Je repars le matin à l'école avec une certaine appréhension. Je n'arrête pas de voir des choses totalement bizarres, qui me font froid dans le dos. Et cet espèce d'horrible cauchemar que je n'arrête pas de faire depuis des jours maintenant. La fontaine, les pouvoirs, les sorciers, serais-je en pleine crise d'adolescence ? Sérieusement j'ai dix-huit ans, on ne peut pas vraiment parler d'une crise d'adolescence, sauf si elle est tardive. Je pousse un soupir et je me gare dans le parking du lycée, pour la première fois de ma vie, je suis en retard. Ça ne m'est jamais arrivé, vous comprenez donc à quel point je suis fatiguée. Je descends de la voiture, lorsque je me tourne pour verrouiller les portières, je vois le visage de ma mère sur les vitres, je pousse un cri de surprise et je recule d'un pas, je me heurte à quelqu'un et toutes mes affaires se retrouvent par terre.
- Ça va ?
Sans même me tourner, je sais que c'est lui, je connais son odeur par cœur et je connais aussi les effluves de son parfum, un mélange de forêt et de terre que je trouve vachement sexy. Je me mords la lèvre inférieure, puis je me tourne pour lui faire face.
- Il y'a pas dire dit-il en se baissant pour ramasser le crayon qui a glissé jusqu'à ses pieds. Tu es la fille la plus maladroite qui existe.
- Je suis...
- Pitié ne t'excuse pas, qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je...
Comment expliquer à ce mec super canon que voyais le visage de ma mère partout où j'allais et qu'elle me dit des choses complètement bizarre et sans aucun sens.
- J'ai vu une araignée.
- Une araignée ? Tu as peur des araignées. Je lui dis oui de la tête et il sourit, je passe ma main dans mes cheveux et son regard fixe un instant mon bras. Je suis son regard et je me rend compte qu'il regarde le bracelet qu'il m'a offert. Je l'ai mis aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai décidé de le porter finalement.
- Il est magnifique lui dis-je, merci. Il secoue la tête et veut s'en aller mais je le retiens par le bras.
- Comment as-tu su que c'était mon anniversaire ?
Il se tourne vers moi et me regarde.
- Je sais tout de toi Elektra Hamilton. Puis il regarde nos mains entrelacées et lève un sourcil interrogateur, je lâche sa main et il s'en va. Qu'à t'il voulu dire par je sais tout de toi ?
- Attends dis-je en essayant de le rattraper. Mais je suis tirée en arrière par Caleb, je me tourne vers lui et je lui lance un regard furibond.
- Petite rousse, ou vas-tu si pressée ?
Je regarde devant moi et je vois qu'Alphonse est déjà bien loin. Je pousse un soupir et je pose ma main sur l'épaule de Cal.
- Ça n'a plus aucune importance, il est parti. Je rêve ou t'es en retard ?
- Non tu ne rêves pas, je suis belle et bien en retard.
- Depuis quand ?
- Depuis je passe d'horribles nuits, à faire des cauchemars plus étranges les uns que les autres.
- Je suis désolé pour toi.
- Ça va t'inquiète et toi tu vas bien ?
- Ça ira bien le jour où tu vas enfin accepter de sortir avec moi.
- Cal... Je connais déjà la chanson, tu me vois comme ton frère et rien d'autre. Mais je ne suis pas ton frère et tu me plais vraiment beaucoup. Nous sommes heureusement interrompus par la cloche et le professeur qui nous demande de nous dépêcher. Nous courrons tous les deux pour entrer en salle de cours, je vais m'asseoir à coite de ma meilleure amie qui m'a comme toujours gardé une place.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Me murmure t'elle.
- Mauvaise nuit.
- Bien ! Dit le professeur de Géographie, maintenant que tout le monde est là nous pouvons enfin commencer. Aujourd'hui nous allons parler de L'Oregon... Dictée par une impulsion, je lève la main.
- Oui mademoiselle Hamilton ?
- L'Oregon est-elle la capitale de Salem ?
- Oui, c'est exacte.
- Que pouvez nous dire sur le massacre des sorcières de Salem.
- Eh bien dit madame Thomas en baissant la tête. Je ne suis pas vraiment votre professeur d'histoire dit-elle suscitant le rire général de la classe. Je peux vous dire que ça été quelque chose d'assez cruel, juger les gens sur leurs différences est quelque chose que je trouve toujours pour ma part vraiment injuste.
- Comment ont-elles été exécutées ?
- Elles ont été brûlées vives, femmes enfants, tout le monde.
Je baisse la tête horrifiée par son récit, c'est vraiment horrible de penser que des personnes aient pu ainsi souffrir à cause de leur différence.
- Mais il existe une légende, selon laquelle, il existerait une fontaine, aux pouvoirs magiques qui pourraient rendre aux sorciers leurs pouvoirs, mais comme je le dis ce n'est qu'une légende conclut mon professeur en se tournant vers le tableau. Une légende ou pas, je n'arrête pas de rêver de cette satanée fontaine, qui est censée rendre aux sorciers leurs pouvoirs, mais pourquoi est-ce que je suis la seule à rêver de ce truc ? Pourquoi je passe mon temps à voir le visage de ma mère partout où je vais ? Toute cette histoire commence vraiment à me faire peur.
Le cours s'achève et on sonne la pause. Mes amis et moi nous levons et allons à la cantine Caleb prend mon plateau le temps pour moi que je récupère mon jus de fruits. Je récupère enfin mon jus et lorsque je me tourne, Nancy renversé tout son plateau repas sur moi. Mon t-Shirt est recouvert d'une pâte gélatineuse verte et de la purée de pommes de terre de Nancy. Je suis tellement surprise que je reste un instant sans réagir, les bras écartés et la bouche ouverte. Et comme toujours elle arbore une moue faussement désolée.
- Je suis tellement désolée dit-elle sans même parvenir à cacher son sourire.
Je la regarde, j'ai un instant envie de laisser tomber et de partir comme d'habitude mais quelque chose me donne le courage d'arracher le plateau repas d'une de ses marionnettes et de le lui renverser sur son t-shirt et en prime, je lui arrose mon mon jus de fruit sur la tête. Elle est tellement surprise qu'elle arbore la même réaction que moi il y'a quelques secondes, elle est figée sans savoir comment réagir.
- C'est fini Nancy, je ne me laisserais plus faire. De l'autre côté de la salle, j'entends ma meilleure amie applaudir en criant.
- Ça s'est ma copine. Et Caleb est mort de rire. Je quitte le réfectoire pour aller me nettoyer dans les toilettes. Je m'arrête un instant devant le miroir et je me regarde, mon t-shirt blanc est fichu et je l'aimais vraiment papa et moi l'avions acheté ensemble lors d'un voyage et cette grosse conne vient de me le détruire. Je souris encore quand je pense à ce qui vient de se passer là, j'arrive vraiment pas à croire que ce soit moi qui ai réagi de la sorte. Mais il était grand temps, c'est moi qui ait donné ce pouvoir là à Nancy sur moi, mais il était grand temps que je le reprenne, jamais au grand jamais je ne laisserais plus l'opportunité à cette fille de m'humilier de la sorte.
La porte des toilettes s'ouvre sur elle, elle me regarde avec une haine non la dissimuler.
- Tu vas me le payer me dit-elle.
- Si tu essayes de me faire quoi que ce soit, je te noies dans la cuvette des toilettes. Elle me regarde comme si elle avait toutes les peines du monde à me reconnaître. Ça tombe bien, moi non plus je ne me reconnais pas.
- Tu te crois sans doute de taille à rivaliser avec moi ?
- Je ne rivalise pas avec toi, personne ne peut avoir autant de venin dans le corps que toi et je ne veux sûrement pas en avoir. Tu m'as renversé de la nourriture dessus et cela sans que je ne te fasse rien. Tu martyrises les autres et tu essayes de les piétiner à chaque fois que tu veux mais sache qu'avec moi, c'est fini. Je termine de nettoyer mon t-shirt du mieux que je peux et je sors sous le regard ébahi de Nancy. Je rejoins mes amis sur notre table habituelle et Luna me dit. Je ne sais pas ce qui s'est passé là, mais j'ai adoré te voir la remettre à sa place. Je ne me laisserais plus faire, c'est fini. La Elektra fragile et faible n'existe plus.
- Salut papa ! Dis-je en allant embrasser mon père assit au salon.
- Ma princesse. Comment tu vas ?
- Assez bien, toi par contre tu m'as l'air épuisé.
- Le travail, tu comprendras quand tu seras plus grande.
- Où est ta mère ?
- Elle est allée à la boutique.
- D'accord. Je vais aller prendre une douche. - Je te monte ta tasse de thé.
- Merci mon cœur.
Je regarde mon père monter dans sa chambre et je souris. Puis je me dirige vers la cuisine lui préparer sa tasse de thé, une infusion à la camomille pour apaiser sa tension et faciliter son sommeil. Mon père est avocat, l'un des plus grand dans cette ville où nous vivons, il doit parfois se déplacer pour aller dans d'autres pays, et son travail lui cause beaucoup de stress. Ma mère quand à elle dirige une boutique d'antiquités, elle vend des objets très anciens et rares, elle a deux employés qui travaillent pour elle et ne se rend à la boutique que quand c'est vraiment nécessaire. Mais la principale richesse de mon père lui vient de mon grand-père. Qui était un architecte de renom. Il vit à New-York et vient souvent nous voir de temps à autre, il me fait peur, je le trouve austère. Mais bon qu'est-ce que j'y peux ? C'est mon grand-père, le père de mon père. Je lui dois le respect.
Mais une fois qu'il est parti, je n'en ai plus rien à faire. Je monte la tasse de thé de mon père, je le trouve allongé sur le lit derrière son ordinateur.
- Si maman le savait, elle te tuerait dis-je en lui tendant sa tasse de thé.
- Et c'est justement pour cette raison que je compte sur toi pour ne rien dire. Merci dit-il en la prenant.
Je m'adosse sur la commode et je le regarde travailler. Je souris, je réalise la chance que j'ai de les avoir dans ma vie. J'aurais pu tomber sur des parents abusifs, qui m'auraient maltraités et n'en auraient rien eu à faire de moi. Mais je suis tombée sur des parents aimants, attentionnés et qui m'adorent.
- Tu souris ? À quoi tu penses me dit mon père en m'ouvrant les bras. Je monte sur le lit et je me blottis dans les bras de mon père.
- À quoi pensais tu ?
- Je réalisais juste la chance que j'ai de vous avoir dans ma vie.
- C'est nous qui avons eu de la chance. Lorsque Sarah est arrivée ici, avec ce tout petit bébé dans les bras et qu'elle nous a dit qu'elle nous le confiait à ta mère et à moi, nous étions les plus heureux au monde.
- Pourquoi maman ne peut t'elle pas avoir d'enfants ?
- Elle a subi une opération quand elle était jeune qui a détruit son utérus. Et moi je n'ai jamais envisagé une seule seconde d'avoir un enfant qui ne serait pas d'elle, alors quand Sarah est venue avec toi, c'était une bénédiction.
- Parle moi de ma mère s'il te plaît.
- Sarah ? Je lui dis oui de la tête. Sarah était quelqu'un d'assez spéciale, nous mêmes qui étions ses amis, je ne peux pas t'assurer qu'on la connaissait vraiment. Elle était très secrète, et semblait tout le temps se protéger de quelque chose ou de quelqu'un. Elle entrait souvent en transe par moment. Elle était là, sans vraiment être là. Un peu comme moi, ne puis-je m'empêcher de penser.
- Mais c'était aussi la femme la plus gentille et la plus douce que la terre ait jamais portée, elle se souciait de tout, même des animaux, nous l'aimions malgré le fait que nous savions qu'elle nous cachait des choses, elle nous disait juste que c'était pour nous protéger.
- Elle vous parlait souvent de sorcière ? Il semble réfléchir et me dit.
- Non pas directement, mais elle croyait vraiment en ces choses, les trucs comme des miroirs brisés ou encore ouvrir les parapluies à l'intérieur toutes ces légendes de sorcières, elle y croyait vraiment.
- Vous vous faites une séance de câlins sans moi ? Demande ma mère en entrant dans la chambre.
- Jamais nous n'oserions faire quelque chose de la sorte dit mon père en lui faisant de la place.
- J'espère bien. Ma mère aussi vient se blottir dans les bras de mon père et nous restons là tous les trois pour un câlin de famille.
- Je vous adore tous les deux dit ma mère.
Je souris et je décide de m'extirper de tout cet excès d'amour.
- Vous finirez par mourir d'amour tous les deux.
- Espèce de fille sans cœur dit-elle.
Je lui tire la langue, elle me lance un oreiller sur la tête et je cours dans ma chambre. J'arrive dans ma chambre et je vais me changer, je m'arrête un instant devant la fenêtre, là lu e est belle, magnifique, elle a quelque chose d'hypnotique, quelque chose de magique. Un corbeau vient se poser sur les rambardes de ma fenêtres, je souris, au moment où je veux tirer les rideaux, il se frappe la tête sur la vitre. Je le regarde surprise, j'essaye de la chasser de là, mais il recommence.
Encore et encore.
- Non arrête !
Mais le corbeau se frappe de plus en plus fort contre la fenêtre, jusqu'à ce que ke cervelle et du sang sorte de sa tête, il se frappe une dernière fois et tombe raide mort sur mon parquet. Et là je hurle. Mon père entre dans ma chambre en trombe.
- Ma chérie que se passe t'il ? Du doigt, je lui montre l'animal qui se vide de son sang à l'extérieur.
- Oh non dit ma mère en venant me prendre dans ses bras.
- Chéri tu t'en occupes ? Que s'est-il passé ma puce ?
- Il a commencé à se frapper tout seul contre la vitre de la fenêtre. J'ai bien essayé de le chasser mais il refusait de partir dis-je avant d'éclater en sanglots.
- Je suis vraiment désolée ma puce. Mon père alla chercher un sac poubelle pour ramasser l'oiseau mort et nettoya le sang. Je restait pétrifiée assise contre ma mère. Une fois finit, mon père se tourne vers moi et me demande si je vais pouvoir dormir seule. Ça ira ne vous en faites pas.
- Au moindre besoin tu nous appelles d'accord ?
- D'accord. Je leur souris et je retourne me coucher, des choses de plus en plus bizarres se produisent autour de moi et je ne comprends absolument pas.