je ne connaissais pas, passaient voir leur père. Et comme toujours j'avais droit à cette réplique lorsqu'ils me voyaient :
_ Ah c'est elle la fille que Soda a eu avec le Toubab (blanc) !!!
Le jour de la rentrée pour ne pas arrivait en retard ma mère me remit 100f pour le transport : une grande première.
Je détachai mes cheveux vêtue d'un chemisier blanc et d'un pantalon rouge. A la porte de l'école, dès que je reconnu la voiture de Jessica, je partis à sa rencontre. Elle était au téléphone mais raccrocha dès qu'elle me vue :
_ Ma chérie comme tu m'as manqué. Me dit-elle en me prenant dans ses bras les yeux étincelants
_ A moi aussi tu m'as beaucoup manqué mais dis donc tu es ravissante comment s'est passé tes vacances ?
_ Bien et je te raconterais mais toi aussi tu n'es pas mal toujours aussi belle.
La sonnerie de l'école nous fit descendre de notre petit nuage pour aller en classe. Pour ce premier jour, ce n'était que des prises de contact avec les professeurs de ce fait nous descendîmes tôt pour aller chez Jessica.
Sur la route elle s'était mise à me raconter ses vacances. Sacrée Jessica une véritable boule d'énergie !
Chez elle on s'installa au salon c'était la première fois que je m'asseyais sur un canapé aussi doux, un canapé en cuir noir tellement douillé que l'on croirait rempli de plumes. Elle partit ramener des rafraichissements que j'avais pour habitude de boire que lors des grandes occasions pour s'éclipser quelques minutes.
Soudain venu au salon un beau jeune homme brun bien bâti qui prenait bien soin de lui apparemment vu sa carrure. Larges d'épaules, musclé plutôt grand, sa tête me dit quelque chose et son sourire oh my god a damné un ange !!! C'était celui sur la photo : le frère de Jessica. Il me salua et s'assis en face de moi pour regarder la télé. Revenue avec un petit sac de voyage Jessica me le tendit :
_ Qu'est-ce que c'est ? Lui demandais-je
_ C'est pour toi ouvre le.
Elle avait les yeux plein de malices témoignant son impatience....
La plus belle des surprises que je n'ai jamais eu de ma vie en ouvrant ce sac : deux jolies robes, trois pantalons, des collants, des chemises, une jupe, trois paires de chaussures et un sac à main le tout neuf. Le comble oui le comble, le clou du spectacle fut la boite qu'elle me tendit après. J'en eu le souffle presque coupé en ouvrant cette boite. Un téléphone portable que je ne voyais qu'à la télé. Combien de fois en avais-je rêvé ? N'ayant pas les mots pour la remercier alors je la pris dans mes bras les larmes aux yeux.
_ Ma chérie je ne sais pas quoi dire vraiment merci du fond du cœur lui soufflai-je sincèrement
_ Ce n'est rien tu es la meilleure amie que je n'ai jamais eu
_ Hum ! Hum ! Je ne voudrais pas vous déranger. Intervenu son frère sur le ton de la rigolade
_ Que suis-je bête j'oubliais, Aita voici Alexandre mon frère
_ Enchanté. Alexandre
_ Moi de même Aita.
Comme il se faisait tard je pris congé pour rentrer d'autant plus que j'y allais à pied. Dehors, il faisait déjà noir. Leur quartier désertique faisait face à la plage. La brise me faisait énormément de bien, l'air frais me baignait les cheveux, de temps en temps des voitures klaxonnaient derrière moi ce qui avait pour effet de me faire sursauter. En un moment donné, j'aurais juré que l'une d'entre elles me suivait : une qui me semblait familière mais comme il faisait sombre je ne pus déceler la plaque d'immatriculation. Soudain apeurée, je me mettais à courir avant que quelqu'un ne m'appelle par mon nom. J'eus peur de me retourner. La voiture s'était arrêtée, le moteur ne tournait plus. La personne sortit j'entendis la porte claquée, mon cœur battait la chamade en sentant une main sur mon épaule avant de sentir son souffle chaud derrière mon oreille.
_ Aita me dit la voix.
Cette voix m'était très familière.
Prenant mon courage à deux mains, je me retournai d'un seul coup. Et là ce fut comme au premier moment que je l'ai vu, je me sentais toute étourdie : c'était Alexandre en face de moi.
_ Ah c'est toi tu m'as fait si peur. Articulais-je finalement
_ Excuse moi je n'en avais pas l'intention. Après vous avoir laissé au salon en revenant ma sœur m'a dit que tu étais partie. Et comme il fait nuit et pas sure de te laisser rentrer toute seule alors je t'ai suivi pour te raccompagner.
_ C'est vraiment gentil Alexandre mais je peux rentrer seule en plus ce n'est pas très loin, ne te dérange pas pour moi ........
_ Je sais que ce n'est pas loin mais tu ne trouveras pas de bus à cette heure. En plus ça ne me dérange pas aller monte dans la voiture.
Qui lui a dit que j'attendais un bus même ? Je montais comme une flèche pour pousser un ouf de soulagement. Il était vraiment bel homme Alexandre, lorsqu'il souriait ses fossettes se dessinaient surtout de profil. Etant à fond sur la route, on arriva sur l'avenue blaise Diagne en moins de trois minutes. Et comme il ne savait plus quelle voie emprunté il me dit :
_ C'est vrai que Jess (Jessica) m'a dit que t'habite la médina mais il va falloir que tu me guide là car je ne m'y connais pas trop ici
_ C'est vrai Alexandre mais tu peux me laisser ici c'est plus loin de toute façon
_ Tu peux m'appeler Alex et non tu me guides c'est tout.
_ OK Alex prend la route de la poste........ Tourne par là..... Prend ta gauche....... C'est là arrête toi. Merci vraiment je ne saurais pas quoi faire sans toi.
_ De rien petite peureuse allez bonne nuit.
Je franchis le seuil de la porte à 22h. Je n'avais pas vu le temps passé pour ne pas m'attirer encore les réprimandes du vieux Habib qui était assis sur sa chaise pliante à étreindre son chapelet et à racler du cola, je ne le saluai pas pour directement aller voir ma mère.
En montrant à ma mère les cadeaux que je reçu, elle me déçu une fois de plus.
_ Aita ou as-tu eu toutes ces choses ? Que t'ai-je fais pour agir de la sorte ? Que va dire ton père Habib en te voyant avec ces choses luxueuses ? N'as-tu pas pitié de moi ? Ou étais tu jusqu'à cette heure ?
Mes lèvres tremblèrent de colère
_ Pourquoi maman ? Pourquoi laisses-tu ce vieux Habib se mettre entre nous ? Je suis ta fille et tu me connais mieux que personne alors comment espères tu que les autres me respecte si toi-même tu ne me fais pas confiance. Ces choses m'ont été offertes par une amie Jessica, on est dans la même classe depuis l'année dernière. Elle me les a rapportés de son voyage. Et pour la énième fois Habib n'est pas mon père et jamais il ne le sera. Pourquoi ne me parles tu pas de mon père le vrai le blanc ? Oui le blanc c'est évident qu'il n'est pas noir. Je me demande que serait ma vie avec un père ?
Encore une fois elle se mit à pleurer, encore une fois me laissant sans réponse. Cette nuit-là ce fut avec le cœur gros que je m'endormie. Le lendemain comme c'était le weekend je partis chez tante Aita en lui racontant ce qui c'était passé. Je ne lui cachais jamais rien : elle était ma confidente.
_ Tante Aita pourquoi ne me révèles tu pas l'identité de mon père ? Je suis assez grande pour comprendre s'il plait pour l'amour du ciel dis-moi.
_ Ne me fais pas cela ma fille, essaye de comprendre ta mère elle n'a pas eu la vie facile. Elle s'est beaucoup sacrifiée pour toi. Elle est la seule à détenir les réponses à tes questions. Donne à ta mère du temps. Sois patiente et elle s'obstine à ne rien vouloir te dire je te révèlerai du peu que je sache. Je t'en fais la promesse. Ne t'en fait pas, je te fais confiance et Soda aussi a confiance en toi. Essuie tes larmes ma belle tu sais que je n'aime pas voir ma princesse pleurer.
A cet instant précis mon téléphone se mit à sonner c'était Jessica :
_ Mais tu en as mis du temps à décrocher ma chérie. Criait-elle au bout du fil.
_ Laisse-moi m'habituer mais tu vas bien ?
_ Oui ça va demain je passerai te voir mon frère me déposera chez toi.
_ C'est une bonne nouvelle ça!
_ Ok alors à demain bisous
Elle m'avait vraiment prise au dépourvue en m'annonçant sa visite. Elle n'était jamais venue chez moi. Que pensera t-elle de moi en voyant l'endroit où je vis ? Qu'allait dire le vieux Habib en voyant une autre blanche dans sa maison ? En l'annonçant à tante Aita, elle en fut vraiment ravie que je puisse enfin avoir une amie. Parce que le seul ami que j'avais à vrai dire, au vrai sens du terme c'était Ibou.
En parlant du loup, le soir en rentrant c'est avec lui que je partis. Il devait rentrer au campus puisqu'il y logeait désormais. Sa compagnie me fit un boum au cœur. Le trajet se passa très bien. Bien que ce fût un peu éloigné de chez moi, nous étions descendus à l'arrêt de l'université. Je l'avais suivi déposer ses affaires dans la chambre qu'il partageait avec deux autres étudiants Salif et Bocar.
_ Waouh que la vie est injuste ! Comment est-ce qu'un mec comme lui peut être en compagnie d'une si ravissante jeune fille ? N'ai-je pas raison Salif ? Lança Bocar
_ Evidemment c'est le monde à l'envers !!! répliqua son ami
_ Arrêtez-mecs, ne la mettez pas mal à l'aise. Je vous présente ma petite sœur Aita.
Ibou m'avait présenté comme sa petite sœur. J'ignorais pour quel raison mais cela me fit un pincement au cœur. En me raccompagnant chez moi il était 21h lorsqu'on arriva se tenant main dans la main. Ce fut moi qui entrais la première dans notre chambre avant qu'il ne suive en saluant ma mère et se mit à discuter tranquillement avec elle. Ils s'entendaient parfaitement une véritable alchimie. Ma mère ne cessait de faire ses éloges peut être voyait elle en Ibou le fils qu'elle n'avait pas eu. Je me disais souvent que nos mères devraient être contraires. Que ma mère devait être celle d'Ibou et tante Aita la mienne. Après une trentaine de minutes il partit. Je mis ma mère au courant de la visite de Jessica. Cela tombait bien ainsi elle saura que c'est elle qui m'avait donné ces cadeaux. Comme j'avais déjà mangé chez ma tante je ne pris pas le diner. En repensant à ma discussion avec tante Aita mes larmes jaillirent, c'est en pleurs que je finis par m'endormir.