Chapitre 4 Chapitre 4†

Ça faisait de bonnes heures que j'écoutais mon fils qui tournoyait sur lui comme une toupie.

Il n'était pas si turbulent d'habitude mais bon...

Allez savoir ce qui pouvait se passer dans la tête d'un gamin de cinq ans.

Plongé sur mon ordi, je répondais par des « ,Ha bon ? » , « Mince ! », « quoi ? « sans véritablement lui prêter attention

_ Papa...

Maman était là... Avec son amie la pros.tituée vierge.

_ Pardon ???

Je quittai immédiatement mon laptop des yeux !

D'où sortait ce mot salace ? De l'école ?

........Que viens tu de dire Kevin ?

Lui intimai je.

_ Maman était là papa. Je l'ai vue !

Reprit Kevin sans se démonter.

_ Ok et après ?

_ Avec son amie la pros.tituée vierge. Répondit Kevin avec un sourire angélique, visiblement heureux de l'attention que je lui portais soudainement.

_ Hummm ok ! Et c'est quoi une pros.tituée vierge ?

Kevin parut réfléchir un instant avant d'ajouter...

_ C'est le travail de la copine de maman.

_ Laquelle ? Tatie Élise ?

Élise était d'ailleurs la seule amie de Sophie, ma défunte épouse.

_ Non ! Non ! Non !

Ajouta t'il en remuant son petit index devant moi.

Tatie Élise est infirmière et l'autre est pros.tituée vierge.

C'est pas pareil papa !

Bien sûr que ce n'était pas pareil bon sang !!!

Je toucherais bien un mot au directeur de cette fichue école.

Ou peut être l'avait il entendu à la télévision ?

Dans ce cas, la nounou aurait des explications à me fournir !

Avec exaspération, je me dis qu'il valait mieux rester calme afin d'obtenir d'avantage d'informations.

De peur de le frustrer et l'empêcher de parler. Je lui lançai un rire rauque qui sonnait faux à mes propres oreilles.

Défaut professionnel.

_ Hahahahah ! Tatie Élise fait des piqûres et soigne des personnes malades.

Mais que fait une prost... Enfin...

L'autre copine de maman ?

Balbutiai je.

Kevin réfléchit encore un instant et son visage s'illumina...

_ Elle protège la vierge papa !

Elle travaille à l'église et elle protège la statue de la Vierge Marie.

Lança Kevin en sautant sur ses pieds l'air victorieux, comme s'il venait de gagner au Loto.

Drôle de métier au vingt et unième siècle !

Au moins, il ne connaissait pas la réelle signification.

Me dis je soulagé.

Néanmoins je comptais bien questionner la nounou à son retour lundi.

Ou en faire part à l'école.

Avec le nombre interminable de procès et d'interventions sur le terrain en cours, j'avais de moins en moins de temps à accorder à mon fils.

Néanmoins, je mettais le paquet pour lui assurer une éducation digne de ce nom.

Mon cœur se serra quand je pensai soudainement à Sophie...

Si belle, si douce ,si maternelle...

Allais je pouvoir survivre sans elle ?

Et Kevin ?

Pourrait il grandir et s'épanouir comme tous les enfants de son âge ?

Sans aucune séquelle émotionnelle ? psychique, psychologique ?

Je pensais encore au documentaire que j'avais vu hier soir.

On n'y disait que les petits garçons qui grandissaient sans leur mère étaient enclins à la froideur émotionnelle...

Voire à la violence !

Qu'ils finissaient par avoir des relations tumultueuses une fois adulte, notamment avec la gente féminine...

Et moi...

Moi j'étais mort ce jour où on m'annonça qu'elle avait rendu l'âme sur la route alors qu'elle revenait d'un funéraille.

Une collision entre un chauffeur d'agence qui essayait de doubler une voiture à vive allure et le véhicule qui transportait Sophie.

3 blessés et huit morts.

Ma femme n'avait pas survécu.

La seule femme que j'aie jamais aimé, était décédée à cause d'un inconscient qui, lui accusait l'étroitesse de la route.

Je n'avais que foutre de ses explications à la noix ! Je devais faire subir un coupable au risque de devenir fou !

Étant Procureur , j'avais les arguments et les relations nécessaires pour broyer ce misérable et faire fermer cette agence de pacotille de malheur !

Ce que je fis !

Mais cela ne m'avait pas aidé à me sentir mieux... Ma douleur était encore plus immense.

Trois hideuses années étaient passées mais la douleur était encore saillante comme ci c'était hier.

Mon ange...

Kevin n'avait que deux ans lorsqu'elle nous avait quittée.

Comment pouvait il se souvenir d'elle avec autant de précision ?

Devais je m'en inquiéter ?

Le faire suivre par un professionnel ?

Pourquoi cette fixation subite ?

Ces derniers temps, il parlait constamment d'elle...

Mon être se crispa quand je posai mes yeux sur mon fils. Il ressemblait tellement à sa mère...

Il était la seule raison pour laquelle je voulais encore continuer à faire partir de cette vie misérable.

Kevin était un socle pour mon existence à présent.

Ces dernières années, j'avais multiplié les heures de boulot et les conquêtes sexuelles pour échapper au poids de la culpabilité qui me rongeait...

Si seulement, je l'avais accompagné à ces maudites funérailles, Sophie serait peut être encore en vie aujourd'hui.

Si seulement...

Si seulement j'avais pu lui dire à quel point je l'aimais...

A quel point j'étais désolé...

_ Papa, regarde ! C'est le Kinder Joy !

S'exclama vivement Kevin en pointant l'énorme téléviseur qui surplombait le salon.

...... Je veux le Kinder papa s'il te plaît !

Kevin me faisait son regard de chat errant prêt à rendre l'âme.

_ Ok... Vas te servir dans le frigo !

Mais un seul compris ? Un seul !

Lui dis je.

_ Euh...Je voulais vous dire Monsieur...

Il n'y a quasiment plus rien à manger dans le placard...

Au frigo, il n'y a que les jus qui restent.

Lança la dame de ménage d'âge mûr qui vivait sous son toit.

Elle faisait déjà un peu partie de la famille. Car elle avait connu Sophie.

Elle était déjà là, un peu avant la naissance de Kévin.

C'est tout naturellement, qu'après la perte de Sophie, je lui avais demandé de s'installer à la maison de façon permanente.

Elle venait de s'attaquer au nettoyage de la grande table vitrée de la salle à manger.

_ Mais Ma'a Pauline...

C'est seulement maintenant que vous me le dites ?

_ Heuba ! Moi je vous ai dit ça depuis hier soir quand vous êtes rentré hein Monsieur !

Façon vous ne m'avez pas répondu là, je n'ai pas moi insisté. Vous aviez même l'air d'être déjà un peu bon. L'alcool ooo hum !

En tout cas, Il ne reste que les pommes de terre dans la maison ci.

J'ignorai sa remarque sur l'alcool.

_ D'accord ! J'appelle le chauffeur et je vous donnerais de quoi faire le marché.

_ Oui peupa...

A l'heure ci comme ça, je ne sais même pas si on va encore trouver quelque chose à Sandaga.

..... Il est même déjà midi ooo

Je me retournai vers mon petit bonhomme en m'écriant :

_ QUI VEUT UNE PIZZA ?

_ MOI ! MOI PAPA !!! Une grosse pizza et aussi beaucoup de Kinder Joy.

....... Comme ça je vais te laisser bien travailler sur l'ordinateur sans te déranger !

Ajouta il le regard malicieux.

_ Hahahahah !

Bien sûr fiston ! Beaucoup de Kinder !

Décidément les meilleures cibles marketing au monde restaient les gosses.

L'une des meilleures façons d'influencer les acheteurs était de passer par ces petits manipulateurs.

Pensai je admiratif face à l'ingéniosité dont il faisait preuve pour obtenir ce qu'il voulait.

De toute façon, je comptais m'accorder un petit moment de répit et savourer un instant Père/fils.

Et puis si Ma'a Pauline était une as de la cuisine... Sélectionner les articles au super marché n'était pas son fort.

C'est à peine si elle savait faire la différence entre des Kellogg's et des céréales bon marché.

Je pensais encore aux emplettes de la dernière fois et un sourire moqueur se forma sur mon visage..

Franchement...

Qui confond encore les raisins et les olives de nos jours ?

Même moi je savais faire la différence bien qu'étant un homme.