MC : Emilie je ne sais pas trop où tu étais hier, mais tu connais ton père, tu sais comment il est. Tu devrais faire attention à ce que tu fais, parce que ça a des conséquences sur toi et sur ta petite sœur
E : je sais mama Cathy, mais je suis tombé et on m'a appelé à l'hôpital. Le docteur ne voulait même pas me laisser sortir aujourd'hui. J'étais obligée de fuir pour rentrer
MC : je comprends mais ton père ne veut même pas que vous sortiez
E : pourquoi ? est ce qu'on est en prison ici ? on ne doit même pas avoir des amis, est ce que c'est normal ?
MC : je sais ce n'est pas normal, mais vous êtes ici chez lui et quand on vit chez quelqu'un on est obligés de se conformer à ses règles. Donc tu n'as pas tellement le choix
E : il est méchant, comment on peut être aussi méchant avec ses propres enfants
Moi : Emy, calme-toi stp. Il peut arriver et t'entendre
E : qu'il m'entende je m'en fous.
Moi : ne dis pas ça. Un jour tout va s'arranger, tout
E : j'espère Kéké parce que là je suis fatiguée, je suis à bout, je n'en peux plus.
MC : ça va s'arranger les filles, un jour ou l'autre.
Moi : je sais
E : que ça fasse vite parce que c'est trop.
MC : il y'a autre chose que je voulais vous dire
E : on t'écoute
MC : je ne sais pas comment vous allez le prendre, je sais que mon arrivée dans cette maison n'a pas fait plaisir à tout le monde, je ne sais pas comment expliquer tout ce qui est arrivé, donc ne m'en voulez pas
E : on va t'en vouloir pourquoi ? Tu n'y es pour rien
Moi : on t'écoute, tu voulais nous dire quoi ?
MC : euh en fait, je vais avoir un autre bébé, vous allez avoir un autre frère ou sœur
E : j'ai envie de dire que je suis contente mais je suis partagée
Moi : moi je suis contente pour toi, au moins il aura une super maman
E : et en plus si c'est un garçon, il aura au moins la chance de ne pas recevoir le même traitement que nous
MC : vous n'êtes pas fâchées ?
E : non pas du tout
Moi : fâchées pourquoi ? tu es tellement gentille, il n'ya pas de raison qu'on soit fâchée contre toi
MC : merci les filles, ça me rassure
Pim, pim, pim
Là c'est le bruit des klaxons de mon père qui revient du travail. Je me lève et je sors en courant pour aller ouvrir le portail. Il entre, je referme et je rejoins mama Cathy et Emilie dans la maison. Mon père nous y retrouve, il nous regarde Emilie et moi d'un air des plus méprisants, embrasse sa femme et se dirige vers sa chambre.
******************************************************************************************************************************
DEUX ANS PLUS TARD
Moi : Emy, qu'est ce que tu fais ? Si papa découvre que tu as un téléphone il va te tuer
E : il n'aura pas à le découvrir, sauf si quelqu'un le lui dit
Moi : tu sais très bien que je ne peux pas faire ça
E : je sais très bien.
Moi : et tu vas où maintenant ?
E : je vais juste voir Christophe, il veut m'offrir quelque chose pour mon anniversaire là dehors je reviens dans 30 minutes maxi.
Moi : papa rentre dans une heure, ne traine pas trop stp
E : d'accord pupuce, j'arrive.
Hé oui le temps a passé. J'ai 16 ans à présent et Emilie a 18 ans aujourd'hui même. Christophe c'est son petit copain. Un gars qui ne m'a pas l'air très net, bref je ne l'apprécie pas tellement. Mais ma sœur n'a d'yeux que pour lui. Elle dit que je devrais faire des efforts de commencer à l'apprécier mais je n'y arrivé pas, il ne me dit rien qui vaille mais j'essaie quand même de faire semblant pour faire plaisir à ma grande sœur. Mais y'a un truc c'est qu'avec lui j'ai du mal à faire semblant. Quand je le regarde, lui-même comprend qu'il n'a pas une place très particulière dans mon cœur.
Mama Cathy a accouché un autre garçon, oui un garçon qui a un an déjà. Ce qui s'est passé quand ils sont revenus de l'hôpital.
E : c'est une petite fille ?
MC : non ma chérie un garçon
Papa : ce qui a dépassé votre mère
MC : Jacob !
Papa : je ne dis que la vérité
E : comment on va l'appeler
MC : Daniel
E : c'est joli, bébé Dan
Emilie a tendu la main pour toucher le bébé qui étai couché dans un couffin. Mon père lui a violemment frappé la main
Papa : tu t'es lavée les mains. Et qui t'a donné la permission de le toucher
MC : mais Jacob, c'est son petit frère
Papa : elle n'avait qu'à demander à sa mère de lui en faire un
MC : Jacob !!!
E pleurnichant : respectes au moins la mémoire de maman
Papa : tu fais la morale à qui ?
E : je te demande juste de respecter la mémoire de notre mère
Mon père s'est approchée d'elle et l'a violemment prise par le bras pour l'entrainer dans un coin du salon
Papa : je vais t'apprendre à me parler de cette façon
E : laisse moi tranquille oooo, laisse moi tu me fais mal
Papa : je ne t'ai pas encore fait mal tu vas confirmer tout de suite
Il la balance contre le mur et elle s'écroule au sol. Jusqu'ici je n'vais rien dit, ni bougé. Au moment où il lève la main pour la frapper, je cours et je me place devant Emilie, un peu comme le faisait maman quand elle voulait l'empêcher de nous frapper. Il me regarde et éclate de rire.
Papa : ah ! Comme je vois, on a une nouvelle justicière
MC : Jacob, stp arrête ça
Il s'arrête de rire, me regarde encore longuement et tourne les talons en me lançant un « sorcière là ». Je me baisse vers Emilie qui est toujours couchée au sol
Moi : ça va ?
E : j'ai juste un peu mal à l'épaule, mais ça va aller.
Je l'aide à se relever et on va s'enfermer dans notre chambre. Mama Cathy revient peu de temps après nous demander de venir manger mais je n'ai vraiment pas faim et Emilie non plus.
Aujourd'hui entre mon père et Emilie c'est la guerre carrément. Il ne rate pas une occasion de la frapper et j'essaie de la défendre comme je peux. Quand il nous regarde toutes les deux, je vois qu'il y'a plus de haine dans son regard lorsqu'il se pose sur moi, mais je ne comprends pas pourquoi il ne me frappe pas.
Ça fait déjà 45 min qu'elle est partie et elle n'est toujours pas revenue. Papa sera là dans 15 min j'espère pour elle qu'elle sera déjà de retour. Je sors je prends un tabouret et je m'assois dans la cour, les jumeaux sont en train de jouer.
On est samedi et papa est allé à une réunion, mama Cathy et le petit Dan sont en train de dormir. Les jumeaux qui ont maintenant quatre ans sont en train de courir partout, de vrais casse-tête, mais ils sont trop adorables. Je les appelle « mes moi », parce que je m'appelle Kevin Arthur et que l'un deux s'appelle Kevin et l'autre Arthur donc ce sont « mes moi ». Ils se disputent même parfois pour savoir qui est « mon premier moi » et Kevin insiste que c'est lui ce qui fait pleurer Arthur tandis que moi ça ma fait sourire. Et naturellement Kevin m'appelle Kevin et Arthur m'appelle Arthur. Ces petits sont les seuls qui arrivent à me faire sourire dans cette maison où il ny'a que peu d'occasions de le faire.
Quelques minutes plus tard, j'entends du bruit venant du portail, il s'ouvre sur une Emilie toute joyeuse. Je pousse un ouf de soulagement.
Moi allant vers elle : depuis là ?
E : laisse seulement chéri, petit contre-temps
Moi : hmmm, heureusement que papa n'est pas encore là.
A peine j'ai terminé ma phrase que j'entends le klaxon de mon père. Emilie court dans la maison pour se changer, tandis que moi je vais ouvrir le portail en faisant une petite prière intérieure « Merci Seigneur, heureusement pour nous, ça allait chauffer ». il entre et les jumeaux accourent vers lui au moment où il descend de la voiture.
K &A : papa, papa
K : tu m'as gardé quoi ?
A : et à moi ?
Papa est tout sourire. Il ouvre la portière arrière et sort plusieurs paquets qu'il tend aux jumeaux. Il se baise et les embrasse chacun à son tour. Son visage est différent, il est lumineux, vivant, plein d'amour et de tendresse. Ça me fait voir à quel point mon père est beau. Oui un très bel homme. En plus du fait qu'il a une carrure d'athlète, il a un super beau visage. Il a une fossette sur la joue gauche et quand il sourit elle sen creuse encore plus, ce qui augmente encore sa beauté. Sa barbe qui commence à blanchir lui donne un charme particulier, il n'a pas de calvitie comme j'en vois sur plusieurs têtes d'hommes. Il a plutôt beaucoup de cheveux qu'il est obligé de tailler chaque semaine et c'est de ces cheveux que j'ai hérités. Plusieurs personnes disent que sur le plan physique j'ai beaucoup plus hérité de mon père que de ma mère. Sur le plan du caractère je suis plus ma amère, mais sur le plan physique ils disent que je suis le portait craché de mon père. C'est vrai que j'ai sa grande taille et son teint un peu foncé. Plusieurs personnes ajoutent qu'on a le même sourire. Bah, ça se voit les rares fois où j'essaie de sourire.
Il se relève et je reconnais immédiatement son visage dur. Tout sourire, toute vie, tout amour et toute tendresse ont complètement disparu.
Papa sévèrement : où est ta sœur ?
Moi : dans la chambre
Papa : appelle-la, vous déchargez la malle là et vous me lavez la voiture.
Je vais chercher Emilie et on commence à décharger la malle qui est pleine de provisions. Je vais ensuite prendre un seau rempli d'eau avec des serviettes et du détergent pour laver la voiture.
La nuit tombée, Emilie et moi on se retrouve à la cuisine pour manger. C'est là qu'elle et moi avons le droit de manger. Mon père et « sa famille » sont pendant ce temps en train de manger à table dans la salle à manger. Une fois dans notre chambre, Emilie me raconte alors ce qui s'est passé et montre ses cadeaux, c'est un parfum et une paire de babouches.
Moi : tu sais quand même que tu ne pourras jamais utiliser ça norr
E : pourquoi pas ?
Moi : quand papa va sentir ça tu vas lui dire que ça vient d'où ?
E agacée : Kéké je suis fatiguée, c'est quoi on est des prisonnières ?
Moi : jusqu'à ce qu'on parte d'ici, on est obligés de faire ce qu'il veut
E : ce n'est pas facile, j'ai 18 ans Kevin et je suis encore obligée de vivre comme si j'en avais 10, je veux partir d'ici
Moi : pour aller où ? Pour le moment on n'a nulle part où aller.
E reniflant : pffff c'est trop injuste
Moi : ne commence pas à pleurer stp.
Le lendemain dimanche, Emilie et moi on se prépare pour aller à la messe. Elle a mis un peu de son parfum sur elle malgré que je lui aie dit de ne pas le faire. Elle pensait en avoir mis juste un peu mais ça sent tellement fort que ça n'a pas échappé à mon père quand nous sommes passés devant lui qui était couché sur le canapé.
Papa : revenez par ici jeunes filles
On fait marche-arrière
Papa : le parfum qui monte à mes narines sort d'où ?
E : c'est pour moi.
Papa : donc tu as grandi jusqu'à tu mets déjà les parfums, et ça sort d'où ?
Emilie ne répond pas. Elle baisse juste la tête se met à jouer avec ses doigts.
Papa : ce n'est pas à toi que je m'adresse ?
Toujours pas de réponse
Papa : tu veux d'abord que je me lève d'ici ?
MC : c'est moi qui lui ai donné.
Nos yeux à papa, Emilie et moi se posent sur mama Cathy entrant au salon.
Papa : c'est toi ?
MC : oui, c'est Georgette (sa sœur) qui m'a offert ça mais comme ça ne m'intéressait pas trop j'ai remis ça aux filles
Papa : et pourquoi ce n'est qu'Emilie qui l'utilise ?
Moi : moi je n'aime pas trop les parfums.
Nous sommes sortis de la maison pendant que papa engageait une discussion avec mama Cathy.
Deux mois plus tard, nous sommes couchées dans notre chambre Emilie et moi. Elle est devenue bizarre depuis un certain temps, elle se plaint de nausées, elle dort à tout bout de champs et elle a de vraies crises d'humeur. Subitement elle se lève en courant et revient quelques minutes plus tard.
Moi : Emy, ça ne va pas ?
E : si si ça va
Moi : ça se voit que ça ne va pas, quel est le pb ?
Elle fond immédiatement en larmes. Je vais m'assoir à côté d'elle parce que là je suis un peu perdue.
Moi : pourquoi tu pleures ? Qu'est ce qui se passe ?
E : Kéké papa va me tuer
Moi : te tuer comment ? Il y'a quoi ?
E : Kéké, il va me tuer, il va me finir, je suis cuite ooo, qu'est ce j'ai fait ?
Moi : Emy, tu commences à me faire peur. Explique-moi stp
E : Kevin je je suis enceinte, je suis enceinte
Avant que je n'aie le temps de dire un mot, la porte s'ouvre violemment. Oh non, elle n'a pas verrouillé la porte en entrant et papa a tout entendu
Papa furax : tu es quoi ?
Il frappe trois fois dans ses mains et se met à appeler mama Cathy
Papa : Cathy vient, vient m'entendre les choses
Mama Cathy arrive à son tour
MC : il y'a quoi ?
Papa : c'est toi qui voulais souvent prendre leur défense norrr, voilà donc ça, voilà les conséquences, on me ramène une grossesse
MC : et c'est pour ça que tu cries comme ça ?
Papa regardant MC avec étonnement : heinnnn, donc pour toi c'est normal ?
MC : je n'ai pas dit que c'est normal, mais c'est déjà là tu vas faire comment ?
Papa : je vais faire comment ? tu veux voir comment je vais faire.
Il entre dans notre chambre, prend un sac à dos posé sur une armoire, ouvre l'armoire et prends quelques vêtements qu'il jette dans le sac. Une fois le sac plein il le balance à Emilie.
Papa : lève toi et prends le sac là
MC : tu fais quoi ?
Papa : je n'encourage pas la saleté chez moi
MC : elle est enceinte, où est la saleté là, elle a fait une bêtise oui mais ça sert à quoi de réagir comme ça ?
Papa : elle ne va pas déshonorer mon nom ça je refuse, pas ici, pas chez moi
Emilie prend le sac et sort de la chambre les larmes aux yeux je la suis jusqu'au portait suivi de mon père qui ne cesse de la couvrir d'injures et MC qui ne cesse d'essayer de le raisonner. Papa accélère le pas et va ouvrir le portail
Papa : tu pars de chez moi, tout de suite
Emilie se met à genoux et se met à pleurer
E : papa pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je t'en supplie ne me fait pas ça
Papa : je ne veux rien entendre, tu sors tout de suite
E : pardon ohhh, je vais aller où oohh, je vais commencer comment ?
Papa : tu veux que je te traine au sol ?
Joignant le geste à la parole, il la tire par le bras, ignorant ses cris et la jette dehors. Il revient et prend le sac qu'il balance également dehors
Il revient encore et s'adresse à moi : tu pars avec elle
E : Kevin n'a rien fait
Papa : toi tu te tais là-bas
MC : Jacob, n'exagère pas où est le rapport avec elle ?
Papa : si celle-là a fait ça, celle-ci alors je n'imagine même pas ce qu'elle va m'apporter
Moi par contre ça ne m'étonne pas. Je m'attendais bien à ce qu'il fasse ça.
Papa : tu es encore là ? Tu veux que je te traine aussi comme elle ?
Je regarde mama Cathy qui pleure, je regarde mon père qui est rouge de colère, je regarde Emilie qui est complètement désorientée, je m'avance vers le portail. A peine je suis sortie, mon père frappe le portail avec rage et je l'entends crier
Papa : ET QUE JE NOUS REVOIE PLUS JAMAIS
Emilie sur se jeter sur moi
E : Kéké pardon, excuse-moi pardon, je suis désolé, je m'excuse
Moi : ça va aller, on va trouver une solution.
Au fond de moi, je me demande quand même quelle solution, je n'en sais rien. Le fait est que notre propre mère vient de nous mettre à la rue.
LIKE, SHARE AND COMMENTS. Xoxo