-Attends Saly, fermes les yeux juste une minute que je puisse l'envoyer dans sa chambre d'abord (en lui montrant de la tête notre fille blottie contre ses jambes)
Elle hoche tristement la tête en regardant sa benjamine, et je contourne le lit pour la réveiller.
-Mame Bousso, Mame Bousso diougueul dem sa neek ( va dormir dans ta chambre)
Elle se met assise en frottant ses grands yeux noirs qu'elle a hérité de moi. C'est peut-être la seule chose qu'elle a pris de son père cette petite.
-Ah c'est toi papa ! Danio nodou(C'est déjà l'heure de la prière) ?
-Non pas encore, mais tu peux prier dans ta chambre aujourd'hui. Je pense que j'irai à la mosquée.
-D'accord. Mais je peux rester avec maman jusqu'à ton retour dans ce cas non ?
-Il est à peine 3h30 du matin. Je vais m'allonger un peu avant d'y aller, la natte commence à me donner des courbatures(sourire).
-Désolée papa. Je suis égoïste , je monopolise ta place depuis que tu es là(se mettant debout)
-Ne t'inquiètes pas pour ça ce n'est pas grave. Maintenant vas-y avant qu'on ne réveille ta mère.
Elle regarde longuement dans sa direction comme si elle ne voulait pas s'en aller.
-D'accord papa j'y vais. Je vais juste..... lui donner un bisou avant.( J'acquièce de la tête en souriant).
Leur relation a toujours été complexe pour moi. Elles ne m'ont jamais permises d'entrer dans leur bulle.
Depuis un mois que je suis là, Mame Bousso dort toujours avec sa mère. Il paraît même qu'elles ont toujours dormi ensemble, mais comme je ne venais à Dakar, qu'une fois tous les mois et n'y restais qu'une semaine, elle me laissait la place pour dormir dans sa chambre.
Cependant, cette fois ci elle ne m'a pas laissé cette faveur sûrement à cause de la santé de sa mère qui s'est largement détériorée. Je passe donc la nuit sur ma natte de prière ou si je suis trop fatigué je la pousse juste au milieu et me couche de l'autre côté.
J'ai appris plus de choses sur ma fille pendant ce mois qu'en 17ans. Elle et sa mère ne font pas que dormir. Non. Elles passent la moitié de la nuit à parler et j'avoue que j'ai été agréablement surpris.
Mame Bousso malgré ses airs d'enfant gâté est bien plus mature que la plupart des filles de son âge. Et ce qui m'a le plus marqué c'est qu'elle a une culture religieuse très riche. Elle est pieuse, ça je l'avais déjà remarqué durant mes nombreux séjours. Et pour ça je devrai remercier Lahad.
Mais durant ce mois c'est comme si sa mère la préparait subtilement à affronter la vie sans elle.
Elles abordaient tous les sujets et j'entendais même ma femme rire aux larmes malgré sa maladie.
Mais hier soir, j'ai découvert pourquoi elle ne s'est jamais inquiétée comme moi du comportement de sa fille.
En effet, je lui ai souvent reproché le fait qu'elle la couvait beaucoup trop. Mais elle m'a toujours répété que Sokhna me surprendrai si j'apprenais à mieux la connaître, J'aurai dû.
Hier, après avoir fait le tour de sujets aussi banals les uns que les autres , elles ont débouché sur un qui a particulièrement suscité mon intérêt. J'ai même suspendu ma lecture pour mieux les écouter discrètement.
Sa mère lui demandait comment elle a trouvé le documentaire qu'elles ont regardé ensemble sur les différents prophètes et ce qu'elle avait retenu du livre sur la vie du Prophète avec ses épouses et celui de la vie de AICHA après la mort du Prophète (psl). Une discussion digne d'un professeur et son élève.
Elles m'ont même fait rire quand, parlant des épouses du prophète (psl) , tandis que sa mère avait une préférence pour KHADIJA, Mame Bousso préférait AICHA et chacune d'elle défendait férocement sa position. J'étais sur le point d'intervenir quand sa mère a clos la discussion en lui citant une phrase que chaque mère devrait dire à sa fille avant qu'elle n'entre dans sa chambre conjugale. Elle lui a juste dit que ce qu'on devait tirer de ces histoires c'est simplement qu' « une femme doit témoigner un soutien infaillible et désintéressé à son époux peu importe qui il est ou ce que les gens en disent comme l'a fait yaye KHADIJA, et l'aimer d'un amour pur et inconditionnel comme yaye AICHA».
Je ne regretterai jamais d'avoir épousé Salimata Diop.
Mame Bousso s'en alla en me souhaitant une bonne nuit et je me retournai pour tomber sur les yeux larmoyants de ma femme.
-Ne pleures pas Sama Ouroul Hayni(elle sourit). Tu as toujours été forte. Tu as été MA force Salimata. N'aies pas peur, tu as assez résisté. Il faut que tu te reposes maintenant.
-Je n'ai pas peur de la mort Oustaz. Dama gnéwanetal khaléyi rek( j'ai juste de la compassion pour mes enfants)
-Les enfants iront bien Saly. Regardes ce que tu as accompli ? Ils sont forts et pieux et ils ont réussi. Même Mame Bousso la plus petite a déjà la tête sur les épaules. Tu ne peux rien faire de plus. Et je te promets de les accompagner pour ce qui reste.
-Dieureudieuf AIDARA. Merci pour toutes ces années. Je te demande pardon pour tout . Balma akh.
-Je n'ai rien à te pardonner Saly. Sant nala gueureum nala.(je te remercie et te suis reconnaissant pour tout).Et si ton paradis se trouve sous mes pieds saches que tu l'as gagné. Je te bénis au nom d'Allah et je peux te le dire maintenant Salimata DIOP saches que tu es et resteras toujours ma préférée. Vas en paix !!
-Merci Oustaz...
Je prend la bouteille de zam zam( eau venant de la Mecque) et lui en sers un verre qu'elle vida difficilement. Je m'installe ensuite sur le lit et pose sa tête sur mes cuisses pour lui réciter la sourate YACIN. Elle a toujours aimé m'entendre réciter le CORAN.
Avant que je ne termine je l'entendis dire « Allahou Akbar » et puis...plus rien.
Je lui clos les paupières termine ma lecture. Et pour la première fois, depuis la mort de ma mère, des larmes de tristesse coulent de mes yeux. Je pleure souvent quand je récite le CORAN. Ce qui est normal quand on comprend le livre Saint.
Mais aujourd'hui je pleure ma moitié. La personne la plus importante de ma vie vient de me quitter.
Je lui souffle des douas sur la tête et embrasse son front.
-Tu vas me manquer sama OUROUL HAYNI(ma femme du paradis)
Au même moment à la sortie de l'Aéroport
Seydina Omar KEBE
-Putain de merde, Omar tu fais chier , dépêches toi merde.
-Relax man, pas la peine de t'exciter on est bien arrivé non.
Je rigole en voyant la tête que fait mon jumeau. Il est trop sérieux ce mec.
-Oui c'est ça on est bien arrivé. Mais à quel prix hein. Non seulement je suis sale, je manque de sommeil et le comble on va devoir trouver un taxi avec ta surprise de merde. J'aurais dû prévenir Maman et ne pas te laisser m'entraîner dans tes délires.
Et c'est reparti pour un tour, Il va mourir jeune le mec. Il est beaucoup trop nerveux. Est-ce de ma faute si je me suis un peu trompé sur la durée d'escale de notre vol ?
Moi : Bah fallait pas me laisser avec toute cette paperasse.
Ousmane : Mais quelle paperasse ? Si t'es incapable de faire correctement une simple réservation en ligne, je ne sais pas à quoi tu sers Omar.
Moi: Et toi qui n'a pas été fichu de valider toutes tes unités à la première session nak. On en parle de ça. C'est à cause de toi si papa nous a laissé là-bas en Juin je te signale.
Et bam dans ta face Brother. Je suis sûr qu'il va pas répondre. Trop fier.. pfff
Ousmane(ouvrant la portière d'un taxi) : Ok maintenant débrouilles toi pour te trouver ton taxi. On se retrouve chez tata Saly. ADIOS.
Il blague ou.... Non non il est même sérieux le mec.
Moi( courant vers lui avec mon trolley) : Hey attends moi Connard, je n'ai pas de CFA sur moi
Je me précipite de mettre mes valises dans le coffre et m'installer sur le siège passager vu que l'autre crétin a déposé sa valise à côté de lui à l'arrière. Pfff... et c'est moi qu'on traite de jumeau maléfique. Trop d'injustices envers ma personne.
Le chauffeur s'installe et démarre en rigolant de notre petite altercation. Il doit nous prendre pour des cinglés(...)
Salut les gens, au fait c'est moi le BG Seydina Omar KEBE ou Omzo. Je débarque de Londres avec l'autre nerveux de Ousmane mon jumeau avec qui vous venez de faire connaissance.
S'il est remonté comme ça, c'est parce qu'on vient de passer pratiquement 10h à l'Aéroport CHARLES DEGAULLE à Paris parce que je me suis trompé pendant la réservation. Faute de frappe héhé...
De plus, personne n'est venu nous chercher parce que je l'ai convaincu de faire une surprise à notre troisième mousquetaire RADIA( sokhna diarra). Du coup bah, on va se débrouiller avec le taxi pour rentrer à la maison comme des grands.
Y'a pas de quoi en faire tout un plat. Si ?
***
-Fane la ci mamelles (vous allez de quel côté des Mamelles)? C'est le chauffeur qui vient de me faire comprendre qu'on est presque arrivé.
Je laisse Ousmane lui indiquer le chemin et je regarde l'heure. Il est 4h40 du matin. Good !! On arrivera avant que personne ne se réveille.
J'allais prendre mon téléphone pour appeler Lahad via whatsapp pour qu'il nous ouvre la porte en douce, J'ai appris qu'il est à Dakar depuis deux jours. Mais je suspends mon geste quand le taxi s'immobilise devant la maison et que la porte s'ouvre sur grand Moctar le cousin de ma mère.
Moctar : Salut les gars ! Mais je ne savais pas que vous veniez. Votre mère est-elle au courant ?
Moi : Salut grand Moc. Non personne ne le sait. On voulait vous faire une surprise.
Ousmane( arrivant après avoir régler la course) : pff.. surprise de merde oui. Salut grand. Comment tu vas ? ( ils se tchek)
Moctar : Sant yalla men. Yalla len indi sakh( Je vais bien grâce à Dieu. Vous arrivez au bon moment). Entrez je vais à la mosquée chercher le brancard je reviens.
Moi(ahuri): Brancard ??
Moctar : C'est Mère Saly, elle e...
-Mais Moctar qu'est ce que tu f...
C'est LAHAD qui interrompit Moctar dans son monologue en débarquant. Mais il se tait lui aussi en nous voyant.
Lahad : Les jumeaux ? Mais qu'est ce que vous faites là ? Depuis quand êtes vous arrivé ?
Ousmane : Bonjour Lahad. On vient d'arriver à l'instant.
Moi : Salut grand. J'allais t'appeler mais on est tombé sur Moctar qui sortait.
Lahad : Je vois. Mais fallait me prévenir j'allais venir vous chercher à l'Aéroport.
Ousmane : C'était une surprise. Mais je vois qu'on arrive trop tard pour maman Saly n'est ce pas ?
Lahad : En effet. Mais vous tombez malheureusement bien, j'aurai besoin de vous pour gérer les filles. Venez, on va à l'intérieur. Vous allez déposer vos bagages en attendant que Moctar revienne avec la civière. Vous allez nous aider à amener maman à la morgue avant le réveil des filles.
On le suit à l'intérieur. Mes pas étaient lourds et j'avais les yeux humides mais si j'osais pleurer ou même montrer un signe de faiblesse devant Lahad. Il va bien me remonter les bretelles avec des hadiths ou des sourates à l'appui comme quand on était plus jeunes.
En traversant la véranda, on entend une voix étouffée par des sanglots. On laisse nos valises devant le salon et nous rapprochons des voix. Je retrouve Oustaz, le père de mes cousins debout devant ma mère qui pleure doucement.
-Ramatoulaye, Ramatoulaye, Ramatoulaye gueumeul yalla(crois en dieu). Ta sœur n'a pas besoin de ça, elle a juste besoin de tes prières. Dit oustaz
-Je sais Oustaz mais c'est trop dure. Salimata a été mon père et ma mère. Qu'est ce que je ferai sans elle ? Répondit ma mère
-Tu feras ce qu'elle n'a pas arrêté de te demander depuis qu'elle connait son sort. VEILLER SUR SES ENFANTS. Mais avec ce comportement, je doute fort que tu puisses soutenir les filles. Donc reprends toi, et n'oublies pas qu'aucun d'entre nous n'échappera à ce jour. Ni toi, ni moi. Et tout ce dont nous aurons besoin ce jour ce sont des DOUAS mais pas des larmes qui n'ont aucune utilité parce qu'elles n'ont jamais fait revenir quelqu'un à la vie que je sache. "A Dieu nous appartenons, à Dieu nous retournerons"
-Laisses moi la voir une dernière fois stp Oustaz.. il faut que je dise au revoir à ma sœur. Dit-elle en reniflant
-Tu pourras la voir si tu veux. Mais tu attendras qu'on l'amène à la mosquée. Je ne veux pas que tu alertes les filles, ce sera plus difficile pour nous de la faire sortir d'ici.
Ousmane : Maman ?
Elle n'avait même pas remarqué notre présence, pendant tout ce temps on est resté silencieux en écoutant Oustaz. C'est un homme vraiment sage.
Maman (voix cassée): Oh mes bébés Vous êtes là ! Je n'ai pas arrêté de vous appeler depuis hier mais je n'arrivais pas à vous joindre. Je me suis inquiétée. Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que vous veniez?
Sacré maman. Elle n'arrêtera jamais de nous donner des petits noms. Compréhensible, nous sommes ses uniques enfants Ousmane et moi.
Moi : On voulait faire une surprise à Mame Diarra. On ne voulait pas qu'elle se doute de quelque chose.
Elles nous regarda tristement à l'entente du nom de Sokhna Diarra.
Maman : Si je vous ai appelé hier c'était justement pour ça. Pour que vous veniez. SOKHNA aura besoin de ses frères. Oh ma fille qu'est ce que je vais lui dire mon Dieu.
Elle recommença à pleurer tandis que je me dirigeais vers elle pour la prendre dans mes bras. Ousmane lui caressait juste le dos. J'ignore comment il fait le mec, mais il est de marbre comme indifférent à tout ça. Alors que je suis sûr qu'il est autant mal que moi si ce n'est plus. pfff... on dirait une armoire de glace.
Oustaz: Seydina Omar(je le regarde avec des yeux larmoyants).. N'oublies pas que tu es un homme... J'espère que vous n'êtes pas trop fatigués ?( si tu savais!!)... Amenez votre mère dans sa chambre et revenez. Il faut qu'on amène votre tante avant la prière.
J'accompagne maman jusque devant les escaliers et la laisse monter.
Je reviens au même moment que Moctar qui revenait de la mosquée avec une civière.
Oustaz nous demanda d'entrer dans la chambre. On dirait qu'il l'a déjà préparée. Le corps de maman Saly était bien emmitouflée dans un tissu blanc et dégageait une odeur parfumée.
Moctar et Lahad la déposèrent sur la civière en suivant les indications du vieux. Et chacun d'entre nous souleva un côté de la civière.
Nous sortons ainsi en direction de la morgue dans la mosquée à deux rues de la maison.
Nous y restons pour la prière de fadjr avant de reprendre le chemin du retour.
Ousmane( tapotant l'épaule de Lahad) : Désolé grand.
Lahad : Merci. Mais c'était aussi votre mère. Tout ce que je vous demande c'est de veiller sur Sokhna le temps que vous serez là
Ousmane : Tu peux compter sur nous mec.
Lahad : Appelez votre ami Ass Malick pour qu'il reste avec elle quand on ira à l'enterrement. La levée du corps aura lieu à midi et Oustaz a décidé qu'on l'inhumera à GUEOUL. Je sais que vous devez être fatigué par le voyage mais vous allez venir avec moi qu'on accompagne notre mère jusqu'à sa dernière demeure. Quand je vous apprenais le CORAN c'était aussi pour des jours comme celui-ci.
Vous en doutiez ? Comme tout bon musulman et Saint louisien digne de ce nom on a aussi mémorisé le CORAN mon frère et moi. Ça a juste pris beaucoup plus de temps, puisqu'on a pas été à l'internat comme Lahad et qu'on allait aussi à l'école en même temps .Mais on y est arrivé. Danio saï saï rek( on est juste terrible). De plus Lahad lui c'est le High level hein. Non seulement il mémorise mais il le comprend aussi dafa mokal alkhour'ane Masha'Allah. (Il maîtrise trop bien le Quran)
Je demande à Ousmane d'appeler Ass Malick et je me dirige vers la cuisine pour faire un petit déjeuné à Diarra avant qu'elle n'apprenne la nouvelle.
Je sors avec le plateau et d'un signe de la tête, je demandais à Ousmane de me suivre. Que Dieu nous vienne en aide !!!
SOKHNA DIARRA BOUSSO AIDARA
Je me réveille en sursaut en entendant des petits coups frappés à ma porte. J'ai encore fait un cauchemar. Depuis que maman est malade je rêve toujours de sa mort et je me réveille en pleurs. C'est pour ça que je passe la nuit avec elle malgré la présence de mon père.
Mais aujourd'hui c'était différent, j'ai rêvé qu'elle était guérie. Elle me souriait en disant qu'elle allait bien et qu'elle n'allait jamais m'abandonner. Elle était belle et fraîche comme avant qu'elle ne tombe malade.
Soupires.. si seulement ça pouvait être vrai.
-Toc toc toc, Radiadia
Mais , mais c'est impossible !! Je mets la lumière et ouvre rapidement la porte pour tomber nez à nez devant deux bombes atomiques pour le prix d'un(cherchez pas à comprendre) wallah ma tante a bien travaillé. Si c'étaient pas mes frères hum...
-Mais qu'est ce que vous foutez là abrutis
Omar : Oh lala quelle insolence !
Et cet idiot entre avec un énorme plateau... des crèves la faim je vous dis
Ousmane (ironique): Je suis super contente de vous voir mes frères chéris. Quelle agréable surprise.
Et ce crétin dit ça avec toutes les manières débiles qui soient en prenant une voix exagérément aiguë. Des emmerdeurs je vous dis !!!
Moi : Et qui t'a dis que j'étais contente de vous voir? Vous auriez du rester chez la Reine, personne ne vous veut ici. Tchiuuuup des emmerdeurs comme ça
Ousmane : On t'aime aussi bb.
Moi : Et moi je vous dét.. non non non arrêtez hahahha mais la..haha... chez moi i....hahah diots
Ils m'ont fait tomber sur le lit en me chatouillant comme d'habitude. Ils me font toujours le coup.
Omar : Dis Omar Ousmane vous êtes les mecs les plus géniaux que je connaisse et je vous adore.
Moi : D'accord d'accord. Omar Ousmane vous êtes hahaha.. mais arrêtez connards, je vais le dire. Vous êtes les mecs les plus géniaux que je connaisse.
Omar : et je vous adore
Moi( rigolant) : et je vous adoreuuuh... contents ???
Ousmane : trèèès
Moi : Vous êtes des gamins j'ai juré.
Omar : Arrêtes de faire la fière princesse et avoues qu'on t'a manqué
Je les regarde longuement, avant de me jeter sur eux, et on fait un câlin de groupe. Ah lala lala lalaa qu'est ce que ça fait du bien de les retrouver. J'ai presque envie de pleurer(mais faut pas exagérer non plus). Ils m'ont trooop manqué.
Ousmane : C'est bon maintenant vous allez m'étouffer.
On l'a tellement mal regardé Omar et moi. C'est toujours comme ça avec Ousmane, il n'aime pas les marques d'affection. Avec moi encore ça passe. Mais je peux vous dire que le mec on ne sait pas de quoi il est fait.
Moi : Pff... tu gâches toujours tout toi. Décoinces un peu ça te fera du bien. Rabat-joie!!!
Omar : Laisses ce rigolo et viens on va manger j'ai trop faim moi.
Moi : J'arrive je vais prier fadjr d'abord. Vous avez déjà prié vous ? Ou vous venez d'arriver ?
Ousmane : On a déjà prié à la mosquée.
Moi : Ah d'accord avec papa je suppose. Il m'avait dit qu'il allait prier là bas aujourd'hui . C'est pour ça que j'ai raté la prière sakh. C'est lui qui me réveillait à chaque fois ces temps ci. Je vais faire mes ablutions je reviens.
J'entre dans la salle de bains me brosse les dents avant de faire mes ablutions(...)
Les jumeaux sont confortablement couché sur mon lit.
Moi(ironiquement) : Ne vous gênez surtout pas hein faites comme chez vous...
Omar : Ne t'en fais même pas pour ça
Moi : Tchiuuup manque de civ..
Ousmane : Oh lala ne me tympanisez pas. Mame Diarra va prier tu parles trop
Moi : D'accord papa. Tout de suite papa
Ousmane : Oui c'est ça dépêches toi.
Je mets Djélaba et voile , et me mets debout sur mon tapis de prière(...)
Je replis natte à la fin et retrouve les jumeaux.
-Même pas vous m'attendez pour manger, gros dalleux que vous êtes.
Ousmane : Pour une fois que Omar prépare quelque chose je ne vais pas me gêner. Il faut que ma dagg si touti sakh defko téré( je vais en couper un peu pour en faire un gris gris)
Moi : pfff... du pain de mie et de la Nutella.. Ça même Binette et Sara peuvent le faire. Y'a rien de fameux.
Ousmane : Mais il a chauffé de l'eau et du café hein.. et ça sans se brûler!
Moi : Ah ça !! je retire ce que j'ai dit. Omar mon bébé maman est fière de toi.
On explose de rire Ousmane et moi.
Omar n'a jamais rien su faire de ses doigts. On l'appelle le manchot.
Omar : je ne vais même pas vous répondre. Mako def. Badola you tolni yen malendi défaral ndekki. ( c'est pas vous, c'est moi. Moi qui aie pris le temps de faire à manger à des ingrats tels que vous)
Moi : Boudes pas bb ca te rend plus moche.
On rigole encore. Ahlaala ça fait du bien.
Je m'installe à côté d'eux et prends une tartine.
- Wouy sama ndeye wou yaye yoy(cris) wooooy sama yaye
Je n'ai même pas terminé de mâcher ma première bouchée que j'entends déjà des cris. On dirait Rokhaya. Mais qu'est ce qui se passe ?
Omar : Oh non. Il faut que tu manges d'abord
Moi : quoi mais vous n'avez pas entendu? C'est Rokhaya, elle pl... je vais aller voir.
Ousmane : Tu vas y aller princesse mais manges quelque chose d'abord. Ecoutes !!on n'entend même plus rien. Elle a du se heurter quelque part ou quelque chose du genre.
Je ne leur répondis même pas. Il sont beaucoup trop louches et Omar est beaucoup plus calme que d'habitude et Ousmane, beaucoup trop bavard. Ce n'est pas naturel tout ça. En plus ils me préparent même le p'tit dej. Non non y'a un truc qui ne va pas je le sens et mon cœur qui bat anormalement vite le prouve.
Je me dirige vers la porte mais Omar se matérialise devant moi avec du lait.
Omar : Bois au moins ce verre please. C'est pas bon de sorti...
Moi : OMAR JE TE JURE QUE SI TU NE DEGAGES PAS DE MON CHEMIN DANS LA MINUTE, TON VERRE TU LA RECEVRA DANS TA GUEULE. Maintenant laisses moi passer stp.
Ils se regardèrent tous les deux avant qu''Omar ne se décale pour me laisser partir. Pfff... je n'ai même pas leur temps(...)
Le spectacle que je retrouve en bas m'annonce déjà les couleurs sombres des prochains jours.
Rokhaya était couchée par terre devant la chambre de maman avec Lahad accroupi entrain de lui parler.
Oumy quant à elle, était sur le divan, la tête sur les cuisses de tata Rama qui elle-même avait le visage caché dans son boubou. Elles étaient toutes entrain de pleurer à chaudes larmes.
Pas la peine de demander ce qui se passe je le sais déjà. OH MON DIEU pourquoi ? Pourquoi mon dieu ?
Je ne vais pas pleurer, je ne vais pas pleurer, je ne vais pas pleurer. Je l'avais promis à maman. Je suis plus forte que je ne le crois.
Papa(sortant de la chambre) : Viens Mame Bousso
Tout le monde se retourne vers moi. Ils viennent de me remarquer.
Rokhaya : Oh mon bb vi...
Papa(la coupant) : NON ! Laisses la tranquille... continues ce que tu faisais rek yow
Rokhaya : Papa je... c'est trop dure papa j'y arrive pas.
Papa : Ok continuez de pleurer alors. Ça la ramènera peut-être. Mais en attendant laissez votre sœur tranquille . Ne l'entraînez pas dans votre chaos. Suis moi Sokhna Baly.
J'entre dans la chambre de mes parents à la suite de papa. Elle sent toujours l'encens que ma mère aimait tant. Oh maman.. je ne sais pas si je pourrai tenir ma promesse.
Papa : Assieds toi.
Il ouvre ensuite l'armoire et en sort un vêtement tout blanc qu' il me tend.
Papa : Tu reconnais ça?
Moi (souriant tristement) : Oui c'était son vêtement préféré. Elle le mettait souvent pour prier.
Papa : Je sais. Je le lui ai offert à mon premier pélérinage avec le voile qui va avec... (il sourit,il est comme perdu dans ses souvenirs)
Je hoche juste la tête et il poursuit.
Papa : Je vous ai entendu parler l'autre jour tu sais, quand je suis revenu prendre mon chapelet (Je relève de suite la tête ).Juste une petite partie rassures toi. Rappelles moi ce qu'elle t'avais demandé de faire quand tu apprendras sa disparition...
Moi(au bord des larmes) : Elle ..(j'avale difficilement ma salive) Elle m'a demandé de ne pas pleurer et de prier 2rakkas et faire 41 IKHLAS pour le repos de son âme.
Papa : Très bien, maintenant vas faire tes ablutions on va prier ensembe. Et enfiles ça. Je crois qu'elle aurait voulu que tu les ai.
Moi : Je viens de les faire en priant Fadjr. Mais.... Papa, Rokhaya et Oumy vont mal...
Papa( me coupant): Ne t'occupes pas d'elles. J'ai appelé leurs maris. Ils vont s'en occuper. J'ai dit ce que j'avais à dire si elles n'écoutent pas c'est leur problème. Elles ne sont plus sous ma responsabilité. Moi aussi j'ai perdu ma femme. Viens prions...Bismillah
Ça c'est le sang chaud des AIDARA qui a parlé. Vous n'allez pas tarder à découvrir que j'ai aussi hérité de ce caractère. En attendant prions pour Salimata DIOP...