Elle eut la force de faire apparaître un bref sourire. Elle se souvint de ce barman à qui elle avait laissé son numéro. Pourquoi avait-elle fait une telle folie? Elle ne connaissait même pas cet homme, elle aurait pu tomber sur un fou, un psychopathe. « Je suis une femme mariée, qu'est-ce qui m'a pris bon sang... » a-t-elle pensé un court instant. Sans le vouloir particulièrement, ses yeux se remplirent de larmes à cette seule réflexion. Elle ferma lentement les yeux pour se calmer et répondre. « Je pense que oui, je suis quelque... » Elle arrêta d'écrire et réfléchis. Fallait-il vraiment qu'elle le dise? Elle effaça ce qu'elle avait commencé à taper et recommença.
« J'ai survécu Mr le barman qui préfère discuter plutôt que de servir »
Elle se leva difficilement et remonta dans sa voiture. Sans le savoir, c'était ce barman qui lui avait donné la force de se relever. Son portable vibra de nouveau.
« J'ai juste aperçu une Dame qui avait l'air d'en avoir gros sur le coeur, en bon gentleman je me suis inquiété 😉 »
Elle secoua la tête, souriante.
« Merci à vous, votre alcool est un bon remontant. Pour le barman en revanche, je repasserai 😉 »
Elle posa son téléphone et reprit la route. Sur le chemin de retour, elle se demandait ce qu'elle ferait. Comment elle le ferait. Elle réfléchit. Elle avait tellement pensé cette nuit qu'une migraine commençait à pointer le bout de son nez. Devait-elle lui pardonner? Devait-elle rentrer et en discuter? Elle ne voulait pas. Devait-elle demander le divorce? Faire une pause? Elle savait que si elle le laissait s'expliquer, elle craquerait. C'était l'homme de sa vie, le seul qu'elle avait connu. Il était tout son monde et s'il lui avait dit de sauter d'une falaise, par amour, elle l'aurait fait. Malheureusement, ce soir, il n'avait rien demandé, il l'avait simplement poussé dans le vide. Elle décida de ne pas rentrer et de dormir sur le parking d'un supermarché. Elle irait récupérer ses affaires demain quand il ne sera pas là et ira chez ses parents. C'est ce qu'elle avait décidé, ce fameux soir de Novembre. Elle se gara et coupa le contact puis baissa le dossier de son siège. Avant qu'elle ne ferme les yeux, son portable vibra.
« Soit ce n'est pas un bon employé, soit vous n'êtes pas une cliente facile. Au passage, mon nom est Justin. Enchanté Madame. Je vous souhaite une bonne et agréable nuit »
Elle ria discrètement.
« J'opterai pour la deuxième option, je ne suis pas de mauvaise foi. Enchantée Justin, mon nom est Diana. Agréable nuit à vous »
Elle reposa son téléphone et ferma les yeux. Le coeur brisé, elle s'endormit.
Vendredi 02 Novembre 2010.
Quelque part en France sur le parking d'un supermarché.
09h00.
Diana se réveilla avec difficulté. Ses yeux pouvaient à peine s'ouvrir tellement ils avaient gonflé durant son sommeil. Elle qui priait que tout ne soit qu'un rêve en s'endormant, se réveilla avec la confirmation que ça ne l'était pas. Son mari avait essayé de la joindre au petit matin. Il ne lui restait que très peu de batterie mais elle l'utilisa pour consulter les messages qu'il lui avait envoyé.
« Rentre à la maison s'il te plaît... »
« Tu n'es pas rentré de la nuit, je sais que tu as vu mes messages, répond moi Diana... »
« Je finis à 12h aujourd'hui, j'espère que tu seras rentrée... »
« Diana répond au moins une fois à mes appels.. J'ai besoin d'entendre que tu vas bien... »
« Tu me manques... »
« Pardonne moi, je t'en prie... »
« J'ai besoin de toi Diana... »
Elle sentit son coeur se serrer aussi fort qu'hier. La gorge nouée, les mains tremblantes, les yeux remplis de larmes, la boule au ventre, elle ressentit la douleur mille fois plus intensément que la veille. Tout était vrai. Son mari l'avait trahi et elle l'avait surpris. Elle avait fui sans dire un mot. Ce n'était pas un rêve. Elle prit une grande inspiration, puis expira. Elle fit cette action 5 fois. Une fois terminé, elle prit son courage à deux mains et lui répondit enfin.
« Tu étais l'homme que j'aimais. Le premier que j'ai connu et le seul. Tu m'avais juré fidélité, dans le bonheur comme dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, dans la richesse et la pauvreté, et de m'aimer tous les jours de ma vie. Un peu plus tard, tu m'as juré de ne jamais me faire de mal. Je t'ai cru, je t'ai cru et je t'ai aimé à en mourir. Qu'avait-elle de plus que moi? Que te donnait-elle que je ne te donnais pas? Tu n'étais pas heureux? Si c'était le cas, pourquoi ne pas m'en avoir parler? On a toujours privilégié le dialogue et tu m'en as privé. Tu as jugé que je n'étais pas digne de ton respect. Tu m'as arraché ma vie, tu m'as tout pris. Si je te vois, je sais que je ne pourrai pas te résister, c'est pour cela que je viendrai récupérer mes affaires quand tu ne seras pas là. Je te faisais confiance, nous étions mariés, nous sommes mariés, mais c'est terminé. J'entamerai la procédure de divorce. Je t'ai aimé plus que je n'ai pu m'aimer moi-même et voilà ce que j'ai récolté. Tu recevras les papiers. Je te souhaite d'être heureux, je ne suis pas mauvaise. En espérant qu'elle t'apporte ce dont tu manquais avec moi. Au revoir Giovanni. »
Elle envoya ce message sans réfléchir d'avantage. Elle savait qu'elle n'aurait plus jamais confiance en lui, elle avait prit sa décision à son tour, à l'encontre de ce que lui criait son coeur. Pour une fois dans sa vie depuis longtemps, elle avait écouté sa tête. Mais Dieu sait qu'elle souffrait. Elle avait l'impression de manquer d'air, qu'on lui compressait les poumons. Elle avait l'impression de ne plus pouvoir reprendre son souffle. Elle était empli de chagrin, de frustration, de mélancolie, vidée de toute énergie. Elle passait les jours les plus horribles de sa vie. Elle n'avait même pas pensé à prévenir son travail qu'elle ne viendrait pas. Son portable s'était éteint après l'envoi du message. Elle n'en fit rien et resta à pleurer silencieusement. Justin de son côté avait dû se lever aux aurores pour ouvrir son bar. Au réveil, sa première pensé fut pour Diana. Il prit instantanément son portable et regarda sa conversation de la veille avec elle, il sourit innocemment. Sourirait-il s'il savait la vérité? Il s'était demandé s'il devait lui renvoyer un message mais il ne le fit finalement pas par peur de sembler trop insistant. Il se disait qu'elle lui renverrait un message elle-même. Il attendit toute la journée, mais rien. Aucune nouvelle. Il fut déçu mais après tout il venait à peine de la rencontrer alors pourquoi se prendre la tête? Il ne la reverrait peut-être jamais. Mais au fond, il espérait avoir de ses nouvelles. Diana de son côté avait fini par se rendormir sur ce même parking. Elle se réveilla lorsque quelqu'un vint toquer à sa fenêtre, elle discerna un :
« Tu crois qu'on devrait appeler la police? »
Puis un : « Mais t'es bête ou quoi? S'il faut le mec il a juste pris une sacrée bourre la veille et il a pioncé toute la sainte journée »
« Ouais t'as raison, vas-y retoque »
« Fais le toi, si c'est un homme de 100kg de muscles qui est dedans, j'veux pas qu'il s'en prenne à moi parce que j'l'aurai réveillé »
« Mais qu'est-c'tu racontes putain? »
Il y avait deux personnes dont une femme. Une des deux toqua de nouveau en disant :
« Monsieur tout va bien? Vous êtes là? »
Ses vitres étaient enduit de buée. Difficile de discerner quelque chose. Elle alluma le contact de sa voiture et baissa la fenêtre. Les deux personnes sursautèrent au mouvement de cette dernière. Quelle fut leur surprise quand ils découvrirent une femme.
« Madame tout va bien?
- Ça a pas l'air d'aller quand même...
- C'est qu'elle est perspicace. »
Ils me regardèrent bizarrement puis haussèrent les épaules.
« On voulait s'assurer que ça allait, passez une bonne nuit M'dame! »
Puis ils partirent aussitôt. Il faisait déjà nuit, elle n'avait pas vu le temps passé. Elle avait froid et n'avait presque plus d'essence. Heureusement qu'elle avait son sac à main dans la voiture, elle mit son portable à charger, sortit du parking et se dirigea vers la première station à essence. Elle mit cinquante euros et alla se chercher un autre coin pour dormir. Elle attendrait demain pour récupérer ses affaires et se prendre une douche. Il faut qu'elle appelle ses patrons et ses parents. Elle le ferait demain matin au réveil. En attendant, elle se trouva un parking tranquille au bord d'une plage. L'endroit lui plaisait alors elle s'y posa pour la nuit. Elle se dirigea sur le sable et s'assied. Pensive, elle écoutait le bruit des vagues, elle guettait l'horizon. La nature est si magnifique, elle ne l'avait pas regarder et écouter aussi attentivement et intensément depuis une éternité. Elle appréciait ce moment, oubliant la réalité un bref instant. Elle se retrouvait seule avec elle-même, elle avait oublié à quel point cela faisait tant de bien, que quelques fois c'était tout aussi réconfortant.