Ton numéro
img img Ton numéro img Chapitre 3 Anniversaire
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Chapitre 6 La rentrée img
Chapitre 7 La soirée img
Chapitre 8 Téléphone img
Chapitre 9 Premier contact img
Chapitre 10 Premières confidences img
Chapitre 11 Un samedi pas comme les autres img
Chapitre 12 Le début des recherches img
Chapitre 13 Des indices par ci ... img
Chapitre 14 Des indices par là ! img
Chapitre 15 Un binôme inattendu img
Chapitre 16 Confidences et révélations img
Chapitre 17 Nouveau départ img
Chapitre 18 Le temps d'une soirée img
Chapitre 19 Un dernier tour img
Chapitre 20 Retour à la réalité img
Chapitre 21 Le début de quelque chose img
Chapitre 22 Conditions img
Chapitre 23 Aquarium img
Chapitre 24 Notre première soirée img
Chapitre 25 Dérapage img
Chapitre 26 Dormir avec toi img
Chapitre 27 Petite sœur img
Chapitre 28 On est en couple img
Chapitre 29 Le cours de gym img
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Chapitre 3 Anniversaire

•Camille•

27 août. Joyeux anniversaire Camille ! Tu parles ... C'est la cinquième année que mon anniversaire passe au second plan. Je n'en veux pas à Stella de s'être suicidée quatre jours avant mon anniversaire. Je n'en veux pas à ma famille d'endurer chaque jour une peine immense suite à son départ. Ce n'est pas ça le problème. Le problème est que je lui en veut de ne pas avoir été assez forte pour en parler. Ça, je lui en veut. Je déteste et j'aime ce dernier moment qu'on a passé toutes les deux lorsqu'elle m'a offert son collier papillon. J'aurai dû le sentir, que quelque chose n'allait pas. J'aurai dû insister et faire un caprice pour qu'elle reste près de moi. J'aurai dû tellement plus ! Mais au lieu de ça, j'ai juste serré ma sœur le plus fort possible dans mes bras en la remerciant pour le collier que je trouvais trop beau et je l'ai laissé partir. Je suis une égoïste finie. Je me dégoûte moi-même.

La journée à commencé comme toutes celles de ces cinq dernières années. Il n'y a que les rires de Roxane qui résonnent autour de la table haute de la cuisine. Plus personne ne mange en même temps, à table en famille. Une famille ? Un semblant !

Pour mes douze ans, il n'y a que Mika qui a pensé à mon anniversaire. Il avait mit une bougie à moitié fondue sur un donuts. Il était lui aussi brisé mais il y avait pensé. Le seul. Il faut dire, ça faisait que quatre jours que Stella... bref. Mes parents n'avaient ni le cœur ni la tête à ça. Je ne leur en veut pas.

Pour mes treize ans, c'est à nouveau Mika qui a été le seul a y penser. Ma mère était hospitalisée car sa grossesse se passait mal. Roxane est née par césarienne le 4 septembre, à trente semaines de grossesse.

Ah ! Mes quatorze ans, c'est là qu'ils ont commencé à me souhaiter à nouveau un joyeux anniversaire. Avec une carte de crédit de 2500 dollars. Vous savez, ces cartes à usage unique. J'ai eu le droit à un bisous de la part de mon père, le seul que j'ai sur l'année si on compte Noël et la fête de pères. De ma mère ? Un "bon anniversaire" lâché du bout des lèvres, parce que ça l'écorche de le dire. C'est cette année-là que j'ai rencontré Ashley et Thomas. Ash et Tom. Elle, la danseuse/chanteuse au look punk rock gothique et lui, le gay excentrique fan de Beyoncé. Mes deux seuls amis. Mes meilleurs amis. Les seuls qui connaissent toute ma vie, de A jusque Z en plus de Mika.

Lors de mes quinze ans, et poussée par une Ashley à sortir de ma zone de confort, j'ai eu l'extrême culot de demander à mes parents de faire une fête pour mon anniversaire. Ma mère s'est énervée et m'a hurlé dessus toute la rage qu'elle éprouve à mon égard, que je n'étais qu'une égoïste doublée d'une ingrate de vouloir fêter mon anniversaire alors que la date de décès de ma sœur n'est que quatre jours avant mon foutu anniversaire. J'ai abandonné l'idée. J'ai battu en retraite, résignée, les vestiges fumants de mon cœur en poussières. Mika, Ash et Tom ont été là. Nous avons été manger une glace qui n'avait aucune saveur, mais j'ai souris et j'ai remercié Stella de les avoir envoyés.

Pour mes seize ans, j'ai fais comme les deux années auparavant. J'ai remercié mes parents pour la carte de crédit, j'ai souris faiblement. Le plus beau cadeau à été un dessin de la part de Roxane. Nous avons encore été manger une glace mais seulement avec Ash et Tom. Mika entrait dans son année sabbatique et il travaillait pour notre oncle, il n'a pas pu se libérer.

Cette année j'ai dix-sept ans, j'entre en terminale dans quelques jours. Je n'ai pas le cœur à la fête. Mon père m'a filé encore une carte de crédit, m'a sourit et m'a souhaité un bon anniversaire avec un baiser sur le dessus de la tête. Roxane et Mika m'ont offert une peluche stitch avec des dessins en plus de la part de ma petite sœur. Ma mère ? Comme d'habitude ! Je suis habituée, ce n'est pas grave. On s'habitue à avoir mal. La vie continue. Je regarde dans ma petite boîte qui est sur l'étagère du haut de ma penderie. Toutes les cartes sont là. Je cumule dix mille dollars. Chouette. Quelle ironie ! Mon téléphone bip et je découvre les deux seuls messages d'anniversaire.

[Ash]

Joyeux anniversaire ma beauté, je te fais 17 gros mega giga énormes bisous ! On se voit tantôt, sois prête à 21 heures et c'est non négociable ! Je te love d'amour 😘

[Tom]

Joyeux anniversaire ma baby love ! 🥳❤️ J'espère que cette année tu accepteras qu'on refasse ta garde-robe ! J'ai hâte d'être ce soir ! Fais-toi belle mon poussin en sucre !

Je secoue la tête et je souris face à ces deux messages qui récollent peu à peu et par miette, les morceaux de mon cœur. Je garde ainsi mon téléphone en main un long moment, le cerveau en mode bug, son numéro étant affiché. J'hésite de longues minutes et mon doigt fini par appuyé sur l'écran ce qui lance l'appel. Le téléphone est éteint, il est dans un de ses sweat que j'ai caché au fond de ma penderie. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai caché car à part Mika et Roxinou, personne ne vient jamais ici. Même Ash et Tom. Ils n'ont pu venir qu'une seule fois, lors d'un déplacement de mes parents. Qu'ils se déplacent en même temps est extrêmement rare.

La messagerie s'enclenche instantanément et j'entend sa voix pétillante qui me brise et me recolle à la fois.

"Salut ! T'es bien sur le cell de Stel' ! Laisse un mess ! Des bisous !"

Les larmes me montent et coulent le long de mes joues. C'est si bon de l'entendre mais ça fait si mal.

- «C'est encore moi... Je ne sais pas pourquoi je t'appelle, c'est plutôt rare. Je crois qu'aujourd'hui j'avais juste besoin de t'entendre parce qu'aujourd'hui tu me manque encore plus que les autres jours. Je voudrais tellement te serrer dans mes bras même une demi-seconde. Tu me manque Lala. Tu me manque tellement...»

Le téléphone me glisse alors des mains et Mika se tient à mes côtés, il me berce doucement.

- Comment tu ... ?

- Je t'ai entendu pleurer. Je suis là Cam', jte promet que je vais pas te laisser !

- Mais si, tu pars, tu pars fin de la semaine...

- Cam' je vais à l'université, Berkeley c'est pas le bout du monde. On se revoit à chaque vacances tu le sait bien. Et l'année prochaine tu me rejoins, on a déjà rempli ton dossier d'admission, tu n'auras plus qu'à l'envoyer le moment voulu...

J'acquiesse en silence, me mordant douloureusement les lèvres pour étouffer mes sanglots et en tenant fermement le t-shirt de Mika dans mes poings serrés.

- Tu peux te lâcher, ils sont sortis avec cacahuète...

Je secoue la tête, je ne veux pas craquer, je déteste ça. En plus d'être égoïste, ça fait de moi une faible. Je n'ai pas le droit d'être faible. Je refoule les sanglots en me mordant l'intérieur des joues, les lèvres de suffisant plus. Mon nez est encombré et je commence à suffoquer de garder la bouche fermée.

- Camille ! Me hurle Mika en me décollant de lui, me tenant par les biceps et me secouant légèrement, le visage blême, le regard effrayé.

- Putain Camille déconne pas ! De dit-il en me secouant de plus belle.

Je n'y tient plus et j'explose en sanglots, en très gros sanglots. Il me serre à nouveau dans ses bras et malgré mes pleurs, j'entend au son de sa voix qu'il est soulagé.

- J'ai eu peur Cam' ! J'ai eu peur que tu fasses une crise d'angoisse. Allez vas-y, pleure, craque. Ca te fera du bien.

Je pleure tout mon soûl dans ses bras pendant un très long moment. Il frotte mon dos comme je le fait avec Roxane quand elle tombe ou qu'elle fait un cauchemard et que maman ne l'entend pas. Une fois épuisée d'avoir pleuré, les larmes ne coulants plus, mes yeux me brûlent. Je de dégage doucement de l'étreinte de mon grand frère et je remarque que nous sommes assis par terre, à côté de mon lit. Je pose alors les yeux sur lui.

- Pardon ... Dis-je tout bas en baissant la tête.

- Pourquoi tu me demande pardon ? Me demande-t-il de façon assez ahurie.

- J'ai ruiné ton t-shirt et je t'ai fais peur...

- Cam', je m'en fous de tout ça, le principal est que toi tu es soulagée. Il ne faut pas te retenir de craquer, à chaque fois ça fini en crise et ...

Je me mord à nouveau la lèvre qui est vraiment très douloureuse en attendant la fin de son petit sermon mais mon téléphone vient à mon secours. Mes grands-parents du côté de mon père. J'appuie sur l'écran du côté du téléphone vert et je n'ai pas le temps de le mettre à mon oreille que j'entend les voix joyeuses de mes grands-parents.

- «Joyeux anniversaire poussinette !»Me disent-ils à l'unisson, ce qui me fait sourire légèrement.

- «Comment se déroule ta journée mon trésor ?» Me demande mamie.

Je tente d'assurer ma voix du mieux que je peux et je serre la main de Mika qui reste silencieux.

- «Ca va super ! On va manger au restaurant ce soir. Et j'ai été bien gâtée comme d'habitude.» Dis-je honteusement car tout n'est que pur mensonge.

Je vois mon frère fermer les yeux et serrer les mâchoires. Il me serre la main en retour. Lui comme moi nous detestons mentir. Nos grands-parents vivent dans le Dakota du Nord, à la frontière canadienne. Nous ne les voyons que très peu, toujours à Noël et évidemment nous jouons le rôle de la famille modèle. Tout le monde mange à table, tout le monde sourit, tout le monde va de l'avant et est heureux l'espace de quelques jours. Ils ne savent pas qu'ici, on est tout sauf heureux. Ils en seraient détruits. Ils ont septante ans tous les deux et bien qu'ils soient toujours très actifs dans leur petit ranch, ils ne supporteraient pas de nous voir de la sorte. Le suicide de ma sœur les a anéantis. Mamie a déclaré un debut de cancer de l'intestin mais la venue au monde de Roxane l'a reboostée pour vaincre cette saleté de crabbe. Alors on fait semblant, pour le paraître.

Mes grands-parents discutent joyeusement de tout et rien. Ils nous disent que les deux juments ont poulinés et qu'ils ont eu un nouvel arrivage de vaches ainsi que des chèvres. Ca nous fait du bien au cœur de les entendre. On voulait aller vivre chez eux, mais nos parents ont refusés catégoriquement. Mika a tenté de postuler dans des universités du Nord en disant qu'il pourrait alors aller vivre chez papy et mamie pour economiser un logement etudiant mais papa s'est mit en colère et a tapé du poing sur la table en disant qu'on allait finir par tuer maman. Ca à clos définitivement le sujet.

Je passe alors le téléphone à Mika pour qu'il puisse avoir lui aussi ses quelques minutes de réconfort. Quand ils raccrochent, nos cœurs sont gonflés de tristesse mais surtout de joie de les avoir entendu. Noël est est encore si loin pour les revoir.

            
            

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