J'arrive au hangar de Palistera Home encore un peu énervé contre ces trois imbéciles. Surtout la brune qui conduisait. Personne ne lui a jamais appris à regarder avant de s'engager ?! Quelle conne ! Je remarque Elliot qui est appuyé sur sa voiture, entouré de jolies filles. Non mais regardez-moi ce frimeur ! Je me demande laquelle va finir dans son pieu cette nuit ?! Je les détaille un peu, deux blondes, une fausse rouquine et une brunette. Je parie pour une des deux blindés ... voir même les deux ! Il en est tout à fait capable et ça ne serait pas la première fois. C'est sa mère qui fera encore une tête désespérée quand elle verra les deux conquêtes d'une nuit de son unique fils se sauver par la fenêtre en gloussant comme des dindes. Je souris à cette image. Sa mère est vraiment adorable.
- Je savais que je te manquais ! Claque Ava joyeusement en se matérialisant à mes côtés.
Bordel mais elle fout quoi ici ? Je lui répète sans arrêt de ne pas venir, ça a le don de m'énerver. Je déteste qu'on me colle. Non. Je déteste qu'elle me colle. Je ne la supporte plus, j'ai changé tout comme elle qui est devenue encore plus peste qu'elle ne l'était.
- Je croyais t'avoir demandé encore une fois de ne pas venir, claquais-je beaucoup moins enthousiaste qu'elle.
- Tanouchou ... Arrête un peu de faire ton gros dur avec moi ! Je sais que tu sais que je sais que tu ne peux pas te passer de moi ! Minaude-t-elle avec une petite moue qui aurait pu me faire fondre avant mais plus maintenant.
Tanouchou, je déteste quand elle m'appelle comme ça ! Comme je déteste son rouge à lèvres si rouge flash que je me recule quand elle s'avance vers moi pour m'embrasser. Je vois ses yeux se remplir de larmes et ça me fend le cœur mais j'ai compris que jamais elle ne me quittera, alors ça doit venir de moi. J'aurai préféré un endroit plus calme, loin de toute cette agitation d'avant course mais ça ne peut plus durer. Ça fait des mois que je fais semblant, depuis, ... Depuis le mariage de papa et Stacy. En dansant avec elle, j'ai compris que je ne l'aimais plus, du moins plus comme avant. Elle était devenue une amie, une amie avec bonus sexe. Mais même ça je me suis lassé au fil des mois. Elle ne m'attire plus et je dois faire des efforts pour avoir des sensations pendant que je la baise. Parce que ça n'est que ça, de la baise. Alors je sais que je vais lui briser le cœur mais tampis, je dois arracher le pansement et sans anesthésie.
- Tu sais ce que je vais te dire n'est-ce pas ? Dis-je du plus doucement que je peux, pour ne pas attirer les regards sur notre échange.
- C'est impossible Ethan. Je refuse ! Me dit-elle à voix basse mais pleine de colère.
- Ava ... Ça ne va plus entre nous, je ... commençais-je en cherchant les bons mots pour ne pas la blesser d'avantages.
- Non Ethan. Je refuse car tu n'as aucun droit de me quitter ! Tu es à moi. A moi et à personne d'autre ! Crache Ava à mi-voix.
- Mais si j'en ai le droit. Écoute Ava, je ne t'aime plus, plus comme tu le voudrait. Toi et moi ça s'arrête là ce soir ! Et je ne te dirai pas que je suis désolé parce que je ne le suis pas. Cette décision est réfléchie. Dis-je du plus posément que je puisse face à elle qui transforme son visage au gré de sa colère avant de fermer les yeux, d'inspirer et expirer plusieurs fois avant d'afficher un énorme sourire enjoleur.
- Tanouchou... Écoute-moi bien. Commence-t-elle en ouvrant les yeux et en déposant sur moi un regard brûlant.
- Je vais laisser couler ta petite crise passagère de ce soir. Je te pardonne. Tu as sûrement dû passer une mauvaise journée alors je vais m'en aller et te laisser tranquille, on se revoit à la rentrée où j'attendrais alors tes excuses de pied ferme. Nous serons à nouveau *Ethava* et tout ceci passera pour une dépression passagère dont on rigolera d'ici dix ans aux repas de famille ! Allez bye mon cœur et à la semaine prochaine ! Continue-t-elle avant de déposer un rapide baiser au coin de mes lèvres me faisant sentir les effluves de son parfum que je déteste et de partir presque en étant joyeuse.
Je suis sidéré, scotché sur place. Je la plaque et elle prend ça à la légère. Elle est encore plus folle que je ne le pensais. Elliott ne me laisse pas m'attarder sur ma réflexion.
- C'est moi où il y a de l'eau dans le gaz ? Me dit-il en me donnant une légère tape sur l'épaule alors que je suis légèrement appuyé sur ma Yamaha.
- Je viens de la plaquer, dis-je du tac au tac ce qui lui fait écarquiller les yeux.
- Tu jokes là mec ?! Me répond mon meilleur ami avec un sourire en coin.
- Non. Je suis sérieux. Et ne fais pas le surpris, tu savais très bien que je voulais rompre depuis un moment ! Répondis-je en le fusillant du regard.
- Ça va je plaisante hein ! De toute façon tu sais bien que je ne la saquais pas du tout ! Et puis maintenant au moins, on va pouvoir aller pécho en duo ! Les "E" sont dans la place bébé ! Plaisante alors Elliott.
- Je ne vais pas aller pécho avec toi. Tu connais mon plan. Ça ne serait qu'une perte de temps ! Dis-je très sérieusement.
- Ouais ouais ouais ... Tu vas te barrer d'ici peu, je sais je sais. Inutile de me rappeler que je vais perdre mon meilleur ami, mon frère même ! Cache-t-il amèrement.
- Eli ... On en a déjà parlé des centaines de fois, je DOIS me barrer d'ici ... Rester, c'est bafouer sa mémoire en cautionnant qu'il l'a remplace par une jeune poulette. Je peux pas Eli, je peux vraiment pas. Dis-je pour me défendre car il n'y a pas que Eli qui perd un frère de cœur dans cette histoire.
- Je sais mec mais tu veux te barrer à l'autre bout de la terre, d'un coup comme ça. C'est dur à encaisser. Me répond Elliott, la tête baissée et chotant dans un cailloux imaginaire.
- Allez, on y est pas encore, dis-je pour désamorcer la situation car après tout je suis venu pour me détendre.
- Parle-moi de cette course, continuais-je l'air de rien.
- Tu vois celui avec la Honda là-bas ? Me dit-il en me faisant un signe de tête vers l'entrée de la vieille usine pour me montrer le type qui parade devant cinq fille qui s'en cogne de ce qu'il raconte, elles veulent juste se faire baiser.
- C'est donc lui le favori ce soir à battre ? Dis-je en détaillant sa moto qui n'a rien à envier à la mienne.
- Ouais... Allez champion il est l'heure d'aller gagner tes liasses ! De dit mon meilleur ami en me donnant une petite tape sur l'épaule.
Je ris face à son changement soudain d'humeur, Elliot n'est pas quelqu'un qui aime se morfondre, au contraire il est toujours jovial et il aime tirer profit du meilleur côté des choses. Je m'apprête à enfourcher ma bécane de la mort quand je vois la fille de tout à l'heure accompagnée de son pote gay et de ma voisine. Cette folle a bien fait de laisser sa bagnole hors de notre parking de fortune pour ce soir. Elle aurait sans doute fini par blesser quelqu'un. Je ne m'attarde ni sur elle ni sur leur ami mais plutôt sur ma voisine. Camille je crois. J'entends parfois le stitch en tutu rose qui lui sert de petite sœur crier son nom près de la piscine. Ils ont l'air heureux, les enfants, les parents. Je ne comprend pas pourquoi elle fait toujours la gueule !? Elle a une chance inouïe d'avoir sa mère à ses côtés et non elle tire toujours la gueule ! Sauf à la petite, de ce que j'ai pu remarquer. Après sa vie je m'en fou totalement. Je l'ai maté quelques fois où elle se baignait dans sa piscine. Elle est plutôt bien roulée ! En d'autres circonstances, j'aurai peut-être tenté ma chance mais voilà, je viens de quitter Ava et je veux me tirer d'ici, ce n'est pas pour aller roucouler à nouveau avec la première pétasse égocentrique venue. En plus au lycée, elle fait toujours bande à part avec ses deux amis, les seuls qu'elle semble avoir. On a certains cours en commun je crois. Je sais plus. Je m'en fous.
Je mets mon casque et je démarre ma moto, direction la ligne de départ où les autres concurrents se mettent en place aussi. Le mec a la Honda me toise.
- Alors c'est toi le nouveau leader des rodéo ? Me dit-il visiblement amusé.
- Alors là, aucune idée ! Dis-je en réprimant le rictus qui veut s'afficher sur mes lèvres.
- Cherche pas gamin, tu n'es pas taillé pour vaincre la bête ! Ricane le type en mettant son casque jaune fluo sur sa tête, et mon dieu que c'est laid !
Il fait démarrer sa moto dans un vrombissement qui pourrait en faire pâlir plus d'un, mais pas moi. Je sais ce que je vaux et surtout je connais ma bécane et sa puissance, surtout que mon père a pour objectif de toujours offrir le meilleur à sa famille. Ça fait cliché de fils à papa très riche et c'est le cas, je ne vais pas m'en cacher, mais tout ceci sera bientôt derrière moi, je ne compte emporter qu'un sac à dos pour prendre mon nouveau départ et tourner définitivement le dos à cette vie.
Je me positionne sur la ligne de départ avec les cinq autres motos. Cette course promet d'être intéressante, il y a du beau monde à défier. Je lève la tête et la tourne sur la droite sans savoir vraiment pourquoi quand je capte son regard malgré ma visière abaissée. Je sais qu'elle sait que je la regarde. Malgré le fait qu'elle a un léger sourire sur les lèvres, ses yeux semblent tellement triste. Elle s'est peut-être fait plaquer aussi ce soir malgré le fait que je n'ai aucun souvenir de l'avoir vue pendue au cou d'un garçon l'année dernière. M'enfin ce n'est pas le moment de penser à ça. Je dois me concentrer sur la course, mon avenir en dépend surtout qu'il y a un sacré paquet de fric à se faire ce soir. Hinata vient se positionner devant nous avec un foulard vert en main. C'est une asiatique qui vient de Los Angeles. Elle a su se démarquer par son look manga qui lui va super bien. C'est la seule fille qu'Ava m'autorisait à parler avec sans qu'elle ne soit présente malgré sa jalousie maladive. Hinata aime les filles, c'est juste pour ça. Elle lève les bras en l'air et fait tourner au dessus de sa tête en se dandinant sur "We own it" que beugle la caisse de Billy, le bookmaker alors qu'on fait gueuler nos bécanes en attendant qu'elle abaisse ce fichu foulard nous donnant le départ. Elle se dandine jusqu'au refrain et quand elle abaisse ses bras, nous nous lançons, mes cinq adversaires et moi, à toute allure en direction de la ville. Nous connaissons les différents circuits à force et puis en moto c'est plus simple qu'en voiture pour les rodéos sauvages, nous pouvons slalomer entre les voitures sans faire bloquer la circulation et donc nous faire aligner.
J'aime ce sentiment de puissance, de liberté quand je pousse ma Yamaha à fond dans les rues du centre-ville. Je vois le mec à la Honda et au casque fluo se mettre à ma hauteur et me faire un doigt d'honneur. Je ricane parce que là où lui a déjà presque poussé sa Honda à la limite, je suis encore très loin avec ma moto. Un léger coup d'accélération et je le sèche sur place, direction la ligne d'arrivée. Les autres ne faisaient pas le poids non plus. Finalement elle est décevante cette course. J'arrête ma Yamaha et lorsque j'enlève mon casque, j'ai les félicitations d'un groupe de filles qui sont en extase du fait que j'ai encore gagné. Mais ça ne m'importe pas. Elliot arrive en me tendant une énorme liasse de billets, ce qui me fait sourire. Je pourrais bientôt me barrer de Phoenix, de leur famille, de tout ce qui me rappelle que la personne que j'aimais le plus n'est plus là.