Vers minuit la cour fut totalement déserte. Fatiguée, Soda alla prendre une douche pour ensuite se coucher étant donné que Jeanne lui avait donnée comme jour de repos le lendemain. Soudain elle entendit des cris, apeurée elle écourta sa douche. Les cris provenaient de la chambre de ses parents, tous y accoururent : c'était mère Amy qui criait en voyant sa petite fille couchée sur son lit. Elle hurlait à gorge déployé :
_ La blanche a oublié sa fille c'est du jamais vu.
Tous furent ébahis par cette nouvelle et les commentaires fusèrent :
_ Comment est-ce qu'une mère peut oublier son enfant ?
_ Quel genre de mère est-ce?
_ Ceci n'existe que chez les blancs....
A ces mots Soda tomba à terre et se mit à pleurer. L'assistance lui disait de se calmer mais rien ne pouvait la calmer. Alors son cousin Baye un chauffeur de clando se proposa de l'amener rendre l'enfant à sa mère avant de sortir prendre ses clés. A son retour il demandait à sa cousine de se lever pour partir et d'arrêter ses pleurs. C'est à ce moment-là que la petite se réveilla et commençai à pleurer de faim sans doute. Le plus naturellement sa mère la berça dans ses bras avant de lui donner le sein pour la calmer.
_ Es-tu devenue folle d'allaiter un enfant d'autrui. Toi qui n'as pas eu encore d'enfant. Et surtout tu donnes ton sein à un enfant de blanc as-tu perdu la tête Soda. La réprima sa mère
_ Elle essaye de la calmer n'entends-tu pas comment hurle cette petite. Dépêche-toi Soda nous allons la rendre à ses parents avant qu'il ne soit plus tard. Intervenu Baye
_ Non elle ne partira nulle part c'est ma fille. Dit Soda avant d'éclater en sanglot étonnant tout le monde.
Sur le coup, un terrible silence envahit la pièce que l'on aurait pu entendre une mouche volée. Cette quiétude fut brutalement rompue par le père de Soda qui se mit à gueuler:
_ Maudite, maudite sois tu, sois maudite Soda que la malédiction s'abat sur toi. Je n'aurais jamais cru cela de toi. Pendant que tu prétendais travailler en vérité tu te prostituais chez les blancs. On aurait préféré mourir de faim que de vivre de ce sale argent que tu nous apportais. Sort immédiatement de ma maison. Ici est un endroit respectable. Sache qu'ici n'est plus ta maison. Tu n'es plus ma fille, tu n'as plus de famille ici. Sort, dehors avant que je ne te tue de mes propres mains.
Il ajouta des actions à ces menaces en lançant le sac de sa fille dans la rue avant de lui tirer le bras pour le jeter dehors à son tour. Pour éviter qu'il ne blesse sa fille, Soda se leva sans un mot et sortit de la chambre pour se rhabiller dehors et mettre sur son dos son enfant avec un pagne. En quittant sa maison, personne n'intervenu, pas sa mère ni même son cousin chauffeur qui se proposait auparavant de l'aider. Elle longea la route avant de prendre un taxi avec l'argent qui lui restait étant donné qu'à cette heure il n'y avait plus de transport en commun. Elle n'arriva à Ouakam qu'aux environs de deux heures du matin. Toquant longuement à la porte, Aita l'ouvrit par méfiance croyant qu'il s'agissait d'un voleur ou d'un mal intentionné. Au vue de sa meilleure amie, elle prit dans ses bras son homonyme et referma la porte. Après lui avoir narré ce qui c'était passé, cette dernière la réconforta comme à son habitude avant qu'elles ne s'endorment....................................
Les jours passèrent............
Soda travaillait toujours le cœur vide. Depuis son père l'avait chassé, elle passait ses nuits à pleurer. Cette famille malgré tous les sacrifices qu'elle eut à faire pour eux lui manquait terriblement. Elle regrettait d'avoir rencontré Arnauld dans sa vie. Cette relation maudite ne lui avait apporté que de bon sa fille. Dorénavant c'était pour elle seule qu'elle se tuait à la tâche. C'était pour sa fille qu'elle refusait de baisser les bras.
Aita voyant l'état de son amie fit tout son possible pour qu'elle renoue avec ses parents. Ces derniers campèrent toujours sur leur décision refusant tout dialogue. Il a fallu qu'Aita décide d'aller voir l'imam et les notables de leur quartier pour une intervention.
Deux mois plus tard..............
Ils furent tous convoqués à la grande maison familiale aux environs de 17h. Depuis qu'elle était là, les autres ne cessaient de la dévisager elle et sa fille. Aita qui emmena du cola en signe de rédemption le remit à l'imam qui prit parole le premier pour tenter d'apaiser la tension.
_ La vache peut donner un coup de pied à son vau mais ne le hait pas. Nous sommes des êtres humains et surtout des musulmans. Nul n'est parfait donc l'erreur est humaine. Soda est votre fille, une fille brave qui vous a toujours soutenu. C'est vrai ce qu'elle a fait est très mal et je le condamne fermement. Cependant ça ne signifie pas qu'elle puisse être mauvaise ou qu'elle soit ainsi répudier. Vous ses parents si vous la répudiez il peut lui arriver pire dans la rue. En tant que parents vous avez des droits et devoirs envers votre enfant et le jour du jugement dernier vous devrez rendre des comptes sur l'éducation que vous avez octroyez à vos enfants. Encore une fois votre acte est compréhensif, votre fille vous a déçu, elle vous a blessé. Mais chaque jour que Dieu fasse nous faisons quelque chose qui lui déplait et à chaque qu'on lui demande pardon nous obtenons grâce car il est miséricordieux. Alors qui sommes-nous pour ne pas pardonner ?
_ L'Imam a dit tout dit, tout le monde mérite une seconde chance. Elle est de votre chaire et de votre sang alors vous ne pouvez la laisser ainsi à sort renchérirent les autres notables
_ Soda renchérit l'Imam prend ce cola et va quémander le pardon de tes parents. Le paradis d'un enfant se trouve aux pieds de ses parents.
_ Père, mère débuta-t-elle dans un sanglot qu'elle essaya d'étouffer. Je vous supplie de me pardonner. J'ai péché et je ne demande que l'absolution. Je sais que je mérite toute votre colère mais sachez que je regrette amèrement. Pardonnez-moi, je sais aussi que plus rien ne sera comme avant mais je suis prête à faire tout ce qu'il faudra pour obtenir votre pardon.
_ Nous vous remercions tous de vous être déplacer pour ça exprima le père de Soda. Comme vous l'avez dit Imam la vache peut donner à son petit un coup de pied mais ne le déteste pas pour autant. Alors je ne déteste pas Soda. Elle est ma fille. Par contre je ne tolère pas ce qu'elle a fait, du tout. Nous avons notre religion, nos coutumes et traditions et Soda a dérogé à toutes leurs règles. Plusieurs personnes sont venues ici me demander sa main et je lui ai toujours demandé son avis mais voilà le résultat. Refusant de se marier, elle fornique avec des blancs et nous ramène un enfant illégitime. Connait-elle le père de son enfant ? Reconnait-il son enfant ? Que des questionnements ......... Si au moins elle avait eut un enfant avec un musulman, alors nous pourrions peut être parlé mariage. Devant toute cette assemblée je vais accepter de pardonner à Soda à condition qu'elle arrête de travailler et se marie à toute personne musulmane qui voudra d'elle et de sa fille.
Sans aucune issue, ni choix Soda accepta sans gaieté de cœur. Ce même jour, elle partit chercher ses affaires chez sa meilleure amie qu'elle remercia longuement.
Le lendemain, elle alla trouver Jeanne pour lui présenter sa démission. Comme motif, elle lui expliqua qu'elle devait aider ses parents à la maison. Comme rémunération, sa patronne lui remit plus qu'elle ne lui devait. Elle parut triste de ne plus avoir cette fille sympathique qui contribuait à égailler ses journées dans ce cas remplie d'hypocrites et leurs séances de cartes qui se transformaient plutôt en séance de commérage.
A la médina, la nouvelle se répandu comme une trainée de poussière.
« Quoi Soda a eu un enfant blanc ? Elle est revenue vivre chez ses parents ? Non ça ne doit pas être la même Soda que je connaisse » Tel était devenu le sujet de discussion sur toutes les lèvres.
Soda reçut maintes visites soit disant amicaux. En réalité, le motif de ces visites était de s'assurer qu'elle avait bien un bébé illégitime et de surcroit « Toubab » (blanc) : elle le savait....
De toutes ces visites, ce fut celle du vieux Habib qui la surprit au plus haut point. Ce dernier voulait encore l'épouser malgré son refus du passé et sa nouvelle situation. Ce vieux qui avait l'âge de son père voir plus le dégouter rien qu'aux regards. Face aux menaces de ses parents, Soda accepta sa proposition. Comme pour se débarrasser de leur fille et petite-fille, ses parents célébrèrent le mariage deux jours plus tard. Ainsi Soda devenu la quatrième épouse d'Habib Diop............
C'est à mes 5 ans que je commençai à comprendre les choses tout autour de moi : mon environnement. Certains enfants du vieux Habib étaient plus âgés que ma mère..........
Je me rappelle qu'étant petite, ces trois autres femmes me frappaient souvent à l'insu de ma mère. Elle s'en apercevait au vue des traces que les coups laissaient sur ma peau...............
Eh oui Je suis tellement blanche qu'on ne me croirait pas métisse ! Ma mère m'amenait très souvent chez tante Aita étant donné que son mari n'aimait pas beaucoup. Il ne pouvait pas même pas me voir en peinture. A vrai dire, il a été forcé de me recueillir pour faire plaisir à sa plus jeune épouse mais surtout sans avoir le choix. C'était la seule condition que ses beaux-parents dont ils partagent la même génération d'accepter cet union.
Personne ne voulait avoir à ces cotés cette enfant illégitime, la Toubab qu'on prétendait un peu sorcière avec ses yeux de démon.
Si j'ai pu aller à l'école, c'est un peu grâce à ma tante. Un jour, chez elle après une longue discussion avec ma mère, le lendemain je fus inscrite dans une école privée.
Etant trop âgée pour la maternelle, je commençai directement mon cursus scolaire par la classe de C.I. A cet âge, je ne comprenais pas trop les regards qu'on me regardait à la récréation.
Des camarades de classe avaient pour habitude de me détacher, les couettes que me faisait ma mère pour laisser ainsi pendre mes cheveux. Ils les touchaient émerveillés pour lâcher à chaque fois ce discours :
« Waouh holal karawam bi holko, holal beutam yi (waouh regarde ses cheveux regarde la, regarde ses yeux) »
Et c'était de même à la descente de l'école lorsque ma mère venait me chercher. Là ce n'étaient plus les camarades de classes mais les institutrices qui nous regardaient pour parlaient entre elles. A par cela, mon cursus se passa bien dans l'ensemble.
Quant à moi je changeais ! De jour en jour, je ressemblais plus à la Toubab qu'on me tarifait. J'avais hérité de ma mère de ses formes généreuses, son visage tout en gardant des traits fins comme mon nez. Par contre ma peau très claire, mes yeux verts clairs, mes longueurs capillaires, mes traits fins je les tenais sans nul doute de mon paternel. Aussi élancée que maman, sans me vanter j'ai vraiment été gâtée par la nature. Le métissage a ses avantages !
J'eus l'obtention de mon certificat de fins d'études élémentaires et d'entrée en sixième à mes dix ans. A ma onzième année, j'entrais au collège public. Public parce que ma mère n'avait plus les moyens de continuer à me scolariser dans le privée.
Maman pour subvenir aux achats de mes fournitures scolaires et nos besoins quotidiens, dut commencer un commerce de poisson. Ces poissons lui étaient offerts par son pécheur de mari. Commerce qui ne dura que le temps d'une rose. Les coépouses de ma mère se plaignaient d'inégalité de la part de leur mari. Je les entendais tout le temps insulter ma mère la traitant de garce et moi d'enfant illégitime, maudit la plupart du temps. Jamais maman ne répliquait pour nous défendre préférant garder le silence. Il arrivait que le vieux Habib prenne partie pour elle lorsque je n'étais pas mise en cause bien évidemment. Il ne me portait pas dans son cœur.
Comme j'habitais à la médina, je me rendais à mon collège à pied. Heureusement que l'école n'était qu'à quelques mètres. A mes 14ans devant passer en lycée après l'obtention de mon Brevet de fin d'études moyennes au premier tour avec mention, j'obtenu une bourse. C'est ainsi que je pu intégrer cette école privée très réputée à l'époque qui se trouvait à la point E. Mes bonnes notes au collège avaient joué.
Quand la plupart des récipiendaires célébrer leur réussite par une fête d'arrosage pour moi rien ne changea. Comme à d'habitude, je partis voir ma marraine à Ouakam. Là-bas une surprise m'attendait : elle m'offrit trois nouveaux pantalons, une paire de belle ballerine noire, une robe et une dizaine de cahiers comme cadeau. A chaque rentrée, mes cahiers me venaient d'elle.
C'était première fois qu'elle m'offrait des habits occidentaux. A vrai dire des habits, elle ne m'en donnait que lors des fêtes de Tabaski, de Korité et encore c'étaient des habits traditionnels que je n'aimais pas tant. Ce qui me valait des insultes du vieux Habib en me voyant habillée d'une jupe lors de ces fêtes.
Je ne saurais dire s'il est la cause de mon manque de spiritualité. Maman m'avait inscrite très jeune chez un Oustaz du quartier pour apprendre l'arabe et le Coran. Je n'y passais que le temps d'une rose : ce maitre coranique ne m'apprenait rien. Il passait tout son temps à me regarder tout comme les autres enfants d'ailleurs.
A chaque fois que je sautillais ou pleurnichais à cause des piqûres de fournis qui circulaient sur les nattes, je recevais des coups de son chapelet sur les jambes. A force je ne voulais plus y aller.
Chez vieux Habib c'était différent ils ne me frappaient pas mais cependant faisaient pire. En voulant prier tout comme ses enfants, ses épouses ou lui-même se moquaient en me disant de ne pas souiller leur maison plus que je l'ai fait. N'y trouvant pas ma place alors je renonçai. Je remerciai longuement tante Aita pour son car à ce que je me rappelle ma mère ne m'achetait que de la fripe dans les marchés hebdomadaires............................