Je rentrais chez moi exténuée par les évènements de la journée.
Après une longue douche froide je me décidai enfin à consulter mon téléphone.
Parmi tous les appels et messages vocaux en absence, quelques uns de ma cousine Leila, avec qui on s'entendait à merveille.
Leïla était Bangoulap de père et moi Bandjoun.
Nos mères étant sœurs...
Nous avions toujours été proches et ce, dès l'enfance.
Quelques années plutôt, elle s'était envolée pour la Suisse, mais visiblement elle n'arrivait toujours pas à s'adapter à sa nouvelle vie.
Elle avait encore laissé plusieurs messages vocaux.
_'' Sarah je ne supporte plus cet endroit...
Ma sœur, Si ce n'était pas le travail ci, je "rentrais moi" mami !
......... Deux ans sans ntouma ? Owouoooo !
Ici les femmes se masturbent seulement hein ?
Les choses du diable meuma.
........ Tu cherches même à piéger un blanc pour faire l'enfant pour avoir les papiers... Il n'y a pas moyen !
.......Même les vieux- vieux blancs ridés là sont déjà sages !
......... Les gars sont armés jusqu'aux dents ! Ils marchent avec les paquets de préservatifs ici comme ci c'était leur carte d'identité.
........ Même le salopard de Fabrice qui vit ici... Le même qui me courrait après quand j'étais encore au pays... Tu te rappelles de lui non Sa' ?
Meuma il m'évite !
Tu te rends compte ?
........ Je veux même le piéger pour lui donner les fesses cadeau, il esquive !
........ Quand ils viennent au pays nous sommes leurs gibiers, mais une fois ici, ce sont eux les gibiers.
........ Moi Leila Nana, la peau de lune Bangoulap, je dois à présent supplier le p.é.n.i.s ?
Tu te rends compte Sarah ?
Tu te rends compte ?
.............
...........
...........
..........''
Leila enchaîna plusieurs d'autres voices plaintifs sans prendre un moment pour respirer.
_ "HAHAHAHAH !
M'exclamai je tout haut
...... Concombre pour les vaginales...
Essaie pour voir chérie !"
La narguai je en riant dans un vocal.
Leila avait encore commencé sa crise d'hystérie. Genre moi-même ça me laissait ?
Le jet puissant de mon robinet de douche en savait quelque chose.
Honneur aux clitoridiennes !
D'autres messages attirèrent mon attention.
Onze messages et vingt trois appels vidéos en absence de ma mère.
Elle avait un soucis ou quoi ???
Me demandai je affolée.
Un petit rire s'échappa de ma gorge quand j'ouvris le premier voice note.
Une histoire de foufou sauce gombo et crabes... Tout ce raffut ménage pour seulement ça !
Comme on était Samedi, elle m'avait réservée deux boules dans la glacière car elle savait que j'en raffolais. Disait t'elle
Mais comme je ne répondais pas elle s'était inquiétée.
1_" Voilà ton frère qui marche encore avec Steve... Le voyou d'à côté qui a les locks là...
....... Le gars là comme ça... Une grosse voiture bizarre vient souvent le déposer tous les soirs.
.........C'est comme ça que la secte commence !
........Quand je parle à ton frère, il me fixe dans les yeux comme s'il veut me taper. Tu te rends compte Sarah ? Ton frère veut déjà me tuer ! "
Et ...
2............
3...........
4...........
9"...Le foufou là va refroidir hein ?
Je n'ai pas mis l'huile dans la sauce là, comme tu fais le régime. Les crabes là sont alors gros gros comme tu aimes !"
10..."C'est comme ci la connexion est finie hein ? Pourquoi tu ne réponds pas, mais je vois ta photo ?"
11... "La coiffure ci te va bien jusqu'à. Tu achètes ma part de mèches comme ça quand ?"
Wouaaaa la mère ci !!!
Visiblement elle avait oublié que le Samedi était désormais un jour actif pour moi.
Je commençais sérieusement à me demander si j'avais bien fait de lui offrir un téléphone androïd.
Quand elle avait son petit téléphone, je ne souffrais pas autant.
Je la rappelai un peu plus tard pour la rassurer.
"_ Je suis encore bien vivante maman...
Non ! Des extraterrestres ne m'ont pas kidnappée !"
Je l'invitai à venir me rejoindre demain après l'église .
Elle insista quand même pour ramener la bouffe.
_'' Quand ça dort comme ça, ça devient encore plus sucré. Ma sauce gombo peut tirer même après une semaine, tu connais non ?
_ "Oui Maman... Je sais !
Répondis je amusée, avant de lui souhaiter une douce nuit''.
Cette nuit là, mes rêves furent peuplés d'une femme étrange qui sanglotait.
Plus j'avançais pour la rejoindre...
Et plus elle s'éloignait...
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A mon réveil, J'enfilai un t-shirt ample avant de me diriger pieds nus vers la cuisine et mettre la cafetière en marche.
Le café...
Mon carburant, je ne pouvais m'en passer. J'aimais son odeur enivrante.
Ça avait toujours le don de m'apaiser
Déjà onze heures.
Wowww !!!
J'avais dormi autant ? Ma nuit avait été agitée mais je m'en rappelais vaguement les détails.
Après ma routine d'hygiène buccale, J'entrepris de ranger un peu mon dressing et inspecter le frigo.
Presque vide...
La bonne ne se pointerait pas aujourd'hui car c'était son jour de repos.
Je mettais toujours la musique le Dimanche.
Mais pas les musiques religieuses.
Déjà trois fervents croyants dans la famille et c'était déjà assez suffisant !
Ceux là vont prier pour moi !
Me dis je en soupirant tout bas...
« Bluetooth Smeuk ! » ou c'était même ça ooo ?
La voie de la femme emprisonnée dans tous les baffles bluethooth du Cameroun venait de donner le coup d'envoi.
Pensai je amusée.
En pliant mes vêtements et en sirotant mon café brûlant, je me mis à onduler les hanches sous les ondes magnétiques de la musique qui se propageait dans la maison.
~ Fais moi câlin, fais moi câlin ...
Fais moi bisou ou ou...
~ Embrasse moi, Embrasse moi partout wou au lever du petit matin.
Wouaaa...
S'il y'avait bien un son capable de vous mettre dans une mélancolie sexuellement frustrante c'était bien celui-ci !
La jachère allait finir par me tuer.
Oui, la jachère était un virus mortel.
Du haut de mes trente trois ans... Le plaisir de la chair me manquait terriblement.
Certes, ça ne faisait que trois mois que j'avais jeté mon ex.
Mais en y pensant bien, la dernière fois que j'avais réellement pris mon pied c'était à mes vingt quatre – vingt cinq ans par là.
M'en souvenais je même encore bien ?
Huit ans à simuler pendant les ébats sexuels, huit ans à maîtriser l'art du gémissement, huit ans de frustration.
Huit ans sans atteindre l'orgasme ...
Je me mis à chanter à voix haute.
~ Pourquoi pourquoi pourquoi oiaa ?
~ Pourquoi toujours moi awn ?
~ Qui doit souffrir en Amour ?
~ Pourquoi toujours moi ? AYO !
.... Qui doit "mou.rir" en amour OO
Mais très tôt, je m'étais prise de passion pour la vie de luxe et j'avais mis un terme aux plaisirs éphémères d'un moment.
Après ma dernière jouissance, place à la réalité !
L'amour donnait l'argent ?
Ça achetait les vêtements de marque ou les voitures de luxe ?
Ça payait les vacances à Ibiza ?
Hopeuta !
Non seulement, ça ne payait pas les factures mais cela ne me permettrait aucunement d'atteindre mes objectifs.
Ça aussi je l'avais compris très tôt .
Et très tôt j'avais cessé de faire la différence entre un homme physiquement attirant et Un physiquement rebutant !
Enfin c'est ce que je me disais...
Mais quand du jour au lendemain, le chien vert de Dongmo m'avait annoncée qu'il avait tout perdu...
J'avais piqué une crise d'hystérie !
Ha parce qu'en plus de subir la frustration sexuelle, la frustration du goût simulé, je devais aussi subir la frustration du manque d'argent ?
J'avais subitement eu envie d'étriper toutes ces filles qui moins jolies que moi, avaient elles, le droit d'avoir de beaux hommes à leur côté.
Sentiment d'aigreur qui finalement démontrait bien que je ne me foutais pas tant que ça du physique masculin attrayant.
Bref ...
Tant qu'il y'avait l'argent, je pouvais opter pour la carte du déni mental.
Beubeula...
Dongmo disait avoir placé tout le capital actif de sa fructueuse société immobilière dans une Entreprise de Crypto monnaie, qui du jour au lendemain, avait mis la clé sous le paillasson en laissant ses membres actionnaires dans l'émoi total.
Dongmo qui faisait prêt de cent vingt kilos avait perdu près de vingt kilos du jour au lendemain et dépérissait à vue d'œil.
Sa perte de poids aurait pu être un avantage pour moi...
Quand je pensais à la façon dont il fallait écarter les jambes dans un angle 90° pour le chevaucher pendant des minutes interminables avant qu'il n'atteigne l'orgasme.
Je me demandais souvent si les gars embonpoints se rendaient bien compte des crampes violentes qu'on pouvait supporter pendant les ébats sexuels.
Mais non...
La relation avait tenu quelques temps grâce à ses dernières économies.
Mais du jour au lendemain, il avait voulu me reprendre la voiture pour la revendre.
Mon sang avait fait un tour dans ma tête.
_ Mon amour...
Je n'ai plus rien !
La Crypto monnaie m'a fini ! Fini !
Je t'en achèterais une autre plus tard bébé...
M'avait il balancé abattu.
....... Je croule sous le poids des dettes. Je n'arrive plus à gérer les factures de ma maison. Ta co-épouse a dû...
_ STOP ! Hey peupa, pardon !!!
........ Ne me parle pas de ton épouse. Ce que vous faites ne me concerne pas !
Lui avais je balancé irritée.
........ Cette voiture je la garde ! Tu veux être polygame, Assume ce qui va avec, je ne t'avais pas appelé !
Rien n'empêchait son épouse de travailler.
Je n'allais pas me sacrifier pour une femme qui était plus préoccupée à mémoriser les condiments du taro pendant que je m'abimais les fesses sur les bancs de la fac.
_ Dongmo...
Ce sont mes années de grands écarts nocturnes et ma chatte consommée, que tu veux balayer du revers de la main ?
Lui avais je balancé folle de colère !
Seulement j'avais été naïve...
La voiture n'était pas à mon nom.
Il ne l'avait mise qu'à ma disposition.
Il me l'avait balancé en plein visage !
C'est fou ce que nous les femmes pouvons être naïves parfois.
Mes pieds ne touchaient plus le sol à cause d'un matériel qui ne portait même pas mon nom...
Toutes ces fois où j'avais brandi avec arrogance les clés de mon véhicule devant mes collègues femmes...
Tout !
Tout ça était révolu à présent !
Il m'avait récupérée le véhicule sans état d'âme et par sursaut d'orgueil...
Je lui avais balancé au visage que je ne l'avais jamais aimé avant de regretter plus tard.
On ne savait jamais...
Et si du jour au lendemain, il rentrait en possession de son dû ?
La Crypto monnaie restait un secteur incertain où tout pouvait changer du jour au lendemain...
Et puis zut mon humeur commençait à devenir morose.
Mieux valait ne plus y penser !
Je changeai nerveusement de musique.
Aka !
~ Je m'appelle Mani Bella
~ Aujourd'hui c'est Mani Money
~ Avant j'étais très gentille ooo , aujourd'hui cadeau finiiiiiii !
~ Mon Bonjour c'est cent mille !
~ Bonsoir, cent mille !
~ Mon numéro cinq cent mille !
~ Mon tchoú keūdé le million !
Oui ça... c'était exactement ça...
Ce son me correspondait mieux.
Me dis je en balançant mon postérieur de gauche à droite, bien décidée à faire dissiper toute cette frustration matinale sous le rythme endiablé d'un bon Bikutsi.
Quelques secondes plus tard, on sonna à la porte d'entrée.