- Soit un peu gentille avec lui Eli, lui avait conseillé Ashley. C'est carrément louche que tu sois la seule à ne pas lui parler, alors que tout le monde l'adore ici!
C'était vrai.
Tout le monde aimait Noah au Step. Et l'estime que la troupe avait pour lui, est monté d'un cran quand il a commencé à leur montrer les photos qu'il prenait. Ses clichés étaient vraiment beaux.
Or pour Elikia, il restait ce type un peu trop sûr de lui, qui passait son temps à s'émerveiller de sa propre personne. Dans l'esprit de la jeune femme, les choses étaient claires: Noah Greyson était insupportablement orgueilleux.
Ce qui expliquait en partie pourquoi il s'entendait si bien avec une femme comme Victoria, dont les besoins et les envies passaient avant ceux de tout le monde...
Malgré qu'il s'évertuait à jouer le pitre de service, il lui arrivait de dire des choses qui touchait Elikia, bien malgré elle.
Comme la fois où il lui a expliqué pourquoi et comment il avait commencé la photographie. C'était chez Chris: il avait invité les autres danseurs à prendre un verre chez lui.
Sous les impulsions combinées de Demetra et de Ashley, Elikia avait finit par parler à Noah. Il avait semblé d'abord surpris, avant de lui adresser ce sourire charmeur dont il avait le secret.
- Lorsque je prends des clichés j'ai le sentiment d'avoir un pouvoir: celui d'arrêter le temps. C'est comme si derrière mon appareil, je voyais enfin les choses telles qu'elles sont vraiment, a-t-il dit après réflexion. Et à force de faire de la photo, je suis désormais des ceux qui pensent que les apparences seules ne suffisent pas. C'est drôle tu ne trouves pas?... d'avoir besoin d'un tas de plastique coûteux pour voir la beauté de ce qui nous entoure.
Le regard que Noah avait dardé sur elle, avait mise Elikia mal à l'aise. Elle avait eu l'impression que ces mots visaient autre chose, que sa passion pour la photographie.
- Arrête un peu d'être philosophe, mec! Tu me donnes des migraines, dit Chris en lui balançant des chips.
Ce qui avait fait rire tout le monde. Victoria en avait profiter pour monter sur les genoux de Noah, tout en glissant un regard lourd de menaces à Elikia. Le message ne pouvait être plus clair.
Après cette épisode, Elikia garda ses distances avec Noah. Car Victoria avait beau avoir une personnalité discutable, elle restait la femme que Noah fréquentait alors. Et pour rien au monde, Elikia ne voulait passer pour une briseuse de couple.
***
L'image qu'Elikia avait de Noah, a commencé à changer le jour où il a rencontré Alice.
Il faisait incroyablement beau, ce jour-là. Alice avait donné rendez-vous à Elikia sur la terrasse de son restaurant préféré. Tandis qu'elles partageaient un succulent repas, son mentor lui donna les modalités de sa prochaine mission: une mission pour laquelle elle devrait se rendre au Nigeria.
Un homme d'affaires refusait de céder des forages pétroliers à ses associés comme il l'avait promis. Il était question d'un accord valant près d'un milliard de dollars. Les investisseurs européens voulaient à tous prix se "débarrasser" de cet associé devenu gênant: ils ont donc fait appel à Elikia.
- Quel belle coïncidence ! Bonjour Eli!
La jeune femme se crispa, dès qu'elle reconnu la voix.
- Bonjour Noah, a-t-elle répondu avec un sourire gêné.
Elikia était surprise.
Alice lui lança un regard interrogateur:
- Tu ne me présente pas? A-t-elle demandé.
- Noah je te présente Alice, ma responsable. Alice, voici Noah euh...un ami.
- Enchantée Noah, pourquoi ne pas vous joindre à nous ?
Alice aimait trop jouer à ce jeux! Elikia eut peur pendant quelques secondes, qu'elle ne se décide à faire qu'une bouchée de lui.
- Moi de même. Je ne voudrais pas m'imposer. Je passais par là, lorsque j'ai vu Elikia. Je voulais simplement lui dire bonjour.
Ce jour-là, Noah avait troqué ses jeans/baskets, pour un costume sombre qui mettait sa carrure athlétique en valeur.
- Je vous l'assure: je serai plus qu'heureuse de faire votre connaissance, avait dit Alice avec un sourire charmeur. Elikia n'est pas du genre à me parler de ses amis, alors je profite dès que l'occasion se présente.
La situation lui échappait. Et Elikia n'aimait pas ça. Mais alors pas du tout!
- Tu peux resté, a-t-elle néanmoins dit.
C'était déjà assez de se faire taxer de sauvage doublée d'asociale par ses amies, il ne manquait plus qu'Alice y mette son grain de sel.
Alice s'était montrée très curieuse. Elle voulut tout savoir de la manière dont ils s'étaient connus, quel métier exerçait Noah, ses centres d'intérêts, etc. Un vrai interrogatoire ! Le tout agrémenté de son magnifique sourire.
Elle appréciât particulièrement, lorsque Noah lui apprit qu'il faisait de la photo. Le jeune homme leur dit avoir rendez-vous l'après-midi même dans une galerie, qui voulait organiser sa prochaine exposition.
Noah s'était montré très charmant, répondant à certaines questions d'Alice avec une pointe d'humour et d'ironie qui plurent à Elikia.
Pour tout dire, Noah et Alice étaient ceux qui parlèrent le plus. Eli se contentait de participer de temps en temps.
Elle ne l'admettra que longtemps après, mais ce qu'elle apprit sur Noah ce jour-là, le fit monter dans son estime. Le jeune était un interlocuteur de choix, qui savait écouter: prêtant une attention particulière aux personnes avec qui il échangeait.
- J'apprécie le temps passé en votre compagnie mesdames, mais mon rendez-vous m'attend, dit-il en regardant sa montre.
- J'espère vous revoir bientôt, dit Alice en souriant.
Même en la connaissant, Elikia se dit que ce sourire était sans doute sincère.
- Moi de même. A ce jeudi, Elikia?
- Je ne serai pas en ville pour les prochains jours, dit-elle en le regardant brièvement.
- Dans ce cas tu me dois un dîner à ton retour, dit Noah en déposant un baiser sur sa joue. Au revoir, Alice.
Encore surprise par son audace, Elikia le regarda se diriger vers la sortie de restaurant. Le corps de la jeune femme fût traversé de frissons, nés de ce simple contact.
- Tu devrais sortir avec lui, dit Alice.
Elikia reporta son attention sur Alice, tentant de retrouver une trace de plaisanteries sur le visage de son mentor.
Or les beaux traits d'Alice étaient parfaitement impassible. Eli fixa pendant un temps cette femme si particulière: beaucoup se laissaient avoir par sa constitution gracile, presque fragile et venaient à en oublier le prédateur que cachait ce masque de douceur.
Alice possède cette beauté remarquable. Beauté qui s'alliait à une intelligence redoutable, faisant d'elle une femme particulièrement dangereuse. Sa peau noire était mise en valeur par la petite robe blanche qu'elle portait ce jour-là. Ses cheveux très courts, relevaient un port de tête distingué.
Si Elikia était aussi vigilante, c'est parce que le sourire d'Alice servait parfois à masquer d'horribles menaces.
- Je n'aurais jamais cru que tu serais celle, qui me pousserait à avoir un petit-ami!
- Noah me plaît énormément. Et il est évident que tu es loin de le laisser indifférent. Tu ne voyais donc pas la manière dont ses yeux se posaient sur toi? De plus il est charmant, drôle et intelligent. Ça ne te ferait pas de mal de fréquenter plus « sérieusement » un homme...
- Sûrement. Mais tu ne trouves pas qu'avoir cette discussion avec toi, est pour le moins...bizarre?
Alice fit alors quelque chose qu'elle n'avait pas fait depuis un longtemps: elle pris les mains de sa protégée dans les siennes, posant sur Elikia son regard perçant.
- Notre métier est, disons...particulier. Mais ça ne nous empêche pas de faire comme les autres: de nous fondre dans la masse, de profiter des privilèges que cela offre ! Nous sommes des êtres humains. Je ne vois aucun mal à ce que tu profites de la compagnie de ce jeune homme.
- Je vais y réfléchir...
- Ne réfléchi pas trop, cependant! On se voit à ton retour, a-t-elle ajouté avant de partir.
Elikia n'avait pas trouvé autre chose à dire.
Une heure plus tard, Elikia se promit de moins penser à Noah. Il n'était qu'un homme comme les autres: il ne méritait donc pas qu'elle se prenne la tête pour lui.
***
...Cause if I never had you
Then I could never lose you
Do you know what might happen
If I decide to choose you
Then the world may just stop spinning
It may just well be the ending
Talking all about existance
Who knows?
That I cannot see tomorrow
If you're not in my tomorrow...
C'est en dansant qu'Elikia comprenait le mieux ces mots.
Les basses du morceaux était lourds. Comme les battements d'un cœur acculé par la peur.
La peur de perdre l'être aimé, la peur de perdre le contrôle.
Une peur qu'Elikia a toujours eu du mal à comprendre, jusqu'à sa rencontre avec Noah. Une peur qu'elle ne pouvait exprimer, qu'au travers de sa danse.
" Si je ne te possède pas, alors je ne peux pas te perdre".
Pour Elikia le sentiment de manque était intense, inconnu. Et à cause de cela, son envie de posséder ne cesse de grandir. De posséder Noah.
Si vite, si fort, qu'elle s'en sentait perdue.
Tous ces sentiments violents prenaient racines dans ce qu'elle éprouvait pour cet homme, mais qu'elle n'arrivait pas encore à identifier.
Pourquoi chercher à posséder quelque chose qui peut devenir une faiblesse?
Pas d'amour trouvé , pas d'amour perdu.
Une devise que la jeune femme n'a cessé de se répéter tout le long de sa vie, mais qui a pris tout son sens avec Noah. Pourtant, elle en a fréquenté des hommes avant lui!
Si Elikia devait qualifier ces relations, elle dirait qu'elles n'étaient qu'un moyen de satisfaire ses besoins physique. La jeune femme s'arrangeait pour partir avant que l'autre n'en veuille plus.
Contrôler ses sentiments et ses émotions, faisait partie de l'entrainement qu'elle a suivi depuis toute petite. Mais les choses n'étaient plus le même depuis son retour du Nigeria. Une mission qu'elle avait réussi avec brio, mais Elikia dormait mal.
Quand ce dérèglement a débuté, la jeune femme cru que cela ne durerait qu'un temps.
Oh, combien elle s'était trompée! Il lui a fallu une semaine pour se rendre compte de son erreur. Une semaine pendant laquelle Elikia a accumulé le stress, jusqu'à atteindre un pic.
San lui laisser le temps de se reposer, Demetra lui demanda de composer une chorégraphie sur cette chanson.
Sa première réaction avait été de refuser. Elikia ne voyait pas comment elle aurait pu tirer quelque chose d'une mélodie qui ne lui disait absolument rien...
Cependant, têtue comme elle l'était, la jeune femme finit par accepter: elle vit la demande de son amie comme un challenge. Voilà pourquoi elle se retrouvait à danser si tard.
La chanson parlait d'une femme qui s'adressait à son amant. Elle lui disait ne pas être en mesure de choisir entre sa célébrité et lui. Elle disait aimer le fait de le désirer sans jamais l'avoir.
C'était rassurant, puisque ça ne l'engageait en rien.
Elle disait qu'elle aurait l'impression que le monde s'arrêterait de tourner, si jamais elle devait le choisir. Mais qu'en même temps, cet homme était son monde.
Elikia ne comprenait pas comment il était possible d'éprouver des émotions si ambiguës. Son entraînement lui a appris que l'instabilité émotionnelle, était une faiblesse.
Elikia a été abandonnée par ses parents à l'âge de trois ans. Elle a ensuite été recueillie par une organisation qui formait des assassins. Un cadre loin d'être propice à l'apprentissage de la complexité des relations humaines...
Pour Elikia les émotions et les sentiments étaient que des moyens comme d'autres d'atteindre son but. Parfois lors de ses missions, elle avait dû faire certaines choses qu'elle préférait relayer dans un coin de sa tête...
Trois ans.
L'âge à laquelle Alice l'avait trouvé.
Si cette dernière n'avait pas été là pour elle, Elikia serait sans aucun doute morte.
Quelques fois, il arrivait à la jeune femme de se demander ce qu'aurait été sa vie, si ses parents ne s'étaient pas débarrassés d'elle. Alors qu'elle dansait, Elikia se dit qu'elle aurait eu un caractère similaire à ceux de ses amies.
Lasse d'être envahie par des pensées aussi sombres, Elikia décida de se concentrer sur sa danse.
Malgré le plaisir de danser, Elikia souffrait du décalage horaire.
Ce soir là, son envie de danser avait été plus forte que la fatigue. La jeune femme était si concentrée qu'elle ne se rendit compte de la présence de Noah, qu'au moment où son flash crépita. S'arrêtant net, elle lui gratifia d'un regard furibond.
- Je suis désolé, je ne voulais pas te déranger.
Passant son appareil photo autour de son cou, Noah leva les bras en signe de capitulation, un sourire contrit sur les lèvres.
Bien malgré elle, Elikia remarqua la fossette qui se creusait sur sa joue.
Elle eut toute les peines du monde à ouvrir ses poings, et quitter la discrète position de combat qu'elle adopta par réflexe.
Elle expira longuement et se dit qu'un bon massage, suivi d'une douche bien chaude lui ferait le plus grand bien: elle était encore trop tendue.
- Que fais-tu ici? dit-elle en arrêtant la musique.
Elikia n'aimait pas regarder Noah dans les yeux. Cependant elle espérait qu'il se sentirait assez mal à l'aise pour s'en aller.
- J'ai oublié des objectifs dans cette salle... A part Sam, e ne pensais pas trouver quelqu'un à cette heure.
- Tu vois bien que je suis là! répliqua Elikia d'une voix tranchante.
- C'est ce que je vois en effet, dit Noah en promenant son regard sur elle.
Elle se sentit nue sous son regard. Elikia était bien tentée de croiser ses bras sur sa poitrine, mais elle ne le fit pas. Cela aurait été une démonstration de faiblesse, et on aurait dit que Noah n'attendait que cela.
- Alors ce petit voyage? reprit-il en la regardant de nouveau dans les yeux.
- J'étais partie rendre visite à ma famille.
- Ah bon? Demetra m'a dit que tu étais à Atlanta pour une conférence organisée par la boîte dans laquelle tu bosses...
- Au moins tu sais que je mens.
- Et pourquoi me mens-tu?
- Tu n'as pas le droit de chercher à avoir des informations sur ma vie privée!
Noah éclata de rire. Un rire grave, qui dévoilait ses belles dents et qui étrécissaient ses yeux. Tous ces détails, Elikia n'en rata aucun.
- Tu es tellement désagréable envers moi, que l'on pourrait croire que tu ne m'aimes pas, dit-il une fois calmé.
- Je pensais que tu l'avais deviné depuis le temps! Je commence à m'inquiéter de la taille de ton cerveau là...
Noah choisit de ne pas répondre immédiatement. Déjà qu'il avait du mal à garder l'esprit clair!
Elikia ne portait qu'une brassière ainsi qu'un leggings noir qui s'arrêtait juste au dessus de ses genoux. Elle était couverte de sueur, ses cheveux qui commençaient à friser étaient attachés par un chignon lâche au dessus de sa tête... pourtant, Noah ne l'avait jamais trouvé aussi belle, qu'à cet instant.
C'était perturbant de garder le regard sur le visage d'Elikia, alors qu'il avait un tel spectacle devant les yeux!
Le regard de la jeune femme brillait de fureur et le mettait au défis de rester, alors même qu'elle avait clairement dit ne pas vouloir de sa compagnie.
Noah sourit intérieurement: il aimait lorsque les choses ne se présentaient pas sous de belles hospices. En d'autres termes, il aimait qu'on lui résiste. Il aimait les défis. Et Elikia James, était un sacré défi!
Une fois de plus, Noah se permit de la détailler: on pouvait dire qu'Elikia avait nettement tiré parti de son métissage. Sa peau lui faisait penser au chocolat le plus onctueux... des grands yeux ambrés, surmonté de sourcils froncés pour le moment; des pommettes saillantes, une bouche divinement pulpeuse. Grande - Noah ne la dépassait que de quelques -, elle se tenait fièrement devant lui.
Noah se dit une fois de plus qu'Elikia était vraiment une très belle femme.Et en tant qu'homme, il ne pouvait qu'apprécier les courbes de sa poitrine, l'arrondit de ses hanches ou encore le galbe de ses jambes.
" Dommage qu'elle ne sourit pas souvent", se dit-il.
- Ça y est, t'as fini?
Noah sourit de nouveau. Il s'amusait comme un enfant!
Il se demandait même jusqu'où il pourrait pousser le bouchon, avant que la jeune femme ne laisse exploser sa colère.
- Pour être tout à fait honnête: non je n'ai pas fini. Mais je ne voudrais pas te mettre mal à l'aise, en te fixant de la sorte.
- Il n'y a pas de chances pour ça, ne t'emballe pas trop vite. Tes manières de petites frappes ne m'atteignent pas.
Noah était resté un moment interdit: il n'en croyait pas ses oreilles!
- Je vais prendre ça pour un compliment venant de toi, dit-il avec une grimace après un silence. Mais sache que je suis vexé.
- J'en suis désolée, répliqua Elikia avec sarcasme.
Ce petit jeu devenait intéressant à chaque minute qui s'écoulait.
- Mais arrêtons un peu de parler moi. J'ai bien compris que tu ne veux pas m'en dire plus sur ton voyage? Le message est on ne peut plus clair. Mais puis-je savoir ce que tu fais au Step si tard? Vous n'avez pas de compétitions de danse dans les prochaines semaines, si?
- Je voulais juste me détendre un peu, répondit Elikia en haussant les épaules.
- Permets moi de te dire que tu danses superbement bien.
- Merci, dit-elle avec un sourire fugace.
Noah se surpris à regretter qu'il est été si bref.
- Je voudrais te demander quelque chose. Avant que tu ne refuses, penses-y s'il te plait.
- Qu'est-ce que c'est?
- Je voudrais faire des portraits de toi... Attends je n'ai pas fini, dit Noah lorsqu'Elikia voulu ouvrir la bouche afin de protester. Eli, tu es incroyable lorsque tu danses! Ce n'est pas la première fois que je te vois faire , et je sais combien tu es douée! Mais lorsque j'ai entendu la musique et que je me suis approché...tu m'as scotché!
Elikia n'hésita pas longtemps:
- Ne te fatigue pas, Noah: c'est non!
Noah s'attendait à ce qu'elle refuse. Le problème, ce qu'il ne pouvait pas l'accepter. Il ne voulait pas l'accepter: pour lui, Elikia valait largement son insistance. Il décida donc de changer sa tactique d'approche:
- Pourquoi me détestes-tu?
Elikia cligna des paupières, surprise.
- Je ne te détestes pas, dit-elle visiblement déconcertée.
- Permets-moi d'en douter: depuis la première fois que j'ai mis les pieds dans cette endroit, tu donnes l'impression de m'en vouloir à mort!
La meilleure des défenses, était l'attaque.
- C'est faux! s'exclama Elikia croisant les bras. Tu racontes n'importe quoi!
Noah en profita et fit quelques pas vers elle:
- Ah non? Tu m'évites comme la peste... Et lorsque je te demande de poser pour moi, tu refuses sans aucune forme de procès. Alors dis-moi, Elikia: c'est quoi ton problème?
"Encore deux pas, et je pourrais la tenir dans mes bras", se dit Noah.
- Je n'ai pas de problème. Juste laisse-moi tranquille!
A ces mots, Noah réduit à néant la distance entre eux, et passa calmement une main autour de la taille d'Elikia. Il plongea ensuite son regard dans le sien, complètement hypnotisé.
- Qu'est-ce que tu fais?! s'exclama la jeune femme.
Pourtant, ses bras restèrent le long de son corps.
- Ce que j'aurai dû faire depuis le début, répondit Noah en prenant les lèvres de la jeune femme en otage.
Ce fut d'abord comme un explosion: pendant une seconde, Noah cru ne plus être capable de voir, ou d'entendre quoi que ce soit! Puis il sentit comme une brûlure violente, lorsque Elikia passa ses bras autour de ses épaules pour mieux répondre à son baiser.
Son appareil photo entre eux, lui faisait mal aux côtes, mais c'était bien le cadet de ses soucis.
Elikia aurait pu le repousser. Ou mieux: le neutraliser, lui faire assez mal pour qu'il ne s'approche plus jamais d'elle.
Mais au lieu de quoi, elle répondait avec la même ardeur à son baiser. Pas parce qu'elle s'y sentait obligée, mais parce qu'elle le voulait. Elle le désirait.
Lorsque la main de Noah descendit sur ses fesses et la rapprocha de lui, Elikia eut l'impression de perdre la tête.
La jeune femme avait conscience de faire quelque chose d'interdit. Elle savait ne pas avoir le droit d'apprécier à ce point la bouche et les mains de cet homme sur elle. Pourtant, elle en redemandait encore et encore.
A bout de souffle, elle finit par reculer. La manière dont Noah regardait sa bouche, lui donna envie de recommencer. C'est à grand peine, qu'elle n'en fit rien.
- Si j'accepte de te servir de modèle photo, tu vas me laisser tranquille? demanda-t-elle.
- J'accepte te lâcher après ça, répondit Noah en la rapprochant encore de lui.
- Et j'ai une condition à te soumettre.
- Des conditions?
- C'est à prendre ou à laisser.
- Je t'écoute.
- Débrouille toi pour que l'on ne voit pas mon visage sur le clichés que tu prendras.
Noah fronça les sourcils, l'air mécontent.
- Je me disais bien, que c'était trop beau pour être vrai!
- Je suis sérieuse, Noah.
Son ton était grave.
- Très bien. J'accepte... mais dis-moi: pourquoi tant de mystères?
- Tu n'aimes pas les mystères, Noah Greyson?
- Tu n'as pas idées à quel point je les adore! Et ne pense pas que j'ai oublié que tu me dois un dîner.
°°°